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Retour sur le bâtard
d’Orange, seigneur de Caromb :
Dans le tome Ier de cette histoire
de Caromb, je racontais les frasques de Jacques Etienne de Southois ou de
Châlons, l'un des fils naturels du prince d’Orange, dit «le bâtard
d'Orange».
W. F. Leemans, dans « La Noblesse
de la Principauté d’Orange sous le règne des Nassau »,
nous en dit un peu plus sur ce personnage qui sévit aussi à
Caromb : fils naturel du prince d’Orange Guillaume de Châlons (et non
de Jean II de Châlons) et d’une dame noble, Jeanne de Sully, il apparaît
à Orange avant 1467. Dès cette date, il a les pleins pouvoirs
du prince Guillaume pour vendre et aliéner les meubles et immeubles
qu’une riche héritière avait cédés au prince
et à la princesse. Il ne s’en prive pas, vendant ces biens, ainsi
que d’autres à divers particuliers d’Orange. Le 8 juillet 1468, il
achète une maison d’Orange et la donne à sa mère qui
vit aussi dans la région.
Le prince Guillaume le comble de
faveurs et lui cède, par lettres du 28 juillet 1467 la seigneurie
de Caromb. Etienne déclare, le 7 août 1467 qu’il n’entend pas
se prévaloir de cette cession pour en dépouiller son père
et ses héritiers et promet de rendre cette seigneurie dès qu’on
le lui demandera. Il s’agit donc de lui procurer une source de revenus
en lui concédant en apanage les terres de Caromb.
Cette même année, il
est institué lieutenant général du prince..
En 1469, il reçoit une autre
seigneurie, Château d’Aigremont, en Bourgogne.
Lorsque son père meurt, son demi-frère
Jean II de Châlons, nouveau prince d’Orange, le maintien dans sa charge
et par lettres du 1er mars 1476, lui laisse le gouvernement de la principauté
pendant son absence.
C’est probablement à cette
époque qu’il frappe l'évêque d'Orange, et rançonne
les chanoines.
Il est à Orange en 1476,
mais quitte la ville de 1478 à 1484 lorsque la principauté
est occupée sur ordre du roi de France Louis XI. Il se réfugie
probablement à Caromb pendant cette période et cela ne se passe
pas bien puisqu’en 1484 un syndic de Caromb se plaint de ses violences auprès
du recteur du Comtat. Le bâtard serait arrivé avec des armes
dans la maison du notaire Raymond de Yssengia pour y prendre violemment
des papiers dont son beau-fils Claude Neboud, aussi notaire, avait la garde
: une intervention pour le moins virile de la part du seigneur.
Il faut croire que ce n’est pas
la seule intervention musclée du bâtard car Rostand Albaroux
(Du Barroux) subit lui aussi des violences de sa part, comme l’atteste une
somme payée par le trésorier de Caromb (violences quas
non cessebat facere dominus Stephanus bastardus de Cabillone)
Le juge de la ville doit démentir,
le 12 janvier 1484, les bruits qui circulent, disant que les habitants de
Caromb se sont réunis en parlement et ont entamé des procédures
criminelles contre le bâtard.
Quoi qu’il en soit, le Saint-Siège
intervint et confisqua la seigneurie pendant quelques temps avant de la rendre
à Jean II de Châlons.
Dès que ce dernier eut récupéré
la principauté en 1484, le bâtard retourna à Orange.
Il est dit seigneur d’Orpierre et vice-prince d’Orange en 1496, mais n’a aucun
pouvoir dans la principauté. D’ailleurs, on n’a plus de trace de lui
après cette date et le trésorier de la ville paie un certain
Roux pour aller enquêter en Bourgogne où il s’est probablement
réfugié.
Source : [183]
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