Introduction
:
Références
: (*102 103 104 105
)
Marcel Pagnol nous a montré l’importance des fontaines dans les villages
du midi. Aller chercher l’eau potable ou l’eau nécessaire aux
travaux domestiques, avec seau, broc ou arrosoir, était sûrement
une tâche pénible pour les femmes du village, mais c’était
aussi une occasion de se rencontrer et d’échanger les nouvelles.
La première canalisation d’eau de source reliant nos sources du bas
du Paty avec les fontaines carombaises semble dater de 1313. C’était
une canalisation en pierres de taille creusées et recouvertes de dalles.
Quelques regards, surmontés de grilles, permettaient de surveiller
le débit et étaient nécessaires pour le nettoyage.
Nous avons déjà raconté l’affaire des eaux de la source
des Alps qui opposa notre commune à celle de Carpentras à partir
de 1314 et pendant des siècles.
Nos archives municipales permettent de suivre l’évolution et les travaux
de ces canalisations : en mars 1675 on replace 50 cannes de "bourneaux" (tuyaux)
fournies par un potier de terre pour alimenter les fontaines. Beaucoup plus
tard (1818), nos vieilles canalisations de pierre n’en peuvent plus. Détériorées
par les ans, l’eau s’infiltre entre les pierres et elles doivent être
remplacées par de nouvelles canalisations en poterie. Il est vrai
que l’utilisation du fumier et du purin dans les champs fait craindre une
contamination. Le conseil municipal vote ce budget.
En 1928, le conseil fait remplacer les conduites en poterie par des tuyaux
en fonte afin d’alimenter toutes les rues du village.
Pendant des siècles les seuls points d’eau sont les fontaines de la
commune.
La fontaine de la place du
château.
La plus ancienne fontaine de Caromb est celle de la place du château.
Le conduit d’eau venant du Paty devait franchir la partie basse du Rieu par
un aqueduc afin d’assurer une pente régulière vers la "colline"
du château.
Notre première fontaine publique s'élève, vers 1359,
près de l'ancien hôtel de ville, autrefois le château.
Nos archives indiquent des travaux sur la fontaine "vieille", laquelle est
sûrement celle de la place du château : en avril 1675, on engage
des dépenses pour la construction des aqueducs de la fontaine "Vieille"
nouvellement faite et on construit un repos "au-dessus de la crotte de ladite
fontaine". En septembre de la même année, le Bailli vend à
la commune un réservoir-bassin pour la fontaine vieille.
En 1684, on achète du plomb pour plomber les fers des fontaines de
la Place.
En 1689, la fontaine de la place est remise à neuf : pour cela, elle
est démontée, puis de nouveaux tuyaux sont installés
depuis le bassin. On creuse les aqueducs et on installe une croix de fer
doré sur la fontaine.
Dès 1744, on refait à neuf le conduit de la fontaine de la
place, depuis le repos proche du moulin plus haut jusqu’à la fontaine.
On prévoit de refaire le bassin suivant un devis de M. Antoine d’Allemand
[ 117]. La rue sera pavée. Les pierres de l’ancien bassin serviront
à faire un lavoir derrière la porte du Rieu, afin que les femmes
ne lavent plus leur linge aux bassins des fontaines et que les bêtes,
qui y boivent, n’attrapent plus de mal.
Elle a été restaurée en 1749.
Sa margelle forme un bassin octogonal et présente quatre faces incurvées.
Au centre, un socle rond supporte la panse, godronnée (
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) dans la partie basse aux quatre mascarons. Le
dessus de la panse, recouvert d'écailles, porte un écusson daté
de 1749. La hauteur du monument est de 3 m 40.
Elle est classée Monument Historique.
L'eau déverse par quatre gargouilles remarquables.
La fontaine du Cormoran à Pernes, située sur la place de la
Porte Notre-Dame, présente de nombreuses similitudes avec notre fontaine
de la Place : bassin à margelle octogonale, socle central orné
de quatre mascarons. L'un d'eux est la réplique, moustachu et barbu,
d'un des mascarons (ou gargouille) de Caromb.
Ces quatre "visages", dit-on à Pernes, ont une légende, celle
du dieu Midas [117]. On sait qu'étant juge dans un jeu opposant
deux musiciens Apollon et Marsyas, le roi de Phrygie, Midas, avait arbitré
en faveur de Marsyas. Apollon, irrité, lui avait octroyé une
belle paire d'oreilles d'âne qui lui valut bien des moqueries de la
part de son peuple. Cependant, ce Midas est aussi connu pour avoir demandé
une faveur au roi Dionysos, celle de transformer en or tout ce qu'il toucherait.
Exaucé, il s'aperçut que tous les aliments qu'il portait à
sa bouche se transformaient en lingots d'or et que toute boisson devenait
un flot de métal précieux. Il supplia le roi de dissiper l'enchantement.
Celui-ci exigea qu'il se purifie dans le fleuve Pactole, qui, paraît-il,
roule depuis, des pépites d'or.
Retrouve-t-on dans nos gargouilles
cette divinité grecque ? Les constructeurs de cette fontaine ont-ils
voulu exprimer que l'eau claire et limpide, jaillissant au cœur du village,
était une véritable source d'or pour les habitants ?
En 1764, les bassins des fontaines sont cadenassés et on doit faire
appel au serrurier chaque fois que quelque chose tombe dans les bassins :
cela vaut au serrurier d’être dispensé de capage (impôt).
Cette fontaine a été restaurée dans les années
1970, par l’entreprise Girard d’Avignon, sous la direction des Beaux-Arts
et de la mairie [54].
La fontaine du Portail du
Rieu.
La fontaine du Rieu est sûrement aussi vieille que la fontaine de la
place. D’abord, son emplacement, à proximité de l’aqueduc, rendait
très simple son alimentation. Ensuite, nos archives montrent la réparation
de la fontaine du Rieu en 1566, date à laquelle la commune paie la
fourniture de 100 cannes de tuyaux pour les fontaines.
Dès 1609, cette fontaine est équipée d’un bassin, puis,
en 1666, d’un réservoir, lequel est insuffisant puisqu’il est complété
en 1689.
Dessin H. Bonnaventure.
La commune s’occupe de ses fontaines en 1664 et 65 car un «rhabilleur»,
potier de Bédoin, est payé pour 15 cannes de «bourneaux»
recuits pour rhabiller les fontaines.
N’oublions pas que le quartier du Rieu est un quartier d’eau avec ses écluses
pour les moulins et son aqueduc. En novembre 1676, on installe 6 bards à
l’écluse du haut pour faciliter les lessives.
Le maçon Bourneau, sculpteur de Mazan, fabrique et installe une croix
de pierre à la porte du Rieu, travail payé en 1683. La croix
est consolidée par des fers en 1684.
En 1781, on déplace la fontaine de la porte du
Rieu à un endroit plus commode sur l’esplanade, car la circulation
des charrettes devient importante, et on entoure les bords du bassin avec
une bande de fer hérissée de "dentelles" pour empêcher
les lessives. On construit un lavoir près des fontaines [54, 58].
La fontaine de forme pyramidale, comme celle que nous connaissons aujourd’hui,
est construite en 1840. Elle est détruite en 1933, par décision
du conseil municipal de l’époque, car elle est gênante pour
le développement du « charroi » et du marché. En
1987, la municipalité de M Joseph Chevenier décide de la faire
reconstruire à l’identique, d’après les plans de l’époque.
La fontaine de la Tuilière.
Les informations de nos archives sur cette fontaine sont peu nombreuses.
- En 1671, on répare
la fontaine de la Tuilière.
- En 1691 on fait un
bassin à la fontaine de la Tuilière.
- 1726, on fait réparer
la fontaine de la Tuilière.
La fontaine de la Grande
Rue Basse ou de l’hôpital.
Le quartier de la Baisse, au bas du village, possède très tôt
sa propre fontaine : en 1684, on achète 11 livres de plomb pour plomber
les fers de la fontaine de la rue Basse. Un bard est mis sur le conduit de
la fontaine de la rue Basse (1687).
En juin 1716, on refait le pont
devant l’écluse du moulin du Mitan et on répare les murailles
proches de la porte de la fontaine et de la fontaine basse
En 1726, on remplace les tuyaux des fontaines basses, depuis la porte du
Rieu jusqu’à leur sortie : ils sont brisés et les impuretés
corrompent l’eau des fontaines.
L’année 1754 voit la construction de la fontaine de l’hôpital
ou de la Grande rue basse qui alimente le lavoir de la Baisse.
La fontaine de la placette.
La fontaine de la Placette, au cœur du vieux Village, près de la Grande
rue basse est construite en 1865. Elle sera déplacée en 1960
et est actuellement située sur la place Bonnaventure.
Les fontaines des Aires.
Le quartier des Aires possède sa fontaine en 1754-55 : "on élèvera
une fontaine aux haires de l’église dans le coin joignant le chemin
de Caromb à Notre-Dame-des-Innocents". La construction est terminée
en 1756.
On réclame une nouvelle fontaine sur la place de l’église,
alimentée par l’eau de celle des Aires (1865). Ayant trouvé
de nouvelles sources près de celles déjà utilisées
du Lauron, on s’en sert pour alimenter toutes les fontaines, suivant plan
et devis de l’architecte du département, pour un coût de 7.000
francs (1869).
Une fontaine "du bout des Aires" est construite en 1895.
La fontaine sous l’église.
Création de la fontaine "sous l’église", ancien chemin
de Carpentras, en 1877.
La fontaine des quatre coins.
Création de la fontaine "des quatre coins" en 1875.
La fontaine du milieu du Cours.
Création de la fontaine "du milieu du Cours", surmontée d’une
coupe de fruits en pierre, en 1894. La fontaine du Cours, longtemps située
devant la maison du général Bonnefoy, est actuellement située
sur la place du Cabaret.
Combien de fois ai-je bu à
l’eau de cette fontaine ou me suis-je assis au sommet de son promontoire
mural !
La fontaine du Plagnol.
La création de la fontaine du
Plagnol date de 1894, comme celle du bout des Aires : les habitants de ce
quartier, étant mécontents d’être trop éloignés
des points d’eau, demandent au conseil municipal sa création et M.
Hippolyte Roux propose gracieusement une parcelle de terrain et offre la «
conque ». En retour, la municipalité lui octroie le droit au
« refus d’eau ».
La fontaine de l’Arinier ou
des Pères.
Nous savons, par les démêlés des pères
Cordeliers avec la municipalité, que, dès 1664, le canal des
fontaines passe près de leur propriété.
En novembre 1750, les Cordeliers ont percé la muraille des eaux et
ont fait des excavations pour amener l’eau chez eux. On accorde finalement
un robinet d’eau provenant des eaux des fontaines, après contestation,
intervention du vice-légat, alors qu’il existe une fontaine publique
"à 6 cannes de chez eux"
En 1928 on crée la fontaine
des Pères, au quartier de l’Arinier.
Au début du siècle, Caromb compte pratiquement autant de fontaines
publiques que de quartiers.