De 1378 à 1417, c’est le Grand Schisme : le 6 avril 1378, le conclave
se réunit à Rome où le pape décédé
résidait depuis quelques mois. Le peuple romain, craignant un nouveau
pape français et un retour de la papauté à Avignon,
force les cardinaux à élire Urbain VI. Mais, sortis de l’émeute,
ils se réunissent à nouveau et élisent Clément
VII.
Dans les états chrétiens
il faut se prononcer pour l’un ou l’autre de ces papes : la France, la
Savoie, l’Autriche choisissent Clément VII alors que l’Angleterre,
l’empereur et la Hongrie restent fidèles à Urbain VI. Situation
bien compliquée, en France comme en Italie où les petits états
se prononcent en faveur de celui qui leur est le plus favorable sur le plan
politique.
Il en résulte de graves conséquences pour la chrétienté,
pour le royaume de Naples et pour la Provence. Du haut du col de l’Autaret,
on ne sait plus de quel côté il faut regarder pour trouver le
vrai pape. Il en est de même en Provence où en plus de deux
papes, la reine Jeanne est prisonnière et chaque ville choisit son
camp, entre Louis d’Anjou et Charles Duras. Clément VII aide Louis
d’Anjou puis le reconnaît en mai 1382 comme son vassal pour Naples,
en présence du duc de Berry et du comte de Savoie.
Un pape réside à
Avignon (Clément VII) et l’autre à Rome (Urbain VI). La reine
Jeanne se range du côté d’Urbain VI alors que Charles Duras
choisit l’autre camp, lance l’offensive contre Naples et la reine, envahit
le royaume, emprisonne la reine et finalement la fait étouffer sous
un matelas de plumes. [65]
Les conséquences sur
la Provence sont dramatiques : le comté est coupé en deux :
Marseille et Avignon sont pour le pape d’Avignon, alors qu’Aix est du côté
de Rome. Les foudres d’Avignon et de Rome se croisent : les évêques
ne savent plus à qui obéir et certains vendent leur siège.
Jusqu’à la mort d’Urbain
VI, l’influence de Clément VII grandit dans tous les états.
Les Cardinaux italiens élisent un nouveau pape à Rome, Boniface
IX qui prend partie pour les Duras de Naples. Ainsi les chrétiens
ont toujours deux papes et Naples et la Provence, deux souverains.
Boniface rallie les états
italiens alors que la France apporte son soutien à Clément.
A la mort de la reine Jeanne (1381), le comte de Savoie Amédée
VI, comte d’Arles-Bourgogne, intrigue à son profit dans le comté
de Nice qui est divisé en deux clans.
Louis d’Anjou, adopté
par la reine Jeanne, et la Savoie, luttent contre Charles Duras, qui avait
était, lui aussi, adopté par la reine Jeanne, afin de prendre
le pouvoir sur Naples.
La Savoie, associée
à Louis d’Anjou, obtient (1382), en contrepartie de son aide, la
cession du comté angevin de Piémont (Cunéo, Fossano,
Savigliano), sans le Val Stura qui fait partie intégrante de la Provence,
et acquiert des droits à faire valoir sur des villes passées
aux Visconti ou aux marquis de Montferrat [40].
Le marquis de Saluces, qui
entend profiter de la guerre civile déchirant les Etats angevins,
pour satisfaire ses ambitions territoriales, entreprend d’étendre
sa domination sur une partie de la vallée de Barcelonnette. Larche
se soumet à Saluces en 1384 [40]
St Paul-sur-Ubaye se soumet aux comtes de Savoie le 1er avril 1385 [40]
La situation est bien confuse et après l’assassinat de la reine
Jeanne, en 1382, la Provence est divisée entre Carlistes en faveur
des Duras (Union d’Aix) et Angevins. En 1383, Nice, carliste, attaque
Vence et Antibes. Jean Grimaldi de Beuil est nommé gouverneur des
terres de Provence qui sont restées fidèles aux carlistes, tandis
qu’à l’est, les angevins l’emportent à Aix (1387) et à
Toulon (1388). Nice est menacé et voit une solution dans un accord
avec la Savoie qui arrive alors jusqu’aux sommets alpins voisins.