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Mise à jour 4/03 Copyright JG © 2003
  
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VII.  Autour de l’an Mil.

        Un terrible raid de Hongrois descend la vallée du Rhône en 940, détruisant églises et maisons. La ville de Vienne est rasée et les atrocités dépassent celles des Sarrasins. L'invasion n'arrive pas jusqu'au Comtat, mais on a peur et on se souviendra longtemps, en tremblant, de l'Ogre (Le Hongre ou le Hongrois).

        A partir de 947, le royaume de Boson est absorbé par la  Bourgogne Transjurane qui devient royaume de Bourgogne-Provence ( 947-1032) et passe sous le contrôle du Saint Empire romain germanique. Caromb semble bien loin de cet événement, pourtant, cet Empire couvre notre région.
        Schématisons la situation : la France arrive jusqu’à la rive droite du Rhône, alors que, sur la rive gauche, la Provence, le Comtat et le Dauphiné sont terres d’Empire. Frédéric Mistral, faisant parler les bateliers du Rhône, rappellera, bien plus tard, qu’ils sont du côté "France" ou du côté "Empire".

        Les descendants de Rodolphe de Bourgogne perdent peu à peu leur pouvoir. Le pays est désorganisé, se referme sur lui-même et tout commerce s’arrête.
        Phénomène d’une importance historique considérable, le latin n'est plus une langue parlée. Il éclate en parlers :
c’est au Xe  siècle que l’on trouve les premiers témoignages écrits : l’occitan est né.

       Sarrians est fondé en 968 par le premier comte de Provence, Guillaume et l'abbé de Cluny.
       
       L'an 990 est marqué par une terrible disette, les moissons ayant été grillées par le soleil.

       L’approche de l’an 1000 provoque de grandes peurs. L'été de cette année là, en Comtat, est torride et marqué par une pénurie d'eau [54]. Les premières collégiales apparaissent entre 980 et l'an 1000, à Apt, Carpentras et Vaison. Elles adoptent la règle canoniale de saint Ruf. L’Eglise bénéficie de nombreux dons, de la part du peuple comme des seigneurs, et impose son autorité [52]. La ” fin du monde” étant proche, les puissants, nobles ou seigneurs, donnent leurs terres aux abbayes ou se font moines. L’Eglise s’enrichit de terres, de biens, de serfs et de pouvoirs.

      La première référence au nom de Bédoin apparaît en septembre 998, lorsque sa seigneurie, le château, les décimes et les obligations sont donnés par un seigneur Ismidon 1er au monastère de Montmajour (Bouches-du-Rhône) [136]. Le donateur se réserve l’usufruit du château et des terres et réserve la moitié de cet usufruit, après son décès, pour ses trois fils, Bermond, Feraud et Laugier, et ses deux filles dont l'une est Pétronille [38,136]. La chapelle de la Madeleine, alors située sur le lieu de St-Pierre-de-Monastrol, fait partie de la donation. Les moines défrichent les terres et plantent de la vigne. L'Eglise se structure avec les nouveaux arrivants : le chapitre de Carpentras est fondé en 982 avec seize chanoines, et ceux de Cavaillon et de Vaison sont créés autour de l'an 1000 [33].

        A la fin de cette année là, l’abbaye de Montmajour lutte avec de grands laïcs pour se maintenir à Bédoin et Cluny agit de la même façon pour les terres de Sarrians.
        L’abbaye St Victor de Marseille reçoit le prieuré du Groseau, en 1059, de l’évêque Pierre de Mirabel, puis les cinq églises du castrum de Malaucène, le 28 juin 1111, de l’évêque Rostang de Vaison.
        Ce dernier acte est confirmé par une bulle du pape Pascal II, le 23 avril 1114.

       Abbés et évêques se comportent comme de grands seigneurs : ils s'allient aux comtes, résident souvent en ville, hors de leurs terres et certains prélats se marient [33].

Les débuts de la Maison des Baux.



        S'il existe une famille d'importance dans l'histoire du Comtat et de la Provence, c'est celle des Baux, et nous verrons que ses membres seront seigneurs de Caromb, à plusieurs reprises. Elle apparaît au sud de la Durance, vers la fin du VIIIe siècle, en la personne du comte Leibulfe, dont on ne connaît que le nom. En 850, son successeur, Poncius, est propriétaire en Argence, région située autour de Beaucaire. Il a deux fils, Ison et Humbert. Ce dernier est évêque de Vaison.  M. Barthélémy, le spécialiste des archives de cette famille, indique que ces premiers Baux accompagnèrent le comte Guillaume lors de l'expulsion des Sarrasins et le secondèrent dans toutes ses entreprises guerrières.
        Le "Castrum (*16 )  qui vocatour Balcius" est cité en 981 [108]. Pons le jeune est déjà un personnage important en Provence. Son nom est cité lors de la donation de terres en faveur de Montmajour (971) et en faveur de l'Eglise d'Arles (975). Encore une preuve des dons dont bénéficie l'Eglise à l'approche de l'an mil. Au Xe siècle, les possessions des Baux couvrent déjà l'abbaye de Nyons, le castrum de Mornas, les Baronnies et quelques terres en pays niçois.
        Ainsi cette famille grandit loin de nos terres du Venaissin, entre les collines des Baux et la plaine de la Camargue. Nous la suivrons jusqu'à ce qu'elle arrive chez nous.

        Une origine légendaire fait remonter cette famille jusqu'à l'un des Rois Mages [97] et nous savons qu'ils ont entretenu cette croyance en adoptant une étoile (annonciatrice) sur leurs armes [108].

La hiérarchie féodale.



        Alors que Charlemagne avait créé des titres « personnels », pour ses comtés et marquisats, ses successeurs perdent leurs droits féodaux et les nouveaux comtes ou marquis, de plus en plus puissants, prennent le pouvoir et se reconnaissent vassaux de l'empereur. Ce dernier reconnaît leurs titres et les rend héréditaires.
        Le pouvoir central s’est pulvérisé au profit de multiples pouvoirs régionaux, locaux, seigneuriaux. Le besoin de protection crée les seigneurs qui reçoivent le serment de l'hommage en échange de leur protection.
            La “seigneurie” apparaît sous plusieurs formes :
  •  - “foncière”,  elle se fonde sur la répartition du sol et les paysans doivent des corvées (labours, récoltes, transport) et une redevance fixe annuelle (le cens *17 ).
  •  - “banale”, elle résulte de l’accaparement des prérogatives judiciaires de l'empereur, donne le droit de contraindre, de juger et de punir. Elle entraîne des impôts, la taille et des droits de péage.
        L’étau féodal se resserre sur les “manants” qui constituent la majorité de la population. Le pouvoir se partage entre noblesse et clergé ; les abbayes exploitent encore plus les serfs que les seigneurs. Les serfs, voués aux travaux des champs, doivent tout à leur seigneur.

Formation des grandes provinces.



         L’essor de la féodalité dans notre région provoque des fortunes diverses : certains seigneurs plus habiles, ou mieux placés, s'imposent aux autres et prennent la tête de territoires de plus en plus vastes.  Le pays se structure autour de trois véritables états : du nord au sud, la Savoie, le Viennois qui deviendra plus tard le Dauphiné, et la Provence.
            Les descendants de Guillaume le libérateur et de son frère Robold possédent les terres provençales.

        Orange s’érige en fief direct de l’empereur germanique en 1040, sous l’impulsion de Tiburge, fille de Rambaud de Nice. Le Comté d’Orange regroupe alors quelques seigneuries couvrant les villes d’Orange, Jonquières et Courthézon. La seigneurie d'Orange est apparue du mariage de Bertrand Raimbaut (famille des Baux) avec la veuve du comte Azalaïs [97].

        Ainsi se mettent en place des structures, des pouvoirs, des frontières qui vont jouer un rôle majeur dans l’histoire de nos villages.

Légendes.



        Cette époque est aussi marquée par l'apparition des légendes : celle de Saint Gens vient d’un jeune bouvier Gens Bournarel, né en 1104, un peu simple au goût des habitants de Monteux. Attaqué par les loups, il aurait réussi à apprivoiser l’un d’entre eux et à lui faire tirer sa charrue pour les labours. Les habitants de Monteux, souffrant de sécheresse, aurait fait appel à lui pour ramener la pluie. Se dirigeant vers le village, il aurait planté deux de ses doigts dans un rocher d’où jaillirent deux sources, l’une d’eau et l’autre de vin. Arrivé à Monteux, il se mit à pleuvoir. Depuis, un pèlerinage est organisé, en mai, en reconnaissance de ce miracle.
Autre légende, celle de Saint Véran qui aurait délogé le dragon résidant dans la grotte de la Fontaine-de-Vaucluse.

Premiers actes écrits concernant nos villages.



        Si Carpentras est connu par les écrits de Pline depuis les Romains, ce n’est qu’entre les Xe et XIIIe siècles qu’apparaissent les premiers actes sur nos villages.
  •   ”Albegnagum” (Aubignan) apparaît en 951, juste avant ”Villa Madazano(Mazan) en 982, ”Ad Balmas (Beaumes-de-Venise)  et ”Beduinum” (Bédoin) en 993. On retrouvera ”Maazano” en 1302. En 1090, l'évêque d'Orange vient consacrer une église à Aubignan [106]. Peu après 1100, une bulle du pape Innocent II nous apprend que l'évêché d'Orange a de nombreuses possessions, au moins spirituelles, près de chez nous : "Ecclesias de Vellagia, de Vacquayrassio, de Albuna, de Durbano et Balmis, de Albagnano" [120]
  •   Malaucène est connu dès le Xe siècle : ”Malaucena ”. Une bulle du pape Pascal II concerne ”Malaucena” en 1144. L’origine latine du nom vient, selon les uns de ”Mala sana”, à cause de la bonté de ses fruits, et selon les autres, de ”Male Sanat” par allusion à la salubrité de son climat. Mais c’est surtout le Groseau qui est connu par sa source depuis les romains et, dès 684, par son monastère fondé par l’évêque de Vaison Arédius. Au VIIe siècle, son nom devient ”Grasellum ” ou ”Grausellum” à cause de l’abondance de ses eaux.
  •  nous avons déjà parlé du testament d’Ismidon 1er pour Bédoin. ”Biduino” deviendra ”Beduinum”, puis ”Bedoyno” et enfin ”Bédoin”.
  •  Caromb est cité pour la première fois dans un acte sous la forme de ”Ad Carumbum”, en 1021, ce qui constitue la première écriture du nom du village, dont l’étymologie signifie “tas de pierres”. Nous avons vu que "Quairoun" ou "queiruon", en provençal, signifie grosse pierre carrée et fait référence aux carrières de pierres exploitées sur le territoire de la commune [98].


        Il nous faudra attendre l'année 1185 pour retrouver notre village sous la dénomination de « Carumpio» et ensuite, en 1254, de «Carumbo».  Le mot celtique ”Car” qualifie un pays très pierreux et «Umbo», en latin, indique une éminence, un tertre. Cette racine pré-romaine de ”car-”, d’origine indo-européenne, comme ”kar-”, ”kal-” ou ”gar-”, donne des mots comme garrigue, calanque et des noms comme Crau, Carry, … Il faut croire que notre premier habitat groupé, le premier oppidum,  était au sommet d’un rocher, dans une zone pierreuse qui lui a laissé son nom [133].

Puis viennent nos petits villages :

  •  ” Maudèna” est cité au XIIIe siècle, mais les Bénédictins y sont installés depuis le VIIIe siècle, comme ils sont installés à St Jean de Vassols, vers Crillon.
  •   le Barroux est mentionné en 1133 sous le nom d'Albaruffum et va se développer autour d’un château-fort.
  •  ” Crilo” est cité en 1157.
  •  ” Sanctus Ypolitus” apparaît aussi au XIIIe siècle et on sait que Saint Hippolyte de Graveron fait partie intégrante de la commune de Caromb dans les siècles suivants. Ce n’est qu’en 1986 que Graveron se transformera en Graveyron. Le mot provençal ”graveiroun” signifie ”gravière”.
  •  la première référence à St-Pierre-de-Vassols remonte à 1262, ”Villa Vazolis”, puis ”Sanctus Johannis de Vassols ” (Saint Jean de Vassols).
        Pour l’heure, juste après l’an 1000, le climat de l'époque est torride : une grande quantité d'animaux et quelques personnes meurent de chaleur [54].
        Notons qu'au XIe siècle, on assiste à un retournement démographique : la population s'accroît très vite, les villes éclatent et de nombreux bourgs se créent [33]. Il est probable que nos bourgs deviennent alors suffisamment peuplés pour qu'ils soient dignes de  bénéficier de la chose écrite. Au XIe siècle, on commence à bâtir des tombes en pierres autour des églises et des chapelles rurales, comme celles trouvées autour de la chapelle Saint-Etienne. Cette chapelle sera démolie pendant la Révolution [54].


Suite : la chronologie historique (chapitre VIII).

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