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  Géographie
L'Histoire :
 I  < 1200
 II  1200-1713
 III  1713-1861
 IV  >1861

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           Bataille de la Battagliola :
Introduction.
Il y avait tout juste une trentaine d’années que les trois communes de la haute vallée Varaita, Bellino, Pont et Casteldelfino, avaient été rattachées à la Maison de Savoie lorsque se déroulèrent ces formidables batailles de 1743 et 1744 sur la crête des Alpes. En effet, par le traité d’Utrecht de 1713, une légère modification de frontière avait écarté ces trois communes du Dauphiné et de la France, alors que depuis le début du XIIIème siècle ces hautes vallées constituaient l’Escarton de Château Dauphin, partie prenante du Grand Escarton de Briançon que certains présentent comme une véritable République alpine et qui était en fait une communauté d’intérêt.
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La frontière avait logiquement rejoint la crête des Alpes et passait au col de la Lauzette, au pied du mont Viso, au cols Agnel et de Saint Véran qui donnaient sur le Queyras, puis aux cols de Longet et de l’Autaret (ou de Maurin) qui descendaient sur la haute vallée de l’Ubaye, vers Barcelonnette.

Une trentaine d’années, c’est peu pour les habitants de ces quelques communes qui n’avaient pas abandonné leur patois occitan (le vivaro-provençal dit-on), encore moins la rédaction des actes officiels en français et qui allaient plus volontiers à la foire de Briançon qu’à celles de Saluces ou de Cunéo.

Ce peuple de montagnards avait eu quelque peine à s’habituer au nouveau pouvoir mais celui-ci était si lointain que leurs préoccupations restaient, comme toujours, attachées à leur vie quotidienne, une vie difficile principalement liée à l’élevage des vaches et aux travaux des champs. L’activité, réduite pendant les mois d’hivers à cause de la neige devenait plus intense pendant les mois d’été, comme dans toutes les zones montagneuses.

Don Bernard Tholosan, curé de Pont, nous a laissé un mémoire sur cette période. Ecoutons ses soucis pour l’année 1740 :

" L'année 1740 fût une année des plus froides que j'ai jamais passé, son froid égalait celui de 1709 et il eut cela de plus que celui-ci ne se fit sentir qu'en janvier, et l'autre dura jusqu'à la fin du mois de mai [105].

Mais dans le lieu où nous habitons il semblait que le printemps avait oublié de paraître, et que la terre avait perdu sa fécondité, car au milieu de mai, que dis-je, à la fin, on ne voyait encore aucune verdure ni dans les champs, ni dans les prés, ce qui fût cause de la perte de beaucoup de bétail faute de nourriture [105]. "

Ils étaient loin, nos villageois, des préoccupations politiques des souverains européens et ne se doutaient pas qu’ils allaient subir un tel désastre.

Nous allons voir arriver dans nos vallées des troupes franco-espagnoles et on peut se demander les raisons de leur présence dans les Alpes. Il est nécessaire de faire un bref retour en arrière pour expliquer les relations entre les familles royales française et espagnole et les problèmes liés à la succession d’Autriche.

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Arrière-petit-fils de Louis XIV, Louis XV régnait sur la France depuis 1723. De son mariage avec Marie Leszczinska, fille du roi détrôné de Pologne, Louis XV avait eu dix enfants et l’aînée des princesses avait épousé l’Infant d’Espagne.

Philippe V, roi d’Espagne était un Bourbon, petit-fils de Louis XIV, et oncle du roi de France, et il avait renoncé à la couronne de France pour accepter celle d’Espagne lors de la succession de Charles II de Habsbourg.

Les deux familles royales étaient très liées. Leurs intérêts communs expliquent leur entente lors de la guerre de Succession d’Autriche.

 


Les prétentions espagnoles en Italie.

Le roi d’Espagne,Philippe V, venait de perdre ses possessions italiennes (1720), mais son remariage avec Elisabeth Farnèse, princesse de Parme, lui avait ouvert l’espoir des successions de Parme et de Toscane.

Ce roi a eu deux fils de son premier mariage, le prince des Asturies et l’Infant Ferdinand, puis trois autres fils d’Elizabeth Farnèse : les Infants Charles, Philippe et Louis-Antoine.

Lorsque le duc Antoine Farnèse mourût, en 1731, l’Infant Charles fut reconnu duc de Parme et de Plaisance aux termes du traité de Vienne.

Le 7 novembre 1733, Louis XV et son oncle Philippe V signaient le premier pacte de famille par lequel ils se promettaient mutuelle assistance et assuraient à l’Infant Charles les successions de Parme et de Plaisance ainsi que les conquêtes qu’il réaliserait en Italie.

Nommé par son père généralissime des armées espagnoles en Italie, l’Infant et ses troupes écrasèrent les impériaux (1734) et il fut reconnu roi à Naples. En 1736, il renonça cependant à Parme et Plaisance en faveur de l’empereur Charles VI d’Autriche.

Vu de Pont, on expliquera cela de manière beaucoup plus simple :

" Pour augmenter le nombre des ennemis contre l'Autriche, le Roi de France maria une fille avec Don Philippe troisième fils de Philippe cinquième Roi d'Espagne, et il y à bien apparence qu'on résolut en le mariant de lui procurer un royaume par le démembrement du royaume de quelque couronne ; marque de ça, c'est que d'abord que Charles sixième fût mort on embarqua à Barcellonne une armée de quarante cinq mille hommes qui commandés par monsieur de Montmar alla débarquer sur les côtes de la Toscane, vers la fin de novembre 1741" . [105]

L’Infant Philippe souhaitait se constituer un royaume en Italie.


La succession d’Autriche.

Jusque là, la Maison d’Autriche n’avait pas eu de problème de succession et utilisait la loi Salique qui permettait l’accession au trône des seuls descendants de sexe masculin. Mais l'empereur Charles VI n'eut que des filles. Il voulut laisser son héritage à sa fille aînée, Marie-Thérèse, et régla sa succession au moyen d'une loi solennelle, appelée Sanction Pragmatique . Cet acte décidait que Marie-Thérèse succéderait à son père et établissait le droit des femmes à succéder .

Les souverains d'Europe profitèrent de la mort de Charles VI (1740), pour remettre en question cette loi et l’héritage associé :

  • l'Electeur de Bavière réclama tout l'héritage,
  • l'Electeur de Saxe voulut la Bohème,
  • le roi de Sardaigne prétendait au Milanais.
  • Frédéric II de Prusse réclama la Silésie.

Le parti de la guerre, en France.

Le pouvoir était exercé par le cardinal de Fleury, qui ne voulait pas la guerre, mais beaucoup de nobles français voulaient profiter de l'occasion pour détruire la maison d'Autriche, poursuivant la vieille tradition qui, d’Henri IV, à Richelieu, et à Mazarin, visait à "abaisser la maison d'Autriche". La maîtresse du roi, Pauline-Félicité de Nesle, entreprit d'éliminer le cardinal, partisan de la paix, en se faisant protecteur du maréchal de Belle-Isle qui représentait, lui, le parti de la guerre contre l'Autriche.

Louis XV ne refusait rien à sa maîtresse et décida de faire la guerre pour démembrer l'Empire autrichien.


Le roi de Sardaigne.

Ce conflit dynastique n’avait pas de raison, à priori, d’entraîner une catastrophe en val Varaita : le roi de Sardaigne s’était rangé du côté de la France et de l’Espagne, s’opposait à l’Autriche et revendiquait des parts de l’héritage au nom de traités antérieurs à 1713.

Charles-Emmanuel III, deuxième roi de Sardaigne succédait à son père et à une longue lignée de comtes et de ducs de la Maison de Savoie qui avaient agrandi leurs Etats depuis quelques vallées savoyardes jusqu’à la mer Méditerranée, en passant par le Piémont.

Le titre de roi avait été attendu longtemps, depuis qu’un de leurs ancêtres, Amédée VIII, avait été nommé duc, en 1416.

A cheval sur la crête des Alpes, "portier des Alpes", la Maison de Savoie avait su jouer longtemps avec ses alliances, matrimoniales ou politiques, pour servir ses intérêts et agrandir son domaine.

Le 28 mai 1741 se constitue une ligue avec la France, l’Espagne, la Prusse, la Saxe, la Bavière et la Sardaigne. La guerre se déroulait alors loin de notre région, en Silésie (1740), en Bohême (1742) et en Bavière (1743) jusqu’à ce que les troupes franco-espagnoles, les "Gallispans" s’approchent des Alpes.

  Carte des cols du fond de la vallée Varaita.
"Dimostrazione dei colli nelle fini della valle di Varaita".
Archivio di Stato di Torino. Carta topografica della val Varaita.
Référence :  0048651


Ecoutons encore le récit de notre curé de Pont :

" Tout le monde était dans l'attente de savoir ce que faisaient les Espagnols en Italie, et personne pensait qu'ils dussent nous venir causer des troubles semblables à ceux qu'ils nous ont causé. Si on nous eussent prédit qu'ils dussent venir dans le pays, cette prédiction aurait été prise pour une rêverie, ou pour un songe " [105].

" Don Philippe donc partit d'Espagne avec une armée de vingt mille hommes ou environ, passant par le Languedoc au mois de mars, se rendit en Provence et là ils y passent le printemps et l'été sans faire aucun mouvement jusqu'au mois de septembre ou ils décampèrent et se rendirent dans la vallée de Barcelonnette. "

Les intérêts du roi de Sardaigne divergeaient par rapport à ceux de l’entente franco-espagnole, aussi, pour ne pas faillir à la tradition de la Maison de Savoie, le roi fit une nouvelle volte-face et, par le traité de Worms, s’allia avec l’Autriche (1742). En échange de cet accord, son royaume devait s’agrandir de terres prises au duc de Milan, de la ville de Piacenza , de quelques autres villes et des droits sur le marquisat de Finale.

En conséquence de ce traité, Louis XV lui déclara la guerre, se proposant de lui reprendre ce qu’il avait dû céder au Piémont en vertu de l’article 4 du traité d’Utrecht, en particulier la haute vallée Varaita.


L’armée piémontaise.

Charles Emmanuel III s’était donné des moyens militaires pour défendre son Etat : l’armée piémontaise était composée de régiments d’Infanterie, de Cavalerie, de la Maison Militaire de S. M. et de régiments de Dragons.

L’Infanterie comptait de nombreux régiments composés de troupes régulières nationales (Gardes, Savoie, Montferrat, Piémont, Fusilliers, Saluces, La Marine et La Reine), des régiments provinciaux créés à partir du service militaire obligatoire ( Chablais, Tarantaise, Nice, Aoste, Turin, Verceil, Mondovi, Asti et Casal ) et quelques régiments étrangers ( Suisse, Allemand, Italien et Mixte ).

La Cavalerie était divisée en Piémont Royal et Savoie .

La Maison Militaire de S. M. regroupait trois compagnies des Gardes de S.M ., deux compagnies d’Arquebusiers , une compagnie de 100 Suisses de la Garde , la compagnie des Halebardiers du vice-roi de Sardaigne et la compagnie des Gardes Chasse .

En ce qui concerne les Dragons, il y avait ceux de S.M., du Genevois, du Piémont, de la Reine et de Sardaigne.

Quelques milices, comme celle des Vaudois, furent créées à la demande et suivant les besoins.

Une grande partie de cette armée se retrouvera dans la haute vallée Varaita en 1743 et 1744.

Du côté de la France, le prince de Conti, Louis François de Bourbon (1717-1776) était commandant des troupes. Il était intéressé par les résultats de cette guerre de succession car il briguait le trône de Pologne que son grand père François-Louis avait un temps obtenu, en 1697. On lui reconnaissait alors de brillantes qualités militaires.

L'armée piémontaise : drapeaux et uniformes.


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