L'élevage carombais au début
du XVIIIe siècle.
Nous sommes dans une période de paix et nos agriculteurs se consacrent
intensivement aux cultures pour sortir de leur état d’endettement.
Ils sont aidés par la situation particulière du Comtat où
les impôts sont réduits et où le service militaire
n’existe pas. Les finances de la commune s’assagissent.
On s’occupe beaucoup d’élevage dans les villages comtadins : les
porcs sont nombreux ; les chèvres aussi ( Caromb a autorisé
ses habitants à tenir des chèvres, en 1643). Les moutons broutent
l’herbe de nos collines du Paty. De nombreux règlements s’occupent
des dégâts causés par le bétail sur les cultures
des villages depuis le XVIIe siècle et encore, au XVIIIe siècle,
où l’on décrit méticuleusement ce qui est autorisé
et ce qui ne l’ai pas.
En règle générale, les villageois emploient un porcher
et un “cabreirier” pour garder les troupeaux. Ainsi, en mai 1690, à
Caromb, le Parlement autorise de donner une amende aux propriétaires
d’animaux qui causent des dégâts : “ont conclu et arrêté
que toutes les vaches, bœufs et autres qui ne seront point de labeur, comme
aussi les chèvres et pourceaux hors de leur pourqueyrade et chabreyrade,
se trouvant faire du mal, paieront pour chaque bête et chaque fois,
4 écus d’amende payable pour un tiers à l’hôpital,
un tiers au seigneur et un tiers au dénonciateur”.
L’année suivante, chèvres et porcs ne sont plus tolérés
en dehors des troupeaux communs ; puis, les chèvres sont carrément
interdites, sauf en écurie pour le lait des malades (1740). D’autres
villages autorisent les chèvres à l’attache, mais les chevreaux
ont la permission de suivre les troupeaux d’ovins, de Pâques à
la St Jean-Baptiste.
Lorsque les troupeaux s’égarent dans les vignes ou les vergers, une
amende doit être payée, d’un montant différent suivant
que cela se passe de la mi-mars à la St Michel ou à un autre
moment.
Caromb interdit les moutons sur les terres gagnées à la suite
du déplacement des rivières, si ces terres ont été
appropriées depuis au moins trois années. En général,
le nombre d’ovins est limité en fonction de la valeur cadastrale
de chaque propriété. On excommunie le bétail “lanud”
du village en 1705, comme l’a fait Mazan.
Constatant encore des dégâts en 1736, la communauté
renouvelle les interdictions contre le bétail, surtout lorsque ce
sont des enfants qui sont chargés de la garde. Les moutons sont parfois
trop nombreux et leur nombre doit être réduit (1740).
Seuls les bouchers ont des droits sur les bêtes destinées à
la consommation courante. Encore que, leur nombre doit être raisonnable
et correspondre à cette consommation. Idem pour les chèvres
à abattre qui peuvent paître dans les communaux et les prés.
Les troupeaux du boucher ont un droit de pâturage sur le “deffans”
de la montagne du Paty, où l’herbe est abondante.
En 1665, le consul a dû se rendre à Carpentras pour faire casser
un jugement concernant le pacage du bétail lanud sur le territoire
de St Hippolyte.
Lorsque les moutons sont attaqués par la maladie (1744), on nomme
un employé, à 12 livres par mois, pour trier les “bons” pour
la vente.
Les villages voisins se protègent aussi contre le bétail de
Caromb. Ne croyez pas que le trajet du troupeau soit libre ! Le Barroux a
défini très exactement, dès 1401, le chemin à
utiliser pour le petit bétail allant de Suzette à Caromb, pendant
la période du 1er janvier au 31 mars.
Les porcs sont autorisés en troupeau gardé par le porcher.
On en nomme un à Caromb en 1744 : il doit être suffisamment âgé
( 20 ans minimum au Barroux) et ne doit pas contrôler plus de 36 bêtes.
Le nombre de porcs est limité à raison de deux à six
bêtes par propriétaire. Les porcelets ne sont admis dans le
troupeau gardé qu’à partir de l’âge de deux mois. Le
cimetière est particulièrement surveillé contre les
porcs [33].
Tout habitant qui tue un cochon doit une taxe de 10 sols (1740).
Chevaux et juments sont autorisés à paître dans des lieux
et à des époques interdites aux autres animaux. Les bêtes
de labour sont bien traitées et bien acceptées sur tout le
terroir [33].
Le nombre de bovins est aussi limité : six bêtes maximum pour
2 propriétaires, avec un garde.
Les sonnailles sont obligatoires : chaque bête porte une sonnaille
qui est différente suivant le type de l’animal (
*117
) : la chèvre porte les esquerlo
ou clarin ; les moutons les picoun ; les ânes, les platelo
et les chiens les grelots ou cascavèu. La majorité
de nos sonnailles viennent de Carpentras où elles sont fabriquées
par maître Simon, grand fournisseur de tous les bergers de Provence
[133].
Le bétail étranger est interdit de pâture sur le territoire
de la commune.
Il reste encore les oies, les poules, les poulets et les dindes : quiconque
en trouve sur son terrain peut les tuer, mais à condition de les
rendre à leur propriétaire qui paie les dégâts.
Si ce dernier est introuvable, le volatile est ramené au tribunal
carombais. Si celui-ci ne trouve pas le propriétaire, la bête
est laissée à la personne lésée, après
estimation de sa valeur par deux maîtresses de maison.
On le voit, le règlement n’oublie rien !
Jusqu’à son Excellence qui publie une lettre, en 1765, au sujet du
bétail à laine et du règlement de la boucherie !
Il en est ainsi dans tous les villages, avec les variantes pour adapter le
règlement aux coutumes locales.
Vers 1760, à Caromb l'élevage est en baisse très nette.
Les lapins.
On demande la création d’un marché de lapins et un marché
de raisins, car ces produits sont devenus la ressource principale du village
(1893). En 1900, notre poids public accuse 250.000 kg de peaux de
lapins !
Les pigeons.
Nombreuses sont les
maisons qui possèdent un pigeonnier, bâti au fond des jardins,
parfois sur la toiture des maisons, dans le village.
Les petits oiseaux.
Un groupe de chasseurs
demande le rétablissement de la chasse au filet pour les petits oiseaux
(1897).
La chasse aux petits
oiseaux est une tradition que l’on trouve dans toute la Provence. Ne dit-on
pas, qu’à Marseille, on pouvait compter jusqu’à 4.000 postes
de chasse autour de la ville ? Nos villages ne sont pas en reste : la moindre
haie, le moindre « ribas » cache son poste de chasse et ses appelants.
On chasse les petits oiseaux et on « envisque » pour les attraper
vivants, grâce à des vergettes couvertes de glu, judicieusement
placées au sommet des branchages. Ce sport carombais débouche
sur la brochette de petits oiseaux, un véritable régal et
l'occasion d'inviter des voisins ou amis. Autour de la broche où
sont enfilés les « quines » ou les « chachas »,
un verre de pastis à la main, pendant que le pain se grille et s’imbibe
du jus de la graisse versé sur la brochette, tout le monde vit un
vrai moment de plaisir, qui se poursuit par un vrai régal : la dégustation.
La pêche.
La société
des Amis de l’Ecluse, fondée par M Marcel Morard en 1941, remplace
une société plus ancienne, créée le 18 avril
1926, pour mettre en valeur le tourisme des bords du lac mais qui n’avait
pas eu un grand succès.
La société de pêche
compte, vers 1970, environ 450 pêcheurs qui organisent chaque année
le repeuplement de l’étang : ainsi en 1969, 5.650 kg de brêmes,
gardons et autres carpes sont lachés ; en 1970, 300 kg de truites,
600 kg de gardons ; en 1971, 910 kg de tanches, 360 kg de carpes, 120 kg
de goujons et 65 kg de brochets. Et depuis, chaque année voit son
lot de poissons rejoindre leurs congénères.
De quoi satisfaire un grand nombre d’amateurs
de la gaule !