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VIII. Sous les comtes de Toulouse.



        Les descendances de Guillaume le Libérateur et de son frère Robold, avec leurs partages successoraux, structurent les terres de Provence autour de trois grandes maisons :
  • - celle de Toulouse, est présente depuis que Guillaume III Taillefer, comte de Toulouse, a épousé Emma de Venasque, en 990. Cette famille possède le marquisat de Provence, futur Comtat Venaissin, dont Caromb.
  • - celle de Forcalquier, par Adélaïde, descendante d’Emma de Venasque. Elle possède le comté de Forcalquier qui s’étend d’Apt à Embrun.
  • - celle de Barcelone, depuis le mariage de 1112 entre Douce, descendante de Guillaume, et Raymond Bérenger III, comte de Barcelone. Elle possède le comté de Provence au sud de la Durance.
         La situation s'est compliquée, après 1096, car nombre de seigneurs locaux ont répondu cette année là à l'appel du pape Urbain II pour la première croisade. Ce pape s'est arrêté à Cavaillon et beaucoup se sont croisés dans un corps d'armée provençal (occitan) sous les ordres de Raimond IV de Saint-Gilles, comte de Toulouse (1097) [33].
        L'Eglise profite de l'absence des dynasties locales, les Sabran, les Baux, les Orange ou les Agoult, partis en croisade, pour mettre de l'ordre dans sa hiérarchie, plaçant des réformateurs à la tête de ses évêchés, sans devoir rendre des comptes à ces puissantes familles [33]. Beaucoup de nos nobles meurent en Terre Sainte [33].        Dès 1119, commence une guerre de succession entre les Maisons de Toulouse (marquisat) et de Barcelone (comté de Provence), qui aboutit, en 1125, à un partage :
  • - le marquisat de Provence passe à Alphonse Jourdain (Toulouse) qui reçoit la partie située entre l’Isère et la Durance, et
  • - le comté de Provence passe à Raymond Béranger Ier (Barcelone) qui occupe les terres du sud de la Durance, jusqu’au Rhône à l’ouest et  à Nice à l’est. Le comté de Forcalquier reste indépendant.

            Le comte de Toulouse s'impose, par la force s'il le faut : nous savons qu’un conflit d’autorité l'oppose à l’évêque de Vaison, et qu'il n'hésite pas à dévaster la ville, puis à y construire un château, sur la colline.

            Avignon se trouve à l'intersection des trois comtés et aucun des comtes ne souhaite la partager. En 1129, Guillaume III, comte de Forcalquier, remet, avant de mourir, à l'évêque, aux chevaliers et aux prud'hommes d'Avignon, "pouvoir, juridiction et seigneurie". Avignon, libéré de cette autorité, s'érige en commune, en 1161, et se fait confirmer ses privilèges par l'empereur Frédéric Barberousse.

       La guerre éclate entre Alphonse Jourdain (Toulouse) et Raymond-Bérenger, et dure jusqu'en 1144. Alphonse Jourdain est assassiné en 1148 et son fils Raymond V de Toulouse, lui succède. Il a 14 ans, mais le roi de France, Louis le Jeune le soutient.
            La mort de Raymond Bérenger (Barcelone) voit l'entrée en scène des Baux :

  • - du côté du marquisat et d’Alphonse Jourdain, on trouve Raymond Ier des Baux, beau-frère du comte qui représente la Maison de Toulouse alliée à celle de Forcalquier. Il revendique le comté de Provence et est le chef de la résistance à Raymond-Béranger [108].
  • - de l'autre côté, celui du comté de Provence, se regroupent le fils cadet du comte décédé, Bérenger Raymond, les évêques provençaux, une partie des barons et les comtes de Barcelone, ses oncles.
           Ces guerres, dites "baussenques", déchirent le pays.
        Raymond des Baux a épousé Stéphanette ou Etiennette, fille du comte de Provence, alors que la sœur d'Etiennette, Douce, a épousé le comte Raymond-Béranger [110]. Voilà de quoi faire une belle querelle de famille, avec, comme enjeu, le comté de Provence !
        Raymond des Baux est déjà un riche seigneur, avec 79 villes, bourgs, châteaux, places fortes, les "terres baussenques", entre le Rhône et Aix et, vers le sud, jusqu'à Berre. Tous les seigneurs du pays doivent choisir leur camp, celui de Douce ou celui d'Etiennette. Les forces se répartissent en deux camps à peu près égaux et les guerres continuent jusqu'en 1144, date de la mort de Raymond des Baux. Après cette date, son fils, Hugues des Baux, reprend les hostilités [110].
        En 1162, Raymond Bérenger III, comte de Provence, est confirmé dans ses droits par l’empereur Barberousse, mais la guerre se poursuit, malgré les mariages croisés de Douce de Provence, avec le fils aîné du comte de Toulouse, et de la veuve de Bérenger de Provence avec le comte de Toulouse.
        Alphonse, roi d'Aragon et comte de Barcelone recouvre la Provence à la fin de la guerre (1166) [33] et, cette même année, le comte Raymond Bérenger est tué durant le siège de Nice. Les fils de Raymond des Baux, perdants, remettent l'épée au fourreau et reconnaissent la souveraineté du comte de Provence. Ils bénéficient quand même d’un titre, celui de vicomte de Marseille.         Les communautés du Comtat profitent de ces guerres entre les grands pour se donner une constitution consulaire [33].  Raymond V de Toulouse, de son côté, obtient l'hommage des barons de la Drôme et du Comtat. Les princes d'Orange et les Agoult (pour leurs possessions de Sault) ne relèvent que de l'empereur [118].

Un  prince à Orange : Bertrand 1er des Baux.


        En 1170, Raymond des Baux, fils de Hughes, fait un testament désignant pour héritier son fils et, à défaut, son frère Bertrand qui devient seigneur d'Orange par son mariage avec Tiburge II, fille de Rambaud III d'Orange, en 1173. La ville est indépendante depuis 1125 et elle obtient des privilèges.
        En 1175, Bertrand récupère la baronnie des Baux, fief de la famille, de son neveu, puis l'héritage de son beau-père d'Orange. Il reprend ainsi le flambeau de cette famille que les guerres baussenques ont affaibli [110].
        Ce comte s'occupe beaucoup de nos cités et parcourt notre pays. En 1176, il est à Malaucène où il rend visite à Ermessinde de Pelet, comtesse de Melgueil, sa belle-fille.
         L'année suivante, les Baux obtiennent des privilèges de l'empereur : "celui de marcher, enseignes déployées, des Alpes au Rhône et de l'Isère à la Méditerranée, et celui de battre monnaie d'or, d'argent ou d'étain" [110].         Un an plus tard, l’empereur Barberousse, toujours suzerain des terres à l’est du Rhône, entend affirmer ses droits et vient recevoir la couronne de roi d’Arles.
       Bertrand Ier des Baux, comte d’Orange, assiste au couronnement et reçoit de l'empereur le droit de se qualifier de « prince d'Orange », « d'en prendre les armes, d'user de ses prérogatives et de porter la couronne et tous les insignes de la souveraineté » [110].

       Il reste cependant vassal des comtes de Toulouse et sa nouvelle puissance entraîne son assassinat, sur ordre de Raimond V [33].

        Bertrand Ier et Tiburge II d'Orange ont plusieurs enfants :

  •  - Hughes IV (1173-1240) est consul d'Arles et vicomte de Marseille, et garde la seigneurie des Baux.
  •  - Bertrand seigneur de Berre-Marignane.
  •  - Tiburge.
  •  - Guillaume, prince d'Orange.


        Si Guillaume est prince d'Orange, nous allons voir que c'est par la branche d'Hughes IV, le vicomte de Marseille, que les Baux vont arriver à Caromb. Un de ses fils s'appelle Barral des Baux et il va conquérir le Venaissin.

        La grande ville de la région reste Avignon. Sous l'impulsion de Bénézet, on commence la construction d’un pont en 1177. Le célèbre pont  Saint Bénézet, en l'honneur de son fondateur, est terminé en 1185. Il contribue encore à augmenter le flux de marchandises passant par la ville. Commerciale et cosmopolite, Avignon est alors une des villes les plus riches, opulentes et peuplées d'Europe et une des villes les plus puissantes du Midi. Protégée par sa double enceinte, son pont assure sa renommée et lui assure une source de revenu considérable. Elle est en terre d'Empire : le fleuve est la frontière avec le royaume de France.

        Le concile de Latran de 1179 ordonne au clergé d'instruire les enfants, y compris les plus pauvres. Caromb doit avoir sa première école, mais nous n'en avons pas de preuve écrite.

Premiers carombais.


        La première carombaise nous est connue par son faire-part de mariage : vers l'an 1200, une Isabelle de Caromb , dame en partie de Causans en principauté d'Orange, fille de Rican de Caromb, un chevalier, épouse Giraud de Vincens, chevalier, seigneur de Brantes, de Savoillans et de Saint Lèger [106].
         Du point de vue linguistique, dans toutes  les provinces du sud de la France, on utilise la langue d’oc. Dans les écrits, le latin est détrôné par l’occitan : c’est la langue utilisée, dès le XIIe ou XIIIe siècle pour les délibérations et les comptes municipaux. Les troubadours, comme Raimbaud d’Orange, Raimbaut de Vacqueyras, Gui de Cavaillon ou Cadenet d’Apt, donnent naissance à un mouvement littéraire provençal.
        Sous une domination toulousaine unique, cette communauté linguistique, crée des liens entre les peuples de l'Atlantique à la Méditerranée et aurait très bien pu devenir un véritable Etat des terres du sud de la France. Des Pyrénées aux contreforts alpins piémontais, tous parlent l'occitan, le provençal de chez nous : c'est une véritable culture commune éloignée des valeurs de la France du Nord.

        En 1201, le comte de Toulouse reçoit l'hommage de Guillaume Pierre de Bédoin. En 1206, le comte fait bâtir une forteresse à Carpentras et y reçoit l'hommage de ses habitants [33]. En 1205-1206, le comte est en conflit avec ses vassaux du marquisat de Provence et ne s'occupe pas des hérétiques de ses provinces que l'Eglise lui demande de combattre. Cela va jusqu'à l'excommunication, prononcée par Pierre de Castelnau, représentant de l'Eglise. C’est l’époque des Cathares en Languedoc et rois et papes se mobilisent pour les combattre, souvent avec l’espoir de conquêtes.

        Notons que le comté de Forcalquier unit sa destinée à la Provence en 1209, par mariage, et s'éloigne du domaine de Toulouse.

Entre comte de Toulouse et roi de France.


        L'affaire albigeoise commence.
        En 1208, le comte de Toulouse, Raymond VI, est accusé d'avoir fait assassiner Pierre de Castelnau, légat pontifical, à St Gilles, par un de ses familiers. Il est, de plus, accusé de soutenir les Cathares [33]. Il doit se rendre devant les évêques assemblés à Valence pour faire lever son excommunication. On le force à donner à l'Eglise plusieurs places et châteaux, dont Beaumes, à rétablir les évêques de Carpentras et de Vaison dans leurs droits et à chasser les juifs du Comtat [33] dont ceux de Carpentras [118]. Les juifs sont nombreux dans nos villages (Malaucène).

        La croisade contre les Albigeois (les Cathares) descend en Languedoc et son chef,  Simon de Montfort, conquiert  et s'approprie les terres des hérétiques, au dépend du comte de Toulouse.
En 1210, le comte de Toulouse est à nouveau excommunié.        Un grand Etat occitan aurait pu naître lors de la constitution de la grande coalition occitano-catalane (13 janvier 1213) qui regroupait le comte de Toulouse (Raymond VI) avec ses terres de Provence, le comte de Foix, le comte de Comminges, le vicomte du Béarn et le roi d’Aragon. Opposés au roi de France et bien supérieurs en nombre, ils subissent une imprévisible défaite à la bataille de Muret, près de Toulouse, le 13 septembre 1213, défaite qui marque la fin de la domination toulousaine sur le Sud de la France.

         S'il est un tournant important dans notre histoire, c'est celui de la défaite de la Maison de Toulouse : elle entraîne l'extension de la France vers nos régions, alors qu'un avenir indépendant semblait se dessiner pour toutes les terres du Midi, un nouvel Etat autonome, de langue d'oc, qui aurait pu perdurer jusqu'à nos jours.         En 1215, au concile de Montpellier, les comtes de Toulouse sont entièrement dépouillés de leurs biens et Simon de Montfort obtient le comté de Toulouse sauf le Comtat Venaissin qui est attribué à l'Eglise romaine. Le pape établit son autorité temporelle sur l'ancien marquisat de Provence, c'est à dire sur le Comtat (dont Caromb), le Bas-Dauphiné et le Diois [33].
       Mais Raymond VII, fils du comte de Toulouse, plaide sa cause à Rome, auprès du pape et obtient de conserver le Comtat. A son retour de Rome, il obtient aussi l'appui de la commune d'Avignon et occupe le Comtat  [33]. Beaumes, Pernes, Malaucène et plusieurs autres places lui ouvrent leurs portes et le reconnaissent comme leur souverain légitime. Il place des garnisons dans ces villes [120].

         La commune d'Avignon prend résolument le parti du comte de Toulouse (1215), s'attaque à Guillaume II des Baux (Orange), qui souhaite s'approprier le Comtat Venaissin et qui est du côté des croisés. Battu et fait prisonnier dans une embuscade, il est écorché vif et son corps coupé en morceaux, à coup de hache, par les Avignonnais en 1218. Avignon reçoit, en remerciement de son soutien à Toulouse, les bourgs de  Caumont, le Thor, Thouzon et Jonquerette. En remboursement d'un prêt accordé, elle reçoit, plus tard, en 1226, les châteaux de Malaucène et de Baucaire.
         La commune d'Avignon, à l'apogée de sa puissance, se comporte en véritable seigneur féodal et se croît même capable de résister au roi de France. Elle bat monnaie et lève une petite armée. Si l'évêque est le président de la commune, l'autorité appartient de fait aux huit consuls, 4 chevaliers et 4 prud'hommes, élus pour un an.

Un des plus vieux carombais.


        Lorsque les comtes de Toulouse et quelques seigneurs ralliés, dont Barral des Baux, reprennent le marquisat de Provence (le Comtat) et les villes du bord du Rhône, nous trouvons un noble carombais qui participe au siège de Beaucaire (1216). Son nom nous parvient par la " Chanson de la croisade albigeoise, vers 3850 et suivants " :
« Avec Raymondet sont Tarascon, Marseille,
l’Isle, Pierrelatte et Guy de Cavaillon,
Adhémar de Poitiers, son garçon Guillaumet,
L’intrépide et puissant Guillaume Artaud de Die
Et Bernis de Murel avec sa troupe alerte,
Raymond de Montauban, Dragonnet le Vaillant,
Eléazar d’Uzes, le bon sire Albaros,
Le cher Pons de St Just et Ricaud de Caromb,
Et Bertrand Porcellet et Pons de Mondragon. »
        A partir du Comtat, le comte de Toulouse reconquiert petit à petit ses terres jusqu'à Toulouse. Raymond VI meurt en 1222, laissant son fils Raymond VII à sa destinée, avec une autorité récupérée sur les terres du comté.        Simon de Montfort tué, les droits des croisés sur le comté de Toulouse sont cédés au roi de France Louis VIII [33].

       Ce dernier décide d'en finir avec les hérétiques albigeois et lance une croisade qui descend la vallée du Rhône avec une armée de 50.000 hommes. Après quelques hésitations, les habitants d'Avignon, toujours du côté de Toulouse,  lui ferment les portes de la ville et lui interdisent ainsi la traversée du Rhône. Commence alors un siège, terriblement dur et meurtrier, de trois mois, du 10 juin au 12 septembre 1226. À son terme, les Avignonnais, affamés, se rendent, quelques jours seulement avant qu'une crue du Rhône n'inonde les positions où se tenaient le roi et son armée.
         Le roi réclame des otages et fait payer une forte rançon, ordonne de raser les enceintes et fait démanteler les quelques 300 maisons fortes des chevaliers avignonnais par les paysans de la région, heureux de se venger de la tutelle oppressante de la cité. Il fait détruire le pont aux trois quarts. S'en est fini de la puissance de la commune d'Avignon.

Alfonse de Poitiers, un comte français.


        Cette même année 1226, le roi Louis VIII meurt et c'est un enfant de douze ans, le futur Saint-Louis, qui lui succède. La reine Blanche de Castille assure la régence [100].
      Trois ans plus tard, au traité de Paris, le Comtat Venaissin est concédé à l'Eglise. La région autour de Carpentras, ex-marquisat de Provence, est cédée à l’Eglise romaine par Louis IX (St Louis) qui déclare «Quant aux pays et domaines qui sont au-delà du Rhône dans l’Empire, avec tous les droits qui peuvent m’y appartenir, je les ai cédés précisément et absolument  à perpétuité à l’Eglise romaine entre les mains du pape ».
Il faudra quelques décennies et de nombreux soubresauts avant que la propriété du pape soit bien établie.      Raymond VII de Toulouse vient à Carpentras se jeter aux genoux de l'évêque qui consent à lever son excommunication.
      En fait, le traité de Paris fait passer toutes les provinces du Midi sous le contrôle du roi. S'en est fini de la domination du comte de Toulouse, bien que le traité le réconcilie avec l'Eglise et qu'une clause prévoit que sa fille unique, Jeanne, sera donnée en mariage à un frère du roi de France, sans préciser lequel [90].
      La reine Blanche de Castille choisit de marier cette enfant, Jeanne, à Alfonse de Poitiers, un des frères de Louis IX, qui est du même âge que la princesse, c'est à dire âgé de neuf ans. Les fiançailles sont célébrées en juin 1229 par le légat du pape, mais le mariage n'est contracté en face de l'Eglise qu'en 1237 [90].

Barral des Baux, sénéchal de Toulouse.


        La guerre s'installe à nouveau, jusqu'en 1233. Cette année là, l'empereur, Louis IX et Blanche de Castille demandent au pape de rendre le Comtat à Raymond VII de Toulouse. Le Saint-Père refuse.
L’empereur, humilié d'être tenu à l'écart, alors qu'il considère toujours que le Comtat fait partie de son domaine, envoie quelques troupes (1235). Barral des Baux nommé deux ans auparavant sénéchal du Comté Venaissin par le comte de Toulouse, vient à leur rencontre et reprend les villes révoltées comme Malaucène, Villes ou Monteux.         De 1236 à 1239, Raymond VII et Barral des Baux reprennent une à une les villes du Comtat.
Barral installe son siège de sénéchal et d’officier de justice à Pernes qui devient capitale du Comtat [117]. Il est très jeune, tout juste une vingtaine d'année et n'a pas encore hérité des titres de son père.

        Il épouse Sibylle d'Anduze, nièce du comte de Toulouse et resserre ses liens avec cette Maison. Il reçoit du comte de Toulouse, le 21 août 1240, de nombreux fiefs dont Bédoin [136] et Caromb et exerce son pouvoir sans contestation dans les années qui suivent. Le pays est divisé en douze baillies *18 , neuf vigueries dont celle de Mormoiron qui couvre Caromb.

        Sa conquête du Venaissin  ne fait pas l'affaire de l'Eglise catholique et cela lui vaut une excommunication de la part de l'évêque d'Arles. Après négociation, les choses s'arrangent avec l'Eglise et Barral est nommé podestat d'Arles [110] en remplacement de l’évêque qui a abusé de son pouvoir.
      En 1243, le pape restitue officiellement le Comtat au comte de Toulouse, Raymond VII, et celui-ci fait recenser ses terres et ses droits dans le Comtat dans le "livre rouge des comtes de Toulouse" *19 .

        Raymond VII de Toulouse meurt le 27 septembre 1249, sa fille Jeanne et son époux Alfonse de Poitiers  héritent d'immenses domaines [90]. Alfonse est alors en Orient, à la croisade (1246-1249), avec sa femme. Il y accompagne son frère Louis IX et partage sa captivité. La reine-mère, Blanche de Castille, assure à nouveau la régence [100], fait occuper les domaines sans délais et envoie les commissaires d'Alfonse en prendre possession : en comtat Venaissin que le pape avait rendu à Raymond VII, les commissaires français, informés que l'évêque d'Albano s'est précipité pour tâcher de faire restituer cette province au Saint-Siège, craignent des difficultés et dépêchent le sire de Lunel pour faire reconnaître le comte de Poitiers par les Comtadins [90].
        Alfonse s'empresse de revenir en France, vers le milieu de l'année 1250. C'est donc à cette date là qu'il commence à administrer ses domaines par lui-même [76].
        L'hommage du Venaissin (1251) nous est parvenu sous forme d'un registre dont plusieurs copies existent. Une d'entre elles est à Carpentras.  [76].
        Raimond d'Agoult, baron de Beaumes, seigneur de Sault, Durban et de la Roque-Alric fait hommage le 5 mai 1251, puis le 25 novembre 1253 [120].

        La fin de la Maison de Toulouse et l'arrivée des Français ne font pas l'affaire de Barral des Baux. Il prend le flambeau de la révolte contre eux, lorsque les cités de Marseille, Arles et Avignon se liguent pour s'opposer aux conséquences de l'arrivée d'Alfonse de Poitiers.
Il laisse la place, va à Avignon, qui a chassé son évêque,  et se fait nommer podestat de 1243 à 1251  [110].
        Mais il s'écarte bien vite devant le retour des frères de Louis IX de leur captivité en Orient. Ayant intérêt à faire oublier ses prises de position contre les Français, il détermine les habitants d’Arles et d’Avignon à se ranger sous leur bannière. Il traite alors avec la reine Blanche, régente du royaume, pour soumettre Avignon au comte Alfonse de Poitiers et Arles au comte Charles d'Anjou, ses deux fils. Il prête hommage à Aix, comme les communes d'Avignon et d'Arles, alors que Marseille résiste quelques temps. L'autorité des comtes est restaurée et le pouvoir communal est réduit (1251) [33].
        En 1252, tous les fiefs que Barral possède en Venaissin lui sont rendus par la Maison de France, sous condition "qu'il aille servir deux ans en Terre Sainte, à ses frais, avec neuf cavaliers et dix arbalétriers" [110].
Il prête hommage devant l’évêque de Carpentras, Guillaume Béorard, le 22 janvier 1254, pour ses fiefs du Comtat et pour sa juridiction [136].
        Nous reviendrons sur la carrière de Barral des Baux, désormais seigneur de Caromb et de bien d’autres villages et châteaux du Comtat.

Sous l’administration d’Alfonse de Poitiers.


        Alfonse de Poitiers reçoit de nombreuses provinces, en plus du Venaissin : Poitou, Saintonge, Auvergne, Agenais, Albigeois et Languedoc, tout le Midi sauf la Provence qui appartient à son frère.  Il impose une administration juste, prudente et centralisatrice, mais respectueuse des institutions existantes ; s'il est juste avec les nobles, il sait aussi se montrer sévère à leur égard ; il a peu de sympathie pour les libertés communales, mais en général, il ne fait rien contre elles ; en fait, il installe une vraie administration "française", très calquée sur celle de son frère Louis IX. Dès 1259-1260, il fait établir un registre complet de ses droits dans les provinces et il fait rédiger un état général des feux de ses domaines immédiats et de ceux de ses barons [90].         La base d'imposition, par feux *20 , est réorganisée pour qu'impôts et redevances soient plus équitables. Il choisit de recouvrir les redevances indirectement, par les nobles et les municipalités, sans les imposer de son autorité [90].

        Le seul impôt qu'il lève est un fouage *21 sur ses vassaux du Midi pour financer la seconde croisade de Louis IX [89].

        Il gouverne de loin et séjourne aux environs de Paris [90]. Il ne visite que deux fois ses états du sud, dont une première fois en 1251 où il parcourt à la hâte les anciens domaines de la maison de Toulouse et prend officiellement possession du Venaissin et d'autres provinces. Puis, pendant dix neuf ans, il reste dans le nord du pays.
        Pour le Comtat, Alfonse porte encore le titre de marquis (de l'ex-marquisat de Provence), mais il ne possède qu'un nombre limité de villes et de châteaux.  [90].
        Il gère, à travers une administration efficace, les revenus et les dépenses des sénéchaussées ; ses recettes proviennent des rachats ou droits de mutation, des revenus de ses domaines directs, des moulins et des rivières, et des produits de justice, en particulier des amendes. Certaines de ces recettes sont abandonnées aux nobles locaux. Des prévôts récoltent les produits des baux.

        Pour éviter les abus de pouvoir, des enquêteurs sont envoyés sur le terrain et sanctionnent bailles et sergents au bénéfice du peuple.
Ainsi Jean de Puiseaux vient enquêter en Venaissin et Pons Astoaud, du Venaissin, va enquêter dans les sénéchaussées de Toulouse et de l'Agenais [76].

        Si Saint-Louis est souvent représenté assis sous un chêne pour rendre une justice équitable à son peuple, la même image s'applique à son frère Alfonse, en Venaissin.
        Cependant, il défend ses droits de souverain contre les empiètements ecclésiastiques en nommant des "conservateurs des privilèges apostoliques", tel Bertrand de Montaigu pour le Venaissin.
        Au travers des quelques 4000 pièces qu'il nous a laissées, touchant à l'organisation financière, judiciaire ou administrative, nous constatons qu'il ne laisse rien au hasard et s'occupe du moindre petit village.

        Parmi ces actes, trois textes numérotés 1752, 1753 et 1769 ( *22) , concernent Caromb nommé alors "Castri de Carumbo".

  •  - Le premier, daté de juin 1269, décrit les divisions entre "Malaucena, Beduino, Murmurione et Carumbo".
  •  - Le second reconnaît à Sebille d'Anduze (Sybilia), veuve de Barral des Baux (Barallus de Baucio), ses droits sur Caromb (Castri de Carumbo). Il est daté du 4 juin 1269. On sait que Barral des Baux, son vassal, est mort l'année précédente, en 1268.
  •  - Le dernier texte, daté du 15 juin 1269, reconnaît les droits sur Caromb et sur le péage de Monteux à Sebille et à son fils Bertrand (Bertrando de Baucio). Ce dernier gère les domaines de sa mère depuis quelques années.
        Ces trois textes en latin sont donnés en annexe.         L'analyse de toutes ces pièces nous indique l'étendu des possessions du comte de Poitiers en Venaissin : des articles concernent Le Barroux (N°1774), Saint-Pierre-de-Vassols (N°1772, 1775), Malaucène (N°1719,1720, 1722, 1752, 1767), Bedoin (N°1752, 1762), Mormoiron (1752), Carpentras  (1764), Monteux ( N°1742, 1748, 1761, 1762, 1765, 1769), Loriol (1742), Vaison (1721, 1723, 1725) ou encore Avignon, l'Isle, Cavaillon, et plus au nord Bollène, Mornas, Cairanne, Valréas, Pierrelate, Mévouillon, Faucon, Mollans ou Séguret.
        L'article N°1797 précise quelques divisions féodales.
  •  - L'évêque de Carpentras possède Le Beaucet (Baucetum), Saint-Didier (Sanctus Desiderius), Villes (Villa), Malemort (Malamors).
  •   - Bertrand des Baux possède un fief à Piécard sur la commune de Sarrians (Podiuns Aycardi).
  •   - Les Sabran sont seigneurs des Taillades (Tallades).
  •   - Albo Ruffo possède Le Barroux (Album Ruffum)
  •   - L'évêque de Vaison a pour fief Rasteau (Restellum), le Crestet (Crestum) et une partie d'Entrechaux.
  •   - Poncio Astoaudi possède Mazan (Mesanum), Velleron (Vileron), Vaucluse (Valoses).
  •   - Grillon est seigneur de Crillon (Grillon) et de Saint-Pierre-de-Vassols (Vasols).


        Alfonse possède directement le château de Pernes, le four banal, la haute et la basse justice, les revenus d'une vigne de l'Hôpital et ceux de l'Ermitage de St Jean [117].

        Il meurt en 1271, la même année que son épouse Jeanne, au retour d’une croisade. Pendant une vingtaine d'année, il a administré le Venaissin et les autres provinces du Midi et les a fait passer, sans heurt, sous le contrôle du roi de France. Nos pays n'avaient plus été gouvernés comme cela depuis l'époque des Romains [76].
        Pour la population carombaise, l'autorité d'Alfonse reste très lointaine. Nos pauvres serfs ne voient directement que l'autorité de leur seigneur des Baux et de leurs prêtres. Ils doivent des corvées comme la construction des ponts, des remparts ou l'entretien des routes.
Mais la solidarité villageoise rend leur vie supportable, même si le travail des champs reste très dur faute d'un bon outillage : l'araire antique, la rotation biennale des cultures, et même parfois le brûlis continuent d'être employés, comme au Haut Moyen Âge. Seul progrès, les quelques chevaux de trait sont maintenant attelés au moyen d'un collier rigide et non plus avec des sangles [118].

        Plus au sud, la fille de Raymond Bérenger a hérité du Comté de Provence en 1246. Encore une fois, Blanche de Castille est intervenue pour la marier à un de ses fils, Charles Ier d’Anjou, l'autre frère de St Louis, qui devient donc comte de Provence (1262) [100].
         Ainsi Saint-Louis et ses deux frères ont un immense domaine. Leur puissance est incontournable et telle que même le pape s'associe à eux.

Les Baux, seigneurs de Caromb.


        Nous avons vu la montée de cette famille. Orange est devenu son fief principal par mariage de Bertrand des Baux avec Tiburge d'Orange et l'obtention du titre de Prince d'Orange, directement de l'empereur.         La famille des Baux est l'une des plus puissantes de Provence et du Venaissin, et possède alors plus de 50 fiefs dans le Venaissin, d’autres, en grand nombre, dans le Dauphiné, la principauté d’Orange et les 79 terres familiales de Provence. Ces propriétés sont connues comme les « terres baussenques » [39].
        Les armes des Baux, "seize rais", apparaissent en 1214, sous Hugues des Baux, alors que leur devise, "A l'asar Beautezar", fait référence à la légende, déjà signalée,  d’une descendance depuis un Roi Mage, qui serait à l'origine de cette famille [97].

        Cette famille se divise en plusieurs branches :

  • - les comtes d’Avellino,
  • - les ducs d’Andrie,
  • - les princes d’Orange.
        Bertrand des Baux, prince d'Orange a eu quatre enfants : Hugues, vicomte de Marseille, Bertrand, seigneur de Meynargues et de Puyricard, Guillaume, prince d'Orange et  Tiburge. Guillaume a eu une fin tragique, son corps coupé en morceaux par les Avignonnais. Il a cependant eu le temps de faire deux mariages et cinq enfants qui se partagent le titre de prince d'Orange. Notons un personnage illustre de cette famille : Raimbaud III des Baux, prince d'Orange est le troubadour bien connu, dont la statue honore l’une des places d’Orange. Celui-ci s'est rangé du côté du pape Innocent III contre les hérétiques albigeois [108].         A Caromb, Barral des Baux, fils d'Hugues des Baux, vicomte de Marseille est notre nouveau seigneur avec son épouse Sibylle d’Anduze.

        Barral et Sibylle ont cinq enfants : Hugues, Bertrand, Marquise, Cécile, et Marguerite.

        Les deux fils sont dignes de leur père, des princes de valeur, reconnus et appréciés pour leur bravoure, à tel point que lorsque Charles Ier défie le roi d'Aragon en duel avec cent chevaliers pour le seconder, il les place en première ligne [110].

        Cécile est très belle. Sa beauté, sa grâce et son intelligence la font choisir pour présider la Cour d’Amour. On lui donne le nom poétique de Passerose [39]. Elle épouse un grand de la région, le duc Amédée IV de Savoie, à Carpentras. Raymond VII de Toulouse assiste au mariage. Du "beau monde" et de grands personnages pour ce mariage dans notre région !

        Le 9 septembre 1257, Barral des Baux est à Orange, témoin de la cession de l'ex-royaume d'Arles à Saint Louis, par Raymond des Baux, prince d'Orange, au dépend de l'empereur. Ses rapports avec les Anjou, et en particulier avec le comte de Provence, Charles d'Anjou,  ne cesseront plus d'être cordiaux et basés sur la confiance. Ce dernier l'envoie mater une rébellion à Marseille pour son compte et lui demande de le suivre, en 1264, lors de son expédition à Naples, avec plusieurs autres personnes de la Maison des Baux [110].

Caromb sous les Baux.


        Un château est mentionné dans les actes d'Alfonse de Poitiers en 1254 ; il se trouvait certainement à l'emplacement du château que construira Etienne de Vesc au XVe siècle car les maisons actuelles de ces lieux sont construites sur différents niveaux de caves, les plus profondes sont caractéristiques des constructions du XIIIe siècle et appartiennent donc à cet ancien château ( *23) .        La cité de Caromb, a cette époque, est limitée au vieux village, avec ses rues étroites et tortueuses : la Grande Rue existe sûrement qui relie les portes du Rieu et du Château.
         Ces rues sont mal pavées et malpropres et les quelques chemins qui partent du village sont plus utilisés par le cheval et le mulet bâtés que par les charrettes [33].

            Les moulins à huile sont propriété des seigneurs et les olives du village doivent être traitées par les moulins de la commune, pour que le seigneur puisse prélever son impôt [107].

        Dans notre région, les moines de Montmajour sont à Bédoin, Flassans, Saint-Pierre-de-Vassols et défrichent les forêts. Les terres cultivées sont autour des villages. On y cultive du blé, du seigle, de l'avoine, de l'orge, de l'épeautre, des oliviers et de la vigne. On y élève des moutons, des brebis, quelques bovins, des porcs et des chèvres, en plus des poules, des canards et des oies. On mange beaucoup de viande et de poisson et peu de légumes (fèves, pois chiches, haricots, choux et courge) [33].

           Un document du 27 octobre 1253 cite les vassaux de notre région :

  • - l'évêque de Carpentras,
  • - le prieur de Saint-Jean-de-Vassols
  • - Barral des Baux, podestat d'Avignon, avec, entre autres, ses fiefs de Bédoin, Monteux, Loriol, Bédarrides, Caromb, Bédoin, St Léger, Flassans…[33].
        En novembre de la même année, un autre document cite :
  •  - Raymond des Baux, comte et prince d'Orange,
  •  - Raymond d'Agoult, pour Beaumes, La Roque-Alric,
  •  - le prieur de Pont-Saint-Esprit pour Sarrians [33].
        En 1261, Barral des Baux, qui accompagne Charles d'Anjou lors de sa conquête de Naples, est nommé grand justicier, puis podestat de Milan, et enfin de nouveau grand justicier, jusqu'à sa mort.          En 1264, Barral des Baux permet aux habitants de Bédoin, Caromb et Loriol d'élire des syndics. Les habitants peuvent librement se réunir pour nommer un ou des syndics en vue de défendre leurs privilèges ou de lever des impôts, à condition de ne rien entreprendre contre le seigneur, son fief ou ses chevaliers [33].
        Un évènement majeur est à signaler : la chasse est libre sur nos terroirs, même pour les bêtes sauvages comme sanglier ou cerf. Elle est cependant interdite pour les colombes ou les lapins. A Bédoin, les fontaines, les ruisseaux du Ventoux, les fours et les moulins sont libres d'utilisation [33], Barral ayant fait donation, par acte du 1er janvier 1250 devant le notaire Arnaldus Rodulfi et le syndic Pierre Gaufredy, de la montagne du Ventoux "aux enfants de Bédoin, nés ou à naître" [38, 136].

        En échange de leur création, le 1er octobre 1264, les syndics de Bédoin donnent 20.000 sous tournois  à Barral ; Loriol donne 6.000 sous tournois et pour la charte de Caromb du 30 septembre 1264, qui ne comporte que cinq articles, les syndics ne donnent rien…[33].

        Ces chartes accordées par Barral sont en fait des ventes déguisées. Barral a besoin d'argent et monnaie les privilèges accordés [33]. Il doit en effet financer son expédition à Naples. Les villageois en profitent pour obtenir avantages et franchises ( *24) comme la suppression de la taille, le droit de se déplacer librement et de changer de seigneurie, le droit de chasse, le droit d’exploiter leurs terres ou de commercer. Barral se réserve la juridiction, l’albergue (*25 ) , les chevauchées et un droit sur les juifs.

        Alphonse de Poitiers déclare, trois ans plus tard, que ces documents ne sont pas valables, sur une réclamation du fils de Barral, Bertrand des Baux, mais les choses s’arrangent car Sybille, femme de Barral, et son fils Bertrand confirment par serment et approuvent ces chartes.  Les privilèges obtenus seront encore confirmés plus tard par les papes [33].

        A la mort de Barral, en 1268, un de ses fils prend les titres italiens et l'autre, Bertrand, qui gère ses biens depuis 10 ans [39], hérite du titre de seigneur des Baux.  Barral des Baux est inhumé à l'abbaye de Sylvacane. Sibylle, sa veuve, vivra jusqu'en 1279.

        Hughes ou Raymond (1270-1312) succède à son père en Italie. En 1285, il est aussi grand sénéchal de Provence, puis commandant de la flotte royale et capitaine général de la cavalerie, en Calabre, avec 500 cavaliers provençaux. Surpris par un détachement aragonais, il est tué par les siens qui ne l'ont pas reconnu [110].

        Bertrand II des Baux, (1244-1305), fils de Barral, comte d'Avellino, devient seigneur de Caromb dans les dernières années du règne de son père et reprend les titres de son frère décédé. Il est baron d'Aubagne [110] et possède d’autres fiefs en Venaissin, en particulier la seigneurie de Pertuis (Castrum de Pertusie) héritée pour moitié de son grand-père maternel Guillaume de Sabran, mort à Naples. L’autre moitié de cette seigneurie lui est inféodée par l’abbé de Montmajour en 1261. Il cède cette dernière seigneurie à Charles d'Anjou (Charles Ier ), roi de Sicile et de Provence, en 1266.

        Ce dernier s’est attaché ses services et l'a récompensé pour sa vaillante conduite à la bataille de Bénévent (1266), par le titre de comte d’Avellino, point de départ d’une des branches de la famille des Baux [39].

        La tour Ferrande, à Pernes, appartient alors à la famille des Baux. Ses peintures relatent les principaux épisodes des guerres de Charles d'Anjou et des Baux, en Italie, et sont un témoignage actuel de ces évènements historiques [97].

Peintures de la tour Ferrande

        Croulant sous le poids de dettes, il cède, en 1272, une partie du Beaucet à Raymond de Barjols, évêque de Carpentras, pour payer ses frais de guerre [110].

        En 1286, Bertrand des Baux, seigneur du Barroux et de Caromb, fait délimiter ces deux communes avec celle de Modène dont le seigneur est Isnard de Mormoiron, établissant par cela les limites de la commune. Cet acte est passé en présence de plusieurs habitants de ces communes et de Guillaume d’Auzier [39].
        En 1287, il se bat contre le roi de Sicile, est fait prisonnier, puis est racheté par le comte d'Artois en laissant ses deux fils en otage jusqu'au paiement de sa rançon [110].
        Il brille aussi dans les tournois : « il est rude au choc, combat vingt chevaliers sans recevoir la moindre blessure» [110].

        En 1298, il passe une transaction pour la création de syndics. Ces notables sont chargés des affaires de la communauté et de défendre les intérêts du seigneur, lequel est représenté, car il n’habite pas le village. Ce premier conseil municipal a juridiction sur les mariages, les testaments, les déménagements et les baux commerciaux qui sont désormais libres de taxation de la part du seigneur. Ces notables représentent le peuple carombais auprès de son maître, le seigneur [39].
        Bertrand, devenu veuf de Philippine de Poitiers, épouse en troisième noce, peu avant 1298, Agathe d’Agoult de Mévouillon, Dame de Caromb, de qui il a plusieurs enfants [33, 39].

         Bertrand II est en conflit avec Mathias de Theats. Ce dernier gouverne arbitrairement le Comtat pour le compte du Pape Boniface VIII, au point de se laisser aller à des voies de fait envers ses administrés, envers notre seigneur Bertrand II et d’autres nobles compagnons. Ces vexations entraînent les protestations des communes et des nobles du Comtat. Le pape nomme une assemblée des notables pour examiner ses protestations. Réunie à Avignon le 22 mars 1300, dans la maison des Chevaliers de Saint Jean de Jérusalem, cette assemblée reconnaît les torts du gouverneur et le relève de ses fonctions [39].

        Bertrand meurt en 1305.
        Les enfants du premier mariage de Bertrand des Baux gardent le titre de Comte d'Avellino, alors que ceux nés de son épouse Agathe, restent sous la tutelle de leur mère, pour leur fief de Caromb. Ils sont trois :

  •  - Barral,
  •  - Agoult
  •  - et leur sœur Cécile.
I       ils sont tour à tour ou en co-propriété, seigneurs de Caromb [39].
        Notons qu'à cette époque la justice est très sévère : le moindre vol est puni de fouet ou de prison. Si le larcin est plus grave, il est puni par l'ablation d'un membre. Les peines capitales sont nombreuses. Les femmes sont considérées comme mineures et la puissance du mari ou du père est absolue [33].
 
Suite : la chronologie historique (chapitre IX).

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