Famille
de JACQUES :
Cette famille noble résidait
à Caromb, dans une maison située à l'angle de la Rue
Dorée et de la Rue de la Juiverie. On ne sait pas grand-chose sur
elle avant la Révolution. A cette époque, c’est une famille
nombreuse qui, outre le père et la mère, compte 9 enfants
: six garçons et trois filles.
C’est une famille catholique et
deux des filles sont religieuses
- Marie-Françoise (73 ans),
- Delphine-Françoise (71 ans, religieuse augustine
à Carpentras),
- Thérèse (63 ans, religieuse),
Sur les 6 garçons, 5 sont d’Eglise :
- Charles-Thomas (68 ans, curé à Crillon),
- Polycarpe-Etienne (64 ans, prêtre à Caromb),
- Félix-Xavier-Arnould (61 ans, prêtre),
- Chrysogone François (56 ans, prêtre),
- Denis-Bernard-Marcellin (58 ans, prêtre à
Rome),
- Jean-Joseph-Tadée-Maurice (65 ans).
Ces prêtres qui exerçaient
leur ministère à Caromb ou à Crillon « a
vaient
vieilli dans la pratique des vertus ecclésiastiques et refusèrent
le serment de 1791, n’obéirent pas à l’inique loi de déportation
et se croyaient en sécurité dans leur canton, à raison
de l’esprit qui animait la Provence au début de 1793 ».
Mais le sceptre de fer de la Convention
s’abattit sur la région et les évènements tragiques
de Caromb modifièrent les conditions de sécurité.
Le prêtre Polycarpe-Etienne
préféra partir de Caromb. On trouve sont nom dans la liste
des fugitifs dressée le 23 mai 1794_ 4 prairial an II_ en compagnie
du baron d’Aillaud d’Entrechaux.
Alors la commission populaire et
le farouche proconsul Maigret s’installèrent à Orange.
Jean Joseph Thédée
Maurice de Jacques, le seul qui ne soit pas religieux est l’un des douze
membres désignés pour former le Comité de sûreté
publique de Caromb, le 11 juillet 1793, par le maire Jean Antoine Félix
Constantin, tout juste élu président de la section fédéraliste
de Caromb par 141 voix sur 166 votants. Le maire prononça alors
un discours exhortant le peuple à la paix, à l’union, à
l’oubli de tout. Il proposa de jurer le maintien de la liberté, de
l’égalité, de la République et une guerre éternelle
aux tyrans.
En juin et juillet 1793, toute la
famille présente à Caromb est écrouée au couvent
des Bernardines à Carpentras : Il y a là, au milieu de bien
d’autres prisonniers, le curé de Crillon, Charles-Thomas, ses
frères Félix-Xavier-Arnould, prêtre et le plus jeune
Chrysogone-François, et aussi Polycarpe-Etienne, celui qui avait fui,
les trois filles, religieuse ou pas, et même la pauvre domestique de
la famille, Louise Martin, alors âgée de 24 ans.
Leur frère Jean Joseph Thédée
Maurice de Jacques, simple bourgeois, monte aussi sur la charrette. Le zèle
des commissaires chargés des arrestations n’avait pas de limites :
«
Il se trouve une erreur parmi les noms des frères De JACQUES.
Ne sachant pas la deviner, tu en recevras un de plus que tu me demandes..
.» dit l’un d’eux.
On connaît la suite : dans
sa première séance du 1er Thermidor (19 juillet) 1794, quatre
frères sont poursuivis comme nobles, prêtres, ayant participé
aux émeutes et à la fusillade de la Malagronne. Ils sont aussi
accusés d’avoir excité et dirigé la populace contre-révolutionnaire.
Le juge de paix de Caromb, à la demande de la Commission populaire,
établit un inventaire des objets en leur possession : « une
ci-devant Sainte-Vierge, deux croix et le christ dessus, le portrait du ci-devant
pape, des bulles de Rome, des fleurs de lys, des reliques, des chasubles,
aubes, burettes servant aux ci-devant églises, des portraits du tyran
d'Angleterre».
Le tribunal condamne à mort pour leur attachement inviolable au
tyran et à la tiare :
- Jean Joseph Thédée Maurice, bourgeois, 65
ans
- Charles Thomas, curé de Crillon, 68 ans,
- Félix Xavier Arnauld, prêtre 61 ans,
- Chrysogone François, prêtre, 56 ans,
Trois jours plus tard, le
22 juillet, le tribunal en est à sa 32ème séance
et juge encore des carombais. En début de séance, la domestique
des Jacques est seulement condamnée à la prison. Puis viennent
Etienne Polycarpe de Jacques, le dernier des prêtres de cette famille
ainsi que deux autres prêtres François Vincent et Joseph Toussaint
Gallian. Ces trois ont été dénoncés le 21 juillet
93 pour cause d’incivisme, à Derat, Barjavel et Ruchon, les trois
commissaires envoyés à Caromb par le district de l’Ouvèze,
pour rétablir la paix.
Ils sont accusés d’être
les ennemis jurés de la Liberté et de la Révolution,
d’avoir prêché la haine de la République, d’avoir provoqué
et dirigé les émeutes de Caromb. Tous trois sont condamnés
à mort et, comme sept autres, sont guillotinés le soir même,
à 18 heures.
Un seul des Jacques, prêtre
à la cathédrale de Saint-Louis des Français, à
Rome, échappa au supplice.
On ne sait pas si d’autres branches
des Jacques subsistèrent à Caromb.