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Chapitre V.
Les grandes invasions.
Lorsque débute la décadence de l’empire romain d’Occident,
sous le règne de Décius (200-251), les barbares passent les
Alpes vers l’Italie. Dans nos vallées, par les cols de l’Autaret,
de St Véran et d’Agnel, ils passent dans le Val Varaita, faisant la
razzia et détruisant tout, en de successives vagues d’assaut.
Wisigoths, Burgondes, Ostrogoths
(406-536).
Les Wisigoths, venant d’Allemagne, atteignent la Durance en l’an 400. En
401, ils passent en Italie. Avec Alaric, ils traversent les terres des Liguri
Vagienni, après avec franchi les monts qui séparent le Queyras
du Val Varaita. Ils descendent, par Casteldelfino, vers les vastes plaines
qui s’étendent sur la rive droite du Tanaro, occupant complètement
le pays des Vagienni. Mais, battus près d’Alba, ils doivent retourner
en Gaule. Revenant d’Italie, ils pénètrent en Provence et s’y
installent (416), après être allé jusqu’à Rome
(410).
En 419, commencent à déferler les Barbares, les Alains, les
Suèves, puis les Francs. Puis les Burgondes arrivent par la vallée
du Rhône et la Savoie (443) et aident à repousser les Huns,
près de Troyes (451). Ces Huns vont fonder le royaume d’Odoacre
(lieutenant d’Attila) en Italie. En 468, ils fondent un royaume allié
de Rome et les communications redeviennent normales.
Les Burgondes arrivent dans la Haute
Durance (456), venant de Savoie, et descendent jusqu’à
la Basse Durance (461).
Bien que l’histoire n’ait pas enregistré
le lieu précis de leur passage dans les cols alpins, C. Allais nous
raconte qu’il est probable que les Burgondes du Dauphiné aient choisi
les chemins les plus faciles et les plus commodes, par les col Agnel, St
Véran et Longet, pour surprendre et saccager les Liguri Montani de
la haute et la basse vallée Varaita et qu’ils ont pénétré
les autres vallées et la plaine environnante, apportant la désolation
et l’extermination.
Pourtant, l’étude des systèmes de construction des habitations
semble montrer que les Burgondes s’installent dans le Queyras , mais pas
de l’autre côté des Alpes.
Il est connu qu’ils rapportèrent sur leurs territoires tout ce qui
leur tombait sous la main _objets, bestiaux_ et qu’ils prirent quelques milliers
d’hommes comme esclaves. Ces vallées devinrent alors incultes et désertes.
Puis les Burgondes descendent vers la basse Durance, où ils sont
arrêtés par les Wisigoths entre 476 et 480. Avignon est un
ville burgonde, alors que le sud de la Durance, Arles et Marseille restent
wisigoth.
Notons que le christianisme s’accommode des nouveaux arrivants et continue
sa progression.
La fin de l’empire romain.
La chute de l’empire romain, en 476, ne fait pas grand bruit dans nos régions.
Une lutte sanguinaire oppose alors Odoacre et Théororic (Teodorico)
pour le titre de roi d'Italie.
En 493 commence la domination des Ostrogoths, en Italie. Teodorico, le grand,
gouverne sagement le pays rendant aux italiens les terres prises par les
gens d’Odoacre, fait de bons accords avec les nations, relance l’agriculture
et le commerce, favorise les lettres et les arts, rétablit le bon ordre
et repeuple l’Italie.
Teodorico est très amer contre les Liguri car ceux ci étaient
du côté d’Odoacre qu’ils avaient reconnu comme souverain. Il
était prêt à les laisser dans leur extrême délabrement,
les considérant comme ennemis. Par décret, il les dépouille
de leurs biens, annulant les situations établies et enlevant leur
liberté civile. Cette mesure de rigueur, entraîne un bouleversement
dans une région importante de l’ Etat. Les ligures s’en remettent
à St Epiphanie, évêque de Pavie, qui a la confiance de
Teodorico. Accompagné de Saint Laurent de Milan, l’évêque
défend la cause des ligures, montrant le désordre provoqué
par ce décret et le roi pardonne à tous exceptés ceux
qui s’étaient fait connaître comme les plus chauds et les plus
hostiles à son égard. A ce résultat positif, l’évêque
en ajoute un autre : il obtient de Teodorico qu’il fasse libérer
les ligures qui avaient été chassés de leurs terres
par les Burgondes et qui étaient prisonniers en Gaule. 1000 prisonniers
sont libérés gratuitement et d’autres sont rachetés
par l’argent des personnes riches et pieuses de Gaule, que les évêques
arrivent à convaincre. Ils obtiennent, en plus, que les personnes
soient réintégrés dans leurs biens et dans leurs états
d’origine.
Les Ostrogoths, peu à l’aise dans les cités, préfèrent
la vie simple et laborieuse des campagnes ; beaucoup gagnent les Alpes, pour
chercher dans les vallées et les montagnes une vie plus tranquille
et un climat moins tempéré, mais plus sain et plus en rapport
avec leur constitution physique forte et robuste
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L'insécurité règne partout, on voit se multiplier les
attaques de brigands, les pillages et les viols, les rapts et les assassinats.
Les villages se barricadent. Ainsi se multiplient les hors-la-loi, les réfractaires
et les insoumis. Les moines fondent des abbayes isolées et fermées
sur elles-mêmes, forteresses de la foi, closes sur une volonté
de se maintenir la tête hors du monde.
Puis les Ostrogoths passent en Provence (508).
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L’empereur romain d’Orient, Justinien envoie le fameux général
Belisario reprendre l’Italie.
Les
Ostrogoths se battent donc contre les grecs de Justinien, s’allient à
Teodeberto, roi d’Autriche, à qui ils offrent les provinces qu’ils
possèdent en Gaule. Mais celui-ci refuse ce don et reste, dans un
premier temps, neutre, puis décide à son tour de soumettre l’Italie.
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