Le Consulat (1799-1804).
Le Consulat à Caromb.
L’Empire, vu de Caromb (1804-1814).
Jeu de boules.
Cloches, cimetière et
biens de l'église.
L’écluse du Paty.
La pierre de Caromb.
La guerre impériale.
Opposés à l'empereur.
Les rapports avec le pape.
Le poids
de la guerre.
Le poids
des charges.
La retraite.
Les cent
jours.
Le Consulat (1799-1804).
Au soir du 18 brumaire, un coup d'état confie le
sort de la République au général Bonaparte. Une de
ses premières mesures est de nommer un commandant de la 7éme
division militaire pour réprimer le brigandage en Vaucluse. Une commission
militaire, établie à Avignon, prononce très vite les
nécessaires condamnations et le calme revient progressivement [33].
Une deuxième Coalition se dresse contre Bonaparte.
L’armée française se replie et s’enferme dans Gênes.
Les Autrichiens arrivent jusqu’à Nice (1800) [54]. En mai 1800,
Bonaparte franchit le col du Grand St Bernard avec 40 000 hommes et 100 canons
pour secourir Masséna, assiégé dans Gênes [54].
Le 2 juin, il rentre dans Milan, coupant la retraite des Autrichiens. Le 14
juin 1800, c’est la bataille de Marengo, près d’Alexandrie, que Bonaparte
gagne. Le 15 juin, il signe une convention avec les Autrichiens battus: ceux-ci
doivent abandonner le Piémont, la Lombardie, Gênes et les Légations
et se replier.
Le pape reconnaît, par le traité de Tolentino (19 février
1797) la réunion définitive d'Avignon et du Comtat à
la France. Les Etats pontificaux, le Comtat Venaissin, les terres papales
autonomes du bord du Rhône, tout cela disparaît pour laisser
place au département du Vaucluse. Par ce même traité,
le pape perd aussi ses terres italiennes, les Légations [33].
Le Consulat à Caromb.
Notre canton doit fournir 8 chevaux (mars 1800).
Les conseillers municipaux sont nommés par arrêté préfectoral
(ainsi que le fourrier ou messager).
Une circulaire assigne au canton un contingent de huit conscrits (avril
1800).
C’est avec ce même préfet que notre conseil traite les affaires
courantes : on lui demande de donner en fermage la montagne du Paty, à
l’usage du seul troupeau communal, à l’exclusion de tout pâture
privée. On nomme des administrateurs à l’hôpital.
On interdit encore le fumier et on fait combler les creux à fumier.
Le sous-préfet impose un bureau de Bienfaisance dirigé par
un receveur et la municipalité décide de conserver le mont-de-piété
(1802).
L'année 1801 est marquée par des évènements
locaux : on apprend que la tribune de l’église de Mazan s’est effondrée
sous le poids des fidèles, qu'il y a dix-huit morts et aussi que
le concordat avec l’Eglise enlève son évêque à
Carpentras et rend un peu de liberté aux maisons religieuses [33].
Nous avons 6 prêtres résidant à Caromb, car ils prêtent
serment à la constitution (1801).
Les administrateurs provisoires nomment maire et adjoint.
Un arrêté du ministre de l'intérieur suspend le maire
carombais et son adjoint pour avoir délivré un certificat de
bonne vie et mœurs à un voleur reconnu et n'avoir pu empêcher
les jeux de hasard. Par arrêté du gouvernement chaque municipalité
doit pourvoir à une augmentation du traitement des curés, vicaires
et servants, veiller à l'ameublement des maisons curiales, pourvoir
aussi à l'achat et à l'entretien des objets du culte (1803).
En conséquence, le conseil municipal prend conscience que l'entretien
des ministres du culte est un devoir sacré (1804) ; il accorde 500
francs au curé, plus 100 francs pour son logement et 400 francs
à chacun des deux vicaires. Pour payer ces traitements, on mettra
(sic) un impôt de 2 francs 50 sur chaque hectolitre de vin vendu en
auberge (en calculant que l'on vend 300 hectolitres de vin dans les cabarets
de Caromb), plus 3 francs sur chaque tête de cochon que l'on tuera
pour la vente (on compte 50 cochons par an).
La guerre contre les Anglais cause l'augmentation des
impositions de 10% (juin 1803). La municipalité vote pour nommer un
percepteur des contributions de la ville de Caromb. On désigne vingt-six
citoyens pris dans la Garde nationale de la ville pour former une escorte
digne du conseil municipal : on l'appellera la Garde d'Honneur de la mairie.
Les anciennes mesures doivent être
abandonnées : on devra donc étalonner les nouvelles mesures
au bureau de Carpentras réservé à cet effet. Pour
la garance, le safran, la soie, l’huile (mars 1801), on définit de
nouvelles mesures.
L’Empire, vu de Caromb (1804-1814).
Le Sénat français
décide la transformation du Consulat en Empire, le 18 mai 1804. La
municipalité carombaise, apprennant que Bonaparte, Premier Consul,
est nommé empereur par sénatus-consul, se rend en corps, avec
son escorte et au son des tambours, sur la place où tout le peuple
assemblé crie «Vive Bonaparte ! Vive l'empereur ! ».
Par décret impérial,
des registres sont ouverts au secrétariat de la mairie et chez les
notaires où chaque habitant doit dire si c'est son vœu que la dignité
impériale soit héréditaire et transmise par ligne
directe.
Caromb publie un nouveau
règlement de police général, en juin 1804 :
- défense de faire
du fumier dans les rues, d'y laisser des charrettes ou autres. Une interdiction
toujours aussi efficace si on en juge par les commentaires de 1806 : «
Ce fumier qu’on laisse pourir, qu’on amasse et conserve dans toutes les
rues, à la porte de toutes les maisons, dans les cours étroites
de toutes les habitations, et qui provoque toutes les maladies » [134]
- défense de laver dans les
bassins des fontaines,
- défense de construire sans
avoir pris alignement à la mairie,
- en cas d'un écroulement
ou incendie de maison, les voisins sont tenus de porter aide et secours,
- tous les poids et mesures doivent
être vérifiés sur les modèles déposés
en mairie,
- les boulangers feront du pain blanc,
long ou rond, d'une livre ou d'1/2livre, du rousset ou bis d'une ou deux
livres ; ils ne pourront refuser de le peser,
- les cabarets fermeront à
neuf heures l'hiver, dix heures l'été, refuseront de servir
les jeunes de moins de seize ans isolés, ne tolèreront pas les
jeux de hasard,
- obligation de ramoner les cheminées,
- défense de laisser coucher
les cochons dans les rues,
- défense de glaner avant
que les fruits soient enlevés et seulement de jour,
- défense de pénétrer
dans la propriété d'autrui sans sa permission.
En 1804 aussi, on
afferme le mesurage de l’huile et les poids et mesures, par la création
d’un bureau de pesage pour l’huile, le vin, la garance et les cocons.
En 1805, la mairie fixe la rente
sur les terres du Paty, conformément à la convention de 1695,
c’est à dire 8 francs par an et par salmée. Cette rente n’a
pas été payée depuis la révolution. Le prix
définitif ne sera fixé qu’après expertise.
Les revenus de la
ville sont de 2.419,84 francs dont 600 F de la ferme de pâturage, 517
F de centimes additionnels aux contributions et 454,50 F de la ferme des
poids et mesures.
En 1805/1806, on s’occupe de l’irrigation
de nos terres : on nomme un syndic des eaux, publie un règlement
sur l’arrosage. On décide de faire des aménagements solides
et durables, sous la conduite d’un ingénieur, pour canaliser et régulariser
les deux torrents des Malagronnes qui descendent du Paty dans la Mède
et qui ont causé tant de dégâts aux propriétaires
: un devis de 7.978 F de l’époque.
On décide (février
1806) de détruire une tour adossée aux remparts pour donner
plus de largeur aux régales ou lices et on récupère
tous les terrains usurpés pendant la révolution et ceux occupés
par les fumiers, pour élargir le « Cours ».
Jeu de boules.
Pour l’anecdote,
notons que c’est sous le Premier Empire que le jeu de boules se propage jusqu’au
plus petit village. Il se joue avec des boules de buis recouvertes de clous,
et remplace le butaban et la roulette du XVIIIème siècle.
Les premières sociétés boulistes organiseront des
concours locaux dès 1828, sous les platanes des esplanades de nos
cités. Le danger et les plaintes des passants obligent les joueurs
à quitter les voies publiques pour les cours et les jardins.
Au milieu du XXe siècle, il
restait encore un grand casier de boules cloutées chez «
Charles et Nine » , au café de la Mirande de Caromb.
Cloches, cimetière et biens
de l'église.
En 1805, on baptise trois nouvelles cloches achetées
pour l’église paroissiale et en 1809, on décide d’acheter un
terrain de 338 m² appartenant aux hoirs (
*91
) de Me de Ligneville, qui touche le cimetière,
pour l’agrandir, car avec 2.562 habitants celui-ci est devenu insuffisant.
L’achat du terrain et la construction d’un mur de clôture sont estimés
à 7.978 francs.
La loi sur la séparation de l'Eglise et de l'Etat nécessite
l'inventaire de tous les biens de l'Eglise. Cette opération ne se
fait pas sans mal, à Caromb : au jour prévu et à l'heure
dite, M. Giguet, percepteur chargé de l'opération pénètre
dans l'église, alors que les cloches sonnent le tocsin et qu'un groupe
d'hommes et de femmes protestent en chantant des cantiques, sans autre opposition.
Il est vrai que les Saints ont quitté leur socle et ont disparu
pendant la nuit (dans un des caveaux de l'église).
Ils retournent à leur place quelques jours plus tard.
Toutes ces manifestations sont bien inutiles car l'inventaire avait déjà
été établi entre le percepteur et M. le curé
de l'époque, pour éviter tout ennui. Cette visite du 6 février
1806 est de pure forme et ne dure que quelques instants [39].
Une statue "de Sainte Anne et de la vierge" est offerte,
à cette époque, pour notre église.
L’écluse du Paty.
Après les troubles de la révolution, qui
ont fait délaisser le barrage, des travaux sont exécutés,
à tel point qu’en 1806 il est déclaré « dans le
meilleur état possible ». [134].
Entre 1808 et 1812, on répare l’écluse avec l’excédent
des revenus de 1807 : on fait enlever le limon accumulé au fil des
ans, qui obstrue les fuyants, et on délibère pour faire rehausser
le barrage de deux mètres.
La pierre de Caromb.
Les statistiques du département de 1806 citent
les richesses naturelles de notre région : la pierre de Caromb est
reconnue deuxième du département pour ses qualités, après
celle d’Oppède. Elle est dure, coquillière», à
gros grains et de couleur grise ; elle se présente en lits très
épais, quelquefois en masse considérable : aussi la tire-t-on
en gros blocs et communément en dalles de 4 à 5 mètres
de longueur sur un ou 2 m de largeur et cinq ou six décimètres
d’épaisseur. Elle sert à faire des cuves de pierre, fortement
utilisées dans la région. Les carrières de Rocan, près
de Carpentras et la pierre de Crillon sont aussi très estimées
[134].
Le gypse est exploité dans les carrières de Mourmoiron (sic),
du Barroux, de Malaucène, de Crillon et de Bédoin, pour donner
un excellent plâtre blanc parfaitement cristallisé. [134]
La guerre impériale.
Pendant ce temps, la guerre impériale s’éloigne
: les victoires d’Austerlitz en République Tchéque (1805),
Iéna en Allemagne (1806), Eylau en Russie (1807), Wagram en Autriche
(1809), et la Moskowa, aux portes de Moscou sont des nouvelles qui arrivent
très vite jusqu’à notre village. La période d’extension
maximale de l’Empire est en octobre 1812.
Opposés à l'empereur.
L’épopée napoléonienne et les nombreuses
réformes changent profondément la physionomie du pays
: Napoléon marque son époque par de nombreuses transformations
: il impose sa constitution, réforme la justice, le code civil et
crée le Trésor Public. Après les désordres de
la Révolution, l'Empire apparaît, dans notre région, comme
une période de paix.
L'arrivée de Napoléon au pouvoir a d’abord
apporté, au Comtat Venaissin, un début de renouveau économique.
Mais le régime impérial est impopulaire à cause des
mauvaises relations entre le pape et l’empereur. Le premier élan favorable
est coupé net. La conscription obligatoire et les charges financières
liées à la guerre montent la population contre lui.
Les rapports avec le pape.
Si Pie VII est venu sacrer l'empereur, alors que les troupes
occupent ses terres d'Italie et qu'il a perdu le Comtat depuis le consulat,
c'est qu'il souhaite garder une certaine liberté pour l'Eglise menacée
par les règlements impériaux. Très vite la pression
de Napoléon, l'occupation de ses terres par les troupes, les décrets
qui réorganisent l'Eglise d'Italie, suppriment des sièges
épiscopaux, ferment des couvents ou disposent des biens de l'Eglise,
indisposent le pape et détériorent ses relations avec l'empereur
[92].
Nul doute que dans nos villages du Comtat Venaissin, nous sommes sensibilisés
à l’état de ces relations, et le clergé local assure
le relais des nouvelles du Vatican.
Lorsque Napoléon occupe Rome, le pape est réellement prisonnier
et ne peut plus communiquer avec son Eglise. On s'en émeut jusque
dans nos villages. Un décret publié à Rome, le 11 juin
1809, supprime la souveraineté temporelle du pape et réunit
les états du Saint-Siège à l'Empire. Le 6 juillet 1809,
le pape est arrêté, jeté dans une voiture fermée
et expédié en France ; mais à Grenoble, soldats et
gendarmes qui l'escortent, reçoivent l'ordre de le ramener en Italie,
à Savone [92].
Le pape
réagit alors en excommuniant l'empereur (1809). Napoléon interdit
que l'on répande cette bulle d'excommunication, mais, aux fonds de
nos campagnes, le moindre chrétien informé est choqué.
En Venaissin, on considère cette arrestation comme un outrage et l'excommunication
comme un jugement définitif. L'opposition chrétienne à
l'empereur croît fortement [92].
Le pape refuse de nommer de nouveaux évêques. Napoléon
force les 28 cardinaux en fonction à venir à Paris pour son
mariage avec Marie-Louise. Treize d'entre eux refusent et retournent dans
leur province, montrant à nos peuples catholiques qu'il est possible
de résister à l'empereur [92].
Napoléon fait demander au vieux pape fatigué, à Savone,
de transférer le Saint-Siège à Paris ou à Avignon.
Affaibli, épuisé, isolé, il aurait fait quelques concessions
et accepté. Le code pénal punit de prison ou de bannissement
tout ecclésiastique censurant publiquement un acte de l'autorité
civile ou militaire ou qui correspond avec Rome [92], aussi cette nouvelle
ne parvient pas jusque chez nous.
En juin 1812, Napoléon fait transférer le
pape à Fontainebleau par un voyage de quatre jours, pendant lequel
celui-ci ne peut sortir de sa voiture que quelques instants [92].
Après sa campagne de Russie, Napoléon revient
à Fontainebleau et force le pape à de nouvelles concessions
(Concordat de Fontainebleau). Dès que l'empereur a tourné les
talons, le pape fait savoir à ses cardinaux et évêques
qu'il regrette et va jusqu'à se rétracter par lettre à
Napoléon. Celui-ci ignore la lettre [92].
Dans les anciennes terres papales, il y a bien longtemps
que l'auréole de Napoléon est tombée. Pourtant,
on décide de fêter dignement, à Caromb, l’anniversaire
du roi de Rome, le 2 juin 1811 et d’y consacrer 120 francs…
Le poids de la guerre.
Assez rapidement Napoléon a déçu.
Il devient évident que son objectif n'est pas la paix, mais, au contraire
l'expansion territoriale. Combien de conscrits sont recrutés par la
Grande Armée entre 1804 et 1814 ? Tous les Français âgés
de 20 à 25 ans doivent un service militaire. Chaque département
fournit un nombre de conscrits défini par le ministère de la
guerre. Certains soldats restent dans l’armée de 1798 à 1814,
sans interruption.
De 1804 à 1815, 1.500.000 français sont soldats : la circonscription
demande que l’on lève, en 1805, quatre conscrits pour 1000 habitants
en France, puis trois en 1809, puis 10 entre 1810 et 1814.
C’est donc près d’une quarantaine
de carombais qui sont appelés sous les drapeaux napoléoniens
et environ 85 personnes pour le canton.
Après les 8 conscrits du consulat, en octobre 1802, la municipalité
doit fournir 10 autres soldats. Les jeunes gens des classes de l’an IX
(1801) et X (1802) veulent s’arranger de gré à gré
pour ce recrutement, mais n’y parviennent pas, et on a recours au tirage
au sort. En mai 1803, notre maire répond à une circulaire du
préfet demandant aux conscrits valides de se présenter à
leur corps d’armée. Ceux qui ne se présenteraient pas seraient
considérés comme déserteurs et arrêtés
par la gendarmerie. En 1806, 39 carombais sont sous les drapeaux de l’empereur
[139]. Nous ne savons pas combien meurent sur les champs de bataille alors
que nous connaissons le chiffre pour le Barroux : 11 militaires sont tués
entre 1807 et 1816, pour une population qui avoisine les 800 personnes [148].
Le poids des charges.
L’empereur a besoin de l’argent carombais
pour financer ses campagnes. Tout le monde doit contribuer. L’octroi est
maintenu sur certaines denrées.
La retraite.
Napoléon est à Moscou ; ses ennemis incendient
la ville, pratiquant la politique de la terre brûlée et il doit
se replier : c’est la retraite de Russie, fatale à un grand nombre
de ses soldats. Il perd la bataille de la Bérésina en Russie
(1812) et bat en retraite.
L’épopée napoléonienne est terminée, les Alliés
marchent sur Paris.
A Caromb, la communauté adresse encore une lettre
à Sa Majesté la reine, en octobre 1813, afin d’offrir
ce qu’elle pourra pour assurer le triomphe de nos armées, aux cris
de « Vive l’impératrice ! Vive l’empereur ! ».
L'Empire est alors à l'agonie.
Rome n'étant déjà plus dans l'Empire,
Napoléon se résigne à laisser le pape rejoindre le Vatican.
Celui-ci reprend son poste, à Rome, alors que Napoléon signe
son abdication à Fontainebleau, en avril 1814.
Napoléon, prisonnier, doit prendre la route vers l'île
d'Elbe. En arrivant dans le Midi, le sous-préfet de Montélimar
le met en garde contre l'état d'esprit très défavorable
régnant dans le Comtat. A Orange, l'empereur constate qu'il a raison,
mais il décide de poursuivre sa route. Lorsqu'il s'arrête
à Avignon, le 25 avril 1814, à 5 heures du matin, porte Saint-Lazare,
pour changer les chevaux, il est bombardé d'une grêlé
de pierres par la population, ameutée par des officiers espagnols.
Il manque d'être mis en pièces. On le traite de tyran,
de coquin, de gueux.
A Orgon, la foule dresse une potence où est pendu un mannequin portant
l'inscription suivante : " Tel sera tôt ou tard le sort du tyran".
La voiture impériale est menacée, mais son escorte d'officiers
étrangers évite le pire. Il doit se déguiser sous
l'uniforme de ses adversaires et voyager à l'avant du cortège.
C'est ainsi qu'il arrive à Aix-en-Provence.
Napoléon part pour l’île
d’Elbe.
En mai 1814, par arrêté préfectoral, Caromb doit encore
fournir foin et avoine pour l’artillerie stationnée à Orange.
Le Traité de Vienne, signé en 1815, partage
son empire.
A Caromb, on a vite fait de tourner sa veste :
la municipalité en corps, accompagnée de la garde sous les armes
et des tambours, se transporte sur la place publique pour approuver le décret
du Sénat qui déclare Napoléon Bonaparte déchu
du trône de France et la constitution appelant au trône, Louis,
le frère du dernier roi. La foule assemblée crie « Vive
la paix ! Vive Louis XVIII ! ». Un Te Deum est chanté dans l’église
pendant que sonnent les cloches et que l’on tire les boëttes. Un feu
de joie est allumé sur l’esplanade de la porte du Midi.
En juin 1814, on revient aux préoccupations locales : un
buste reliquaire de St Maurice vient d’être réalisée
par le sculpteur Buffardin d’Avignon, pour un prix de 30 francs, dorure
comprise. L’inauguration de cette statue se fait sous un arc de triomphe
en fleurs, dressé à l’esplanade de la porte du Rieu. La statue
est transportée en cortège à l’église où
elle est placée dans une niche prévue à cet effet à
l’angle du chœur, du côté de l’épître.
Les cent jours.
Napoléon s'échappe de l’Ile d’Elbe, en 1815.
Le 1er mars, à midi, huit navires débarquent 1.100 hommes à
Golfe-Juan ; Napoléon fait afficher une proclamation :
«Français, dans mon exil, j’ai entendu vos plaintes et
vos vœux,…».
Mais les premières villes, comme Antibes, ne se rallient pas et
Napoléon, qui se souvient de sa traversée d'Avignon lors
de son départ pour l'île d'Elbe, préfère remonter
vers Grasse, puis, par les Alpes (route Napoléon) vers Paris, prenant
grand soin d’éviter la vallée du Rhône.
En Vaucluse et dans les Bouches-du-Rhône, on n’apprécie
pas ce retour et le duc d’Angoulême lève des troupes royalistes
contre l’empereur.Jusqu'à Sisteron,
la population regarde passer l'empereur passivement. Il faut qu'il arrive
en Dauphiné pour rencontrer les premiers ralliements.
Napoléon revient au pouvoir. Cela ne gêne pas outre mesure
notre conseil qui prête serment de fidélité à
l’empereur et à la constitution, dès avril 1815.
On connaît la suite. Napoléon ne dure pas
devant les alliés : Waterloo est sa dernière défaite,
en Belgique, contre la coalition.
Bien sûr, Caromb, en août 1815, fait une adresse
au roi pour l’assurer du dévouement de la commune. Dans la foulée,
on nomme un nouveau maire, M Dubarroux, chevalier de l’ordre de St Louis,
un bon royaliste.
Les médaillés de Sainte-Hélène
de Caromb :
La médaille de Sainte
Hélène, créée par Napoléon III, récompense
les 405.000 soldats encore vivants en 1857, qui ont combattu aux côtés
de Napoléon 1er pendant les guerres de 1792-1815.