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Chapitre I.
Le traité d'Utrecht (1713).
La Castellata passe à la Savoie.
Carte préparatoire
au traité d'Utrecht.
C’est un tournant de l’histoire : par le Traité d’Utrecht,
la frontière rejoint les sommets des alpes : tout ce qui est à
“eaux pendantes”, côté italien, est savoyard ; de même
tout ce qui est à eaux pendantes, côté français,
est français. La Savoie gagne des territoires sur le Milanais, garde
le comté de Nice et la partie piémontaise du Dauphiné,
à savoir les vallées de Fragelata (Exilles et Fenestrelle),
Pignerol et la Castelatta passent à la Savoie.
Barcelonnette et la vallée de l’Ubaye passent à la France
et sont rattachées à la Provence. Nice y perd une bonne part
de son influence administrative.
Le marquisat de Montferrat est, enfin, annexé à la Savoie
(1713), de même qu’Alexandrie.
C’est la fin de la République des Escartouns, ou République
de Briançon, qui durait depuis 1343. Habitués à
vivre ensemble depuis des siècles, les habitants de nos vallées
alpines sont séparés par une nouvelle frontière, au
sommet des crêtes. Certains doivent choisir entre rester dans leur
pays ou bien s’expatrier de l’autre côté des crêtes pour
garder la même nationalité. A Exilles, Fenestrelle, certains
font ce choix et vont vers Briançon.
Dans le Val Varaita, le choix a du être identique. Combien
de personnes ont choisi de traverser le col de l’Autaret ou le Col Agnel
?
Le recul de la frontière, en 1713, entraîna à Briançon
et sur les hauteurs environnantes la construction de puissantes fortifications
qui marquent encore aujourd'hui le paysage.
L’acte, par lequel la communauté de Blins, à travers ses
procurateurs Giobatta Peirache et Antoine Roux, jura fidélité
au nouveau souverain (22 août 1713), confirme alors l’absence de
liens féodaux sur ce territoire. Il faudra attendre l’année
1734 pour que la Castellata soit féodalisée. [4]
Nos ancêtres de Bellino deviennent alors savoyards.
Royaume de Piémont-Sardaigne.
Par le même traité, Victor Amédée II se voit
attribuer la Sicile.
La Paix revenue, on constate l’étendue des dégâts de
la guerre : les communes de Provence sont endettées, une foule de
mendiants court la campagne. Débris de toutes les guerres, ces gens
arrivent au moindre tumulte et provoquent une grande insécurité.
Victor Amédée
II doit rendre la Sicile à l’Espagne (1720), en échange
de la Sardaigne, et enfin, se voit attribuer le titre de roi (de Sardaigne).
Il se fait couronner à Turin. C’est la naissance du royaume
de Sardaigne, ou états sardes.
L'évolution du régime répond à des mobiles
très ambitieux, pour ce petit Etat. Pour les assouvir, les souverains
successifs s'efforcent de construire un système de gouvernement
qui, de haut en bas, transmette la volonté souveraine : bâtir
une administration efficiente, qui l'est d'autant plus que la petitesse
du domaine royal facilite l'unité de commandement. La position géographique
de l’état piémontais est déjà en soi une destination
politique : placé entre la France et l'Autriche, ce petit Etat subit
certes leur pression, mais joue également un rôle d'équilibre
de leurs manœuvres et de leurs influences. Entouré de forces qui
le dépassent, il ne peut espérer s'affirmer au niveau européen
ou national, mais dispose de la vitalité suffisante pour survivre
et s'agrandir dans un contexte régional.
S'il est mêlé aux événements de portée
européenne, il est amené à les subir plus qu'à
les maîtriser. Mais, une diplomatie habile et une politique hardie
peuvent lui permettre, selon les cas, de “tirer son épingle du jeu”
européen. C'est le traité d'Utrecht qui, en 1713, en mettant
fin à la guerre de succession d'Espagne, marque une étape importante
dans la lente ascension en Italie septentrionale, de l'état de Savoie-Piemont.
Les gains territoriaux qu'il obtient ne sont ni la conséquence de
ses succès militaires ni de sa puissance intrinsèque, mais
le résultat d'une situation stratégique et de manœuvres diplomatiques
bien exploitées
(40)
.
Le traité d’Utrecht ouvre une période de paix qui va durer
un siècle, malgré la guerre de succession d’Autriche.
A partir du traité d'Utrecht, le tampon du notaire Claude Peyrache,
à Bellino, porte la croix de Savoie :
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