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Mise à jour 4/03 Copyright JG © 2003
  
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XXIV. Le début du XXe siècle.

Cérémonies funèbres.
Sports mécaniques.
Téléphone.
Nouvelle école.
Esplanade et vespasienne.
Faits divers.
La Casbah.
Conseil de Révision.
Nouveaux habitants.
L'assassinat de 1909.
Autres faits divers.

             Si le début du siècle est marqué, en France, par un développement industriel continu, par une période de progrès et d’inventions, chez nous c’est la production fruitière qui mobilise toutes les énergies.
 
 

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Cérémonies funèbres.



            Tout n'évolue pas à la même vitesse : à Caromb, en 1900, les morts sont encore accompagnés par un petit nombre d'assistants en tenue de travail. Le cercueil est porté sans couvercle par des hommes, des femmes ou des enfants, à l'aide de grandes serviettes passées par-dessous. Après la cérémonie religieuse du cimetière, on cloue le couvercle et ce martelage rend l'instant très pénible. M. le docteur Barre, ayant été nommé maire de Caromb, interdit ce triste usage. M. Léopold Aubert, fils de M. Théophile Aubert ancien maire, envoie quelques jours après la mort de son père, un brancard pour supprimer l'usage des serviettes [54].

Sports mécaniques.



             Le siècle vient de commencer (1903) lorsque l’on organise la première course automobile du Mont Ventoux. Les voitures s’élancent dans la montée du géant de Provence jusqu’au sommet. C’est un immense succès populaire et les habitants de nos villages consacrent une journée à suivre la course, que l’on commente, le soir, sur les places ou dans les cafés. La renommée devient internationale. Ettore Bugatti y participe en 1912 et termine quatrième.
            On organise le premier meeting d'aviation d’Avignon, en courtine en 1911.

Téléphone.



            Caromb décide, en 1900, le rattachement de la commune avec le réseau téléphonique départemental. C’est du manuel, à cadran ; on passe par une “opératrice” ; cela ne marche pas à tout les coups ; les numéros sont à 2 chiffres ( “le 37 à Caromb”) et ces 2 chiffres resteront les deux derniers de la longue numérotation de l’an 2000.

       Avec le téléphone, les nouvelles vont vite : il paraît qu’à Marseille on construit un  “pont Transbordeur” (1903-1905). Il faut peu de temps pour qu'on en parle jusqu'à Caromb, en se demandant s’il s’agit d’une nouvelle galéjade.

Nouvelle école.



            Notre village doit agrandir ses écoles devant le nombre croissant d'enfants. La municipalité décide d'en construire une nouvelle, en 1902 sur un terrain situé entre la route de Malaucène et le chemin du Plagnol, sur le grand tour de Caromb. Le groupe scolaire est terminé pour assurer la rentrée de septembre 1903. Il y a même une cantine pour le repas de midi et des logements pour maîtres et maîtresses. Un des ouvriers qui travaille à sa construction est mon grand-père paternel. Classe après classe, notre école verra passer de nombreuses générations, celle de nos parents, la notre, celle de nos enfants.

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Fête à l'école.

Esplanade et vespasienne.



            La place de l'église devient l'Esplanade de l'église en 1906/7, car la municipalité de l'époque améliore la pente par des travaux mis en adjudication en septembre 1906, pour 4.470 francs, et terminés en juin 1907. Gageons que nos "boulistes", cet été là, étaient nombreux et heureux de trouver un terrain aussi grand ! Une bascule est intégrée à l'"Esplanade" et mise à la disposition du public.

            Il restait un problème de salubrité publique : le 11 décembre 1911, le conseil municipal décide la construction d'une vespasienne accolée à l'église, près du marché et du jeu de boules, pour un coût de 814 francs [98].

Faits divers.


  •  Les pluies de 1906 sont presque nulles et il faut arroser intensément [54].
  •  Le 25 avril 1907, Caromb est en colère : on a volé la cloche de la chapelle du Paty : les voleurs ont brisé le bois et les ferrailles pour n'emporter que le bronze. Une enquête est ordonnée, qui ne donne aucun résultat[39].
  •  Nous sommes toujours solidaires lors des catastrophes naturelles : le sol de Provence s’est mis à trembler, le village de Lambesc est détruit. Un secours de 100 francs est voté en juin 1909 pour ces victimes provençales, du Vaucluse et des Bouches-du-Rhône.


La Casbah.



            Et bien sûr, il nous faut parler de la Casbah, cet établissement du quartier de l’Arinier qui accueille quelques femmes exerçant le plus vieux métier du monde.
            Au début du siècle, il paraît que l’affaire marche bien et que les hommes du village sont informés des qualités d’une nouvelle dame avant sa descente de la diligence de midi, par le claquement du fouet du cocher : suivant que la dame est belle ou quelconque, le nombre de claquements est différent. De quoi assurer une publicité gratuite à la belle nouvelle venue !
            La Casbah est aussi un café, « le 12 ou 13e du village », où se déguste le  “verset”, « une boisson alcoolisée genre Pernod, mais avec un goût amer dominé par le parfum des feuilles d’absinthe et d’ardoise, aussi utilisé pour combattre les troubles digestifs » (*95 ).
            Si l’histoire du cocher est peut-être romanesque, il est plus vraisemblable que la Casbah était très fréquentée les jours de passage au « Conseil de Révision ».

Conseil de Révision.



            Le “passage au conseil”, à Caromb, c’est quelque chose !
            Bien sûr, il y a la visite médicale chez les militaires de Carpentras. Une simple formalité. Longtemps avant ce grand jour, on se prépare, pour que la “classe” soit au moins aussi bonne que les précédentes, sinon meilleure. Il faut choisir son, ou ses invités, généralement de la classe précédente, ou suivante ; il faut avertir les classardes, car on va venir leur faire la bise ; il faut acheter les cocardes, bien grosses, bien voyantes, sortir les clairons ; il faut choisir un bon restaurant, pour le gueuleton. Mais surtout, ce qui est important c’est la “piboule”.
            La “piboule” doit être la plus haute, la plus droite possible. Elle a été repérée depuis longtemps. Elle a été coupée en cachette, transportée (de nuit de préférence) et elle est quelque part dans le village. Chut, secret, personne ne doit savoir où elle a été entreposée !
            Après quelques "apéro" et quelques bises aux classardes, c’est le banquet, bien arrosé, la visite à ces dames de la Casbah, souvent une première expérience pour les jeunes du village, et le retour vers le village où commence la grande affaire.
            La nuit est venue. Pastis, restaurant, et Casbah sont oubliés lorsque nos conscrits sortent la “piboule” de sa cachette et la plantent au beau milieu de la place de l’église. Commence alors un ramassage systématique de tout ce qui traîne dans le village, pour en faire un “moulon”, le plus haut, le plus large, le plus fourni que l’on puisse faire. Chacun dans le village le sait, prend ses précautions, mais tout y passe : pots de fleurs, portails sortis de leurs gonds, volets, charretons, animaux domestiques, chaises, bancs communaux, girouettes, quelques voitures si possible, bouches d’égout, panneaux indicateurs, grillages, roues de charrette, vélo. J’en oublie, sûrement.

            Vers 5 heures du matin, tout conscrit est heureux de contempler la montagne d’objets récupérés et entassés autour de sa piboule, avec, tout en haut, le drapeau tricolore. Chacun va se coucher, fier du résultat et de sa journée. L’honneur de la classe est sauvé !

            Quelques heures plus tard, les habitants dépouillés de leur bien viennent le récupérer, avec un sourire crispé, mais compréhensif, sous le regard complice et moqueur du voisinage, qui a parfois aidé les conscrits en fournissant corde, éclairage ou moyen de transport.
            Une belle journée, qui reste à jamais gravée dans la mémoire de tout conscrit carombais.

            D’autres coutumes se pratiquent dans le village : si ailleurs on “ tire les sonnettes”, à Caromb on pratique le “Martelet”. Cela consiste à attacher une grosse pierre à la poignée d’une porte, par une chaude nuit d’été, et à tirer puis lâcher cette pierre au moyen d’une longue ficelle, jusqu’à ce que le propriétaire dormeur se réveille, hurle ou sorte son fusil… Poursuite effrénée dans les rues du village pour se cacher ou rentrer chez soi. Certains n’hésitaient pas à aller pratiquer ce sport dans les villages voisins, choisissant de préférence quelques personnes au caractère marqué.

Nouveaux habitants.



             A Caromb, comme dans tout le midi, les Italiens s'installent, après avoir passé de nombreuses années à se louer pour les travaux agricoles. Les "Bábis" commencent à acheter quelques terres. Ils prennent de la place, ce qui n'est pas au goût de certains. Mais ils sont assez discrets, travailleurs, certains parlent à peu près le provençal, bref ils s'intègrent facilement.
            En provençal, “Bábis”, d’après “Lou Pichot Trésor”,  dictionnaire franco-provençal de Xavier de Fournier, signifie “crapaud” ou encore prend le sens de “dadais”. Autrement dit “couillon”. Un sobriquet attaché aux italiens émigrés, partout en Provence, pour faire la différence entre les nouveaux venus et ceux qui sont là "de souche". La Grande Guerre va réunir Français et Italiens sur les mêmes champs de bataille, ce qui atténuera les différences. Mais ce sobriquet ressortira de manière plus péjorative, ou franchement chargé de mépris, pendant la Seconde Guerre mondiale [54].

L'assassinat de 1909.



            Le 27 mars 1909, le village de Caromb est à nouveau en ébullition. On vient d'apprendre que Marius Jouve, félibre et riche propriétaire du Barroux a été assassiné à "Préfantasti". Il revenait de chez le barbier de Caromb et a été abattu d'une balle de plomb dans les reins, par un tireur embusqué derrière un buisson de cades [98].
Tout le monde se raconte la vieille histoire des frères Barberini, alchimistes et neveux d’un pape, les étranges lueurs blanches évoluant au-dessus des ruines ou les drôles de hurlements que l'on entend à proximité.

            La gendarmerie enquête, arrête un jeune homme de 19 ans qui n'a pas pu, faute d'argent, payer un copieux repas pris au Relais du Cours et a laissé son vélo en gage. Revenu deux heures plus tard, les poches pleines, pour régler la facture, il éveille la curiosité de l'aubergiste qui en parle aux gendarmes. Le rapprochement est vite fait et l'homme, qui faisait sa sieste dans un champ, est arrêté, enfermé dans la tour du beffroi, puis transféré à Carpentras.  En chemin, on découvre la montre du félibre. La preuve est faite. Le dossier est classé, mais on ne trouve nulle part trace d'un jugement [98].
            Peu de Carombais y croit ou du moins, beaucoup ont des doutes. Pensez donc, on a vécu pendant des siècles avec la malédiction des alchimistes !

Autres faits divers.



            On a d’autres soucis, plus politiques : en septembre 1912, tout le conseil a démissionné et une délégation spéciale est créée par le Président de la République. Ensuite on élit une nouvelle municipalité.

            Le conseil vote une participation de 10 francs, en février 1914, pour la construction d’un monument en l’honneur de J.H. Fabre, qui sera érigé dans la cour d’honneur de l’Ecole Normale d’Avignon. Il avait voté 25 francs en 1909 pour un monument à la mémoire du grand républicain Raspail.

            La gestion communale est toujours aussi méticuleuse : l’éclairage électrique s’étend à tout le village, avec 24 lampes de 16 bougies et 20 lampes de 10 bougies et on s’empresse de revendre les vieilles lanternes à la mairie de Bédoin (1910).

            On équipe les chemins de Crillon et du Plagnol de ponts sur les Malagronnes (1911).

            Les habitants de l’impasse St Jalle, qui est creusée dans les remparts, signent une pétition pour la transformer en vraie rue débouchant sur le boulevard de la Baisse. Un habitant s’oppose au percement de la ruelle sous prétexte que cela nuirait à une tour des remparts qu’il possède. On démarre une action en justice (1911), puis on se met d’accord avec le propriétaire. Le coût des travaux s’élève à 937 francs. En 1920, on achète l’immeuble, pour aligner correctement la rue.

            L’hospice, pour obtenir des revenus, vend des terres et des objets d’antiquités, puis demande à la ville d'acheter le terrain du quartier des Ferrailles, où étaient les anciennes écoles, afin d’y construire un nouvel hôpital (1913). Après un refus de la municipalité, il propose d’acquérir un terrain au lieu-dit « les Clos ». La commune décide d’aider l’hospice en vendant les anciennes écoles.

 

Suite : la chronologie historique (chapitre XXV).

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