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L'Histoire :
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 II  1200-1713
 III  1713-1861
 IV  >1861

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Chapitre IV.   La guerre de sucession d’Autriche (1742-48).
 

        La mort de l’empereur d’Autriche, en 1740, déclenche une nouvelle guerre de succession. Les rois de France, de Prusse, d’Espagne, de Naples, de Pologne et de Sardaigne réclament en totalité ou partiellement l’héritage de l’empereur. Les alliances se créent : Charles Emmanuel III fait cause commune avec les Anglais pour soutenir la fille de l’empereur, Marie-Thérèse, et ils s’opposent au roi de France, cette fois allié avec les Espagnols   [72]
        Les  "Gallispans", troupes franco-espagnoles, s’opposent aux Anglo-Sardes. En conséquence du traité de Worms, Louis XV, roi de France,  déclare la guerre à Charles Emmanuel III, avec l’intention de reprendre ce qu’il avait dû céder au Piémont en vertu de l’article 4 du traité d’Utrecht.

        Pour ne pas faillir à la tradition, nouvelle volte-face de la Savoie (maintenant devenue sarde) qui s’allie avec l’Autriche en 1742. Echec franco-espagnol de la tentative de pénétrer dans le Piémont par la vallée de Barcelonnette, mais ils envahissent la Savoie, le comté de Nice et passent en Italie. Les Français voient une occasion de récupérer les vallées perdues au traité d’Utrecht.

a     On se reportera au chapitre " Bataille de la Battagliola "
           pour l'histoire de ces formidables batailles du Val Varaita.

Résumé pour l'année 1743.

        Pendant l’été 43, les franco-espagnols sont dans le Queyras et l’Ubaye, alors que les sardes renforcent leurs défenses dans la Castellata.
        Le roi de Sardaigne en personne visite les postes de Pont et de Bellino et ordonne que les 3000 mules disponibles viennent apporter tout le fourrage possible, afin que l’ennemi se retrouve sans approvisionnement.
        Le col Agnel est franchi le 3 octobre 1743 par 14 bataillons espagnols et 12 bataillons français venus de Guillestre et de Ceillac par le col de Saint Véran. 25.000 hommes campent à La Chenal (Chianale),  face à Charles Emmanuel installé à Pont, qui a eu le temps de renforcer ses défenses. La population doit fournir le foin, la paille et le bois : 50.000 pieds d’arbres seront nécessaires, un désastre forestier ! Après 3 jours d’arrêt les armés gallispanes descendent vers le château de Pont. Un détachement cherche à pénétrer dans la vallée de Bellino, mais est repoussé par les Piémontais. La bataille tourne en faveur des Piémontais, faisant 8.000 tués côté franco-espagnol et seulement 200 pour les piémontais. Les franco-espagnols retournent par le Col Agnel, harcelés par l’ennemi et repassent dans le Queyras. A Molines, ils doivent brûler tout ce qu’ils trouvent : planches et portes de maison pour se protéger du froid. La plus grosse partie de l’artillerie sera perdue dans le col.
        Mais à Chianale, dans les 3 mois qui suivirent, une épidémie tua 70 personnes sur 500 habitants.

        Laissons le  Général Guillaume, du Queyras, nous raconter cette histoire :
« En 1743, dans le Queyras : Le général espagnol Las Minas dispose de 14 bataillons espagnols  auxquels se joignent, sous les ordres du prince de Conti, 12 bataillons français venus par Guillestre et Ceillac. Il dispose en outre de 20 canons. Le col Agnel n'est franchi qu'au début octobre, époque tardive pour une telle entreprise à si haute altitude. La passe du Crapon ayant été minée, l'artillerie passe par le vieux col Agnel. Le 6 octobre, toute l'armée à l'effectif de 25 000 hommes campe vers La Chenal. Au-delà, elle se heurte aux Piémontais de Charles-Emmanuel retranchés dans d'excellentes positions. Elle est rejetée avec de lourdes pertes. Et voici que, brusquement, une violente tempête de neige s'élève. La retraite est ordonnée. Harcelée par les Piémontais et leur artillerie, elle ne tarde pas à se transformer en une déroute complète. L'artillerie est abandonnée avant d'avoir pu atteindre le col Agnel. Conduite à Turin, attelée à des mulets pris aux Espagnols, elle y sera exposée triomphalement ».

Les “Transitons”, cités par Jean Tivollier, donnent de cette désastreuse campagne la version suivante :   «  L'an 1743, au mois d'octobre, dom Philip, fils du roy d'Espagne, avec son armée étant de cinquante mille hommes, ont commencé à passer au présent lieu de Molines, pour s'en aller en Italie, ayant fait un camp au lieu du Serre appelé la Chirouse et un autre à Costeroux, à la Gravière des plans, à Revelet, au clot dal Cougnas, au clot de Coste Laurière ; de même, il y en avoit aussi au pont des Marous, au pra dal Bois, à la Chalp-Ronde, sans compter ceux que nous avions dans les maisons, plusieurs capitaines et soldats avec leurs ordres et plusieurs artilleries et brigades dont nous avons été obligés et même forcez à fournir quantité de foin et de paille et outre le bois qu'ils ont coupé dans la commune, étant au nombre de cinquante mille pieds d'arbres, il nous a fallu fournir quantité de bois, tant pour la cuite du pain de munitions que pour le corps de garde ».
«  Quelque temps après, ayant décampé pour suivre leur chemin, ils sont passés à La Chenal tranquilles, mais étant arrivés au chasteau de Pont, le roy de Sardaigne y estant fortement retranchez avec son armée et ayant fait de grands retranchements, le combat, étant donné la façon que les canons et coups de fusil de l'armée du roy de Sardaigne ayant ronflé sur l'armée dudit dom Philip, de sorte qu'il est resté à la bataille 8.000 hommes, sans que l'armée dudit dom Philip en aye peu tuer que 200. Il est vrai que les mignons (ou mignots) en ont tué quelques-uns dans les montagnes. Dont il y avoit une grande extrémité ; le pain de munition se vendait 3 livres chaque pain. Et les espions ont rapporté que la reine Dongrie (de Hongrie) avoit en chemin onze mille hommes, avec douze pièces de canon pour ayder au roy de Sardaigne et en cela le dit dom Philip a esté obligé, avec son armée restante, de s’en retourner sur ses pas et ils ont encore aussy passé au présent lieu de Mollines dont le passage nous a fayt plus de mal en venant qu'en allant et ils ont brûlé les planches des couverts, les portes des maisons, laditte armée estant réduite à l'extrémité tant pour le pain que pour la gellée de froid qui faisoit en ce temps-là, qu'il en resta sur la montagne environ 150 hommes et 1’artillerie estant presque la dernière, ne pouvant pas avancer, les Vaudois lui ayant donné dessus, et ils ont pris la plus grosse partie de façon qu il y a des capitaines qui ne leur est resté que l'habit qu'ils avoient sur le corps et ce sont aussy emparés des canons quy étoit au nombre de douze grosses pièces, sans y comprendre les petites de campagne. Ils ont été traduits à Turin, ledit dom Philip a quitté dicy avec son armée nous ayant réduits en grand dommage ; nous a laissé aussy plusieurs maladies savoir tant dirrées (diarrhées) que fièvre maline quy a causé la mort à plusieurs personnes ».
 

Résumé de l'année 1744, bataille de la Battagliola.

        L’année suivante, le Prince de Conti (français), lance ses troupes contre les forces de Charles-Emmanuel rassemblées entre la Stura et la Varaita, dans une offensive qui va de la Tinée au Sud,  jusqu’au Queyras, au Nord.
        60.000 hommes et 10 000 chevaux attaquent le Piémont. La colonne du nord, avec 10 bataillons sous le bailli de Givry, venant de Guillestre franchit le col du Longuet et arrive au sommet du Val Varaita. Passe-t-elle derrière la “Salsa”? descend-elle derrière Ferra ou sur la haute vallée de Ruy, à Bellino?, rejoint-elle le chemin du col de l’Autaret au Plan de Ciol, d’où arrive sûrement d’autres troupes? et arrive-t-elle à St Anne, au fond de la vallée, pour remonter immédiatement vers la crête, vers le col de Bondormir? Le 19 juillet 1744, grâce au brouillard (à la nebbia), elle surprend les Piémontais, enlève d’assaut la redoute qui barre la crête étroite de  Pietralunga (Pointe de Battagliola). Même la redoute (terme militaire) de Montecavallo, forte de 7 bataillons et de nombreux canons, dut céder après une furieuse et sanguinaire bataille. Bataille sur les sommets du Val Varaita, descente jusqu’à Sampeyre évacuée par le roi de Sardaigne.

        Après cette bataille de juillet 1744, le bailli de Givry autorise un sac de trois heures, tant à Château-Dauphin qu’à Bellines.
        Le 12 octobre,  les Français rentrent chez eux.
 

        Il parait que, pendant plusieurs jours, le torrent Varaita coulait rouge,...
 

        Le Col de l’Autaret vient de subir la période la plus triste de son histoire. A ces pieds, c’est la désolation : Bellino est saccagé et nos ancêtres souffrent. Neuf générations avant nous, ils ont vécu cette période mouvementée.

        Nous possédons bien d’autres documents sur cette bataille : les délibérations des conseils municipaux de Sampeyre et de Château-Dauphin, les rapports militaires, les noms des responsables du sac de nos vallées. Tous ces documents sont donnés en annexe.

        Plus bas, au Piémont,  la résistance sarde se fait autour de Cunéo et d’Alexandrie, mais ils perdent Asti. La cité de Cunéo, attaquée par le Prince de Condé et le marquis Las Minas, fut défendue par Frédérico Leutrum, qui entra dans la légende comme valeureux défenseur de la ville. Après 39 jours de siège (13/9 à 21/10/1744), et malgré la victoire franco-espagnole de la Madone d’Olmo (30 sept 1744), les troupes durent se retirer de l’autre côté des Alpes, dans la neige et le gel, en remontant le Val Stura. [41]
        Puis, les Sardes envahissent la Provence, en décembre 1746. Battue et refoulée jusqu’à Fréjus, la France est sauvée par la révolte de Gênes et les Sardes se replient sur Tende en janvier 1747.  Les Français reprennent Nice et avancent jusqu’en Ligurie. Batailles dans la vallée de la Roya, à la Turbie et à Menton. Nice, rançonnée, doit s’endetter pour longtemps

        Le général Guillaume nous raconte la suite de la guerre : « En 1747, une campagne se déroule encore dans la région. Confiée au chevalier de Belle-Isle qui dispose de 20 bataillons et de 40 pièces d'artillerie, elle vise à nous emparer des hauteurs de l'Assiette qui séparent les vallées de la Doire Ripaire et du Cluson et sur lesquelles les Piémontais occupaient de fortes positions interdisant de notre part toute progression sur Suse ou sur Pignerol. Une attaque, pourtant menée vigoureusement, échoue. Les blessés affluent à Salbertrand. Le repli sur Montgenèvre est ordonné. Ce nouvel échec subi par nos troupes face aux Piémontais, représente la dernière tentative de rétablir, au-delà de la crête des Alpes, le glacis protecteur des vallées vaudoises qui couvrait jadis le Briançonnais et le Queyras
        Le désaccord entre le Piémont et la France s’éteint avec le traité d’Aquigrana du 18 octobre 1748 et s’en était fini des guerres dans la Castellata, jusqu’à la Révolution.

        Le traité d'Aix-la-Chapelle met, en 1748 un point final aux guerres.
        Le grand vainqueur en est la maison de Savoie qui, après avoir subi tant de défaites sur les champs de bataille et avoir vu en 1690-91 ses provinces originaires sur le versant français entièrement occupées par les troupes françaises, les a progressivement chassés du Piémont en évinçant les français du marquisat de Saluces et de Casal sur la route de Milan, en les expulsant ensuite de Pignerol et d'Exilles, en annexant enfin trois des cinq escartouns de la république briançonnaise, français de langue, d'intérêt et de cœur. La France est refoulée, cette fois définitivement, sur la crête des Alpes et privés de débouchés sur la plaine piémontaise.  Ces succès, remportés par la maison de Savoie avec des moyens plus que modestes, sont le fruit d'une longue patience et, surtout, d'une diplomatie strictement réaliste.
On a dit que « M. de Savoie ne terminait jamais la guerre dans le même camp, à moins qu'il n'en ait changé deux fois ».

        En fait, s'il avait changé de partenaire aussi souvent qu'il pouvait en tirer quelque avantage, il ne perdait jamais de vue les objectifs que lui dictait son ambition sans se laisser abattre par les plus cuisants échecs. Ainsi en fut-il pour Pignerol, son cauchemar, pistolet français braqué sur sa capitale.

        Au Traité d’Aix la Chapelle donc, les Français évacuent Nice et la Savoie s’agrandit jusqu’à Turin. Marie-Thérèse d’Autriche garde son empire, sans la Lombardie. La paix s’installe, pour longtemps.

        A partir de 1748, le roi de Sardaigne et son peuple relèvent le pays. Les places fortes sont reconstruites :  Cunéo, Turin, Alexandrie en bénéficient grâce à un emprunt de 40 millions de livres ; on reconstruit des routes ; l’itinéraire du Mont Cenis  qui fut imposé et aménagé par les princes de Savoie au XIIIe siècle, devient le "Chemin des Ducs" et prélude au tracé des chaussées modernes. Par le "val de Moriana" il double les lacs par le Nord, traverse le vrai Mont-Cenis (2100 m) et descend vers la vallée à Lanslevillard par un versant facile, couvert d'une épaisse fourrure forestière. L’administration réforme, supprime des servitudes comme celle des mainmortables, soumet au cadastre des vallées comme celle d’Aoste et lance des travaux d’intérêt public. La Royale Constitution publiée en 1770 est un premier essai d’organisation de l’état sarde, mais ne présente pas de changements révolutionnaires. [72]

        Les  Accords de Turin en 1760, modifient légèrement la frontière dans les Alpes Maritimes. Dans cette région côtière, c’est le début du tourisme : en 1764,  le duc anglais d’York s’installe à Nice, marquant  le début du tourisme anglais.

 


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