a
 

Mise à jour 4/03 Copyright JG © 2003
  
      TOME I
 
Menu principal
Aide
Introduction
Géographie
Chronologie historique
Thèmes
Les seigneurs
La noblesse
Affaires municipales
Affaires religieuses
Patrimoine carombais
Carombais de jadis
Agriculture
Les eaux
Les liens
Les Images
Les références
Vos commentaires
 
 
 
 
    IV.  Les grandes invasions.




        L’empereur Constantin réorganise ses Provinces, coupant la Narbonnaise en deux parties : la rive droite du Rhône reste Narbonnaise Première, la rive gauche devenant Viennoise, avec Vienne pour capitale et s’étendant de l’Ardèche au lac Léman et jusqu’à la Province des Alpes maritimes qui a pour capitale Embrun [13]. Vaison,  Orange, Cavaillon, Carpentras, Avignon, Arles, Marseille, Aix, Apt, Riez, Fréjus, Gap, Sisteron, Antibes font partie de la Viennoise. Caromb aussi !
        En 381, les Provinces sont à nouveau découpées : la Viennoise est démembrée par la fondation de la Narbonnaise Seconde. Caromb reste en Viennoise.

      Les premières églises apparaissent dans les villes, avec leurs nécropoles et leurs sarcophages. Quelques chapelles s’édifient dans les campagnes bien que celles-ci restent païennes.  Pas très loin de chez nous,  Mazan, avec sa centaine de sarcophages de pierre possède la plus grande collection de Provence. Enterrés au cours des siècles, ils proviennent des environs de l’ancienne voie romaine qui passait au nord du village, dans les quartiers du Limon et de Saint-Andeol. A Bédoin, un sarcophage trouvé à la chapelle Sainte-Madeleine est décoré de scènes bibliques, sacrifices, miracles, multiplication des pains, sur un décor d’arbres, d’oiseaux et de serpents [12]. Les tombeaux retrouvés à Caromb, étaient-ils païens ou chrétiens ?
        Des autels tabulaires ou des cancels ont été découverts à Notre-Dame-du-Groseau (Malaucène), Notre-Dame-d’Aubune (Beaumes), Carpentras, Venasque. Ceux de Malaucène sont plus tardifs (VIe siècle).

        Après un Empire romain fort, assurant la paix des peuples, vient le temps de la décadence sous le règne de Décius (200-251) et des premières invasions barbares. Dès le IIIe siècle, les incursions se succèdent, en plusieurs vagues, saccageant le pays, détruisant tout ce qui s’y trouve, villages, villae ou fermes. Les barbares alémaniques arrivent les premiers (259-260 et 270-280).
        Ces barbares impressionnent les habitants de nos villages comme ceux des villes et laissent un souvenir effrayant aux méridionaux, une terreur qu’ils n’oublieront pas. Ces premières razzias surprennent nos pauvres villageois et ne leur laissent pas le temps de sauver leurs biens. Seule la fuite leur assure la vie sauve. Violence et pillages entraînent un repli de la population des villes derrière leurs remparts et des campagnes vers les grottes-refuges [13].
        Les Gallo-romains éparpillés sur les terres de Caromb et des autres villages de la région réoccupent leur « oppidum » plus facile à défendre. Peut-être les grottes du Paty ont-elles à nouveau servi pour se cacher, mais rien ne permet de le dire.

         Paradoxalement, c'est le christianisme qui profite de cette époque trouble : les invasions n’empêchent pas la propagation de la foi ; au contraire, elles la favorisent car les populations y trouvent une réponse à leurs angoisses. Les baptêmes de masse se multiplient, l'Eglise s'enrichit par les dons fonciers des fidèles, se structure autour des évêques et devient le véritable pouvoir de l'époque : Vaison possède le plus ancien évêque connu de la région (314). La fondation des évêchés de Carpentras et de Cavaillon date de 439 et le premier évêque de Carpentras connu par les textes anciens, est Constantien.
          On raconte l’histoire d’Antonin ou Antoine, un des premiers évêques de Carpentras, qui jeune et pieux, se réfugie près de Bédoin, dans le Mont Ventoux pour s’y recueillir, prier dans sa solitude et dans le calme de la nature. Il y passe quelques années avant d’entendre une voix l’obligeant à revenir prêcher à Carpentras.  Il y termine ses études et devient évêque de la ville pendant des années. Plus tard, il se retire à Flassan et y meurt. Une force mystérieuse aurait empêché ses parents de transporter sa dépouille qu’ils durent laisser sur place ( *11 ).

         L’Eglise nous apprend encore que deux conciles sont organisés dans notre région : celui d’Orange en 414 et celui de Vaison en 442. Imaginons un instant ces représentants des chrétiens venus de tout le monde évangélisé, qu'il faut recevoir, loger, et nourrir pendant la durée de ces conciles.

Wisigoths, Burgondes, Ostrogoths (406-536).

        Lieu de passage obligé entre le nord et le sud de l'Europe, la vallée du Rhône subit de plein fouet les invasions des peuples barbares. Carpentras est ruiné, ce qui profite à Venasque mieux protégé.
       Les Wisigoths, venant d’Allemagne, atteignent la Durance en l’an 400. Le terme de barbare ne semble pas convenir à ce peuple déjà plus raffiné. Ils s’imposent militairement sans pour autant tout dévaster et tout accaparer. Après un rapide séjour en Italie, ils reviennent en Provence et s’y installent vers 416.
        Le début du Ve siècle voit passer les Vandales, puis les Goths. Carpentras, Venasque, Mazan, Caromb et Bédoin subissent les pillages et saccages.
        En 419, commencent à déferler d’autres peuples, les Alains, les Suèves, les Francs. Puis les Burgondes arrivent par la vallée du Rhône et la Savoie (443), en Haute Durance et dans la Drôme (463).
        Leur petit nombre (100.000  personnes  au  maximum)  ne pose pas un problème insoluble, pour leur installation sur nos terres [55].

        Les Burgondes descendent vers la basse Durance, où ils sont arrêtés par les Wisigoths entre 476 et 480. Aux alentours de cette date, ils traversent notre région. En 474, la ville d’Avignon est la position fortifiée la plus au sud de ce royaume dont elle fait maintenant partie, alors que le sud de la Durance, Arles et Marseille restent wisigoths jusqu’en 507.
        Les populations passent sous le joug des barbares et doivent donner la moitié ou les deux tiers de leurs terres et des esclaves.

        L’an 476, marque la fin de l’Empire romain. La paix romaine est bien loin : le pays est infesté de brigands, de mendiants et n’est plus sûr. On craint les pillages ; on cherche à se protéger avant tout, enterrant les quelques biens possédés, pièces ou objets de valeur ; on abandonne les terres et la nature reprend le dessus. Les ronces sont vite de retour. Les loups pullulent. L'insécurité règne partout : on voit se multiplier les rapts et les assassinats. Les villages se barricadent. Les moines s’enferment dans leurs abbayes. Les habitants des villes fuient. Avignon est réduite au septième de son ancienne superficie. On fortifie ce qu'il reste de la cité romaine en construisant rapidement une enceinte plus restreinte et plus facilement défendable autour du Rocher sur lequel la population s'est réfugiée. Aucune des villes du Comtat ne dépasse les 10.000 âmes.

        Le christianisme s’accommode des nouveaux arrivants. Dans ce monde d’insécurité et de peur, il apparaît comme la seule force morale stable. Il progresse dans toutes les populations urbaines ou rurales. Les évêques prennent un pouvoir nouveau sur les peuples, traitant en leur nom avec les chefs des peuples barbares, représentant leur diocèse, s’imposant comme défenseurs de leur communauté. Ils commencent à administrer le pays et deviennent propriétaires de nombreux domaines, en reconnaissance de leur rôle d’intermédiaire et de négociateur.

         En 484, les Burgondes franchissent la Durance et envahissent la Provence.
        Les Francs sont là, de l’autre côté du Rhône et ils ont des vues sur nos terres. En 500, le roi des Burgondes, Gondebaud, poursuivi par le roi franc Clovis, se réfugie à Avignon. Ce dernier ne parvient pas à prendre la cité puissamment fortifiée. Le Comtat passe aux mains de nouveaux venus, les Ostrogoths, en 503 ; puis se succèdent avancées et reculs de ces différents envahisseurs, avec des alliances changeantes entre Francs, Burgondes, Wisigoths et Ostrogoths.  [33].

        Les victimes sont nos pauvres manants qui subissent ces assauts et ces batailles en se cachant et se protégeant comme ils peuvent.
 

 
 

Suite : la chronologie historique (chapitre V).

Retour