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Mise à jour 4/03 Copyright JG © 2003
  
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 III.      Caromb sous les Romains.
La conquête du Midi.
Le Comtat romain.
Organisation des campagnes.
Maurice, commandant de légion romaine.
Evangélisation de la région.

       La conquête du Midi.


      En 154 av. J.-C. , les Romains traversent les Alpes et livrent leurs premières batailles contre les Ligures (Salyiens), à Æegitna (Biot, Alpes-Maritimes). Appelés par les Marseillais en 125 av. J.-C., ils détruisent l'oppidum[ *5 ] d'Entremont, capitale des Salyens, et s’installent.
      Les auteurs anciens, Stabon[ *6 ] ou Tite-Live racontent une bataille rangée aux abords de la cité de Vindalium (Bédarrides ou Vedène), où les éléphants romains font fuir la cavalerie ennemie et qui fait 20.000 morts et 3.000 prisonniers celto-ligures [* 12] .

      Si la côte méditerranéenne, Marseille, Nice, Antibes restent grecs, les Romains étendent leur domination à l’est de la Provence jusqu’aux Alpes, puis avancent vers la Drôme. Ils battent les Allobroges à Venasque. Quintus Fabius Maximus détruit les forces allobroges et arvernes coalisées au confluent de l'Isère et du Rhône [55] .

      L’Arc de Triomphe de Carpentras, si près de chez nous, est élevé en mémoire de ces victoires. Cet Arc de triomphe est probablement contemporain de ceux d'Orange ( 10 après J.C.), de Cavaillon et de Saint-Rémy. Il représente des trophées militaires et des captifs enchaînés [12] .

       Les romains sont chez nous, vers 120 avant J.C. et Caromb, comme tous les autres villages, devient bourg romain et le restera pendant près de cinq siècles.
 

      Le Comtat romain.


       César crée des colonies comme celles d’Arles et d’Orange et les offre à ses anciens compagnons d’armes ou à des citoyens romains. Colonies de droit romain, elles sont administrées principalement par des romains et aussi par quelques notables indigènes devenus citoyens. Les campagnes sont administrées par un magistrat et un conseil.
       Carpentoracte est l’ancienne capitale des Memini. «La richesse de son territoire lui assure une place de choix dans la nouvelle province. La forteresse, bâtie sur le gué de l'Auzon, conserve sa valeur militaire ». Au milieu du Ier siècle avant  J-C. , Tiberius C. Nero, en charge de la Narbonnaise, romanise la ville et l'organise en forum, c'est-à-dire en marché officiel. Déjà le marché se tient devant l’arc de triomphe, sur une esplanade en ovale de 200 m de large et d'un km de longueur.  Elle est nommée Forum Neronis et rassemble dans ses foires toutes les richesses agricoles du pays, des plaines du Comtat aux contreforts du Ventoux.

Karpantum : un char de combat tiré par deux chevaux.
Ce type de char était construit à Carpentras


     Mais c’est Orange qui semble avoir eu le plus d’influence sur nos villages :  Auguste fonde Orange, la Colonia Julia Firma Secundanorum Arausio, pour les vétérans de sa IIe légion gallique. Le terme de firma souligne son rôle de place forte ou fortifiée. Quant au nom d'Arausio, c'est celui du dieu de la source. Le centre de l'Orange romaine est sur la colline Saint-Eutrope qui, comme une acropole, commande l'entrée des terres fertiles du Comtat, entre les deux oppida de Laudun à l'ouest et de Beaumes-de-Venise à l'est. Il semble que la fondation d'Aubignan, Albuniani, soit due à l'arrivée des colons romains de la colonied'Orange et à la migration de quelques celtes d'Aubune [120] .
      La colonie d’Orange s’étend vers l’est sur les terres du Comtat, au moins jusqu’à Beaumes-de-Venise, où l’on retrouve des vestiges de l’occupation gallo-romaine, et sûrement jusqu’au pied du Ventoux comme l’indique son cadastre. La cité se couvre aussi de monuments : outre le superbe Arc de Triomphe à trois arches construit dès l’arrivée des romains entre 10 et 25 après J.C., un immense théâtre accolé à la colline Saint-Eutrope permet les jeux du cirque, les combats de gladiateurs et de bêtes féroces.
      Quelques-uns de nos carombais de l’époque ont peut-être assisté à ces spectacles.

        Au nord, Vaison, Vasio n'est pas une colonie, mais la capitale indigène des Voconces. Leur cité est confédérée et alliée des Romains. Elle est, dit une inscription, «respublica Julliensium. ». La traversée de l’Ouvèze se fait par un superbe pont bien haut au-dessus de la rivière, preuve que les romains avaient déjà évalué les risques d’inondation liés à l'immense bassin de l’Ouvèze en amont de la cité. «Les Voconces, ayant accepté de collaborer avec les Romains après la défaite des hordes teutones, sont traités avec bienveillance par César qui offre à Vaison le titre honorifique de civitas  foederata. Vasio, au contraire des cités commerçantes ou militaires, devient très vite une ville bourgeoise, luxueuse, paisible, avec de grandes maisons. » [12] . La cité couvre 75 hectares aux Ier et IIe siècles et compte près de 10 000 habitants. Deux aqueducs amènent l’eau dans les "villae"et les quatre thermes, dont l’un conduit les eaux de la source du Groseau, près de Malaucène.

       Cette cité de Vaison contrôle les terres des alentours et est active jusqu’au bas des collines du Barroux.

       Entre ces cités importantes, la campagne se peuple très rapidement.
       De nombreuses villae[ *7 ] ou groupes de villae se développent dans la campagne prospère des environs de Carpentras.
       La plupart, sinon tous les villages actuels, sont créés à cette époque. Mazan, par exemple, est déjà un grand village dont la population est aussi nombreuse que de nos jours. De nombreux vestiges ont été trouvés dans les grands domaines : St Andéol, Jusalem, les Molances, la Condamine. Une nécropole du 1er au 4e siècle existe au vicus de St Andéol avec autels, céramiques et monnaie romaine. Il suffit de visiter le musée lapidaire et la bibliothèque Inguimbertine pour voir tous les objets romains retrouvés : poteries, amphores, mosaïques ou monnaies. Une importante présence romaine est signalée aux hameaux de St Estève et des Bruns ( 1ers siècles avant et après J.C.). Crillon est occupé par les Gallo-Romains, comme Modène, au Font-des-Clapiers et à la Combe.
         Dès cette époque, les routes sont tracées, empierrées et permettent de se déplacer avec chars et chariots. Les principales relient les cités : de Vaison, on descend vers Carpentras par deux voies romaines : l'une, par Malaucène, passe sous le Barroux et traverse les terres de Caromb ; l'autre contourne les Dentelles de Montmirail, par Gigondas et Vacqueyras.
 

    Organisation des campagnes.



          Les Romains laissent leur empreinte sur la campagne : le découpage des terres ou « centuriation » romaine organise le pays en lots carrés appelés « centuries ». Certaines délimitations actuelles, chemins d’accès aux parcelles, murets de pierre sèches, fossés de drainage ou d’irrigation, sont des marques du cadastre centuriè.
        Un bel exemple de cadastre est celui de l’ancienne colonie romaine d’Orange étudié de 1949 à 1954 lors de fouilles    archéologiques : 10.000 fragments de marbre retrouvés représentent l’inventaire cadastral d’une vaste région autour  d’Orange-Carpentras et montrent une répartition des terres en plusieurs catégories : les meilleures étaient distribuées aux vétérans fondateurs de la colonie d’Orange ( l’ager privatus ex quiritium) ; d’autres étaient adjugées par la colonie à bail perpétuel  ( l’ager privatus adsignatus) ; d’autres encore restaient propriété de Rome ou des cités ( l’ager privatus ex jure peregrino). Enfin, l’ager publicus était la terre du peuple devant payer des redevances.
        L’initiative de ce cadastre semble être due à l’empereur Vespasien (69 à 79 après J-C). Il fixait la localisation des terres, leur contenance, leur propriétaire et leur valeur d’imposition.
        Ce cadastre est en effet un document fiscal, fixant les redevances pour chaque parcelle. Il était exposé publiquement et consultable par tous.
         Le cadastre B (il en existe en fait trois) couvre la région de Carpentras jusqu’au Mont Ventoux. Quelques dalles de ce cadastre sont visibles au musée lapidaire d’Orange.
        Le territoire est alors découpé en carrés de 706 m de côté. De nombreux indices de ces limites sont encore visibles : chemins ou murs de pierre.
        Tous ces indices ont été recensés par nos chercheurs.

         Les terres de Caromb sont ainsi découpées en carrés et allouées aux Romains ou aux indigènes. Quelques o bjets trouvés sont les témoins de cette présence romaine. Utilisant les études publiées (G. Chouquer), je me suis essayé à reconstituer les anciennes limites des parcelles de la commune de Caromb et à replacer les indices cités sur la carte de la commune :

         Il semble que :

         - la route de Malaucène, à la sortie de Caromb, suive une telle limite, par Montfort, jusqu’au chemin de l’écluse du Paty
          - le chemin de la Payanne, vers Foulignan serait lui aussi sur une telle limite de parcelle
         - la route de Mazan, après avoir quitté celle de Modène, le long de la Malagronne, jusqu’au pont sur la Mède, longe des parcelles romaines. Plus loin, après la rivière Mède, cette même route jusqu’à la limite de la commune, suit encore une ligne de partage des terres romaines.
      Quelques murets, quelques fondations peuvent dater de cette époque gallo-romaine.

      H. Bonnaventure nous révèle les trouvailles faites sur le territoire de Caromb, datées de différentes époques :

     

   - au quartier de Fabrègues, près de la Malagronne, on a retrouvé plusieurs tombeaux,
   - au quartier dit de Notre-Dame, dans les champs, près de l’ancienne chapelle dédiée à Notre-Dame des Innocents, on a découvert des tombeaux, des ossements et divers objets,
   - à l’extrémité de l’actuelle écluse du Paty, quelques médailles militaires impériales romaines, découvertes au début du XVIIIe siècle, ont été offertes à Mgr d’Inguimberti, évêque de Carpentras, et déposées au musée de la ville.
            La campagne change, car les agriculteurs romains défrichent, construisent de grands domaines agricoles et cultivent intensivement la vigne, l’olivier et le figuier.

            Les anciens dieux ligures sont intégrés par les divinités romaines : chaque cité, chaque village a ses propres dieux. Jupiter (la foudre et le tonnerre) et Apollon sont parmi les plus honorés dans toute la Provence.
            A Caromb, près de l’ancienne chapelle dédiée à St Etienne, s'élevait un temple du IIe ou IIIe siècle dédié à Apollon. On y a découvert des mosaïques, des chenets, des lampes, des médailles romaines et une très belle statue d’Apollon. La présence de cette statue semble confirmée par le compte-rendu d'un voyageur français, bien avant qu'Hilaire Bonnaventure ne rapporte ce fait, texte écrit une quarantaine d'années après la découverte. Ce texte est donné en annexe et est disponible à la Bibliothèque Nationale de France.
             Hilaire rapporte aussi, avec des précautions ("dit-on") qui laissaient bien des interrogations, que cette statue était au musée du Louvre.
             Les conservateurs de ce musée, interrogés, répondent par la négative, me dit-on.
             Pourquoi avoir choisi Apollon, ce dieu grec, d'une beauté rayonnante, de grande stature? Est-ce parce qu'il était le dieu protecteur du bétail  et que notre campagne était principalement un lieu d’élevage ?
             Apollon est aussi honoré à Beaumes où l'on a trouvé un autel votif portant une inscription à son nom [120] .

             Mais on préfère Mars ou Mars Nabelcus sur les pentes du Ventoux et dans les Monts-de-Vaucluse (St Didier, Bonnieux). C’est le dieu protecteur de la tribu, du clan, du village, preuve que l’on a déjà le sens d’appartenance à une communauté. Mais, c'est aussi le dieu de la guerre.
             Devant la chapelle du Groseau, on a retrouvé un cippe avec inscription du dieu gaulois Groselos et à St Hippolyte des autels dédiés aux Nymphes (quartier des Côtes), à Silvain (quartier de la Bariane), et à Mars Albarinus.

             En raison de la domination romaine, tout le monde méditerranéen utilise le latin populaire qui est importé dans nos régions par les colons et les soldats romains.
          Cette langue va se diversifier par l’influence des parlers. Entre les Pyrénées et les Alpes se développera la langue d’oc.
 

 

Suite : la chronologie historique (chapitre III B).

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