La partie historique nous montrera
que les noms de Gallian et de Galian, avec un seul "l" ou deux
"l" ont été utilisés dans les même lieux, aux
même dates, dans un passé assez lointain. Il s’agit d’une variation
orthographique du même nom, donc d’une même origine. Aussi nous
suivrons ces deux familles comme s’il s’agissait d’une seule et considérerons
que leurs racines sont communes.
Les origines connues des Galléan sont multiples. Là aussi
la chronologie historique nous montrera qu’il s’agit, pour certains, d’une
variation orthographique du nom Gallian, alors que pour d’autres, les
racines sont différentes mais sûrement italiennes.
Le berceau de la famille est situé dans les vallées alpines
: dans le Queyras, côté français, et dans le Val Varaita,
commune de Bellino, Provincia di Cunéo, Italie. Pendant environ 7
siècles, nous suivrons les traces de ce nom de famille tel qu’il est
reporté à travers les actes historiques de cette région.
Bellino, Val Varaita, Italie.
Nous verrons aussi qui existe d’autres branches de cette famille, très
tôt, dans les Alpes maritimes, à Vence où à La
Gaude, dans le Vaucluse, à Roussillon, sans qu’il soit établi
qu’il y a une relation avec nos ancêtres. Nous citerons quelques personnes
portant ce nom dans d’autres régions de France, souvent isolées,
résultat de recherches dans les fichiers généalogiques
accessibles. Ces "trouvailles" ne sont pas vraiment significatives d’une présence
importante de cette famille dans d’autres régions, et ne peuvent être
considérées comme de nouvelles "branches" de cette famille.
Les fichiers
des recensements de l’INSEE nous indiquent aussi la présence de ce
nom, au début du siècle, en France :
- dans le
Tarn ( 81) à Ferriéres
- dans les Hautes
Alpes, à Saint Clément sur Durance.
- dans le Var
à Mayons.
C’est un
nom très rare en France.Par contre, c’est avec Richard, le nom le
plus répandu sur la commune de Bellino.
Origines lointaines et peu probables :
De ces temps lointains où les noms sortent de l’obscurité il
ne nous reste que peu de choses. Quelques parchemins sauvés de l’outrage
du temps et quelques pierres tombales usées par les intempéries
nous font connaître les premières personnes par leur nom patronyme,
nom souvent associé au lieu qu’ils occupent ou nom de villae
romaine.
Il est pur hasard de rencontrer son propre nom de famille dès ces époques
reculées.
Au fil de mes recherches généalogiques, on m’a ainsi signalé
des Gallian à diverses époques.
- Bien avant les croisades en Arménie
où, paraît-il, existaient de nombreux "clans" ainsi nommés
(Gallian). Certains, ayant suivi les Croisés lors de leur retour en
Europe se seraient installés à Gênes. J’ai cherché
et j’ai conservé le nombreux courrier échangé à
ce sujet et n’ai jamais eu la moindre preuve tangible, écrite, gravée
ou dessinée de cette origine moyen-orientale. La consonance de nom,
avec une terminaison en –ian, pourrait être arménienne.
Rien ne le prouve.
- Lorsque notre région était
gallo-romaine, vivait paraît-il une
Nevia Gallian
, femme d’un illustre romain. Ce nom est écrit sur une Pierre Ecrite
située à quelques dizaines de kilomètres de Sisteron,
en bordure de la route de Saint-Geniez, peu avant Chardavon. La pierre a
été gravée au début du Ve siècle et l’inscription
mesure 1m75 par presque 2m. Elle est classée par les monuments historiques
depuis 1909.
Vérification faite, elle s’appelait
Nevia Galla :
Traduction du texte de la pierre écrite par le notaire Edouard de Laplane
:
Claudius
Postumus Dardanus, homme illustre (2), revêtu de la dignité de
patrice (3), ex-consulaire (4) de la province de la Viennoise (5), ex-maître
des requêtes (6), ex-questeur (7), ex-prêteur (8) des Gaules,
et Nevia Galla, noble et illustre dame, ayant fait tailler les flancs de la
montagne, de chaque côté, ont donné des routes praticables
au lieu nommé Théopolis, lieu qu'ils ont fortifié par
des murs et des portes. Ce travail a été exécuté
dans leur propriété particulière, mais ils ont voulu
néanmoins qu'il serve à la protection de tous. Il a encore été
fait avec l'aide de Claudius Lepidus homme illustre, compagnon et frère
du sus-mentionné, ex-consulaire de la province de Germanie Première
(9), ex-secrétaire de l'Empire (10), ex-intendant [Note F.-S. : "comte"
serait plus exact] des affaires privées (11), afin que leur sollicitude
pour le salut de tous et un témoignage de la reconnaissance publique
puissent être montrés par cette inscription.
C’est dommage, comme beaucoup j’aurai bien aimé faire remonter mon
arbre généalogique jusqu’au Ve siècle !
La " Pierre écrite "
..
Texte gravé de la pierre
CLAUDIUS
POSTUMUS DARDANUS, VIR INLUSTRIS ET PATRICIAE DIGNITATIS, EX CONSULARI PROVINCIAE
VIENNENSIS, EX MAGISTRO SCRINII LIBELLORUM, EX
QUAESTORE,
EX PRAEFECTO PRETORIO GALLIARUM, ET NEVIA GALLA, CLARISSIMA ET INLUSTRIS FEMINA,
MATER FAMILIE EIUS, LOCO CUI NOMEN THEOPOLI EST
VIARUM
USUM CAESIS UTRIQUE MONTIUM LATERIBUS PRAESTITERNT, MUROS ET PORTAS DEDERUNT,
QUOD IN AGRO PROPRIO CONSTITUTUM TUETIONI OMNIUM
VOLUERUNT
ESSE COMMUNE ADNITENTE ETIAN VIRO INLUSTRI COMITE AC FRATRE MEMORATI VIRI
CLAUDIO LEPIDO, EX CONSULARI GERMANIAE PRIMAE, EX
MAGISTRO
MEMORIAE, EX COMITE RERUM PRIVATARUM, UT ERGA OMNIUM SALUTEM EORUM STUDIUM
ET DEVOTIONIS PUBLICAE TITULUS POSSIT OSTENDI.
On se reportera à la fin de ce chapitre pour les notes attachées
à la traduction.
- Que dire de ce Gallien
, médecin grec réputé,
sinon qu’il a un long nez, signe caractéristique de beaucoup de personnes
de notre famille !
Lorsque j’ai vu cette représentation du personnage, je me suis dit,
c’est un Gallian !
Né en 131 apr. J.-C. à Pergame (Asie Mineure), Claude Galien
est le fils d’un architecte grec. Médecin de l’école de gladiateurs
de Pergame, il devint médecin de la famille de l’Empereur Marc Aurèle,
à Rome. Il nous a laissé de nombreux écrits médicaux,
avant sa mort, probablement en 201, à Rome. L’histoire de nous dit
pas s’il a laissé une descendance….
Portrait de Galien
Source : The Blocker History of Medecine Collections, The University of Texas
Medical Branch, Galveston, Texas, USA.
- Gallian, un nom de lieu
transformé en nom patronyme ? on verra plus loin les significations
de notre nom, mais il est vrai qu’il existe un certain nombre de lieux qui
portent ce nom :
+ Galian à San Germano et Galiana à Vilar Perosa dans les vallées
vaudoises (Valli Valdesi),
+ Galliano à Sanfront dans la vallée du Pô,
+ le bourg Galliana à Roccabruna dans le val Maïra.
Toutes les grandes familles se sont inventées des origines fabuleuses
:
- les
Baux des Baux-de-Provence seraient descendants de Balthazar, un des rois
mages,
- les Agoult de Sault (Vaucluse) auraient été élevé,
à leur origine, par une louve,
Rien de tout cela avec les Gallian et nous resterons dans un domaine plus
sérieux, celui de la généalogie prouvée par des
actes écrits.
(1)
L'épigraphie a pour domaine l'ensemble des documents gravés
au ciseau, au burin, ou avec une pointe quelconque, sur l'airain, le marbre
ou la pierre, sans parler des documents peints sur la pierre, le bois ou
l'argile.
L'épigraphie
est féconde surtout pour l'étude de l'antiquité, classique
ou non. Chez les anciens, on n'avait qu'un moyen de donner une grande publicité
aux actes importants : c'était de les graver sur des tables, que l'on
plaçait dans un endroit fréquenté. Ainsi nous sont parvenus
une foule de documents de tout genre : lois, décrets, traités
ou contrats, règlements, dédicaces de documents, ex-voto, épitaphes,
etc.
Pour l'étude
de toutes les civilisations anciennes, la science des inscriptions complète,
confirme ou corrige les historiens. Elle nous initie à la vie locale
et individuelle, nous renseigne sur l'administration, sur l'organisation du
culte, de l'armée, des finances, des écoles, le droit public
et privé. Elle permet souvent de fixer la chronologie, la position
des villes. Elle présente un grand intérêt linguistique
et nous a conservé le souvenir d'idiomes, de peuples et civilisations
dont on ne savait rien ou presque rien. Son autorité est d'autant
plus grande que tous les documents sont contemporains des faits. L'épigraphie
est une science complexe, qui exige une
véritable
initiation. (Source : Larousse du XXe siècle - Vol. 3 - Page 219)
(2) Illustre
: titre honorifique donné à un haut fonctionnaire du Bas-Empire.
(3) Patrice
("Patricius") : la qualité de patrice était la plus haute dignité
conférée par le Bas-Empire. Elle ne répondait à
aucune fonction et n'était pas héréditaire.
(4) Consulaire
("Consularis") : celui qui avait rempli les fonctions de consul. Une province
consulaire ne pouvait être gouvernée que par un consul ou un
personnage consulaire.
(5) Viennoise
: pays du Dauphiné situé au cœur de la province viennoise. Après
le IIIe siècle, la ville de Vienne revêtit une grande importance
en tant que métropole religieuse et administrative.
(6) Maître
des requêtes : haute fonction judiciaire.
(7) Questeur
("Quæstor") : magistrat de l'administration des finances à Rome
ou dans une province.
(8) Prêteur
des Gaules ou Préfet du prétoire : le préfet du prétoire
("prefectus prætoris") com-mandait les cohortes prétoriennes
chargées de veiller à la garde de l'Empereur. Le préfet
du prétoire des Gaules était le premier des hommes après
l'Empereur, représentant immédiat du Prince ; en tant que prêteur,
il supervisait également les fonctions judiciaires.
(9) Germanie
Première : front de l'Est au contact avec les peuples barbares qui,
poussés par les Mongols, envahissent la Gaule au Ve siècle.
(10) Secrétaire
de l'Empire : maître consulaire des mémoires. Il dirigeait les
fonctions de secrétariat de l'Empire.
(11) Comte
des affaires privées : vient du mot "intendens", qui signifie "qui
dirige". Ce titre correspond certainement à "Ministre des revenus et
deniers de l'Empereur".