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    Ricaud ou Rican, de Caromb, un chevalier.

Un Ricavo de Cariumpo est mentionné en 1209 dans une lettre d’Innocent III..

A la même date, une autre lettre, du même pape, parle de Ricavus de Cariumpo.

Ces lettres  sont données ci-après, sous leur forme latine, et concernent les barons du marquisat de Provence.

Nous savons déjà que ce chevalier Rican de Caromb existe depuis la fin du XIIe siècle puisqu’il marie sa fille Isabelle de Caromb, dame en partie de Causans en principauté d'Orange,vers l'an 1200. Elle épouse Giraud de Vincens qualifié, dans un manuscrit de la Bibliothèque du Roi, de chevalier, seigneur de Brantes, de Savoillans et de Saint Lèger". Cette Isabelle de Caromb signera son testament le 20 avril 1247 en faveur de son fils Raimond de Vincens, juste après que son mari Giraud ait fait le sien le 18 novembre 1246. Les Vincens seront seigneurs, barons, puis marquis de Causans jusqu’au XXe siècle.

Ce sont les références les plus anciennes au nom de Caromb et ces actes introduisent un personnage légendaire de notre village :

Le chevalier Rican de Caromb est ainsi nommé "d’un bourg considérable situé à une lieue de Carpentras".

Ce chevalier assista avec quinze autres barons du Venaissin au serment de fidélité prêté au Légat Milon dans l’église de Saint-Gilles par Raimond VI, comte de Toulouse, après que ce prince eut été absous des censures qu’il avait encourues. Ce serment est de la fin du mois de juin 1209.

Nous retrouvons ce Ricaud de Caromb en 1216, pendant la croisade des Albigeois.:
Nous avons vu dans le tome Ier de l’Histoire de Caromb que ce chevalier participa à la défense de Beaucaire du côté des comtes de Toulouse et contre les ‘ Français’ de Simon de Montfort.  Son nom nous est parvenu par la " Chanson de la croisade albigeoise, aux vers N° 3850 et suivants " :
 3854. Gui, ms Ucs. Réd en pr.

 E d'autra part son venguts devers Marselba, Deliba, Peyralada, una granda armada et compania ben en point. Item, d'autre cartier son venguts una granda compania de gens ben armats, la ont era ung appelat Guy de Cabalhos, et Guilhem Arnaut d'Andie, loqual era un grand ric home et valen ; et Bernard de Murens et Guraud Azemard, Ramon de Montalba et en Dragonet le pros, et Malvernod de Fesc, et Bertrand Porcelet, et Pons de Mondrago, et Rigault de Cayro, et Pons de S. Just ; tots aquestes son venguts per donar secors aldit comte Ramon et a son filh lo comte jove (page 65).

Texte traduit  en 1879 par Paul Meyer [151] :

« Avec Raymondet sont Tarascon, Marseille,
l’Isle, Pierrelatte et Guy de Cavaillon, Adhémar de Poitiers, son garçon Guillaumet, L’intrépide et puissant Guillaume Artaud de Die Et Bernis de Murel avec sa troupe alerte, Raymond de Montauban, Dragonnet le Vaillant, Eléazar d’Uzes, le bon sire Albaros, Le cher Pons de St Just et Ricaud de Caromb, Et Bertrand Porcellet et Pons de Mondragon. »

Si l’on reprend les textes de l’époque et les nombreuses analyses effectuées sur ce célèbre texte franco-provençal, nous trouvons quelques commentaires supplémentaires :

Paul Meyer a publié en 1879 une édition en deux volumes pour le compte de la Société de l’Histoire de France. En ce qui concerne Ricaud de Caromb, cité ci-dessus, il précise que c’est sûrement le même qui est appelé plus loin, au vers 4434, Ricart de Carro. Il traduit ce nom , en français, par Richart de Caron et précise : «  ce Ricals ou Ricartz de Carro » est sans doute le même qu’un Ricauus de Cariumpo mentioné en 1209 dans une lettre d’Innocent III, Migne III, 95-6, Caromb, arr. et cant. De Carpentras.

Ce même auteur, professeur au Collége de France et à l’Ecole des chartes donne la liste des premières communes qui se rallièrent aux comtes de Toulouse, en 1216 :

«  Et coms joves s’en intra en Veneisi cochos,
Per recebre Paernas e metre establizos,
Malaucene e Balmas e maintz castels dels sos ».
 

La chansonde la croisade des Albigeois.

La chanson de la croisade donne plus de détails sur les exploits de ce brave chevalier carombais et cela vaut d’être raconté :

Rappelons les faits : le comte de Toulouse, excommunié par le pape, a perdu ses terres au profit de Simon de Monfort, chef des « Français ». Le comte et son fils Raimondet (Ramunset), sont allés voir le pape à Rome et ce dernier leur a concédé le Venaissin, la terre d’Argence et Beaucaire. De retour, Marseille leur est favorable, Avignon remet les clefs de la ville et, en Venaissin, Pernes, Malaucène, Beaumes et maints châteaux leur rendent hommage,  alors qu’Orange leur est opposé. Ricau de Carro est cité parmi les personnalités qui se rangent du côté des comtes de Toulouse.

Le comte de Toulouse part alors en Espagne, pour chercher de l’aide et laisse à son jeune fils Raimondet le soin de reconquérir Beaucaire . Les chevaliers du Venaissin prennent la ville et assiègent le château, mais Simon de Montfort arrive et encercle à son tour les assiégeants. Chacun se range sous sa bannière et ceux de la ville crient  :

«  Toulouse ! Beaucaire ! Avignon ! … Malaucène ! Caron ! » .

en provençal de l’époque :

«  … Tolosa ! Belcaire ! e Avinho !

«  Valabrega ! Eldessa ! Malausenna ! Caro !

«  E an passada l’aiga aisels de Tarasco.

On sait qu’il y avait là tous les contingents du Venaissin qui devaient le service féodal au comte de Toulouse.

On y trouve au moins 15 nobles de Malaucène [163]. Combien sont-ils de Caromb ?

Les arrivants crient «  Montfort ! ». Quelques escarmouches marquent les premiers contacts : «  R. Belarot avec Aimon de Caron allèrent, en avant des lignes,  frapper chacun son homme. Les lances se brisent et les éclats en volent. Sauf eux, personne ne reçut, ni ne donna de coup ».

Les défenseurs du fort de Beaucaire, «  ayant mangé jusqu’à leurs chevaux et manquant de toutes choses, le livrèrent aux partisans de Toulouse [152] »

Ainsi protégés à l’abri du château, ceux-ci subirent les assauts de Simon de Montfort. Ses catapultes brisèrent une des portes du château.  Richart de Caromb est encore là pour défendre cette porte.

Ecoutons le, lorsqu’il motive ses troupes, en vieux provençal  :

Ditz Ricartz de Caro : «Franc cavaler senhor,
Sil cons Simons fazia tant d’orgolh ni temor

Que vengues a la porta sins defendam de lor,

Que de sanc ab cervelas e de carn al suzor

Y aia tant esparsa quel romanens ne plor
»

Il dit : « Francs chevaliers, si le comte Simon avait l’audace de venir assaillir la porte, défendons-nous contre lui et les siens ; que de sang et de cervelles, de chair et de sueur, il y ait telle effusion que les survivants en pleurent ».

On sait que les Toulousains et ce Ricaud / Rican de Caromb l’emportèrent et que Beaucaire fut sauvé.


Beaucaire

Cela lui donna une belle renommée parmi les dignitaires et notable du pays car on le retrouve signataire ou témoin de nombreux actes dans les années qui suivent : Le voilà tuteur des enfants de Raymond d’Agoult en février 1222, nommé par une assemblée de parents tenue à Manosque à la demande du comte de Provence Raymond-Bérenger, au même titre que le seigneur Latil de Mormoiron et le chevalier Guillaume Laugier. Il semble qu’un différent opposait alors ces enfants mineurs à leur oncle Isnard d’Entrevennes, qui leur disputait la propriété des châteaux de St-Martin, de Bonnieux, de Voilet ( ?), de Simiane et de Lacoste . A peine quelques années plus tard, Rican de Caromb est cité dans un acte passé devant Ollivier, notaire d’Avignon, le XV des Kalendes de juin 1225, pour l’achat, par Isnard d’Agoult d’Entrevennes II, du nom du seigneur de la vallée de Sault, à Guy de Cavaillon, de tout ce qu’il avait à Roussillon. Rican est un des témoins de cette vente et est « caution » de cette vente de 7.000 sols avec quelques autres grands seigneurs comtadins : Guiran de Simiane, Arnault d’Avignon, Lambert de Reillane.

Note : Il existait aussi un Richaud, en 1253, au Barroux. Il meurt sous les murs de St Jean / Jas Créma [156]

Lettres du pape Innocent III de l’an 1209
Cap. Praecepta baronum.

In nomina Domini Anno pontificatus domini Innocenti papae III duodécimo, XIV Kal. Julii.


Ego Milo, domini papæ notarius, apostolicæ sedis legatus, vobis baronibus, vdelicet Willemo de Baucio, Hugoni de Baucio, R. de Baucio, Draconeto, Willemo Arnaudi, R. Dagout, Ricavo de Cariumpo, B. de Lauduno, Willelmo de Lauduno, Bernardo de Andusia, Petro Bermundi, R. de Usecia, et Decano filio vestro, R. de Posqueriio, R. Gaucelini, et Pontro Gauzelini, sub debito praestiti juramenti praecipio ut mainadas nullo unquam tempore habeatis, item ut Judaeos ab omni administratione publica vel privata [0096B] removeatis omnino, et nullo ungiam tempore eos ad eamdem vel ad aliam restituatis, nec alios Judaeos ad administrationem aliquam assumatis, nec eorum consilio contra christianos utamini.

Item ut ecclesias incastellatas ad arbitrium diocesanorum episcoporum diruatis, vel etiam reservatis si quas duxerint reservandas ; quae diocesanis episcopis vel aliis Ecclesiarum praelatis , ad quos pertinere noscuntur, tradantur, et ab eis perpetuo possideantur.

Item praecipio ut ecclesias et domos reliogosas in libertati plenaria conservetis, videlicet quod in eis allergarias, procurationes, vel exactiones quascunque nulatenus exigatis vel percipiatis, de defunctis earum episcopis vel aliis rectoribus ipsas nullo modo spolietis, nec administrationi earum seu custodiae occasione alicujus consuetudini velaliqua alia vos immisceatis, sel omnia sine diminutione aliqua eorum successoribus reserventur, et electroni episcopi vel alteruis restoris Ecclesiae faciendae per [0096C] vos vel per quamcunque aliam personam vos nullatenis admisceatis, nec aliquam violentiam faciatis vel impedimentum aliquod praestitis quo minus electio libere et canonice celebratur.

Item praecipio ut pedagiorum seu guidagiorum exactiones peritus dimittatis, misi quas regum vel imperatorum concessione probaveritus vos habere, nec dimissa pedagia seu guidagia deinceps resumatis.

Item praecipio ut pacem seu treugam, secundum quod vobis injunctum fuerit, observetis.

Item praecipio ut de vobis conquerentibus secundum meum vel alterius legati vel judicis delegati arbitruim justitiam faciatis.

Item praecipio ut stratas publicas seunus servolis.

Item praecipio ut eos, quos episcopi haereticos nominabunt, receptarores vel fautores eorum, tanquam haereticos habeatis.

Innocentuis III

Regista sive epistolae

Volume 216, Patrologiæ Latina Data Base.[168]

 Cap X   Juramemtum baronum.

Cette lettre est de la même date que la précédente : Innocent III, papae anno duodecimo, XIV Kal. Julii.
Sont cités :

  • Guillaume et Hugues des Baux, frères et Raimundus nepos nosteu
  • Draconetis
  • Guillaume Arnaudi,
  • Raymont Dagout
  • Ricavus de Cariunpo
  • Bertrand de Lauduno et son frère
  • Bernard d’Anduze et son fils Bermundi
  • Rostain de Posqueriis
  • Raimond de Usecia et son fils Deanu
  • Gaucelini


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