Les Guerres d’Italie sont terminées : par le Traité de
Cateau-Cambrésis en 1559, la France renonce au Milanais et à
la Corse, évacue la Savoie et le Piémont, mais conserve le marquisat
de Saluces ( jusqu’en 1588) et peut maintenir pendant 3 ans des garnisons
dans cinq places piémontaises, dont Turin et Pignerol. Par le même
traité, la Savoie, état indépendant, récupère
ses biens. Emmanuel Philibert de Savoie, ayant rejoint son oncle Charles Quint,
l’ayant aidé pendant ses campagnes (guerres d’Italie) se voit récompensé.
La Savoie récupère ses terres, le Piémont, la Savoie,
mais pas Turin, ni Pignerol et perd la Bresse, le Bugey. Par
le Traité de Blois (1563), Emmanuel Philibert obtient le départ
des français. Puis, il récupère le Chablais et le Pays
de Gex, mais pas le pays de Vaud. En 1562, les Suisses restituent le nord
de la Savoie, contre la cession du Vaudois.
Suite au traité de Cateau-Cambresis,
une série de fortifications se construit, de part et d’autre de la
frontière, pour contrôler les accès stratégiques
aux grandes vallées. Le duc fait renforcer les défenses de Nice
alors que le roi de France améliore la place-forte d’Antibes en construisant
le Fort Carré (1588). La guerre est terminée, mais autant
s’assurer de bonnes protections pour l’avenir,…
Emmanuel Philibert fait un long
séjour à Nice, au cours de l’année 1560, pour surveiller
le début des travaux de construction de la rade de Villefranche, en
complément de la citadelle de Nice modernisée quelques vingt
années auparavant. Il mesure le handicap que représente le passage
hivernal du Mercantour, les points les plus bas de son territoire étant
les cols de la Lombarde (2351 m) et de Fenestre (2471 m). La recherche de
passages plus pratiques guidera sa politique dans les années suivantes.
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On note le passage, au Mont Cenis, en 1567, du duc d’Albe, avec 10.000 hommes
- et pour faire bon poids, 1.200 demoiselles de petite vertu.
Avec ces domaines à cheval
sur les deux revers de la chaîne des Alpes, comme ceux de Cottius, la
Savoie, "portier des Alpes", reste maître de la plupart des cols.
Pignerol est rendu à la
Savoie (1575) ; Verceil et Asti sont abandonnés par les Espagnols.
En 1576, Emmanuel Philibert déplace sa capitale à Turin. C’est
une période de prospérité pour la Savoie : 15.000 mûriers
sont plantés en Piémont. Le duc acquiert la principauté
d’Oneille (Impéria), s’offrant un second débouché sur
la Méditerranée (1576), puis le comté de Tende (1579).
Emmanuel Philibert établit
l’italien comme langue officielle du Piémont et de Nice, et le français
comme langue officielle de la Savoie (1562), comme François 1er l’avait
fait pour la France. Cependant, l’ancien Provençal aura la vie dure:
les choses ne changeront pas du jour au lendemain. De village en village,
l’introduction de l’italien ou du français connaîtra des variantes
importantes. Ainsi, dans le pays niçois, on utilisera l’occitan
pendant de nombreuses années. Puget-Théniers jusqu’en 1629,
Touët sur Var jusqu’en 1704 ou le latin, à Roquebillière
jusqu’en 1618.
En gage de réconciliation, après le Traité de Câteau-Cambrésis,
le duc épouse Marguerite de Valois, sœur d'Henri II. Celui-ci perd
la vie dans un tournoi au cours des fêtes nuptiales. Emmanuel-Philibert
réorganise ses domaines recouvrés en mettant intelligemment
à profit les innovations de l'occupation française : le parlement
de Chambéry devient le sénat de Savoie, tribunal suprême
du duché en matière criminelle, civile et administrative et
qui demeurera, jusqu'en 1792, le rouage essentiel de la vie publique. Mais
il a compris que l'avenir de sa maison n'est point du côté de
la France, où l'extension de ses terres se heurte à un puissant
royaume.[59]