Les Guerres d’Italie sont terminées : par
le Traité de Cateau-Cambrésis en 1559, la France
renonce à ses rêves italiens.
En 43 ans, de 1516 à 1559, la Réforme
s’est développée en France, dans un royaume constamment en
guerre, sous des rois hésitants qui ne songeaient pas à «extirper»
l’hérésie. La doctrine de Calvin s’est diffusée rapidement
[76].
A cette époque, les gens de l’Eglise catholique
sont bénéficiaires du système des privilèges
: le clergé se distribue les droits sur les terres et les hommes.
Il ne paie pas les tailles, règne sur les consciences, soigne, enseigne,
a le pouvoir d’envoyer en enfer qui bon lui semble ou régit la diffusion
des livres. Les abus sont nombreux : les prêtres n’occupent pas leur
charge, vivent en ville, se marient, ont des enfants et se partagent les
rentes de leur situation privilégiée. Dans ces conditions,
la Réforme n’a aucune peine à se rendre populaire [76].
Le culte protestant était généralement
toléré, tant qu’il ne remettait pas en question ces privilèges.
En 1560, les protestants français sont environ deux millions, dans
un pays qui compte seize millions d’habitants. Mais dès 1520, ils
s’attaquent à l’Eglise catholique et sont alors persécutés.
Caromb au début
des guerres de religion.
Les guerres avec les huguenots font rage plus au nord. Caromb semble s'organiser
avec l'aide des villes voisines : Flassan contribue à l'entretien
de la compagnie du capitaine Pusque, comme Caromb. On remarque aussi le concours
de la caisse de la confrérie Notre-Dame qui donne une partie de ses
revenus à la commune. L'entretien des militaires chargés de
la défense locale est également à la charge de la ville
: ainsi on paie pour les «munitions de bouche» de la gendarmerie.
Après l’affaire de Mérindol, l’agitation gagne toutes les
provinces françaises. Mauvan, en Haute-Provence, rassemble les rescapés
de Cabrières, est à Nyons avec 300 cavaliers et envisage
de s’installer en terre papale. Le 6 août 1560, Alexandre du Puy
Montbrun, l’un des chefs protestants du Dauphiné, s'empare
traîtreusement de Malaucène malgré les troupes du Comtat
commandées par le général Fabrice Serbelloni, cousin
du pape Pie IV. Puis le catholique La Motte-Gondrin et une armée de
cavaliers et de volontaires se présentent devant cette ville le 4
septembre 1560 et les huguenots évacuent [120]. Gondrin surveille
Orange, fief protestant qui veut envoyer des renforts [33]. L'ennemi arrive,
précédé d'une réputation de pilleurs. Aussi est-il
important de se tenir au courant, d'anticiper toute attaque, à Caromb.
On reconnaît les services d'un Guillaume Gautier en lui accordant «un
florin pour l'avis qui est venu donner que les huguenots de Malaucène
se proposaient d'attaquer Caromb». On participe à l’entretien
des garnisons de Beaumes et de Mazan.
Une nouvelle maison
de ville et un beffroi.
Le 15 mai 1562, Claude Romanet et Cathelin Fare, maçons, perçoivent
20 florins de monnaie courante d'acompte sur la construction de la «Maison
de Ville». Six ans plus tard, elle est achevée. Il s'agit
de la maison du beffroi, qui ne sera équipée de ce fameux
beffroi que quatorze années plus tard.
Les guerres de
religion dans les Etats du pape.
L’année 1562 (massacre de Vassy) marque le début des guerres
de religion en France : protestants et catholiques vont s’affronter jusqu’en
1598, date de signature de l’Edit de Nantes.
Le Comtat est peu touché par la Réforme. On estime à
2.400 le nombre de protestants du Comtat, pour une population de 70.000
habitants, soit 3,5 % de la population, mais avec des variantes importantes
: 12 % à Bédoin, 4 % à Aubignan, 1 % à Mazan.
Les huguenots sont solidement implantés à Orange (les Nassau)
et dans le Dauphiné.
Les guerres de religion vont épargner Avignon fidèle au pape
mais le Comtat va être le théâtre de luttes sanglantes.
Cela commence à Orange, où
l’avignonnais Perrinet Parpaille, président du parlement et catholique,
passe aux huguenots. Les esprits s’échauffent et 1.500 huguenots
orangeois profanent les églises. Parpaille fait égorger les
défenseurs de la ville et massacrer un millier de pauvres travailleurs
saisonniers qui viennent des montagnes pour les moissons [76]. Il pille la
cathédrale (1561) et se rend maître de la ville. La réforme
semblant prendre le dessus, la reine mère de France veut rééquilibrer
la balance : elle envoie le comte Sommerive balayer les bandes qui infestent
le Comtat et reprendre Orange.
Parpaille lance des raids sur les villages du Comtat et participe à
quelques saccages. Arrêté, il est conduit à Avignon.
Orange s’énerve. Les catholiques du Comtat, effrayés, passent
à l’action et mettent à sac la ville d’Orange.
La décapitation à Avignon de Parpaille (1562) n’apaise pas
les esprits.
Le sobriquet "parpaillot" désigne toujours, en Provence, un protestant.
Caromb, devant ces risques de guerre, s’empresse de faire creuser des fossés
devant les portes du Rieu, de l'église et de la tour ronde. On change
le battant de la grande cloche et on répare les autres cloches, afin
de pouvoir sonner le tocsin plus efficacement.
Serbelloni et Jean de Raxis, seigneur de Flassan, commandant des troupes
du pape, mettent le Comtat en défense : douze hommes sont choisis
par la commune pour aller faire la guerre ; on achète 17 arquebuses
et deux falots pour les rondes.
Le Brave Crillon.
Crillon est si proche, qu’il est indispensable de parler du Brave Crillon
(1543-1615). Louis de Balbes de Crillon, né à Murs, septième
enfant d’une famille nombreuse fait carrière dans les armes. C'est
la guerre contre les Anglais. A 17 ans, il pénètre le premier
dans Calais occupé, puis s’illustre dans de nombreuses batailles.
Il mérite son surnom de « Brave des braves » et sert
la France comme officier sous Henri II, puis Charles IX.
Plus tard, en 1597, Henri IV, qui l’apprécie, lui écrit «
Pends toi (repens-toi), brave Crillon, nous avons combattu
à Arques et tu n’y étais pas». Blessé, il
se soignait au pied du Ventoux. Il prend une retraite bien méritée,
chez nous, entre Avignon et Crillon et y meurt en 1615, à 74 ans.
Il repose à Avignon, sur le rocher des Doms.
Une légende entoure son nom : autour d'une partie de dés
avec le roi Henri II, son fils le futur Henri III, Henri de Navarre futur
Henri IV et le Brave Crillon, ce dernier, en jetant le cornet à
dés, voit s'échapper un flot de sang annonçant la
fin tragique des trois souverains [ 97].
Son épitaphe dans l’église nous apprend que « Henri
IV l’aima, les pauvres le pleurèrent »
François
d’Agoult, seigneur de Caromb (1554-1567).
En épousant François d'Agoult, en 1554, Jeanne de Vesc fait
passer la seigneurie de Caromb dans une très ancienne famille méridionale,
les Agoult de Sault. Une charte les mentionne déjà en 867
et nous avons vu qu'ils sont les seigneurs du val de Sault depuis que le sieur
Agoult de Loup, maréchal du Saint Empire d'Henri II a été
honoré du titre de baron (1034). Ils possèdent tout le plateau,
quelques autres villages dans le Luberon et leur domaine est indépendant
depuis 1204. Nous avons vu leurs armes "au loup ravissant".
Agoult
François, né au château de Sault, a été
page de François 1er, capitaine de cent chevau-légers sous
le roi de France Henri II, puis lieutenant général en Lyonnais,
Forez, Beaujolais et Bourbonnais, mais a renoncé à cette
dernière charge pour retrouver une vie plus calme. Il est petit-fils
de Louis d'Agoult et fils de Louis de Montauban lequel a reçu les
biens et les titres des Agoult par testament de son oncle Antoine Raimond
d'Agoult du 12 août 1553. Ce dernier n'avait pas d'enfant. Depuis,
le titre de baron d'Agoult de Sault-Montauban s'est transmis à Louis,
puis à l'un de ses trois fils, François d'Agoult [119].
Avec son épouse Jeanne de Vesc, il a un premier enfant, une fille
qu'ils nomment Marguerite, née deux ans après leur mariage,
puis un fils François-Louis né deux ans plus tard. La famille
ne réside ni à Sault, ni à Caromb, mais dans leur
résidence de Savigny ( celle des Vesc), à deux pas de Paris
sur la route de Fontainebleau ou dans leur hôtel particulier en plein
centre de Paris, au milieu des nobles de haut rang. Après la naissance
de leur fils (mai 1558), la famille décide de se rendre en Provence
et y demeure une dizaine d'années. Dans la tourmente des guerres de
religion, François doit reprendre les armes [119].
Visitent-ils leur seigneurie de Caromb à cette époque ? Les
rapports entre la seigneurie et la commune, qui louait les équipements
aux seigneurs, se réglaient par voix de bail. Ainsi voit-on renouveler
le bail des Moulins, concédé par François d'Agoult
et Jeanne de Vesc, seigneurs de Caromb, pour la cense de 35 charges de bon
blé de mouture payable en trois fois. Ce bail concerne les moulins
de Larmourier, au quartier Molines (les Moulins), celui de Saint-Georges,
route de Bédoin, ainsi que le moulin à huile situé
juste à côté et le moulin de la Mède.
Jeanne de Vesc accepte de vendre à la commune des moulins à
blés le 28 avril 1559.
Ils ont un troisième enfant, Jacques.
François, comte depuis le 22 avril 1561 par la volonté du
roi Charles IX, passe d'un champ de bataille à l'autre. Pour certains,
il est du côté catholique, pour d'autres, il est dans les
rangs huguenots. Quoi qu'il en soit, il trouve la mort à la bataille
de Saint-Denis, le 10 novembre 1567, en même temps que son frère
(Gilbert ou Jean).
Les sept cloches de notre clocher annoncent la nouvelle
aux Carombais.
Marguerite, François-Louis et Jacques, ses orphelins, sont pris
en charge par la royauté française et leurs intérêts
sont confiés à un tuteur, le noble d'Aubigny [119].
Jacques meurt en bas âge.
Pendant que François d’Agoult, dans l’armée, participe
à ces guerres fratricides, notre pays connaît une période
difficile : les troupes du baron des Adrets ravagent nos villages.
Le baron des Adrets
à Caromb.
François de Beaumont, baron des Adrets, est né au château
de La Frette en Isère en 1512 ou 1513. Sous le règne d'Henri
II, il s'est distingué dans l'armée royale et est devenu
colonel des "légions" du Dauphiné, de Provence et de Languedoc.
le baron des Adrets
Les troupes du pape, ayant repris Orange, le baron des Adrets se joint
aux armées huguenotes, plus par ambition et antipathie pour la maison
catholique des Guise que par conviction profonde. Il descend vers la Provence.
Après Montélimar, il massacre les défenseurs de Pierrelate.
Son lieutenant Montbrun s'empare de Mornas, y commet un affreux massacre
en précipitant les prisonniers du haut du rocher, puis lance sur le
Rhône un bateau de cadavres vers Avignon portant la mention : "Gens
d'Avignon, laissez passer ces marchands, car ils ont payé le péage
à Mornas."
Le baron des Adrets doit remonter vers Vienne, et sa campagne contre les
catholiques (1562) est extrêmement victorieuse. En juin, le baron
des Adrets se rend maître de la majeure partie du Dauphiné.
Les brillantes qualités militaires du baron sont entachées
par ses atrocités. Il se livre à de féroces représailles
contre les Catholiques. Les garnisons qui lui résistent sont écrasées.
Il force des prisonniers à se jeter dans le vide du haut d'un donjon.
En juillet 1562, à la tête des ses troupes, il redescend vers
le sud et arrive à nouveau chez nous. Le Comtat et Avignon
lèvent 7 à 8.000 hommes sous le commandement du comte de Suze
[33].
Une bataille indécise a lieu vers Valréas, puis les protestants
continuent leur avance et arrivent jusqu'à Sarrians. Le baron
assiège Carpentras, le 28 juillet 1562. On a promis au terrible baron
que la ville ne se défendrait pas et qu'on lui remettrait les clefs
sans résistance. L'eau passant par l'aqueduc est coupée [147]
Les saccages dans nos villages autour de Carpentras sont nombreux. Bédoin,
Mazan, Villes et jusqu’à la chapelle Ste Croix au sommet du Ventoux
(1562), sont dévastés [38]. Des milices sont levées
à Caromb, Crillon, Bédoin, Mazan et le baron échappe
de peu à un boulet qui traverse sa tente et roule à ses pieds,
alors qu’il dîne, pendant le siège de Carpentras. Il prend peur
et, craignant l’arrivée de Serbelloni, commandant des troupes papales,
il plie bagages et décampe au plus vite dans la nuit du 3 au 4 août,
et se dirige sur Courthézon. Dans sa vieillesse il se souviendra
encore de ces évènements : « Carpentras m’a laissé
souvenance » dira-t-il.
La garnison de Carpentras le poursuit, aidée par des habitants de
Mazan, Mormoiron, Villes, Bédoin, Crillon, Caromb, Beaumes et autres
lieux pillés.
Les villages, dont Caromb, se défendent, attaquent à
leur tour les pillards, tuent beaucoup de monde et s'emparent d'une partie
de leur butin : « Bien s'y aidarent ceux de Mazan, de Bedoin, de
Crillon, de Caron et de Beaumes pour le revenche de leurs églises
rompues et sacaignées (
*49
) » [120].
Le baron des Adrets et ses troupes quittent alors le Comtat, remontent
vers Grenoble, le 12 novembre 1562 [76]. En Dauphiné, les deux communautés
ennemies manifestent une extrême agressivité. Le baron se montre
d’une cruauté particulièrement odieuse, rançonne férocement
les principales villes du Dauphiné et son raid de 1562 se solde par
d’irréparables destructions à Valence, Romans, Grenoble ou
Vienne.
Les huguenots sont victorieux dans le Comtat, en 1563 : ils reprennent Courthézon,
Joncquières, Sarrians, Bédarrides, Chateauneuf et Caderousse,
puis, dans une deuxième expédition, ils s’emparent de Séguret,
Gigondas et Sablet.
Quelques jours après, ayant échoué au siège
d’Apt, les huguenots se replient sur Le Thor et Caumont, envoient l’artillerie
à Roquemaure, mais conservent leur cavalerie. Celle-ci revient par
Velleron, Pernes, Mazan, Villes, Mormoiron , Caromb, Beaumes, Ste Cécile,
laissant d’odieuses traces de son passage. Pernes échappe au massacre
car, heureusement pour ses habitants, parmi les officiers des assiégeants
se trouve un Pernois protestant, nommé De Rivière, qui persuade
ses compagnons d’armes de se montrer tolérants envers ces catholiques
tolérants. Le siège est levé.
Hilaire Bonnaventure nous indique que c'est lors de ce retour des troupes
que les Huguenots brisent, à coups de marteau, la statue de marbre
blanc d’Etienne de Vesc, sur son tombeau, dans notre église et décapitent
les pleureuses qui ornent ce tombeau. Ce fait est faux car ces destructions
datent de la Révolution. On leur attribue aussi le vol des reliques,
chasses et reliquaires (à moins que ce ne soit la troupe huguenote
de Ferrier, en 1576). Ce fait là, par contre, est prouvé
par nos archives, par la restitution postérieure de la relique de
Saint Maurice.
Puisque l'on reparle des Vesc, notons que les guerres de religion ont des
conséquences fâcheuses sur cette famille : les uns sont catholiques
et les autres protestants et cette division entraîne des luttes fratricides.
Les derniers Vesc protestants n'abjureront que contraints et forcés,
après la révocation de l'Edit de Nantes[75].
Le baron des Adrets se livre à des pourparlers avec les Catholiques
et se déclare ouvertement en faveur de la réconciliation.
Le 10 janvier 1563, il est arrêté
par des officiers huguenots et emprisonné à la citadelle de
Nîmes. Il est libéré par la signature de la paix d'Amboise,
le mois de mars suivant (1563). Suspect aux yeux des huguenots comme des
catholiques, il se retire au Château de La Frette où il meurt,
entouré des secours de la religion catholique, 23 ans plus tard, le
2 février 1587.
Lorsque les protestants reculent vers le Dauphiné, la commune de
Caromb fournit un bon contingent de recrues à l’armée catholique.
Puis les Huguenots reviennent avec le capitaine Mouvans, lieutenant de
Puy Montbrun et, en avril 1563, 34 localités du Comtat sont entre
leurs mains : Malaucène, le Barroux, Crillon, Sarrians et Bédoin
font partie du nombre. Bédoin est pris par la trahison de trois scélérats
nommés “La bono Argno”, “La Mounino” et Jean “de Las Banes” qui ouvrent
les portes. La ville est pillée, saccagée, les églises
profanées, les reliques brûlées [38].
Une trêve permet aux catholiques de lever des troupes, alors que
les protestants échouent devant Mazan [33], mais prennent Méthamis
[136].
Serbelloni, général en chef des armées catholiques,
envoie sa cavalerie et son propre régiment se loger à Caromb,
Mazan et Beaumes. En août 1563, la commune de Caromb fournit une contribution
en pain, vin et florins à la garnison de Beaumes. Mais le capitaine
et le lieutenant de cette garnison s'approprient les contributions carombaises
pour leur propre compte [120]. Toujours en août, on bataille entre
Bédoin et Carpentras. Le capitaine Redortier de Manosque, à
la tête des catholiques, attaque les huguenots dans les plaines carombaises,
faisant 40 tués et quelques prisonniers protestants.
J. Liabastres nous raconte (*50
) [14]
"Le 8 août, une autre compagnie,
partie de la ville sous la conduite du capitaine Redortier de Manosque,
se rencontra avec la garnison huguenote de Bédoin qui faisait des
courses, à chaque instant, dans le pays ; les Huguenots eurent quarante
hommes tués dans cette rencontre : on fit encore plusieurs prisonniers
qui furent amenés dans la ville".
La garnison protestante de Mormoiron doit se rendre devant les assauts
des catholiques de Malemort et de Mazan.
En septembre 1563, la guerre reprend de plus belle et cavaliers et fantassins
quittent notre commune, à l’exception d’une compagnie, sous les ordres
du chevalier de Caumont, qui se porte, le 18 octobre 1563, au Barroux, pour
en faire le siège. Cette place était au pouvoir des Huguenots
depuis quelques mois, suite à la trahison de son commandant Belon,
qui livra le village sans se défendre. La compagnie catholique s’empare
facilement du village, mais le château résiste pendant trois
jours ; craignant l’arrivée de Serbelloni, les huguenots se rendent.
Les soldats ont la vie sauve, mais le traître Belon et un soldat
italien converti sont passés par les armes.
Les hostilités cessent, enfin, vers la fin de l'année 1563.
En reconnaissance des souffrances de Carpentras dans ses luttes avec les
Huguenots, le pape Pie IV inféode, en faveur de la ville, le lieu
de Serres, qui a été détruit et presque totalement abandonné
par ses habitants.
La prise du Barroux et la perte de Mormoiron, leur principale place d’armes,
intimident tellement les Calvinistes que ceux de Malaucène et d’autres
lieux décampent et la compagnie victorieuse rentre triomphalement
à Caromb .
Bédoin revient aux catholiques fin 1564, après de durs combats
[136].
L'application du traité d'Amboise arrête momentanément
les combats et les protestants émigrés sont autorisés
à revenir dans leurs villes. A Carpentras, ils s'installent dans
le quartier de l'Aqueduc. Les relations entre Orange protestant et le Comtat
catholique, interrompues par la guerre, reprennent [33].
Notons quelques rudes hivers, entre 1560 et 1575.
Pour assurer la sécurité de ses États, le pape doit
faire appel au roi de France, Charles IX, qui place son cousin Charles de
Bourbon, futur roi de la Ligue, à la tête de la légation
(de 1565 à 1590). Celui-ci se fait représenter sur place par
le cardinal Georges d'Armagnac. Le capitaine de Crillon commande l’infanterie
du comte de Suze qui regroupe ses forces du côté de Sorgues.
Dès 1564, la peste revient par le Haut Comtat. Caromb connaît
le fléau et est atteint, en mars 1565. Beaumes résiste en
plaçant des gardes sur les limites de notre territoire et empêche
toute communication avec les Carombais. Les portes des villages voisins
sont gardées et on exige des certificats de santé. La ville
de Carpentras est atteinte en avril 1566. Bédoin compte 200 morts.
M. de Modène accepte de vendre du blé à la commune
de Caromb qui en manque.
La commune soutient le camp catholique en offrant :
- deux coqs d'Inde, quatre
chapons, quatre perdrix et deux lapins au comte de Suze, gouverneur général
du Comtat,
- deux perdrix, deux lapins
et deux chapons au cardinal d'Armagnac, légat
- deux perdrix, deux chapons
et une collation au recteur
- un veau et des volailles
au comte de Sault, notre seigneur
- du pain au camp de Courthézon.
- le conseil indemnise
le clergé qui est allé faire l’absoute à St Hippolyte,
à N. D. des Innocents et à N. D. de Frigolet (celle du Paty
?) et pour la procession d’Aubignan.
En avril 1567, les Etats de la province décident d’entretenir 2.000
hommes "sur les frontières exposées".
Le 23 octobre 1567, les huguenots font une nouvelle tentative sur Carpentras
et de nouvelles réquisitions sont ordonnées par M. de Flassans
et par le capitaine Mornas.
L’année suivante, les troupes protestantes s’emparent de Sault,
Murs, puis s’attaquent à Méthamis, Mormoiron et Bédoin.
En 1569, le cardinal d'Armagnac donne commission à M. Armandi
de louer des soldats par tous les lieux du Venaissin [120].
En 1570, la cavalerie du comte de Suze occupe
Aubignan et après son départ, en mai, les protestants de
Vinsobres viennent piller les campagnes du Barroux, de Beaumes et de Vacqueyras.
Le seigneur de Beaumes, de Peyre,
s'étant converti au protestantisme, le pape fait confisquer ses biens
[120].
L’hiver 1571 est terrible : des pluies torrentielles
s’abattent sur le pays et, en plus, les oliviers gèlent entraînant
une terrible famine.
Les villages se regroupent pour implorer le ciel en se rendant à
la chapelle St Raphaël de Malaucène. Caromb envoie une délégation,
espérant ainsi s'assurer quelques récoltes dans l’année
[136].
Le conflit se poursuit après les massacres de la Saint-Barthélemy
et, chez nous, par le massacre des catholiques d’Orange (1572). Le chef
du parti protestant dauphinois, Dupuy-Montbrun, remporte de brillants succès
: il envahit le Comtat, mais échoue devant Venasque.
Le prix de la
guerre pour Caromb.
Caromb soutient pleinement le parti catholique, par des hommes et par de
l’argent. Le village se mobilise pour aider et entretenir les troupes et
il lui en coûte beaucoup.
André Seguin, seigneur de Saint-Romain-en-Viennois, se fait certifier
une proclamation pour percevoir à la place de son beau-frère
Blégier, probablement parti à la guerre, la pension que lui
doit la ville.
Le capitaine Bernard à peine arrivé à Bédoin
réclame des vivres pour 50 hommes, le 25 août 1573 ; le 30
août les vivres sont expédiés. Le 20 octobre, ce sont
les troupes du pape commandées par le capitaine Verdellin qui, du
château de Cabrières, réclament des vivres. En octobre,
le recteur se fâche car la contribution demandée n’est pas
encore payée. En 1574, il ordonne à notre communauté
de s’exécuter. Les temps sont durs pour tout le monde et il n’y
a plus rien dans les caisses. Aubignan est aussi rappelé à
l’ordre.
D'octobre 1573 à avril 1574, Caromb et les communes environnantes
sont tenus de nourrir les troupes cantonnées pour l'hiver à
Mormoiron, par ordonnance de Jacques Sacrat, seigneur et évêque
de Carpentras. En 1574, après l'attaque de Beaumes par les protestants
d'Orange et celle de Modène par d'autres protestants, trente hommes
sont levés dans les villages pour renforcer la garde de Caromb, à
ses frais, bien sûr.
En juillet de la même année, Caromb verse 40 écus d'or
à l'emprunt obligatoire du cardinal d'Armagnac pour financer la guerre,
et ce, juste après la réquisition de 500 pains, 5 barreaux
de vin et 10 florins en numéraire à porter chaque jour au camp
d'Oppède dans le Luberon.
En juillet encore, devant la grogne des habitants, le comte de Villeclaire,
général du Comtat, menace d'envoyer une garnison de cavalerie
sur les villes présumées, si celles-ci refusent de payer les
contributions demandées.
En août 1575, du Puy Montbrun est capturé et paie de sa tête
ses nombreux méfaits. Lesdiguières devient le chef des protestants
du Dauphiné.
La commune participe aussi à
l’entretien de la compagnie du capitaine de Caumont cantonnée à
la Tour de Sabran.
Les Carombais paient de plus belle lorsque le roi, en personne, descend
en Comtat Venaissin et visite les états du Languedoc. Henri III passe
à Piolenc le 9 janvier 1575 : on demande à Caromb et Malaucène
de fournir la nourriture de la cour royale et des compagnies de Suze et
de Mondragon qui l'accompagnent et de livrer le tout à Piolenc.
Le légat-cardinal de Bourbon et le général Martinenque
demandent aux capitaines de requérir les dits vivres sur toute la
ligne que doit parcourir le roi dans le Comtat : le 24 mars 1575, Caromb
doit fournir neuf chevaux de traits destinés à convoyer l'artillerie
et les munitions de guerre de l'armée du Languedoc commandée
par le duc d’Uzès. C’est Antoine Richard qui conduit l’attelage et,
en septembre, on constate la perte d’un cheval et de tous les harnais.
De même, le 7 juillet le cardinal d'Armagnac demande à Caromb,
Beaumes, Aubignan, Bédoin, le Barroux, Crillon et Sarrians et d'autres
encore, de pourvoir à une partie des munitions de l'armée
cantonnée à l'Isle-sur-Sorgue. Il ordonne de plus le paiement
de frais pour poursuite, arrestation et punition de 24 voleurs qui infestaient
le pays.
En novembre, Caromb est mis à contribution pour l’entretien d’une
cavalerie de Caderousse et doit fournir un quintal de foin et quatre éminés
d’avoine chaque jour. Pendant une année entière, Caromb s’acquitte
de cette contribution et paie en florins. En plus, on demande à la
ville de subvenir momentanément aux besoins d’une autre compagnie
cantonnée à Sablet.
Le jeune comte de Sault, François-Louis d’Agout, notre seigneur,
commande des troupes catholiques du côté de Camaret [85].
En 1576, la 9iéme liasse des archives municipales mentionne 10 journées
données par les maçons de Caromb à la fortification
du fort d'Entrechaux. Le clocher de l'église se voit flanqué
d'un guetteur permanent et tout ce qui est un peu en hauteur devient un point
de surveillance : on répare, aménage, réutilise tout
point de guet.
A Mazan, une sentinelle veille jour et nuit au sommet du clocher. Nos communes
demandent à Bédoin de placer des sentinelles dans le Ventoux
et proposent de les rétribuer (1580) (
*51
).
Le 10 février 1577, les troupes du commandant Dagot sont dans nos
murs, après la prise d'Entrechaux par les protestants. L'armée
catholique se concentre à Malaucène pour attaquer Entrechaux.
Caromb nourrit et héberge une compagnie pendant le siège
d’Entrechaux du 26 février au 29 mars 1577. Les protestants sont
devant Bédoin.
En septembre, Caromb subit encore la réquisition du fourrage et
doit fournir 80 pains et un mouton par jour pour le camp de Ménerbes.
Toute activité dans la commune est tournée vers le paiement
des contributions pour les troupes. Les habitants crient famine.
La commune est obligée d'arrêter tout travail d'équipement
ou même d'entretien. A peine voit-on dans les actes quelques dépenses
pour réparer des caves du moulin neuf (1578), payer les pensions,
repaver les rues. On publie des ordonnances pour éviter de vendre
le blé nécessaire aux troupes ; on entretient la cavalerie
; enfin on s'en remet à Saint-Maurice, patron du village et on paie
les pains pour les processions qui lui sont dédiées.
Les huguenots d’Orange commandés par Blacons font encore des courses
en Comtat mettant tout le pays à contribution. Hors d’état
de résister, le Comtat préfère payer chaque année
une contribution de 30.000 écus pour qu’ils restent tranquilles.
François-Louis
d’Agoult, seigneur de Caromb.
Revenons à nos orphelins d'Agoult, fils de notre seigneur François
tué à la guerre. Durant deux années, sa mère,
Jeanne de Vesc régit les propriétés de ses enfants.
Nous sommes en 1578 et le fils aîné François-Louis Artaud
de Montauban d'Agoult a été élevé comme un
grand du royaume de France. Il vient tout juste d'avoir vingt ans, a déjà
participé au siège de Ménerbes et y a été
légèrement blessé [119].
François-Louis récupère les titres et une grande partie
des biens de son père, dont les seigneuries de Caromb, de Saint-Hippolyte
et de Suzette. Il est comte de Sault, de Montauban d’Agoult de Vesc, seigneur
de Montlaur et de Bauchène [137], gentilhomme ordinaire de la chambre
du roi et capitaine d'une compagnie de lanciers de Sa Majesté Henri
III. Il a été gouverneur de Lyon (1562).
Si on en juge par l'acte qui suit, François-Louis
avait une demi-soeur bâtarde :
Le 9 janvier 1577, à Avignon,
noble Pierre Filhol épouse, demoiselle Silvie d'Agoult, avec le «
plaisir, gré et permission » de haut et puissant seigneur messire
François-Louis d'Agoult de Montauban, comte de Sault, qui donne à
l'’épouse 5000 livres ; l'’époux donne à sa future 1200
livres et 120 livres de pension annuelle si elle devient veuve (Vincenti,
n° 372). Le 23 janvier 1577, une quittance de dot accompagne l'’acte.
Le lien de parenté entre Mlle
Silvie d'Agoult et François-Louis d'Agoult de Montauban, comte de
Sault n'’est pas mentionné, mais il s'’agit vraisemblablement d'’une
fille illégitime du père de ce dernier.
Le 18 avril 1578, il épouse une dame dont nous allons beaucoup parler
: Chrétienne d'Aguerre, fille de Claude d’Aguerre, baron de Vienne,
et de Jeanne Hangest-Genlis. Elle a alors 25 ans, est déjà
veuve de son premier mari, Antoine de Blanchefort, seigneur de Canapies,
neveu du cardinal de Créquy, qu'elle avait épousé à
18 ans, et a un fils, Charles de Créquy [119].
Nous reviendrons sur Chrétienne
d'Aguerre, une figure de l'histoire provençale, un véritable
chef politique, qui n'hésitera pas à se servir des armes
et qu'une légende qualifie de "croqueuse d'héritage".
Pour l'heure, Chrétienne et François-Louis s'épousent,
par amour, croît-on, car ils font chambre commune dans leur château
de Savigny [119].
François-Louis gère ses affaires et vient en Provence : il
est à Sault le 2 avril 1580 et règle généreusement
son partage avec son frère et sa soeur. Il leur donne quelques terres
mais garde la seigneurie de Caromb et les terres adjacentes.
Cette année-là, Chrétienne lui donne un premier fils,
Louis, l'héritier mâle des Agoult. Elle veille aussi sur les
intérêts de son premier fils Charles de Créquy, héritier
par son père du titre de duc de Créquy et d'un patrimoine
important.
Généalogie
des Agoult-d'Aguerre-Créquy
Le couple s'entend bien : Chrétienne tient le rôle de femme
de la bonne société dans la mouvance de la famille des Guise,
catholique. François-Louis n'est pas un "politique" et préfère
une vie calme, à peine mondaine, au milieu de ses amis qu'il choisit
plus par affinité que pour leurs idées. Il aime la douceur
de son foyer [119].
Mais les temps ne sont pas favorables à ses penchants naturels,
les guerres continuent et sa place dans la société exige
qu'il prenne partie et participe aux conflits. Hubert de Vins, mari de sa
sœur Marguerite, du côté des Guise, bataille en Provence et
il faut l'aider à établir la Ligue catholique provençale.
François-Louis est nommé général des troupes
catholiques du pays en remplacement du comte de Carces, décédé
le 20 avril 1582. Il fait un court séjour à Sault en 1583,
en profite pour revoir sa famille et rentre très vite auprès
de son épouse. Son beau-frère, le seigneur de Vins, Hubert
de la Garde, est le véritable chef des armées [119].
Les évènements le pousse à revenir en Provence malgré
son refus du poste de lieutenant-général de Provence proposé
par le roi. Il accepte cependant le titre de chevalier de l'ordre de Saint-Michel,
reçoit ce titre à Paris, en profite pour faire un nouvel enfant
à sa femme, revient à nouveau en Provence pour réconcilier
son beau-frère de Vins avec un nouveau gouverneur anti-Ligue et doit,
cette fois, rester avec les troupes. Le comte de Sault guerroie dans les
Alpes, à Sisteron, à Gap, dans le comté de Sault et
dans la vallée de l’Aygues (1585).
Alors que la peste sévit, déjà en 1580/1581 et maintenant
encore en 1586 [33], il est atteint par la maladie durant le siège
de Sisteron et meurt le 18 novembre 1586, lui l'anti-guerrier, l'homme tranquille,
qui ne souhaitait que la présence de sa chère épouse.
Il avait tout juste 28 ans [119].
Son corps est transporté à Caromb où nos cloches sonnent
à toute volée comme elles l'ont déjà fait pour
son père. Il est ensuite inhumé dans le caveau familial de
l'église de Sault.
On cache son décès à sa femme enceinte, Chrétienne
d'Aguerre, jusqu'à la naissance de son enfant, Philippe, en décembre
de la même année : elle n'apprendra la mort de son mari que
le jour de Noël [119].
Femme forte, elle réagit très vite, et après avoir
demandé que le noir soit tendu dans les églises des propriétés
de son mari (Caromb, Sault, Paris, Savigny), que les gens de maison portent
le deuil et que partout on exprime la douleur, elle appelle ses notaires
et prend les premières mesures : le roi lui accorde, un mois plus
tard, la tutelle de ses enfants et la gestion des biens des Agoult [119].
Son bébé, Jean-Louis, décède bientôt
et elle se réfugie à Savigny. De là, elle gère
ses domaines provençaux, Sault et Caromb, avec l'aide de ses beaux-frères.
Les guerres de religion sont à leur maximum : les Guise catholiques
sont prêts à prendre le pouvoir. Henri III en a peur et les
fait assassiner. Les conséquences provençales sont immédiates
et Chrétienne d'Aguerre pense qu'il est nécessaire de descendre
en Provence pour sauvegarder les biens de ses enfants et soutenir la Ligue.
En 1579, le percepteur, Antoine Rostagny ou Rostaing, perçoit 1.200
florins pour les tailles de Caromb. La commune prend avocat en la personne
de Théodore Garcin de Carpentras pour récupérer la
somme que le percepteur de la communauté, Esprit Trouchet, aurait
emporté, en s'attaquant à ses ayants-droits. On se défend,
à Caromb, même contre le fisc ; qui l'eut cru ? Et, s'il le
faut, on négocie avec le percepteur des délais de paiement
comme l'atteste le sursis accordé à Etienne Guichard, fermier
du moulin des os, pour 300 écus, le 11 octobre 1601.
La peste, après
la guerre.
La peste, qui revient encore en 1580, tue beaucoup de personnes des deux
camps et calme les esprits.
La paix est revenue, la peste a disparu. Quelques bonnes récoltes
font louer le seigneur : 6.000 pèlerins des villages du Haut Comtat
montent à la Sainte Croix du «mont Ventour » pour la
Pentecôte 1583 [120]. Au mois de mai 1584, les processions de Beaumes,
d'Entrechaux et de Vaison, retournant du « Ventour », passent
par Caromb où la municipalité leur offre une collation (
*52
).
Mais les prières ne suffisent pas et en 1586 et 1587 la peste est
à nouveau là. Le Barroux la subit pendant trois mois jusqu'en
février 1587, de même que Beaumes qui compte 256 morts. Caromb
n'est pas épargné. Le pays est exsangue ; la misère
et la famine sont le lot commun ; "on voit les hommes et les enfants brouter
l’herbe dans la campagne " (*53
) ; les loups descendent du Mont Ventoux jusqu’à
Bédoin où on doit les chasser.
Le 2 août 1588, la communauté de Caromb se plaint aux élus
d’avoir été imposée plus qu’elle ne devait l’être,
en se basant sur son cadastre rédigé en 1418 et toujours employé
[39].
Mais des razzias des huguenots continuent encore un peu et Dominique Grimaldi,
archevêque et vice-légat d'Avignon, organise deux compagnies
de chevaux légers et demande aux communes les bêtes de trait
et les charrettes nécessaires (1589). La même année,
Caromb fournit encore 4.000 pains de 10 onces chacun, 12 salmées de
vin et 12 salmées d’avoine à transporter tous les 15 jours
à Carpentras, et, avec Mormoiron, entretient une cavalerie du seigneur
Conchette à Cavaillon. Nos consuls sont pressés par l’autorité
du Comtat pour répartir les dépenses de guerre entre les habitants.
Ceux qui ont des terres à Serres et qui habitent Caromb refusent
de payer un vingtain réclamé par Carpentras.
Le Comtat, en 1583, puis en 1589, subit la pression du roi de France qui
voudrait bien accaparer cette "enclave". Il propose au pape d'échanger
nos états du Comtat contre le marquisat de Saluces! Le pape refuse
[33].
Une paix conclue le 31 mai 1589 entre le Comtat et la principauté
d’Orange assure la protection des protestants du Comtat et la jouissance
réciproque des biens possédés dans les deux pays. Lesdiguières
et Hector de Mirabel signent l’acte pour les protestants alors que le vice-légat
d’Avignon, Dominique Grimaldi, représente les catholiques. Les rapports
se normalisent.
Le calme revenu, la commune constate que la guerre lui a coûté
très cher. Elle a des dettes et doit 13.129 florins à Caderousse.
On emprunte 500 écus à Jérome Crivel d’Avignon. La
défense de la religion a coûté cher à toutes les
communautés de l’état papal, mais à aucun moment la foi
n’a été ébranlée.
Après la paix de Nîmes, et jusqu'en
1606, Caromb rembourse ses dettes.
La prospérité revient et, avec elle, un nouvel essor
démographique, en grande partie dû à l'immigration.
Carpentras construit son premier collège entre 1589 et 1594 [33].
Les Pénitents
noirs.
Après les guerres de religion, l'Eglise pousse la Contre Réforme
et apparaissent les pénitents : les Cinq Plaies sont à Caromb
et à Mazan en 1567, à Pernes depuis 1546. Les anciennes confréries
se regroupent au sein de celle de Corpus Domini inspirée par l'évêque
et de nouvelles confréries se créent dans tout le Comtat ;
quelques “chasses aux sorcières” marquent aussi la Contre Réforme
: certains sont accusés de s'être donnés au diable,
sont arrêtés, torturés et parfois brûlés
vifs dans nos villages, entre autre à Caromb et au Barroux : 14 personnes
meurent ainsi dans le Comtat [33].
La Confrérie des pénitents noirs vient s'installer dans notre
village (1586) pour soulager toutes les douleurs. Aussi appelée "Confrérie
de la Miséricorde", portant l'habit noir avec cagoule de la même
couleur et le cordon rouge, cette confrérie prête son concours
pour secourir et soigner les malades et les miséreux. Elle s'installe
au centre du pays et prend possession de "sa" chapelle. Elle a sa fête
pour la Saint Jean Baptiste, le 24 juin[39].
Cet ordre reste à Caromb jusqu'en 1882 [98].
Aux alentours, Mazan appartient aux Sade en 1588-89 et la seigneurie de
Beaumes passe des Peyre aux Fortia, vendue, le 11 septembre 1604,
pour le prix de 64.500 livres tournois.
Chrétienne
d’Aguerre et les guerres en Provence (1590-1601).
Revenons à Chrétienne d'Aguerre, veuve de notre seigneur
d'Agoult. Suivons-la lorsqu’elle arrive en Provence, au début de
l'année 1589, après un voyage éprouvant de vingt à
vingt-cinq jours. Elle choisit de s'installer à Aix où elle
pense pouvoir influencer les évènements provençaux.
Elle ordonne d'armer ses fiefs de Provence : 30 soldats à Sault, 10
à Roussillon, 10 à Saint-Saturnin et d'autres à Châteaurenard.
Rien de semblable pour son fief de Caromb, car le Comtat est calme [119].
Elle s'impose vite parmi les personnalités importantes de Provence,
au milieu des nobles locaux, à la tête de la Ligue catholique,
n'hésitant pas à visiter les troupes amies près d'Aix
pour leur redonner courage.
Lorsque Henri III est assassiné, le 1er août 1589, Henri de
Navarre, un protestant, devient roi de France. Tous les chefs militaires
huguenots de la région, la Valette (Provence), Lesdiguières
(Dauphiné) et Montmorency (Languedoc), se regroupent pour attaquer
la Ligue catholique provençale. C'est le temps des grandes manœuvres
et Chrétienne d'Aguerre ne voit qu'un moyen de sauver les catholiques
: faire appel au puissant voisin, le duc de Savoie, dont le territoire s'étend
de la Savoie au Piémont et au comté de Nice.
La décision ne fait pas l'unanimité
chez les Ligueurs de Provence. La comtesse de Sault s'oppose au comte de
Carcès. Le parlement de Provence ne voit pas cette aide d'un bon œil
[119].
Poussé par l’Espagne, avec l’accord du pape et avec la promesse
des catholiques provençaux de le reconnaître comme leur comte
et seigneur, le duc de Savoie s’engage à conquérir la Provence
[72].
Le parlement de Provence éloigne une partie des troupes de la comtesse.
Meyrargues, commandant de ces troupes, revient au parlement et, devant les
magistrats assemblés, parle très hardiment et très
violemment contre l’arrêt éloignant les troupes. La comtesse
fait circuler le bruit que le parlement s’oppose à l’arrivée
du duc. Elle réunit à l’Hôtel de ville une forte assemblée
et fait conduire deux couleuvrines devant le Palais (15 mars 1590). Le peuple
partage les sentiments de la comtesse et se porte devant le Palais. Le
parlement place une compagnie sur la place et une dans la conciergerie.
Les magistrats, vêtus de leur robe rouge, viennent haranguer le peuple.
Meyrargues s’avance à la tête de quelques hommes d’armes et
les magistrats prennent fuite [119].
La comtesse fait attaquer le Palais par le conseiller de Castellane avec
trois cents arquebusiers. Trois défenseurs sont tués dans
la salle. Le parlement est dispersé et les plus énergiques
sont arrêtés. Le comte de Carces se retire à Avignon
[119].
Comme on le voit notre seigneur de Caromb, Chrétienne d’Aguerre,
joue un rôle politique et militaire de premier plan dans les évènements
provençaux.
Charles Emmanuel 1er de Savoie entre en guerre avec la France, prend
part aux luttes et envahit la Provence en 1590, afin d’affirmer, dit-il,
ses droits à la couronne de France, en tant que petit-fils de François
1er par les femmes [52].
Plus au nord, par la prise de Grenoble en 1590, Lesdiguières est
maître du Dauphiné. Fin politique, il cesse d’être un
partisan pour servir Henri de Navarre. Il impose le calme et défend
sa province contre les assauts que la Savoie, profitant des circonstances,
lance contre lui [55].
Le duc de Savoie avance à la tête d’une forte troupe et, en
novembre, soupe chez notre comtesse de Sault dans la bonne ville d'Aix.
Il guerroie sur les bords de la Durance, du côté de Pertuis,
pendant que notre comtesse attaque Marignane et s’en empare.
Comprenant que le duc travaille pour son compte, en plaçant comme
gouverneur des lieux des hommes de son choix sans la consulter, elle se
sépare ouvertement de lui [119].
En effet, le duc joue son propre jeu et s’allie alors avec le comte de
Carces, afin de demeurer en Provence et d’affermir son pouvoir.
La comtesse fait élire, à Aix, capitale de la Provence, des
consuls-procureurs dont elle est sûre. Elle essaie d’attirer le duc,
maître d’Arles, afin de faire le siège de Puech qui est au
pouvoir des royalistes, mais, le duc la trompe et, se sentant aux portes de
la ville d’Aix, entre dans la ville par surprise. Ses partisans prennent les
armes aux cris de « A bas la comtesse ». La dame de Sault
et son jeune fils, le duc de Créquy, issu de son premier mariage, sont
fait prisonniers. La comtesse doit être poignardée , mais grâce
à son intrépidité et à sa parole ardente, elle
subjugue ses adversaires qui se retirent. Elle en profite pour se déguiser
en savoyard, le menton couvert d’une barbe longue et épaisse, et s’évade
avec son fils, lui-même déguisé en paysan. Ils gagnent
Marseille [119].
Arrivé à Aix, le duc de Savoie se fait reconnaître
“ protecteur et commandant en chef en Provence, pour conserver la province
dans la religion catholique à la couronne de France ” [21].
Il est cependant battu à Vinon (1591), revient à Aix pendant
que le bassin du Var se révolte. Le 30 mars, il retourne à
Nice, après avoir sacrifié 5.000 Espagnols et Piémontais,
son artillerie et un million d’écus.
Chrétienne, en sécurité, ne reste pas inactive et
se rend populaire en obtenant la libre circulation du blé du Languedoc
vers la Provence, car la guerre a amené la disette. Elle négocie
avec l'Espagne, se rend compte que les temps ont changé et que la
réconciliation est proche entre les diverses factions. De son château
de Sault, où elle s'installe, elle discute avec Lesdiguières
tout en gérant ses propriétés. Son livre de comptes
de 1593 décrit les actes de Sault, de Caromb, comme de ses autres
fiefs [119].
Henri IV se convertissant au catholicisme en juillet de la même année
ramène le calme dans le pays. En janvier 1594, Chrétienne
expédie son fils Charles de Créquy auprès du roi, en
véritable otage, pour montrer sa volonté d’œuvrer pour la paix
et entrer dans les bonnes grâces du roi. Elle se fait appuyer par une
lettre de Lesdiguières (*54
).
Le duc de Créquy fait ses armes en Champagne et Picardie contre
le duc de Lorraine.
En Provence, Chrétienne s'oppose au nouveau gouverneur, le duc d'Epernon,
qui tente de s'imposer. Il doit mettre le siège devant Aix. Chrétienne
fait appel à Lesdiguières qui descend en Provence, attaque
d'Epernon près de Sénas, puis, en mai 1594, libère Aix.
Chrétienne a d'excellentes
relations avec Lesdiguières et trouve là une chance pour son
premier fils, Charles de Créquy : elle le marie avec Madeleine Bone-Lesdiguières,
fille unique de Lesdiguières. Le mariage a lieu le 14 mars 1595,
à Grenoble [119].
Elle obtient d'Henri IV, en août 1595, le retrait du gouverneur d'Epernon.
Celui-ci est vite remplacé par le duc Charles de Guise qui rallie
tous les partis de Provence.
Les guerres de religion sont terminées pour la Provence et Chrétienne,
satisfaite du travail accompli, rentre à Paris.
Henri IV permet au Comtat d'acheter 500 charges de blé dans les
provinces voisines pour conjurer la disette de 1596. Cette année
là, peut-être à cause de cette disette, nos villageois
s'élèvent contre la défense de chasser : Bédoin,
Crillon, Caromb, le Barroux et Aubignan, tous solidaires, font la demande
en même temps [33].
Lesdiguières et son gendre Charles de Créquy, fils de Chrétienne,
continuent à batailler et à remporter des victoires dans
les Alpes, lorsque la France et la Savoie se disputent au sujet du marquisat
de Saluces (97-98). La paix de Vervins met fin aux combats le 2 mai 1598
[72] et la Savoie doit rendre sa dernière place occupée en
Provence (Berre). Charles de Créquy, un temps prisonnier, est libéré
et s'en sort avec une belle réputation d'homme de guerre, semblable
à celle de son beau-père [119].
La fin de la guerre entraîne le renvoi des troupes et des discussions
avec le pape sur le partage des frais de guerre et sur la diminution des
charges [33]. Le Comtat paie le retrait de Lesdiguières et de ses
troupes.
Chrétienne, fière de son fils, continue de gérer ses
domaines provençaux par l'intermédiaire de ses procureurs
et réussit, après de nombreux procès à se faire
reconnaître comme baronne de la Tour d'Aigues [119].
En Dauphiné, Lesdiguières s’attache à maintenir la
paix civile et à remettre en route la vie économique. Lieutenant-général
du Dauphiné, il gère les affaires avec une grande habileté
et une impitoyable rigueur. Il impose aux protestants, comme aux catholiques
la coexistence prévue par l’Edit de Nantes, souvent mal acceptée.
Seigneur de nombreux fiefs, richissime propriétaire, il devient un
des plus puissants personnages du royaume. Son abjuration, en 1622, lui
permettra d’obtenir l’épée de connétable, honneur
suprême. Il sera le dernier à porter ce titre [55].
Fine politique, véritable guerrière, Chrétienne a
marqué l'histoire de la Provence. Nous allons la retrouver, à
nouveau, dans une affaire plus controversée, celle de l'héritage
des Agoult et des Vesc, dont fait partie la seigneurie de Caromb.
Chrétienne
d'Aguerre et ses enfants d'Agoult.
En l'an 1600, Louis d'Agoult, aîné des enfants du comte de
Sault et second fils de Chrétienne d'Aguerre, a 17 ans. Il est l'héritier
de la fortune des Agoult et de tous les titres : d'Agoult, de Montauban,
de Vesc et de Montlor, comte de Sault, baron des baronnies de Grimaud, Châteaurenard
et Roussillon, seigneur de la Tour d'Aigues, Lourmarin, Savigny-sur-Orge
et de Caromb. Sa mère s'est occupée sérieusement de
l'éducation des enfants, employant une foule d'instructeurs, maîtres
en mathématiques, musique, danse, armes et équitation [119].
Comme tous les nobles de l'époque, il est attiré par les
voyages vers le pays de la Renaissance, l'Italie, et vers les autres merveilles
d'Europe. Il décide de partir pour trois ans avec son frère
Philippe. Les voyages n'étant pas encore très sûrs, il
prend ses précautions et laisse un testament en faveur de sa mère
[119].
Leur sœur Jeanne épouse le 5 juin 1602 Claude-François de
la Baume, comte de Montrevel, seigneur de Bon Repos. Une alliance avec un
autre grand nom de France.
Au retour du grand voyage des deux frères, le cadet, Philippe prend
le titre de marquis de Montlor et épouse Marie de Raymond, fille
du marquis de Maubec, comte de Montlaux, et de Marie de Maugiron, une provençale
[119].
Toute cette jeunesse mène une vie dorée à la cour
de France, auprès du roi Henri IV et de Marie de Médicis,
mêlant plaisirs et duels, en compagnie de leur demi-frère
Charles de Créquy auréolé de ses victoires sur la
Savoie. Visiblement, le climat familial est bon et la famille accumule
les richesses. Chrétienne hérite encore des nombreux domaines
de sa mère Jeanne, en 1606 : Vienne-le-château, Montmort, Challerange,
Sampigny, Pont-sur-Meuse et Moyencourt [119].
L'hiver 1607, elle est à nouveau à Aix, avec sa belle-fille,
Marie de Montlor. Le 16 janvier 1608, cette dernière entre en possession
de la seigneurie de Modène quelque temps contestée, mais malheureusement,
son mari Philippe, fils de Chrétienne, décède ce même
mois de janvier.
Chrétienne vient de perdre le premier de ses enfants d'Agoult [119].
A peine une année plus tard, le 1er février 1609, notre seigneur
Louis, aîné des Agoult, après s'être occupé
le 14 janvier des revenus de ses terres de Caromb, Saint-Hippolyte et Suzette,
meurt de maladie. Avec lui s'éteint le dernier héritier mâle
des Agoult. Reste leur sœur, Jeanne, épouse de la Baume-Montrevel
[119].
Chrétienne, par le testament de Louis, récupère tous
les biens des Agoult et des Vesc, au détriment de Jeanne, et devient
seigneur de Caromb. Ayant besoin d’argent, elle vend ses moulins, son four
et ses granges des bois à la communauté carombaise pour 10.000
écus. Un excellent investissement de la commune qui supprime ainsi
les redevances seigneuriales pour les années futures.
Elle fait, à son tour un testament, le 13 avril 1609, en faveur
de son fils aîné, Charles de Créquy, qui se trouve
ainsi potentiellement l'héritier en titre de tous les biens de sa
mère, y compris les biens des Agoult et des Vesc, auxquels il n'a
pas de droit de sang [119].
Pour l'heure, il est maître
de camp au Régiment des Gardes, remplaçant le brave Crillon.
Henri IV vient d'être assassiné par Ravaillac, Louis XIII
est bien jeune et Marie de Médicis est régente du royaume.
Deux ans plus tard, Chrétienne meurt à son tour dans son
hôtel de Paris, de la même maladie que son fils, le 7 avril
1611, à l'âge de 58 ans, après une vie bien remplie.
Dès l'ouverture de son testament, en juin, qui fait de Charles de
Créquy l'héritier universel de sa mère, sa demi-sœur
Jeanne d'Agoult intente un procès et conteste les testaments. Naît
alors la légende d'une Chrétienne d'Aguerre croqueuse d'héritage.
Les terres de Caromb sont à Charles de Créquy : Etienne de
Vesc, dans son mausolée de l'église de Caromb doit se retourner
dans sa tombe et Jeanne d'Agoult de Vesc se défend bec et ongle.
Charles n'en a cure et n'a aucun scrupule à ajouter à son
nom et à ses armes les armes et les quartiers de noblesse des familles
d'Agoult et de Vesc.
Une véritable bataille s'engage autour de la propriété
de Savigny occupée par les gens de Jeanne, vite reprise par Charles,
à nouveau prise d'assaut par la population de Savigny dévouée
aux Agoult. Charles envoie sa troupe, mais Jeanne s'interpose en personne
et l'emporte par sa fougue. Juridiquement, elle gagne son procès
et ses droits sont reconnus sur Savigny et sur les seigneuries de Caromb et
de Grimaud [119].
La seigneurie de Caromb échappe au détournement de fortune
et toujours en 1611, revient aux Agoult-Montrevel. Etienne de Vesc peut
se rendormir tranquillement dans son tombeau de Caromb, ses terres restant
dans sa descendance directe.
Cette querelle d'héritage ne dure pas et les relations entre Créquy
et Agoult-Montrevel se normalisent très vite. Lorsque Jeanne d'Agoult
meurt le 8 septembre 1619, aux bains de Vic-le-Comte en Auvergne, des suites
d'une grossesse difficile, c'est Charles de Créquy qui est nommé
tuteur de ses enfants.
Jeanne a voulu être ensevelie à Caromb, et sa dépouille
est déposée dans la sépulture des seigneurs de la
maison de Vesc, en l’église de notre commune.
Claude-François de la Baume-Montrevel, son époux, est maître
de camp au régiment de Champagne. Il est tué en 1621 pendant
le siège de Saint-Jean-d'Angély.
Charles de Créquy, après avoir été notre seigneur
pendant quelques mois en 1611, poursuit une carrière militaire remarquable.
Il est nommé Maréchal de France alors que son beau-père
Lesdiguière obtient le grade suprême de Connétable.
Les Créquy-Lesdiguières accumulent les richesses de tous leurs
parents : les biens des Créquy, ceux de Lesdiguières, ceux
de Blanchefort, ceux du Comte de Sault, et Châteaurenard, la Tour
d'Aigues et Lourmarin des Agoult. Par des mariages croisés de leurs
enfants, ils s'unissent à Sully, aux Retz, aux Villeroy, tous grands
du royaume. Charles de Créquy est substitué au nom, aux armes
et au duché de son beau-père [137].
Il est tué le 17 mars
1638, alors qu'il commande l'armée d'Italie au fort de Créma.
A cette époque, la cartographie a bien progressé et le pape,
à Rome, toujours possesseur de notre Comtat, fait établir
quelques cartes de notre région donnant une vue plus précise
de nos villages au pied du Ventoux :
- « Venvxini comita
tus nova descr. », de 1580, donne une image des environs de Caromb.
L’orthographe du village, Caromb, est correcte, alors que les noms d’autres
bourgs varient au bon vouloir des géographes et autres cartographes,
même s’ils travaillent pour la plus haute autorité du pays,
le pape. Ainsi nous trouvons ; Bedouin, Maudene, Serce, Aulbignan, Monnoieron,
Flusia (Flassans), Malauerne.
« Avenio Urbs antique
venaisinus », carte peinte sur le mur d’une galerie du Vatican, vers
1580, nous montre : Caromb, Bedouin, Maudene, Serre et Malaucene.