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L'Histoire :
 I  < 1200
 II  1200-1713
 III  1713-1861
 IV  >1861

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Chapitre II.  Les peuples.

Les premiers sentiers.

    Empruntant  les  voies naturelles, telles que les cols, les baisses, ils ont d'abord été tracés par les déplacements des chasseurs puis se sont plus fortement marqués par les passages fréquents des hommes et des troupeaux, jusqu'à devenir des passages plus larges, des chemins.  Le long de ces chemins se sont fixès les premières communautés. 

 Les Ligures.

         Vers l'an -900, croit-on, la métallurgie du fer commença de se répandre sur la région  L'ensemble des populations porte commodément le nom de Ligures, Ils paraissent représenter « le plus ancien peuple de l'Italie, dont la tradition ait conservé le souvenir ». Ces hommes compensent leur manque de blé par les produits de la chasse. Ils escaladent les montagnes comme des chèvres. Ceux qui habitent les montagnes vivent de viande et de plantes, car il n'y pousse pas de blé. 
        Il est difficile d’attribuer une signification ou une date exacte à la hache de l’époque du Bronze retrouvée, isolée, à l’embouchure du Val Varaita, à
Costigliole di Saluzzo, au siècle dernier, par B Gastaldi. [4]. 

         Depuis le Xe siècle, l’Italie du Nord voit se développer plusieurs civilisations : Golasesca en Lombardie et Villanova entre Pô et Appenins. 
        Ces Ligures occupaient alors la Ligurie actuelle, une grande partie du Piémont actuel, et jusqu’à la mer. Ils dominaient la partie méridionale et occidentale de la zone cisalpine. Le témoignage de leur présence se fait à travers la toponymie des noms locaux, comme Alba, Libarna, Dertona, Vercelli, par les noms des fleuves comme Stura, Pô, Doria (Doire) et Sesia. De même les noms des tribus, Statielli, Laevi, Bagienni et Salassi et encore les suffixes en -asco, -inco, -ello, sont ligures. Le suffixe -asco est particulièrement caractéristique, car il est associé, la plupart du temps, au territoire des antiques Ligures : on le trouve effectivement dans tout le Piémont : à l’ouest avec Airasca, Cercenasco, Carvignasco, au sud avec Cherasco, Bagnasco, à l’est, avec Brusasco et au nord avec Mercenasco, Tavagnasco et Grignasco.[17] 
        Dans le Queyras, les traces préhistoriques ne remontent pas plus loin qu’au IXe siècle avant J.-C.., attestant le passage, sinon le séjour, de l'homme dans cette région. Les principales trouvailles archéologiques sont faites au Meyliés (vases, ossements, morceaux de cuivre), à La Chalp (urnes, objets en bronze), à l’Echalp, à Saint Véran où on trouve une tombe avec ossements humains, torques et bracelets, aux Escoyéres (vase, ossements), et enfin à Ville Vieille (Pierre-fiche celtique). [14] 

        Dans le Val Varaita, les traces de l’Age de Fer ont été découvertes il y a quelques dizaines d’années (1937) : elles sont concentrées dans la petite nécropole de Castello di Pontechianale (environ 1600  m d’altitude), comptant 20 tombes. L’unique tombe sauvée nous montre un cercueil de pierre qui semble daté du début du second Age de Fer. Ceci semble la preuve que les rapports économiques entre les deux versants des Alpes Cozie étaient constants. 
        Environ cinq siècles avant J.-C., les Ligures s’installent dans la région de Saluces et dans les vallées du Pô, de la  Varaita, de Macra et de Grana, fondant, dans la plaine piémontaise, à proximité de l’actuelle Bene Vagienna, une cité qui se nomme Augusta Vagiennorum. Ces Bagienni ou Vagienni se déversent ensuite dans le Queyras. 
        Pline, dans son « Histoire Naturelle », indique que les
Vagienni trouvent leur origine chez les Caturigues, tribu ligure des environs de Chorges (Hautes-Alpes) : ils occupent le Queyras et, de là, par une seconde émigration, se déversent sur la plaine de Saluces, peuplant au passage les vallées Varaita, Pô, Macra et Grana. Ceux qui occupent la plaine se nomment « Liguri Vagienni » et ceux qui restent dans les montagnes, les « Liguri Montani » (3) . Pline indique leur origine commune par ces paroles : « Ex Caturigibus orti Vagienni Liguri et qui Montani vocantur ». 
        Dans ses écrits, Cicéron  décrit ces populations comme des personnes rudes, saines, robustes, de bonnes coutumes, dévouées à l’agriculture, mais contraintes de travailler très dur pour gagner leur pain  (4, 5) . Les Liguri Montani mènent une vie très patriarcale : ils se contentent d’une habitation simple pour se protéger du froid et des intempéries et se consacrent à la culture de la terre et à l’élevage. Ils utilisent la houe, la bêche, et la charrue. Ils défrichent les terres autour de leurs habitations, les rendant de plus en plus fertiles par leur travail. La femme s’occupe des travaux domestiques (déjà !) mais, en période de gros travaux, laisse sa cuisine pour prendre la bêche ou le râteau. L’élevage fournit le lait et la viande pour se nourrir, la peau pour se couvrir les pieds et les jambes, et la laine pour se vêtir. Ils ne connaissent pas encore le lin ou le chanvre. La laine de leurs moutons est très appréciée pour sa splendide blancheur et est recherchée. En ce temps là, il se faisait une grande consommation de laine ; Varone, dans son livre « le roi rustique », raconte que les Tarentini envoyaient leurs moutons aux pâturages couverts de peaux, pour garder à la laine sa couleur naturelle : « oves propter lanœ bonitatem pellibus integuntur ne lassa inquinetur ». 
        On dit aussi que les «
Galli Salluvii » abandonnent leurs lieux d’origine, en Provence, pour se procurer d’autres pâturages et d’autres lieux de vie. Franchissant les sommets des Alpes Maritimes, ils montent jusqu’au Monviso et s’introduisent dans le Val Varaita où ils se mélangent à la population ligure existante. 
        Les Liguri Montani de la partie supérieure de la vallée mènent alors une vie simple et isolée du monde et conserveront longtemps leur liberté et leur indépendance .

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Gravures rupestres de Chianale

        De nouveaux envahisseurs, les Celtes, à partir de - 650 environ, installent de nombreux groupes dans le Bas-Dauphiné et la vallée du Rhône, et quelques-uns vont dans les Alpes. Ces peuples celtes, nos ancêtres les Gaulois, ont profondément marqué la toponymie. On retrouve facilement aujourd'hui leurs noms de villes (Senomagus donne Saint-Pierre de Senos ; Caturigomagus donne Chorges) ou le nom des groupes de peuples qu'ils avaient formés : les Vertamocori (Vercors), les Quariates (Queyras),  Brigianii (Briançon)... 
Dans les Alpes, à la fin du Ve siècle et le début du IVe, des couches de cendre et des restes d'incendie indiquent l'arrêt du trafic du Lautaret, et sont la preuve des violences que l'on attribue à l'arrivée des Gaulois (époque de la Tène).
        Dans quelle mesure les Celtes se sont-ils ajoutés à l'ancien peuplement alpin ? II semble qu'on doive leur attribuer un apport assez substantiel. D'autre part, les Gaulois qui se sont installés dans la plaine du Pô vers 400 avant J.-C, avaient traversé les Alpes et ont dû y laisser au moins des arrière-gardes. ” [20] 

        Se créent alors les celto-ligures, croisement des deux peuples. Le Queyras est peuplé, plusieurs siècles avant J.-C., par une de ces tribus celto-ligures, les Quariates, à tendance fortement ligure. 
        Côté italien, depuis le IVe siècle av J.-C., les Celtes ont pénétré le haut Piémont. Nous ne savons pas si le contact avec les populations locales a été conflictuel ou bien s’ils se sont fondus avec les Ligures. Il en résulte une véritable mosaïque d’ethnies, sans que l’on puisse distinguer entre les Celtes et les Ligures, soit par manque de documentation, soit parce que les historiens antiques (Livio, Polibio, Strabone) n'ont pas laissé de traces de cette arrivée gauloise [17]. 
        Avec l’apparition de la culture dite Golasecca 2, et avec l’invasion des Gaulois, les Ligures se replient au-delà de la Doire Baltée et au sud du Pô, sans que l’on puisse exclure une absorption graduelle et pacifique de ce peuple, soit avant, soit après l’arrivée des romains. Le fleuve Pô semble avoir été une frontière entre les deux ethnies, Celte et Ligure, pendant un certain temps. 
Il est cependant prouvé, qu’au nord du Pô, il reste des enclaves ligures et, de même, au sud, il y a des infiltrations celtiques, comme à Chieri  [17]. 
         La population celto-ligure se regroupe en tribus, parmi lesquels on peut distinguer : 

  •  les Taurini, sur l’actuelle province de Turin,
  •  les Bagienni dans la zone de Mondovi, Cuneo, Saluzzo et Bra,
  •  les Caburrenses (ou Caburriati), avec un centre à Caburrum, occupaient le pays entre le Pellice et le Pô,
  •  les Ocelenses et les Lancenses, dans les trois Stura,
  •  les Laevi, entre Chivasso et Trino, aux pieds des collines de Monferrat,
  •  d’autres tribus sont éparpillées ça et là, occupant des zones plus limitées. La vallée de Susa (Suse) accueille une tribu, qui quoique d’origine ligure, subit de profondes transformations par les fréquents contacts avec la population d’origine celtique.
        Du côté du Val Varaita, ce sont les Liguri Montani qui peuplent la vallée, bien que très peu de références soient faites à ce nom. Les Bagienni semblent être les plus proches voisins, en bas de la vallée, à moins qu’ils occupent eux même la haute vallée [17]. 
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        L’apport de l’archéologie du Piémont atteste, sur un fond de culture ligure, la présence des celtes, comme celle de Gravellona Toca d’Ossola et de Belmonte en Canavese. La documentation numismatique (monnaie gauloise, pièces de Marsiglia (Marseille) du IIIe siècle av J.-C.), montre des traces d’importations et d’échanges nord-sud assez convainquants pour imaginer les chemins des trafics marchands terrestres ou par les ports de la Méditerranée. Les Etrusques ont laissé des traces sporadiques, mais significatives de leur présence depuis le Ve siècle av J.-C., au sud du Pô : inscriptions étrusques de Mombasiglio, Movozzo et Busca..[17] 

        Ces trouvailles archéologiques semblent suggérer, pour le second âge du Fer, une différence due au facteur environnant (plaine - montagne). Il semble que la communauté qui occupe la zone alpine et préalpine a un contrôle complet des potentialités de son environnement, par l’exercice des pâtures, de la transhumance, qui s’accompagne de l’exploitation des ressources minérales. Ces activités favorisent les contacts avec l’autre versant des Alpes et cela contribue à créer, une fois pour toute, sur la zone montagneuse franco-italienne, un écosystème unitaire [17]. 

        Les centres celto-ligures montrent de modestes installations de caractère défensif (castella, oppida). 
          Les Alpes subissent l’influence des nouveaux venus sur leur peuplement, sans que ce “vernis” prenne de l’épaisseur. Il en sera de même lorsque les Romains s’installeront. Les hommes des Alpes restent bruns, de petite taille, caractéristiques que l’on conservera, dans nos vallées, jusqu’à nos jours. 

L’épopée d’Hannibal.

        La première grande histoire concernant la traversée des Alpes est celle d’Hannibal. Au cours des guerres entre Rome et Carthage, Hannibal, part d’Espagne avec 38.000 hommes, 8.000 cavaliers et 37 éléphants. Son itinéraire n’a pas été reconstitué exactement, mais son passage au nord d’Orange semble certain. Il traverse le Rhône, la Provence, puis les Alpes (218 av JC), par un col difficile à identifier :
hannibal

        En 1860, M. Ch. Chappuis, professeur de philosophie à la faculté des lettres de Besançon, a adressé un rapport (impr. et libr. Paul Dupont, in-8°)  très intéressant, très complet sur la mission dont le ministre l’avait chargé. C’était précisément la recherche du dernier mot de la question posée par M. de Montardif. Ce rapport est malheureusement fort rare, ayant été tiré à très petit nombre  ; il est de 48 pages. La conclusion de l’auteur, étayée sur les textes anciens et sur la configuration des lieux, étudiée avec un soin extrême et avec des concordances extrêmement frappantes, est formelle : Selon M. Chappuis, Hannibal  traversa la Durance à l’entrée de la vallée de Barcelonnette, où il pénétra par le col de Pontis. Il combat les Gaulois à Saint-Vincent, au Lauzet, remonte la vallée jusqu’au Chatelard de Périne, passe le col de Rouve et est arrêté au passage de la Barricade, sur la Varaita, à une heure et demie de Bellino.

         Là, son armée se trouve prise : "Stant clausi, dit Silius Italicus" ; ils ne peuvent ni avancer, ni reculer. C’est alors qu’Hannibal fait attaquer le rocher (schiste) par le feu, par l’acide et par le fer et les troupes franchissant l’étroit défilé ouvert en trois jours, débouchent par la vallée de la Varaita dans les plaines italiennes, après avoir perdu près de 20.000 hommes du Rhône au Pô.
        Dans un travail sur la vallée de Barcelonnette, publié en 1862 (Durand, Paris), Chappuis développe encore son argumentation, qui paraît décisive.
        On sait que beaucoup de cols alpins revendiquent le passage d’Hannibal et que certains n’ont pas hésité à sceller une plaque commémorative sur les rochers de leur col pour donner plus de poids à leurs arguments.
        Soit, ajoutons le col de l’Autaret à cette longue liste.
     Mais revenons à Hannibal : la descente du col fut difficile à cause de la neige, du froid, des avalanches et des attaques des tribus locales. Seulement 20.000 fantassins, 6.000 cavaliers et 7 éléphants survécurent à cette traversée. Sur le versant oriental des Alpes, il trouva une autre peuplade celto-ligure, les Taurini, qu’il dût combattre.

 Hannibal descendit toute la botte italienne et rentra à Carthage par la mer. 



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