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Mise à jour 4/03 Copyright JG © 2003
  
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Thème VIII. Agriculture.
Oliviers, moulins et huile, au XVII et XVIIIe siècles.

 
L’olivier, l’olivaison.
Dates d’olivaison.
Glanage et garde des oliviers.
Les mauvaises années.
Les bonnes années.
De l’olive à l’huile.
     Moulins et pressoirs.
     Gestion communale.
     Rente des fermiers.
     Cens et taille.
Nos moulins.
            Leurs noms et leur nombre.
            Les dates dans les archives.
            Emplacements dans le village.
            Les anciens moulins de Mèze, de la Pigne, Malaud ou Mallau,  et Boulanger.
            Moulins le Neuf et le Buix.
            Moulin de l’Hôpital.
            Moulin de la Péne.
            Moulin de la Fène.
            Moulin du Cachet.
            Moulin du Blayet.
            Moulin de la Place.
            Moulin des os.

        Aux XVII et XVIIIe siècles, la production d’huile du village est importante. L’olivier est cultivé sur les coteaux  et sur la colline du Paty, les plaines étant réservées au blé et à la vigne. On cultive principalement l’olive verdale « Glandaou » au sud du Mont Ventoux, alors que la Tanche occupe les versants nord. Pazzi, en 1808, indique que l’espèce “verdâtre”, en patois “aulive pounchude”, est la plus répandue sur nos terres.

L’olivier, l’olivaison.

        Rappelons que l’olivier est un arbre à croissance lente qui produit seulement après 7 ans de croissance, et jusqu’à 35 ans ou plus. Il a besoin de peu d’eau et sait la chercher très profond, ses racines pouvant avoir jusqu’à 6 mètres. L’olivier sauvage, « l’Aulivastre » vit depuis des millénaires sans l’aide de l’homme. Nos oliviers sont taillés avec beaucoup de soin tous les deux ans au mois de mars, pour les empêcher de s’élever _et donc de s’exposer au vent_ et pour faciliter la cueillette [134].
         « Lis oùlivaires » cueillent les olives à la main, transportant d’arbre en arbre leur échelle, le “cavalet” au large pied,  et leurs paniers d’osier tressé, les “canesteù”. Un bon cueilleur arrive à récupérer 70 à 80 Kg d’olives par jour. Au début du XXe siècle, la production atteint 400.000 kg d’olives, soit environ 80.000 litres d’huile. Les olives sont transvasées du panier dans de grandes banastes munies de deux anses.

Dates d’olivaison.

        La date de début de la cueillette est réglementée depuis le Moyen Âge. Nos archives indiquent quelques dates : « On ne devra pas cueillir les olives avant le jour de la St Romain (23 novembre), sous peine de confiscation de la récolte, 1/3 pour le dénonciateur, 1/3 à l’hôpital, 1/3 au seigneur (1728) ; pas avant la St Romain (1729, 1730) ; le 23 novembre 1739, le 20 novembre 1741 et le lendemain de la St Martin en 1752 ».
        Il est défendu de cueillir des olives avant le 18 novembre 1732 et on demande au vice-légat d’interdire aux habitants d’aller, avant cette date, détriquer (broyer) leurs olives aux moulins de Malaucène, Modène ou St-Pierre-de-Vassols .
        Le 20 novembre 1773, la cueillette des olives est remise au 29 novembre.

Glanage et garde des oliviers.

        Comme pour le blé, le glanage est autorisé, mais réglementé : « On ne pourra glaner les olives que 15 jours après l’ouverture de la cueillette (1729) ».
        Pendant la récolte des olives, on paie 2 gardes du terroir à 12 sols par jour et on établit une garde bourgeoise, qui est faite par tous les habitants (à raison de 15 personnes par jour, commandées par un conseiller de la "première main"). Les voleurs sont passibles d’une amende de 30 sols ou même de la peine du carcan ( octobre 1767).

Les mauvaises années.

        Le grand ennemi de l’olivier est le froid, le grand froid : température basse pendant plusieurs jours, verglas, Mistral ou dégel trop rapide ont maintes fois fait périr nos oliviers. On dit que « l’oulivié » est immortel, qu’il a toujours su renaître après les gels, mais les productions importantes ont demandé des efforts constants de nos villageois.
        Nos agriculteurs redoutent depuis toujours les journées des saints de glace : Saint Georges (Jourget), saint Marc (Marquet), saint Eutrope (Troupet) et saint Crouset (Crouset), car ce sont les saints « geleurs  et grêleurs» [133].

        Les chroniques régionales et locales nous listent ces années difficiles, de gel des oliviers : 1076, 1363, 1408, 1507, 1564, 1569, 1571, 1608, 1615, 1625, 1630, 1648, 1698, 1709, 1730, 1740, 1748, 1753, 1755, 1766, 1768, 1788-89, 1795, 1802, 1811, 1821, 1840-41, 1844-45, 1859, 1870-71, 1879-80, 1928-29, 1941, 1956, 1970-71, 1973-74   ( *110 ).
        D’autres sources donnent quelques précisions.

  • - En 1363, à Bédoin, le froid et le gel bloquent les moulins à blé sur la Mède
  • - Quelques gels importants du XVIe siècle, qui touchent nos oliviers en 1507, 1564 et pendant l'hiver 1571-1572 [107].
  • - Les hivers 1564, 1569 et 1571 sont particulièrement rudes, avec des froids intenses et les oliviers gèlent [33].
  • - 1608, le terrible hiver gèle nos oliviers et toutes les cultures.
  • - L'hiver 1624-25 est rude et les oliviers gèlent à nouveau [75].
  • - 1709 : un des hivers les plus rigoureux ; grande mortalité des oliviers gelés, gel de la vigne, des arbres fruitiers, des céréales et des semences.
  •  - Notons encore, en 1753 le grand gel pour les oliviers [107], alors que l'été 1756 est torride : on signale des morts d'insolation sur les routes carombaises [54].


        Pour citer les années les plus dures pour nos oliviers :

  •  1709,
  •  1755 : il fait –11° en janvier jusqu’au 8 février,
  •  1766 : année terrible avec –10° en janvier et un Mistral très violent,
  •  1788-89 : le gel commence le 23 novembre, dure tout le mois de décembre avec un –15° à Orange pour la St Sylvestre et d’abondantes chutes de neige en janvier.
  • L’hiver 1789 est aussi terrible : les glaces interdissent la navigation sur le Rhône et Avignon n’est plus ravitaillé. Les légumes gèlent, les paysans sont affamés. La plupart des oliviers et des figuiers de Caromb ne résistent pas aux fortes gelées. La récolte de blé est déficitaire [52].


        Après le coup mortel de froid de 1789, un insecte, le ciron, attaque les oliviers, décourageant les propriétaires de replanter leurs arbres. Dans l’arrondissement de Carpentras, seuls restent les vergers de Caromb, St Hippolyte, Modène, Mazan et de la Lègue à côté de Carpentras, mais avec beaucoup de vides dans les vergers et de jeunes plantes de 2 à 3 ans, encore sans produit (1808)  [134].

        Plus tard, nous aurons :

  •  1802 :  –10° en janvier et une violente tempête de Mistral,
  •  Pendant la Restauration, l'hiver 1821 apporte un froid intense et il ne reste que quelques oliviers [54].
  •  Le mois de décembre 1859 est terrible : à un froid intense s'ajoute un vent d'une violence inouïe qui déracine de nombreux arbres [54].
  •  1870-71 : froid constant en décembre et janvier
  •  1879-80 : le Rhône gèle sur 60 km
  •  1928-29 : un million d’oliviers durent être recépés.
  •  1956 : -30° et 6 millions d’arbres gelés.  neige abondante ; grand froid : oliviers, figuiers et vigne gèlent

Les bonnes années.

        Il n’y a pas que des années de gel. En 1700, on est obligé de demander au vice-légat d’augmenter la « tabelle », sorte de budget prévisionnel, afin de faire tourner les 7 moulins en même temps.
        Le 5 mai 1720, la récolte des olives promettant d’être abondante, on recherche quels moulins doivent être remis en état.

De l’olive à l’huile.

Moulins et pressoirs.

        L’activité des moulins est saisonnière : en 1728, elle commence le 23 novembre, pour se terminer le 16 février. Les meules à sang ou à bras, activées par l’homme ou par des « bêtes », broient les olives, donnant une pâte noirâtre, grasse, onctueuse. Cette pâte est déposée dans des scourtins, de sparte ou d’alfa, tressés dans le département avec des joncs venant des bords du Rhône.

        Les scourtins sont empilés les uns sur les autres, sous le pressoir. Pressés et repressés, 100 Kg d’olives peuvent donner de 15 à 20 litres d’huile qui s’échappent des scourtins et s’écoulent dans l ‘« espérance » : c’est l’huile vierge. Une mesure d’eau bouillante (5 litres) versée sur les scourtins et un nouveau pressage permettent d’obtenir une huile moins délicate.
        Les tourteaux ou grignons de marc, sont portés au moulin de ressence (moulin des os). Pressés eux aussi, ils permettent d’obtenir une huile de qualité inférieure utile pour l’éclairage, comme engrais ou pour la fabrication des savons. Le « caleù » de nos maisons l’utilise jusqu’au siècle dernier.

Gestion communale.

        Propriété de la commune depuis le milieu du XVIe siècle, les moulins à huile sont administrés, gérés par nos consuls et conseillers. Ils occupent une place importante dans nos archives :  toute dépense les concernant a été enregistrée, notée, discutée et nos comptes sont là, au sous-sol de notre mairie, pour nous raconter leur histoire, jusqu’à la Révolution où ils deviennent privés et disparaissent des archives.
        Deux moulins à huile sont cités dans le « bail des moulins », du 8 novembre 1558, concession majeure de nos seigneurs : celui de la Mède et un autre moulin « joignant le moulin à blé St Georges ». Après ces premiers moulins communaux, la construction de nouveaux moulins (1611) ou l’achat à des particuliers, augmentent le parc communal.
        Les revenus sont suivis de près : en 1736, le conseil fait le calcul des revenus tirés des moulins et de leur coût d’entretien sur les 10 dernières années. Chaque année, avant la saison, le conseil organise une visite de tous les moulins (1728, 1773) et décide des réparations à faire ou, en fonction des besoins, à ne pas faire.
        Le parlement de Caromb, au grand complet, accorde des dépenses extraordinaires pour les moulins (mars 1690), alloue 300 écus pour les réparations urgentes (1709), permet l’emprunt de 6 livres-roy (1723) et prévoit de dépenser 800 livres monnaie de France (1729).
        Les conseillers, pour se récompenser de leurs peines (au pluriel, sic), se donnent le droit de faire détriquer leurs olives la 3e semaine après l’ouverture des moulins.
Les oliviers sont sacrés et, s’il le faut, le conseil fait protéger les vergers par une milice bourgeoise ou, comme en 1759, forme un bureau de cinq conseillers de la 1ere main et quatre de la seconde pour perquisitionner les maisons de quelques suspects qui auraient volé des olives. Viguier et vice-légat sont appelés pour expulser ces voleurs ou gens de mauvaise vie.

Rente des fermiers.

        Les moulins à huile sont arrentés à des fermiers. Dès 1610, la rente rapporte 265 florins à la communauté et 273 florins deux années plus tard. En 1643, on arrente tous les moulins en même temps. Seuls les fermiers des moulins de la Fène, le Neuf, la Peine, de la Place et du Bayet sont nommés en novembre 1724.

        Une épidémie attaque les oliviers vers 1665 et on fait appel aux experts de Pernes et de Malemort pour inspecter le terroir et trouver la cause de mortalité des oliviers. L'huile est la richesse du pays et on doit se rabattre sur la vigne (1672). Le déclin financier de la commune commence.
        Parfois les relations avec les meuniers “ tournent au vinaigre ” : on est en procès, car les 2 fermiers du moulin des os réclament une diminution de la rente, à cause de la mortalité des oliviers (1666, 1670). C’est le cas aussi en 1776, lorsque le conseil s’aperçoit qu’ils ont laissé se creuser des « porte-couffins » où se glisse de la pâte d’olive dont ils profitent à l’insu de leurs clients. On les oblige à mettre une « bardaison » en pierre de taille autour de chaque porte-couffin, avec 3 pouces de pente.

        Le mesurage de l’huile est affermé, comme le poids de la farine. Il rapporte 120 florins en 1613. « On accorde la ferme du mesurage de l’huile et du poids des romaines, pour 35 écus monnaie courante par an, à quelqu’un qui sait lire et écrire (décembre 1721). »

Cens et taille.

        L’activité est soumise au cens sur l’huile.
        L'autorisation du vice-légat pour un nouveau moulin à huile (1682) coûte une taille de 3 deniers par florin.
        Parfois la communauté, qui manque d'argent, s’impose à elle-même une taille sur les olives, pour pouvoir réparer les moulins (1697).
        Les habitants réclament, à cause de la rareté de l’huile, que les cens de l’huile ne soient plus payés en nature aux seigneurs directs, mais au tarif de 6 livres par émine (1723).
        Le vice-légat réclamant, pour payer les dettes, un impôt sur le détricage des olives, le conseil répond qu’il est impossible de le mettre en place puisque, à la suite de quantités d’olives tombées par le vent, la pluie et la sécheresse, on détrique déjà dans les moulins depuis 5 à 6 jours (1736).

Nos moulins.


Leurs noms et leur nombre.

        Le nombre de moulins varie dans le temps. Ils ne sont pas tout disponibles en même temps.
        En 1614 et 1691, la commune gère 7 moulins et certains particuliers possèdent leur propre moulin. Ce nombre est à peu près constant pendant les siècles. Il décroît et, à la fin du XIXe siècle, il ne restera que 3 moulins en activité, puis un seul en l’an 2000.
 

1614  1691 1724 1744
Pène Péne  Peine  Pene
Place Place    
Neuf Neuf Neuf  
Hôpital      
Fane  Fene  Fène   Fane
Cachet      
Buix   Buys    Buix
        Blayet  Blayet
Boulanger      
Malaud      
Gene ( ?)      

        Le nom des moulins varie suivant l’humeur et la fantaisie de nos comptables. Il est écrit comme il se prononce dans le village, par coutume phonétique. L’écriture du nom est secondaire. Prend-il le nom de son propriétaire ou du meunier ? Nul ne le sait. Un moulin acheté à l’hôpital et reconstruit devient « moulin neuf de l’hôpital », alors qu’il existe déjà un moulin dit le Neuf …

Les dates dans les archives.
 

NOM de à
Pigne  1643 1643
Mèze  1558 1566
Boulanger 1612 1615
Malaud  1609 1614
Moulin des Os 1601 1782
Cachet  1643 1701
Pène 1609 1765
Fène 1609 1749
Neuf  1578 1765
L’Hôpital  1682 1712
Buix  1608 1785
Blayet 1676 1765
De la Place 1678 1765
Gene (ou Féne ?)  1614 1614

Emplacements dans le village.

        Il est très difficile de savoir où étaient situés les moulins. La carte du village réalisée par M. R.Visserot, d’après les plans dressés par M. Romière en 1914, indique leur emplacement. Il n’est pas aisé pour autant d’associer le nom et l’emplacement. Quelques indications supplémentaires apparaissent dans les archives : on se reportera utilement à la description de chaque moulin pour essayer de le localiser.

Les anciens moulins de Mèze, de la Pigne, Malaud ou Mallau,  et Boulanger.

        En 1505/6, Raymond Camaret est payé pour réparations à des moulins à huile.
        Le 8 novembre 1558, le moulin de la Mède, sur la rivière, au lieu dit l’Antlas, fait partie des moulins concédés par François d’Agoult et Jeanne de Vesc. En 1566/68, on répare le moulin de Mèze. Ensuite ce moulin disparaît des archives, car il ne doit pas être géré par la Communauté.
        Le moulin de la Pigne est cité une seule fois en mars 1643 pour la liquidation des dommages dus à Raymond Durand, par suite de l’incendie communiqué à sa maison par le moulin à huile dit de la Pigne.
        Le moulin Mallau est cité en 1609, pour une rente de 15 florins, puis en 1612 (Malaud) pour un changement de meule. Peut-être s’agit-il d’un moulin connu sous un autre nom dans les années qui suivent.
        Le moulin Boulanger est acheté en août 1613 avec un acompte de 515 florins, plus 397 florins pour la grande grotte qu’un maçon carombais équipe de « crottes », ou voûtes, et d’une porte en peuplier. Ce moulin est dit « de la ville » en 1614 et la commune consolide son « fondement » en 1615, grâce à de grosses pierres. Il disparaît ensuite des archives et doit porter un autre nom.

Moulins le Neuf et le Buix.

        Ces deux moulins sont voisins : « une muraille fait séparation du passage entre le moulin Neuf et celui du Buy ». Tous deux sont « sous la Boucherie ».

        Le Neuf est réparé et on lui construit des caves, dès 1578. Il est arrenté en 1608.
        Appelé aussi “Bolongier”, il est acheté à Chrétienne d’Aguerre, dame de Caromb (1611).
        Ses réparations sont nombreuses : 397 écus dès 1611, meules (1612, 1685), machottes (1669), serves (1680, 1691, 1726), moleyron et lict parfois provenant de la rivière du Gourdon (1690, 1691) ou taillés dans la carrière de St Maurice (1700). Il faut agrandir le chemin pour le charroi de la meule.
Mouleyron, lict et embeau, arbre et saumier du moulin de M. Blanc sont récupérés pour ce moulin en 1678.
        Un maçon soutien la voûte qui croule (1691).
        Ce moulin Neuf à huile est sous la maison de ville en 1745.

        C’est surtout après 1755 que les 2 moulins le Neuf et le Buix posent des problèmes : « On videra, par un conduit souterrain les eaux des deux moulins pour qu’elles dégorgent hors de la ville et ne dégradent pas la rue descendante sous la Boucherie, impraticable par les glaces d’hiver. » Douze ans plus tard, on se plaint que les eaux se répandent dans les rues jusqu’à la porte Neuve et on décide de faire de « gorgues » en pierre de taille pour les conduire hors des remparts par le chemin le plus court. Huit ans plus tard, on revient sur la nécessité  de refaire complètement, par un conduit souterrain, la rue de la Motte qui est dégradée par les eaux, …

        Le Buix, aussi appelé Buis ou Buys, apparaît en 1608, par un changement de meule et son « accoutrage » (ajustement), la réparation de sa porte près de la Boissière ( ?) avec 7 émines de « gip » (plâtre)  de Mormoiron.
        Deux ans plus tard, il lui faut un « houlme » pour le « casteau » : un orme pour sa charpente.
        Il n’est pas facile d’accès car il faut rompre la coupe pour installer les meules (1664) et rebâtir les licts des moleyrons.
 

        Travaux en 1680, 1690, 1691, 1692, 1725, 1744, 1755 : changements de meules et autres.
        Notons qu’un maçon est récompensé en 1703 pour avoir, par deux fois, éteint le feu qui avait pris à la cheminée de ce moulin.

 

Moulin de l’Hôpital.

        Il est acquis de l’hôpital (1682)  pour 300 écus.
        C’est un moulin à sang, car il possède une crèche pour la bête.
        Lors de l’achat, il nécessite de grands travaux : 2 « bechas », lict des coffins et pesances, cheminée, crèche, coupe et embeau, pose de serves et machotes, de la porte, fermeture de 3 fenêtres, grand banc, cuillère et arbre de la coupe, au total près de 2800 florins.
        En 1684, le menuisier fait une « scourffe » (ou écrou, vis à bois) et on finit de le payer avec 290 florins
        En 1691, la muraille du moulin doit être modifiée car elle empêche la bête de tourner "rond" à la coupe et l’année suivante il faut armer le grand banc qui se dégrade.
        Le 24 avril 1712, le parlement décide de vendre aux dames de St Ursule, au prix de 300 écus, le moulin à huile de l’Hôpital, acheté au même prix en 1682 à l’Hôtel-Dieu, cela à cause du chômage des moulins depuis la mortalité des oliviers de 1708.

Moulin de la Péne.

        Son nom est incertain dans nos archives : Pène, Peine, Peyne, Penne, Peïne
        Il apparaît en 1609.
        Il est situé dans une rue si étroite que les bestiaux ne peuvent qu’y passer difficilement avec leur charge. On décide de faire paver la rue, car il n’y a aucun moyen de l’agrandir (juin 1722).
        Les servies n’ont pas été bâties solidement, ni de niveau : on demande réparation ; de plus, on accuse le menuisier d’avoir donné de l’argent aux autres artisans pour qu’ils ne proposent pas une enchère supérieure (1750).
        Changements des Licts ou des moleyrons (meules) en 1664, 1679, 1686, 1691, 1700, 1744, 1749, des serves en 1676, 1680, 1726.
        En janvier 1760, le banc se rompt en son milieu et on emploie des bandes de fer qui sont aux archives pour le réparer. Mais en mai, il s’ouvre à nouveau et il faut le changer : on met aux enchères l’achat d’un arbre, chêne blanc, noyer ou ormeau. Ne trouvant rien à Caromb, on cherche à Vacqueyras, Beaumes et Sablet, pendant 3 jours de novembre. Monseigneur d’Inguimbert en a un, mais il est trop cher, et on préfère finalement un ormeau de Caromb, qui ne convient pas, donc on remet l’achat. Menuisier et consul cherchent encore 4 jours, en vain. En février, le fermier n’a pas pu travailler et on le dispense de sa rente. En mai 1761, un menuisier installe enfin un grand banc. Mars 1765, il est à nouveau rompu et on réussit cette fois à le faire remplacer … en septembre 1766.

Moulin de la Fène.

        Son nom est lui aussi incertain : Fane, Fébre, Fène, Phène, Febve, Fébve.
        Il apparaît aussi en 1609 par une rente de 69 florins 6 sols.
        Achat de meules en 1643, 1664, 1686, 1741, 1745, 1749.
        Achat et charroi de pierres « pour sigiller » les machottes du moulin, achat et installation d’un grand banc qui vient du moulin de M. Poulet, on rebâtit 2 licts de moleyrons et replante 2 servies et une manchotte double en 1664. Le noyer trouvé à Pernes ou Mormoiron permet de changer le grand banc en 1665.
        En 1672, on lui fait une coupe neuve, puis on reconstruit une de ses murailles qui s’écroule (1676), et sa voûte ou « arc » (1677).
        Un broquier met 2 cercles à la meule. La pierre d’un meunier de Gordes permet de changer lict et moleyron (1686). Un noyer sert à ajouter un surfaix au banc du moulin en 1691.

Moulin du Cachet.

        Une première référence en 1643, pour la vente de l’emplacement du moulin à Cachet.
        En 1684, assignation donnée par les Pénitents Gris au sujet des murailles de leur chapelle qui menace ruine, attendu qu’au-dessous se trouve un moulin à huile. Un maçon abat et reconstruit la muraille, répare la « crotte » et les travaux sont payés à moitié par la communauté et à moitié par les Pénitents.
        En 1691, on décide de faire réparer la route du moulin à Cachet qui menace ruine, elle aussi, ce qui emporterait la chapelle : deux maçons font un rapport. Rien ne se fait et, de guerre lasse, le parlement décide de donner le moulin et 100 écus aux Pénitents Gris, à condition qu’ils assument les frais de réparation de la route (février 1700). En mai 1701, on accorde permission aux Pénitents Gris de construire une chapelle neuve hors et proche du village, joignant les murailles à l’issue de la porte de l’église, en occupant le terrain des fossés joignant les « fausses brayes » ( « Braio » signifie avant mur à la porte d’une forteresse). Le poids de la farine doit être déplacé.
Les archives ne nous indiquent  rien de plus sur ce moulin

Moulin du Blayet.

        Celui-ci apparaît plus tard, en 1676, et est cité en 1680, 1686, 1688, 1724, 1744, 1761 et 1765.

Moulin de la Place.

        Connu dans les archives de 1678 à 1765. Son nom est cité en 1690, 1691, 1724, 1728, 1754, 1755 (affaire de l’arbre) et 1765.
        Cette dernière année, c’est pour changer les « espérances » qui sont trop petites et non-conformes à celles des autres moulins.

Moulin des os.

        Appelé moulin des os ou “ merilhoum ” (noyaux ou marc) ou moulin des grignons, c’est un moulin de ressence. Un moulin à traction animale, puisque l’on fait une crèche pour les bêtes (1676). Sa taxe est de 117 florins (1609).

        Au début du XVe siècle, Caromb est déjà pourvu d’un moulin à noyaux car il est référencé (1601), lorsque le fermier, Etienne Guichard, obtient un sursis pour le paiement de 300 écus qu’il doit sur sa rente. La rente est renouvelée en 1609, puis 1613 pour 300 écus ou 1500 florins, en 1722 aussi. Il est à nouveau arrenté en 1660.
Une affaire est plaidée contre le fermier qui touche le paiement des noyaux d’olives (1665). L’année suivante, et peut-être à cause de cette affaire, on lui accorde un rabais sur sa rente.
        On se pose la question de savoir s’il faut garder ce moulin, en 1680, et s’il ne vaut pas mieux avoir deux moulins à huile à la place. Le consul consulte Avignon à ce sujet.
        Mais le grand souci apparaît en 1691, lorsque le fermier des grignons, nommé Jacques Maffray, pour mieux retirer l’huile, a établi des constructions avec poutres et bards contre la voûte, qui font écarter les murailles de l’hôtel de ville qui est au-dessus. On va jusqu’au procès.
        Quelques années plus tard (1725), c’est l’école qui est au-dessus du moulin, et on décide de reconstruire la voûte du moulin (1729) plutôt que de faire le plancher de l’école. Une décennie passe avant que l’on constate que les travaux sont urgents et qu’il faut en profiter pour adjoindre au moulin un abri pour les pressoirs à vin, ce qui économisera un louage. En 1740, le plancher est construit, avec une garantie de 2 ans.

        En 1743, on décide de ne plus le mettre aux enchères ( le louer), préférant un moulin à Cachet. Quelques réparations : un “ bachas ”  (bassin de pierre ?) tirant 10 charges ou émines, achat de quelques couffins et autres ustensiles indispensable au détricage (1743).
        Après la rupture du bois et des servies en 1744, on fait appel au seigneur d’Allemand, ingénieur à Carpentras (celui de la fontaine de la Place). Il recommande de construire cinq pressoirs à détriquer, en pierre de taille. On lui paie son devis et son plan, 1258 livres monnaie de France et un maçon vient reconnaître les travaux.
        On passe au grand moulin “à rouage”, mais celui-ci ne marche plus dès 1749 et on décide de le faire voir à un maître pour juger si c’est le vendeur ou la communauté qui paiera la réparation.

        En 1782, juste avant la Révolution, on transforme le moulin à rouage sous l’hôtel de ville en moulin “à grande meule” en achetant meule, coupe et espérance au chevalier Du Barroux qui a détruit son moulin..

        Pazzi [134] vante la qualité des huiles produites dans nos villages en 1808 : Modène, St Hippolyte, S Pierre, Bédoin viennent en tête ; celle de Caromb est dite « abondante, mais de qualité inférieure» : à croire qu’il n’avait pas de goût ce brave monsieur ! Il n’y a qu’à goûter celle du seul moulin qui reste dans notre village, celui des frères Haut, pour se rendre compte qu’il n’était pas un vrai connaisseur, en matière d’huile d’olive.

        En 1900, la production carombaise d’olives est de 400.000 kg.

        Au début du XXe siècle le nombre de moulins à huile se réduit de trois à un.
        La gelée de 1956-57 est fatale à nos vergers, mais notre dernier moulin tourne toujours et accueille les récoltes des communes voisines.

 


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