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Les Rous, une famille
noble du Val Varaita devenue marquis de Saint-Hubert à Sorgues
La famille de Rossi, ou de
Rous, a joué un rôle important dans l’histoire de la
châtellenie de Château-Dauphin. Guigues et Jean de Rous figuraient,
dès le mois de juillet 1339, au nombre des nobles possédant
des fiefs dans la vallée de Château-Dauphin. Cette famille
donna son nom au Campo Rosso à la et sa résidence
principale était la maison forte de la Tourette, située au
sud-est de Château-Dauphin, sur les frontières qui séparaient
cette châtellenie du territoire de Sampeyre, première ville
du marquisat.
Le patronyme
se trouve écrit en italien de Rossa, della Rossa , en latin
Rubeus, de Rubea, de Rubeis, et plus tard, en français,
de Rous.
Prenons
cette famille comme un exemple des migrations forcées que l’histoire
provoqua et suivons là par étapes jusqu’en Vaucluse
:
A Parme, cette famille fut de premier plan, à
la tête des guelfes puis des gibelins.

D'azur au lion d'argent.
Une branche passa à Naples (éteinte
en 1797), une autre branche, lombarde, s’éteignit en 1823, avec
le décès du marquis de San-Secondo et enfin une branche
s’installa à Cuneo, d’où elle passa sur le marquisat de
Saluces et en Val Varaita qui en dépendait, puis en Dauphiné
lorsque le marquisat de Saluces et ses vallées passèrent
sous la domination française.
Guillaume de Rous (en latin Guiliotus
de Rubeis, et en italien Guglielnetto de Rossi, reconnut en 1474, avec
son frère Benoît, tenir en emphithéose perpétuelle
et en fief noble et patrimonial, du marquis de Saluces, une terre située
au territoire de Saint-Front, à quelques lieux de Château-Dauphin.
Le nom des deux frères Benedictus et Guiliotus est indiqué
dans l’acte . Guillaume eut deux enfants : Barthélémy (qui
suit) et Antoine, tige de la branche de Bellafaire
Barthélémy de Rous, fut consul
de Château-Dauphin. Son nom est rappelé dans le livre du
cadastre de Bellino de 1579. Il laissa deux enfants, Antoine (qui suit),
et Marguerite de Rous, femme de Jacques Marc, dont le fils, Antoine Marc
fut capitaine de Château-Dauphin.
Antoine de Rous reconnut, par acte de 1549,
avoir et posséder en fief de Henri II, roi de France, plusieurs
terres à Sampeyre. Il signa en 1579, une transaction mentionnée
dans le livre du cadastre, et passa divers actes en 1580, 1588 …Ses deux
enfants furent Jean (qui suit), Mathieu, qui donna par acte passé
à Saint-Eusébe le 9 mars 1617, procuration à son neveu
Mathieu de Rous, pour transiger au sujet d’une créance.
Jean de Rous, fils d’Antoine, capitaine au
service du roi Henri IV, prit une part active aux guerres du Dauphiné
et du marquisat de Saluces. Il se distingua à la défense
de Château-Dauphin, qu’assiégeait le duc de Savoie, et après
réduction de cette place, il vint se fixer
dans la ville d’Embrun , dont il fut élu consul en 1628.
Il avait épousé le 7 décembre 1607 Madeleine Dioque.
Par son testament, il légua 50 livres à l’église
d’Embrun, pareille somme à celle de Bellino. En 1630, il avait
prêté 600 livres tournois à son cousin Antoine Marc,
capitaine commandant de Château-Dauphin qui était prisonnier
depuis le 1er mars 1630 dans les Etats du duc de Savoie. Le capitaine Jean
de Rous mourut de la peste le 18 août 1630.
Son fils, Mathieu de Rous, épousa le 31 juillet 1633
Marie Carle. Il testa le 18 janvier 1665 et demanda d’être
enseveli dans l’église Notre-Dame d’Embrun, où était
le tombeau de sa famille.
Bernard de Rous est né à Embrun
le 29 octobre 1657. Le duc de Savoie s’étant emparé de
cette ville au mois d’Août 1692, exigea une somme considérable
pour le rachat du pillage. Bernard était l’un des négociateurs
chargé de traiter avec le vainqueur. Il paya de ses deniers une
forte partie de la contribution. Il épousa, le 8 juin 1695,
Jeanne de Laidet.
Antoine de Rous, coseigneur de la Mazelière,
né à Embrun le 11 juillet 1700, épousa le 12 juillet
1725, Thérèse Lions d’où plusieurs enfants dont
Pierre de Rous de la Mazelière, né
à Embrun le 22 février 1755, conserva ses principes monarchiques
et religieux pendant les évènements de 1788 (délibération
de Grenoble, assemblée de Vizille), n’assista pas aux états
de Romans et de Vizille, protesta avec la minorité de la noblesse
regroupée autour de l’archevêque d’Embrun, contre les arrêtés
pris par ces deux assemblées A cause de cette ligne de conduite,
il fut jeté dans les prisons de Gap avec le général
de la Peyrouse, son oncle, et il n’en sortit qu’après le 9 thermidor.
Il mourut en juillet 1796 des suites des mauvais traitements qu’il avait
subis.
Antoine-Bernard-André-Victor de Rous de
la Mazelière, né à Embrun le 9 avril 1771, fut
officier au régiment de Bouillon en 1786. Il émigra de
bonne heure, parcourut une partie de l’Europe et se fixa à Constantinople
où, par son intelligence et son énergie, il rétablit
sa fortune que la tourmente révolutionnaire avait fortement ébranlée.
« Il vécut longtemps au milieu des populations chrétiennes
d’Orient, souvent pauvres, qu’il assista de sa bourse et de son crédit
». Rentré en France sous le Consulat, il épousa à
Marseille, le 5 mars 1810, Elisabeth-Dorothée-Pauline de Boissier,
de Marvejols, le 10 octobre 1786.
Il habita plusieurs années la terre de Saint-Hubert, à Sorgues
en Vaucluse, terre à laquelle un pape avait attaché
le titre de marquis (pour la famille Vernety). Il est décédé
à Paris le 13 février 1850, laissant plusieurs enfants dont
Alfred-Antoine de Rous, marquis de la Mazelière
et marquis de Saint-Hubert est né le 2 août 1813 au château
de Saint-Hubert à Sorgues.
Voilà donc une autre famille
du Val Varaita qui vint s’installer en Vaucluse bien longtemps avant
que nos familles de Bellino émigrent définitivement. Bien
d’autres familles, comme celle-là, franchiront les Alpes pour
s’installer en Provence, avec bien souvent un passage par Embrun.
Source : Nobiliaire universel du vicomte
de Magny et Annuaire de la noblesse de 1855.
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