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Chapitre XVIII.
LA FIN DU MARQUISAT DE SALUCES .
Fin du marquisat , qui passe
... à la Savoie.
En 1548, Gabriel, le dernier des marquis de Saluces "en titre" cesse d’exister.
Il reste son frère Jean-Louis qui est avec les Impériaux et
qui n’est pas aimé par son peuple. D’ailleurs celui-ci députe
Augustin de la Chieza au roi Henri II, pour le prier de les recevoir directement
sous son obéissance sans leur imposer un nouveau Prince. Bien sûr
le roi accepte et leur accorde les mêmes privilèges que ceux
qu’ont les régnicoles, c'est-à-dire les sujets du roi de France.
Jean-Louis, secondé par quelques
troupes impériales conduites par Ferdinand de Gonzague vient en 1552
dans le marquisat et saccage Saluces. Il en est chassé l’année
suivante par les Français et doit se retirer à Asti chez les
Espagnols où, livré au chagrin et à la misère,
il signe un traité en 1560 avec le Maréchal de Bourdillon, traité
confirmé plus tard par le roi Charles IX, où il cède
tous ses droits sur les marquisats de Saluces et de Montferrat et autres
terres qu’il a en Piémont, moyennant quoi le roi lui donne des terres
et domaines en France, jusqu’à concurrence de 30.000 livres de rente.
Il obtient effectivement le comté de Beaufort en Anjou. Il meurt en
1563 en laissant plusieurs enfants naturels qui donneront des branches "de
Saluces" ou "de Lur-Saluces" en France.
Le marquisat, réuni à
la France depuis de longues années n’a pas été évacué
par les soldats français lors de leur départ du Piémont.
Il reste paisible et français jusqu’en 1588.
Le roi Henri III confie la lieutenance du marquisat de Saluces à
Michel-Antoine della Manta, d'une branche bâtarde de la Maison de Saluces.
Le Château de Manta garde la trace de cette charge par un globe terrestre
surmonté de la couronne de France peint sur la voûte de la salle
des "grotesques", fresque que l'on doit à Valerio della Manta, frère
de Michel-Antoine et réalisée par Giovanni Angelo Dolce :
La Maison de Savoie réclame
le marquisat au roi de France « pour extirper les huguenots »,
mais Henri III refuse. Profitant du fait que ce dernier doit se réfugier
à Blois, Charles Emmanuel lance une campagne contre le marquisat, soutenu
par son beau-père le roi d’Espagne et avec la bénédiction
du pape qui le pousse aussi à prendre Genève, temple de l’hérésie.
En août 1588, le marquisat est conquis. L’opposition du roi de Navarre,
chef des huguenots, l’empêche de prendre Genève, malgré
de nombreux combats.
Henri
III assassiné, le duc postule au trône de France.
Nos vallées alpines à
la fin du XVe siècle.
La peste, un hiver rigoureux, un tremblement de terre qui force les gens
à coucher en rase campagne dans l’arrière pays niçois
marquent l’année 1564.
Dans nos vallées
alpines, le commerce enrichit les villages. Les marchandises circulent à
dos de mulets entre les deux versants de la montagne. Dans le Queyras, par
exemple, la foire d’Abriès est un lieu d’échanges pour les
hommes comme pour les biens.
Première carte connue
de la Provence (extrait)
par Jacques de Formazeris, gravée
en 1592
d'après [78]
Il ne faut pas croire pour autant que la vie des montagnards est facile
:
Cruauté contre le curé
de Château-Dauphin. [33]
Voici un exemple de la rudesse de cette époque dans nos vallées.
Nous sommes en 1585/6.
« Mais quoy ? le gouverneur de Chasteau-Daufin, dans ce même
massif des Alpes, natif du mesme lieu (f° 414 v3), parvenu à
cette charge pour les grandes preuves qu’il avoit ailleurs donné de
sa vigilance, entre les plus endiablées de cette irréligieuse
religion ? Ne changeât-il pas le curé de ce lieu en un autre
St Bartélémi, et ne suivit-il pas les exemples de ce qui avoit
esté exécuté, dans Montélimar, sur la personne
d’un prebstre, la peau duquel est encor gardée chez les pères
Récollets ? Ce constant et magnanime pasteur, pour n’avoir point voulu
céder aux menaces de ce gouverneur, à ce que ce lieu demeurât
destitué de tout secours et des services divins, le fait conduire
au Chasteau, et, l’ayant fait asseoir, lui fait escorger et lever la peau,
despuis le haut de la teste, jusques à ce que un soldat, à
qui le cœur faisoit mal de cet effroyable spectacle, le délivrât
de son horreur, et le patient, de la longueur de cet estrange supplice, par
un coup de grâce et de briefve mort.[33]
On ne dict pas le nombre des personnes les plus
notables qu’il fit mourir par poison, les invitant, à sa table ; jusques
à ce que les Catholiques, impatients de se voir commander et gouverner
par un anthropophage qui les alloit consumer dans ces funestes festins et
tuants repas, entrez par ruse dans le Chasteau, le massacrèrent sur
son lict, apprez midy, et envoyèrent sa charogne par les fenestres
en bas sur les rochers, et à de forts bas précipices.
[33] »
Casteldelfino .... en 2005.
Dans tout le Briançonnais et en Embrunais, sûrement aussi dans
nos vallées de l’autre côté des Alpes, une invasion de
loups extraordinaire se produit de 1612 à 1618 et nombreux furent
les personnes attaquées par ses hordes sauvages, sans que nous sachions
très bien d’où ils viennent. Pour anticiper sur la chronologie,
et continuer ce sujet, le loup n’était pas rare jusqu’au début
du XIXe siècle.
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