Nous allons suivre maintenant l’évolution de l’éducation dans
le village.
Très tôt cette instruction a été confiée
aux prêtres et religieux, seules personnes ayant quelques savoirs et
habilitées à transmettre la bonne parole. Le concile de Latran
de 1179 ordonne au clergé d'instruire les enfants. La présence
des papes en Comtat et de nombreux ordres religieux installés dans
la commune ont naturellement poussé à leur confier cette responsabilité.
Ils enseignaient le catéchisme, la lecture, l'écriture, l'art
de compter, la grammaire et des rudiments du latin. Notre première
école est sans doute dans l'église elle-même.
Les comptes du trésorier de la commune montrent le règlement
des honoraires du maître d'école en 1502/03.
Souvent les municipalités de Provence et du Comtat mettaient
au concours des places d’instituteurs (vers 1600, sous Henri IV). En général,
ces derniers venaient des Alpes où, grâce aux longs hivers de
neige, ils avaient le temps de pousser leur propre instruction. Cela ne semble
pas être le cas dans notre village.
L’éducation des jeunes filles est confiée, dès 1608,
aux Ursulines et le conseil leur promet 60 livres pour ce service. Ce même
conseil décide de louer une chambre, pour 3 ou 4 ans, proche du monastère
de Ste Ursule où les sœurs tiendront l’école gratuitement
(mai 1664).
Le salaire du régent des écoles est fixé par la municipalité
à 100 florins pour l’année (avril 1665), augmenté à
118 florins (1681), puis revu à la baisse à 100 florins jusqu’en
1691.
M. Gautier est maître d'école du village en 1704-1706.
En octobre 1718, selon la coutume, on prolonge la nomination du régent
des écoles à la St Michel. Il est en charge de l’enseignement
du latin, reçoit 24 écus monnaie courante et se fait payer
en plus par les parents, tous les mois, en fonction des matières enseignées
: une éducation à la carte, avec contrôle direct des
parents d’élèves !
D’ailleurs, quelques années plus tard (janvier 1745), ces parents
d’élèves ne sont pas satisfaits de ses services et le font renvoyer
par les consuls.
Le salaire du régent des écoles est augmenté de 36 à
50 écus par an, sans pouvoir prétendre des écoliers une
rétribution supérieure à la coutume (1747).
Ce travail est payant en fonction des matières enseignées (mars
1749) :
- thèmes : 30 sols
- latin : 20 sols
- pour lire et écrire les actes
publics en latin et en français : 15 sols
- pour lire latin et français :
8 sols
- pour l’écriture : 12 sols,
- la connaissance de l’alphabet vaut 5
sols,
- et pour la lecture de Notre-Dame : 6
sols.
-
L’école est située dans la mairie (beffroi), vers 1762. Elle
est vétuste et on décide de refaire le plancher qui menace
ruine, au-dessus du moulin des os.
En 1830, notre communauté fait construire une école pour les
garçons, sous l’église. Quatre frères des écoles
chrétiennes assurent l’enseignement. L’un est directeur, deux autres
sont adjoints et le dernier occupe les fonctions de cuisinier et d’enseignant
pour la lecture. L’instruction est gratuite, mais les élèves
fournissent livres et cahiers. La discipline, dit-on, est rigoureuse [54].
En mai 1850, on constate que l’instituteur communal a moins d’élèves
que l’instituteur privé : il ne jouit pas de la confiance publique.
L’année suivante, il est révoqué et on appelle trois
frères de l’école chrétienne pour tenir une école
gratuite des garçons. Un local est fourni, l’année suivante,
par une personne charitable. Un des frères est nommé instituteur.
On vote une somme de 10.000 francs pour acheter une maison avec jardin au
faubourg de l’église, pour y installer l’école ; mais, trop
chère et d’accès difficile, le conseil refuse l’achat de cette
maison. Une autre maison, située sur le Cours, est expertisée
et évaluée à 10.600 francs, réparations comprises.
En octobre 1853, malgré un vote pour une taxe additionnelle sur les
quatre contributions directes majeures, 21 des plus gros contribuables carombais
refusent leur participation à cet achat. L’école reste en
location.
En 1854, après devis des réparations à faire à
la maison du Cours par un architecte, les gros contribuables refusent encore
cet achat. La commune propose une nouvelle maison située dans l’enceinte
du village, puis une autre, au faubourg des Aires. Toujours un refus.
Le sous-préfet exerce une vive pression (1856), jusqu’à l’achat
d’une maison au prix de 4.000 francs.
En juin 1857, les comptes mentionnent 2 classes : l’une de 40 élèves,
l’autre de 75 élèves, dont 5 pensionnaires.
Notons encore (1865) la création d’une école d’adultes dirigée
par un frère de l’école chrétienne.
En 1881, l'école publique est gratuite pour tous. Une loi du 28 mars
1882 rend l'instruction obligatoire pour les enfants des deux sexes, de
six ans révolus à treize ans révolus. Les frères
sont remplacés par trois instituteurs publics (1885) et M.
Auguste Gallas est le premier directeur.
On accorde à l’hospice 200 francs pour lui payer la location des
écoles primaires de filles et la salle d’asile (1882). Le préfet
voudrait une école publique indépendante pour Caromb, au lieu
des religieuses qui assument le double rôle d’enseignantes et de sœurs
hospitalières. Le conseil refuse la proposition préfectorale
(1882).
On fait acquisition d’un immeuble pour l’agrandissement de la cour des écoles
des garçons (1883).
En 1884, le conseil se plaint de la mauvaise qualité de l’enseignement
des instituteurs congréganistes "qui font de la politique dans les
classes, qui traitent de manière injurieuse Voltaire, Michelet, Thiers
et Victor Hugo", pas moins. De plus, ils briment les élèves
indigents. Le conseil demande leur remplacement par des instituteurs laïques
sortant de l’Ecole Normale.
L’école des filles est laïcisée (1886) et l’année
suivante les institutrices congréganistes de l’école des filles
sont remplacées par des maîtresses laïques. L’installation
des classes dans les locaux de l’hospice étant défectueuse,
on établira une nouvelle école des filles dans un local situé
près de la mairie, rue des Eybards (1886).
Ainsi, entre 1884 et 1887, les deux écoles de garçons et de
filles deviennent laïques.
Une nouvelle école libre est bâtie route de Beaumes (1896), sous
l’impulsion de M. l’abbé Guigues, curé de Caromb. Elle est
confiée aux religieuses et fonctionnera jusqu’en 1967. Elle est réservée
aux filles, et aux garçons jusqu'à six ans ( après cet
âge, ils rejoignaient "la communale"). Ce grand bâtiment de la
route de Beaumes, avec une belle cour ombragée, trois grandes salles
de classes, une garderie, six chambres et un dortoir pour les pensionnaires,
était une des plus belles écoles du Vaucluse [98].
Le XXe siècle a à peine deux ans lorsque la municipalité
décide de construire une nouvelle école sur un terrain situé
entre la route de Malaucène et le chemin du Plagnol, sur le grand
tour de Caromb. Le groupe scolaire est terminé pour assurer la rentrée
de septembre 1903. Il y a même une cantine pour le repas de midi et
des logements pour maîtres et maîtresses.
Pour terminer ce tour d’horizon de l’éducation carombaise, citons
encore :
- - en 1936, la création
des « Amis de l’école laïque ».
- - en 1949, l’extension du réfectoire
devenu trop petit.
- - chaque année en juin,
le corps enseignant et les parents organisent la fête des écoles.
Chaque classe se doit d’assurer son spectacle ; les mères cousent
les merveilleux costumes ; toutes nos familles conservent précieusement
les photos des petits derniers en représentation sur la grande scène
montée pour l’occasion dans la cour de l’école.
- - le mois de juin est aussi
l’époque du tout aussi traditionnel voyage des écoles. Instituteurs,
Amis de l’école laïque, aidés de parents bénévoles
participent.
- - en 1972, nos écoles
comptent 280 élèves, huit instituteurs et institutrices ;
environ une centaine de jeunes sont dans les lycées, principalement
à Carpentras ; une vingtaine est dans l’enseignement agricole ou
technique ; une dizaine d’étudiants sont dans les facultés
ou les écoles supérieures [54].