St Maurice.
La grande
fête du village est celle de notre patron, St Maurice. Le culte de Saint
Maurice a toujours été suivi par une nombreuse population avec,
parfois, une procession solennelle où soldats en armes et garde d'honneur
portaient les bustes de St Maurice, St Praxède et St Candide [39].
La
fête de Saint Maurice, au XVIIe siècle.
Nous avons la chance, à travers nos archives, de revivre ces «
joies » d’antan et nos comptes municipaux prouvent que notre communauté
a toujours consacré une partie de ses deniers à l’organisation
des festivités : une vingtaine de documents de la deuxième
moitié du XVIIe siècle donnent une idée de la fête
à cette époque.
La musique.
Elle est toujours présente avec ses tambours, ses fifres ou ses
violons qui viennent souvent du voisinage.
Dès 1645, Girard et Jean Paulo de Mazan, viennent avec leurs
violons «faire la musique de Saint Maurice» [54]. La communauté
charge Jean-Jacques Dupré, musicien du village, de la musique de
la messe et celle de la procession en 1655, alors qu’en 1664 les joueurs
de violons sont présents.
«On manda la bande de Michel Pimpe de Bollène 1668 et en 1670
celle de Rang d'Avignon» pour la musique de Caromb [54].
Un joueur de violons avec sa bande participe à la procession de
St Maurice en 1668 et, l’année suivante, on règle sa facture
au tambour de Carpentras, pour avoir remis des peaux neuves à deux
tambours crevés à Caromb. En 1670, ce sont 8 violons de Carpentras
qui assurent la musique des vêpres de la veille de St Maurice, tout
comme en 1672 et 1674.
Le prieur de la confrérie de Saint Marc fournit des torches aux
musiciens pour les nocturnes des années 1672 et 1674.
On le voit, il n’y a pas de « Saint Maurice » sans musique
: les musiciens participent aux vêpres, à la procession et
à la grand messe de 1673, 1676.
Les années 1675 et 76 voient l’ “accommodement” des tambours, des
joueurs de violons, de fifres et de tambour qui jouent aux vêpres,
à la procession et à la grand messe et un sergent porte-enseigne.
Pour terminer cette liste, citons encore :
1681 : violons
et tambours
1685 : violons
1700 : violons, tambours,
fifres
1701 : violons, fifres,
tambours
Les boëttes,
la bravade.
Si la musique est toujours présente lors des fêtes, cela ne
suffit pas. Il faut vraiment marquer l’évènement en faisant
beaucoup de bruit : tirs de mousquets, bravade, tir des boëttes marquent
le début des festivités. On s’y prépare longtemps en
avance, par l’achat de poudre (en 1668 à Malaucène ; pour
64 livres en 1673 ; en 1674 on l'achète à Venasque, dès
le mois de mai et encore en septembre, en 1681, 85, 86, 87, 99, 1700 et
1701), des mèches (1669, 75, 76) ou le nettoyage de 39 mousquets.
En 1667, ceux qui assistent à la bravade ont droit à des rubans
achetés à un marchand de Caromb.
Les hôtes.
Les invitations sont nombreuses, aux frais de la commune : en 1673 et 74,
de nombreux officiers sont présents ; en 1676, ce sont 14 officiers
des mousquetaires qui sont traités par le cabaretier. Il faut nourrir
tout ce petit monde et la commune doit investir en ustensiles de cuisine
: achat de plats, écuelles et “gaudolles” d’étain en 1664,
chandeliers, plats et écuelles d’étain pour les joies de St
Maurice de 1668, achat de plats en “étaing” en 1681 et encore achat
de 15 pièces d’étain fin à un potier d’Avignon en 1685.
Chacun reçoit des rubans (1673, 1674) et des flambeaux (1700, 1701).
Autres manifestations.
Non, ce n’est pas tout : notre municipalité au grand complet, parée
de ses plus beaux habits, doit défiler avec des torches ou flambeaux
: 13 torches de cire blanche portées par les consuls et conseillers,
avec des écussons de carton où sont peintes les armoiries
de Caromb (1676) et 13 écussons de fer blanc avec les armes de la
communauté pour les processions de Fête-Dieu et de St Maurice.
Confréries et ordres religieux participent à la procession
: la communauté achète une épée à Avignon
pour la confrérie de St Maurice, et organise le jeu de quilles (1681)
; le prêtre accommode des écussons aux flambeaux de St Maurice.
On achète aussi un chapeau (1682).
Pendant longtemps, les fidèles défilent en procession en
portant la statue de Saint-Maurice et en chantant "Gran san Mouriso" à
la sortie de la Grand Messe. En 1664, on fait faire une bannière en
l’honneur de St Maurice.
On investit encore dans
l’église pour cette grande occasion : achat d’un rideau bleu pour
l’autel de St Maurice, de toiles, corde, fer et anneaux (1687).
La fête
de Saint Maurice, au XVIIIe siècle.
On augmente
de 72 à 172 livres les dépenses pour la fête de St
Maurice du 22 septembre 1773, pour feux d’artifice, fusées, violons,
fifres, tambours, poudre à canon pour les boëttes et la bravade,
prix des joies.
En juin 1731, on décide
de faire une nouvelle statue à St Maurice.
La fête
de Saint Maurice, au XXe siècle.
La fête
votive se perpétue jusqu’au XXe siècle, toujours le 22 septembre.
La coutume a évolué. On a gardé les boëttes,
mais les jeux deviennent plus « professionnels » : les forains
et leurs “ baraques” remplacent les activités organisées
par la municipalité. Ces forains arrivent dans la semaine précédente,
très attendus par les enfants du village qui guettent leur apparition
en bas de l’allée des pins. « Ils arrivent »,
crié par ces enfants des années 50, montre toute l’importance
de l’évènement. Chevaux de bois, puis petits manèges,
stands de tirs, marchands de chichis et loteries s’installent sur le Cours,
pendant que les grands manèges, auto-scooters ou grande chenille,
occupent la place de l’église. La roulette, le dernier jeu de hasard
toléré dans le Midi, s’installe le dernier jour. Le portail
du Rieu est réservé pour la piste de danse et l’estrade. Nos
gosses sont admirateurs du travail des forains et de la vitesse à
laquelle ils montent les manèges.
La fête démarre, officiellement, le samedi à midi,
lorsque le garde champêtre tire les "boites" remplies de poudre.
Le dimanche c’est la messe et la procession.
C’est aussi le temps des jeux d’enfants.
Le lundi est réservé à la musique, au portail du Rieu.
Le mardi après-midi, la course cycliste anime les routes du village
et nombreux sont ceux qui portent leur main au portefeuille pour donner
une prime au premier, au second ou au dernier, s’il finit la course.
La tradition du "tian de faiou" est respectée ce jour là.
Le dernier soir, un merveilleux feu d'artifice, tiré sur le stade
de football, regroupe tout le village. En 1924, le feu d’artifice de Ruggieri
de Monteux coûte 500 francs.
Jeux pour les enfants.
Les joies sont un plaisir pour les enfants : des concours et des jeux sont
organisés, depuis toujours, à leur intention : jeu de cible,
mât de cocagne, courses « en sac », courses « à
la brouette » ont précédé les jeux du XXe siècle
: recherche d’une pièce dans un bac de farine avec les dents, suivi
de la récupération d’une tomate à la surface d’un
bac d’eau, les yeux bandés, toujours avec les dents.
La fête des
cerises.
Pays
agricole, Caromb fête aussi la fin de la cueillette des cerises.
L’effort d’une nombreuse population de propriétaires et de travailleurs
agricoles est récompensé par un grand bal et quelques attractions
foraines.
La fête des
Aires.
Pour la Saint-Jean,
le 21 juin, la commune libre du quartier des Aires organise sa fête.
Cela se fait évidemment avec le concours de la municipalité,
mais toutes les maisons du quartier participent à la fête. Les
routes sont barrées, un orchestre s'installe sur le lavoir situé
à côté de l’ancienne Poste et le croisement devient piste
de danse. Relancée après la guerre, en 1946, elle a
eu des années fastes avec un corso et de merveilleux chars. Elle n'est
plus organisée depuis le milieu des années 50.
La fête de
la Baisse.
La Baise organise aussi sa fête, en remplacement de la fête
votive. C’est la Sainte-Mauricette, juste après la Saint-Maurice.
Une remise devient bar ; les chaises pliables en fer, d’un vert très
provençal n’ont pas le temps de retourner au garage entre les deux
fêtes : elles sont déployées sur les trottoirs. Le croisement
de la Baisse avec la route de Modène devient à son tour piste
de danse.
Cette fête disparaîtra dans les années 60. Elle est
surtout marquée par une course cycliste, réservée aux
amateurs carombais ; un véritable évènement pour tous
ceux qui « pédalent » dans le village ou pour les autres,
qui sortent leur vieux vélo pour l’occasion. Le circuit est très
difficile à cause de la terrible côte de l’ancien chemin de
Carpentras.
Lundi de Pâques.
Le lundi
de Pâques a toujours été un jour de réjouissance,
bien avant que nos villageois se retrouvent au bord du lac du Paty. De
nombreuses villes du Comtat organisaient des pèlerinages ou des fêtes
dansantes. Le rigodon est dansé au XVIIe, avant que n’arrive
dans le Comtat la farandole originaire d’Arles et Tarascon.
Les lundis de Pâques et de Pentecôte sont réservés
au repas au bord du lac du Paty. C’est la fête à l’écluse
; tout le monde prépare sa "biasse" et va s’installer au bord de
l’eau. Les jeunes montent à pied du village. Les plus âgés
organisent une pétanque bien arrosée avant que tous se rejoignent
sur la piste de danse.