La Troisième race
des dauphins.
Humbert Ier de la Tour du Pin et son épouse Anne ont quatre fils
et sept filles. Dès le début du règne d’Humbert, il
est inquiété par Robert II de Bourgogne qui prétend
représenter la ligne masculine de succession au trône dauphinois
car plus proche parent de Jean Ier, le dauphin décédé.
Il faut l’arbitrage du roi de France pour trancher ce litige, et celui-ci,
en 1285, tranche en faveur d’Humbert Ier.
Humbert doit aussi se défendre
contre Amédée V, comte de Savoie et faire la guerre. Il s’associe
au comte de Genève pendant ce conflit. La partie est du domaine
savoyard est saccagée et l’on se prépare à une bataille
décisive lorsque interviennent le pape (Onario II), le roi d’Angleterre
(Edouard) et le comte de Bourgogne (Robert). Ceux-ci les obligent à
trouver un accord et à faire la paix.
En 1289, Humbert et son épouse
donnent un apanage important à leur fils Jean et, dès 1293,
l’associent au gouvernement du Dauphiné, puis lui laissent le contrôle,
se réservant seulement une rente annuelle de 15200 lires à
prélever sur les revenus de diverses terres et châteaux.
L’année suivante, la
Maison dauphinoise fait hommage pour son domaine à Philippe le Bel,
roi de France qui accorde une rente à Humbert et à son fils.
Hommage dans nos vallées,
Le 4 mai 1294, le dauphin Humbert reçoit l’hommage de Guigo, Guglielmo,
Isoardo, Pietro et Enrico, fils de Roux Turpin, pour trois quart des fiefs
qu’ils possèdent à Pont, le dernier quart étant sous
la coupe de l’Eglise de Turin. Il s’agit là d’une reconnaissance de
souveraineté du dauphin et d’un moyen de définir les limites
et la situation de leurs biens.
Anne, la dauphine, meurt en
1293 et choisit, pour sépulture, l’église de Certosini des
Saletes qu’elle a fondé. Humbert décide d’abandonner le monde
et prend l’habit monacal à Certosa du Val Santa Maria. Il y finira
ses jours en 1307.
Jean II lui succède. Il épouse
Béatrice, fille de Charles d’Anjou, roi de Hongrie. Ils ont deux
fils, Guigues et Humbert et une fille qui meurt jeune.
Comme son père, il doit
affronter Amédée V de Savoie, lequel est associé au
comte de Provence. Cette fois ci, c’est Charles de Valois qui impose un accord
en 1301. Accord vite rompu, plusieurs fois, mais renouvelé grâce
à divers médiateurs.
Jean II accompagne
l’empereur Henri VII en 1309.
Il accorde des concessions et des franchises,
confirme les précédentes et s’occupe convenablement de ses
sujets. Par testament du 26 août 1318, il lègue son domaine à
son premier fils Guigues et à défaut à son second fils,
puis meurt le 5 mars, à Pont de Sorgues. Il a choisi, comme ses
ancêtres d’être inhumé à l’église S. Andréa
de Grenoble
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.
Partage de la Savoie.
Les problèmes de succession d’Amédée IV amènent
la Savoie au bord de la faillite, une partie des territoires devant revenir
à Béatrice, mariée au Dauphin (1263 - 1268), et à
partir de cette date, une longue guerre Savoie-Dauphiné durera jusqu’en
1355. Philippe Ier de Savoie épouse la comtesse de Bourgogne
en 1268 et devient comte de Savoie et de Bourgogne. Il occupe Turin
(1280), fait de la Bresse un apanage. Entre 1286 et 1294, Amédée
V doit se résigner à un nouveau partage de la Savoie. Il conserve
la Savoie actuelle, la vallée du Rhône, le Vaudois, le Val d’Aoste
et les hautes vallées piémontaises des Doires, mais le Piémont,
autour de Turin, passe à une autre souche de la famille, les "Savoie-Achaïe".
Ce domaine restera autonome jusqu’en 1419.
Avignon, capitale de l'Eglise.
Les papes à Avignon marquent le XIVe siècle. La ville devient
résidence du pape gascon Clément V en 1309 sous la pression
du roi de France Philippe le Bel qui souhaite le garder sous son contrôle.
Du haut du Col de l’Autaret,
on est habitué à chercher le pouvoir catholique vers Rome.
Désormais il faudra se tourner vers l’ouest pour retrouver ce pouvoir
spirituel et temporel. Cardinaux et curie passent les Alpes, souvent par
le Mont Genèvre ou rejoignent Avignon par bateau. Ce changement apporte
une richesse et une intense activité économique dans tout le
Comtat Venaissin, terre papale depuis la disparition des comtes de Toulouse
et du marquisat de Provence. Pendant près de 90 années Avignon
reste le siège de la papauté. La papauté apporte à
tout le Comtat et à tout le Sud-est de la France, une richesse économique
extraordinaire.
Notons aussi la naissance de la principauté
de Monaco : les Grimaldi, génois, mais Guelfes, s’emparent,
par surprise de Monaco en 1297. Déguisés en moines, ils réussissent
à se faire ouvrir les portes de la citadelle, sortent leurs épées
et occupent le rocher, son port florissant et ses richesses.
Le comté de Nice, avec
Barcelonnette, compte 40.000 habitants, en 1310.
Droits de douane et traffic alpin.
Vers 1300, au Mont-Cenis (péage de Montmélian), on constate
un trafic constant du sel, des draps de Florence, des toiles de Champagne,
de la laine, de la futaine, des bois dits "Brésil", bons pour la
teinture et venus d'Orient, de l'alun, de la cire, de l'huile d'olive,
des harengs-saurs, de la poterie, de la mercerie, parures, chapeaux, couteaux,
gants, clous, fers à cheval, et des chevaux (de bataille).
En 1353 à la douane de Suse, il est perçu
des droits sur 12 300 moutons, 80 milliers de harengs-saurs, 47 barils de
sardines, 130 livres de safran, 114 charges de toiles, 120 de draps de France,
etc., etc. On ignore quel tarif fut appliqué à l'infortuné
guépard qui, dans sa cage, franchit en novembre 1418 le Mont-Cenis
ou aux "deux bestes sauvaiges", à savoir un "éléphant
et un tigre" que "certains hommes de Grèce" s'en allaient exhiber
de châteaux en châteaux.