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Partie I.
Géographie.
Les villages des alentours.
A proximité immédiate de Caromb se trouvent Modène,
Saint-Pierre-de-Vassols, Crillon-le-Brave, Saint-Hippolyte-le-Graveyron et
le Barroux, pour lesquels Caromb a fait longtemps figure de ville.
Passons les en revue, brièvement.
Modène, tout près, compte 275 habitants pour
472 hectares. C'est un fief ayant appartenu aux Rainoard, aux Mormoiron et
aux Raymond-Modène. On y a retrouvé des restes préhistoriques
et un habitat gallo-romain.
Juste un peu plus loin, après Modène, Saint-Pierre-de-Vassols
compte 433 habitants. Cette commune fut occupée très
tôt, au Néolithique, à Font-de-la-Gamatte. Nous savons
que les romains y construisirent des "villae" et qu’au Moyen Âge le
village était installé à St-Jean-de-Vassols, plus au
nord, autour de l’abbaye bénédictine et que ce premier village
fut abandonné lors des invasions barbares.
Crillon-le-Brave, village perché, qui a été
fortifié, compte aujourd’hui 398 habitants après en avoir abrité
près de 645 en 1851. Il porte le nom de Louis de Balbes de Crillon,
seigneur et héros, surnommé « le Brave des braves ».
La superficie de la commune couvre 763 hectares. Crillon s'appelait Roque-Libre
pendant la Révolution.
Saint-Hippolyte-le-Graveyron avec ses 179 habitants, dispersés
au milieu des vignes, et ses 494 hectares, à l’abri des Dentelles
de Montmirail, était un quartier de Caromb. C'était, cependant,
un fief séparé de celui de Caromb, ayant appartenu aux Baux,
aux princes d’Orange, aux Chandole, puis aux Vesc. Hippolyte-les-Caromb pendant
la Révolution, ce quartier est devenu une commune indépendante
de Caromb (1790). La nouvelle commune s'appelait
Saint-Hippolyte de Graveron jusqu’en 1986.
Au nord de Caromb, dominé par son château fort du XIIe
qui fut construit par les seigneurs des Baux et reconstruit
au XVIe siècle par Henri de Rouvigliasc (
*3
). le Barroux est un village perché. Il contrôle le
passage vers Malaucène et la vallée de l’Ouvèze et
ouvre l’accès aux Dentelles-de-Montmirail. Il s’appela jadis Albares
(1202), Albara (1378), Albaroux (1464), le Baroux (1601), Loubarroux et
enfin le Barroux. La seigneurie passa des Baux aux Peyre, puis aux Rouvigliasc.
Le Barroux changea plusieurs fois de main pendant les guerres de religion,
fut pillé pendant la Révolution et incendié par les
Allemands en 1944. La commune compte 569 habitants en 1999 et couvre 1.604
hectares.
Serres, fut une commune indépendante avant de devenir
un fief de Carpentras, après les guerres de religion.
Les grands villages des alentours.
Autour de ce noyau de villages, nous trouvons les alter ego de Caromb, que
sont Malaucène, Beaumes-de-Venise, Aubignan, Bédoin et Mazan
: de grands villages qui exercent sur le pays autant d’influence que le nôtre.
Situé au nord de Caromb, déjà à 365 m d’altitude,
Malaucène compte une population de 2.538 habitants
et couvre une superficie de 4.533 hectares. Au néolithique, les grottes
proches étaient habitées. Au temps des celtes-gaulois, un oppidum
existait au Col St. Michel, près de la Chapelle du Groseau où
une inscription nous indique que le dieu adoré été Groselos.
Nous verrons que les romains construisirent un aqueduc pour conduire l’eau
de la source jusqu’à Vaison. Ce village fut fortifié. Son
nom apparaît dès le Xe siècle (Malaucena).
Le pape Clément V y fit de longs séjours. La ville fut assiégée,
conquise par la ruse et pillée plusieurs fois pendant les guerres
de religion, au XVIe siècle. Ses papeteries existent depuis
quatre siècles et sont spécialisées dans les manchettes
pour filtre de cigarette.
Au pied des Dentelles, Beaumes-de-Venise, avec près de 2.000
habitants, couvre une superficie de 1889 hectares et est construite sur
des falaises. La vieille ville remonte vers le sommet des falaises et les
vieilles maisons possèdent de nombreuses caves.
"Balma" signifie grotte ou caverne. Son église fut construite en 1507
et possède une tour-horloge et un campanile du XIXe .
Ses grottes étaient habitées à l’âge du fer. Les
Grecs utilisèrent le village et apportèrent la vigne (le fameux
Muscat).
L’Oppidum de Durban était un site fortifié.
Charlemagne se serait arrêté à Notre-Dame-d’Aubune avant
d’attaquer les Sarrasins. Après la victoire, il décida d’édifier
un sanctuaire, mais le diable, dit la légende, aurait arraché
un énorme rocher du flanc de la colline pour écraser la construction.
La Vierge veillait et arrêta le rocher qui resta pendu à la
falaise, dans son état actuel.
Beaumes fut un fief des Agoult, des Clermont-Lodève, des Peyre et
des Fortia. L'appellation Beaumes-de-Venise fut officialisée par un
décret promulgué en 1954.
Aubignan, 3837 habitants et 1570 hectares, possède
des restes de remparts du XVIe siècle dominés par la porte
de France (la tour de l'horloge avec son campanile), l'ancienne halle aux
blés (1728), l'église Saint-Victor et l'ancien hôtel-Dieu
(1745).
Seigneurie des Passis, puis des Panisse et des Séguins.
Avec 2.609 habitants, Bédoin possède un vaste territoire
: 9.103 hectares dont 6.300 hectares de forêts communales, une des
plus grandes et des plus variées de France ; on y trouve plus de
1.200 espèces végétales.
Situé au pied du Mont Ventoux et à l’abri du mistral, Bédoin
est une ville fortifiée.
La ville fut rasée pendant la Révolution, puis reconstruite.
La seigneurie de Bédoin appartint aux maisons des Baux, de Toulouse,
de Budos, des Peyre, des Orléans-Lamotte et des Vervins.
Les collines environnantes ont abrité très tôt une nombreuse
population : outre quelques vestiges d’habitat néolithique (abri
de la Madeleine), les romains étaient en nombre au hameau de St Estève.
Une villa gallo-romaine du 1er siècle a été
découverte au hameau des Bruns.
Le vieux village de Mazan est protégé par son cercle
de maisons datant du XIVe siècle, avec ses portes donnant
accès aux petites rues.
Remarquons aussi le château du célèbre Marquis de Sade,
son église du XII et XVe siècles, ses nombreuses chapelles
et ses remparts.
Mazan est une cité historique riche de vestiges gallo-romains : le
cimetière est entouré d'une succession de sarcophages de pierre
du VIe et VIIe siècles, retrouvés dans les champs environnants
au XVIIIe siècle.
La commune compte une population de 4.459 habitants.
Des pierres polies du néolithique ont été retrouvées
et nous savons qu’il existait de grands domaines gallo-romains ( La Condamine,
Jusalem, Les Molances et St-Andéol).
L’église est un prieuré qui relevait de la mense de Carpentras,
puis une co-seigneurie avec, d’une part, les Retronchins puis les Sade et,
d’autre part, les Astoaud puis les Vincens.
Enfin Carpentras, ancienne capitale du Comtat-Venaissin, 26.090 habitants,
exerce depuis longtemps une influence majeure sur les communes et villages
cités précédemment.
La ville compte de nombreuses richesses historiques et artistiques comme
l'Hôtel-Dieu du XVIIIe et sa Pharmacie conservée en l'état
ou la Synagogue, l'une des plus anciennes d'Europe.
Carpentras fut un fief partagé entre plusieurs seigneurs au XII et
XIIIe siècles, puis fut une co-seigneurie partagée
entre le comte de Toulouse et l’évêque.
Pour les villageois des alentours, Carpentras, c’est le marché du
vendredi matin qui occupe depuis des siècles les principales rues de
la ville, un marché typiquement provençal, avec l’accent, que
l’on ne doit pas rater, car on y apprend les nouvelles des autres villages
!
C’est cet ensemble de villages, de communautés principalement agricoles,
qui va nous intéresser dans ce livre.
Géographie du Vaucluse.
Administrativement, cet ensemble fait partie du département du Vaucluse.
Le Vaucluse tire son nom de Vallis Clausa, la vallée close d'où
jaillit l’abondante Fontaine de Vaucluse, première source d’Europe
par son débit, donnant naissance aux Sorgues qui irriguent les plaines
du Comtat.
Avec ses 3540 km², le Vaucluse couvre 1/60e de la France.
Son altitude minimum est de 13 m et son point culminant est le sommet du
Mont Ventoux (1912m.).
Les principaux reliefs sont les Dentelles de Montmirail, la chaîne
du Luberon et les Monts de Vaucluse.
Parlons d’abord du Mont Ventoux, ce "Géant de Provence". Sentinelle
avancée des Alpes, mais isolé des autres montagnes, il domine
nos terres.
L'homme le fréquente depuis bien longtemps : les vestiges préhistoriques
recueillis sont riches et variés.
Son sommet aux pentes dénudées et caillouteuses, couronné
d'un observatoire, est le symbole de la région. Il est visible jusqu'à
100 km à la ronde.
Au XVe siècle fut construite, au sommet du Mont Ventoux, une chapelle
dédiée à la Sainte Croix, où l'évêque
de Carpentras, Pierre de Valetariis, fit garder des fragments de la vraie
croix par un ermite. Par la suite la chapelle devint un lieu de pèlerinage.
Napoléon III, vers 1860, ordonna le reboisement de cette montagne.
Sa forêt est, maintenant, admirable : mélèzes, sapins,
pins noirs d'Autriche, pins à crochets et pins d'Alep s'étagent
de 800 à 1.600 m et dominent les vignes, les oliviers, chênes
verts, le thym et la lavande qui poussent à faible altitude.
En 1882, une première route est construite, permettant d’accéder
au sommet, à partir de Bédoin, et à l'observatoire
météorologique.
Aujourd'hui, un bâtiment assure la retransmission des images télévision
et sert de relais pour la radio et les télécommunications.
Au XXe siècle, les courses automobiles et le tour de France
cycliste (dès 1951) lui assurent une renommée mondiale.
L’eau est abondante en Vaucluse : sans elle, notre pays ne serait que terre
asséchée par le Mistral et craquelée sous le soleil
du Midi.
- Le Mont Ventoux et
les Monts de Vaucluse sont d’immenses réservoirs hydrauliques.
- Rhône et Durance le
limitent,
- Les Sorgues, issues de la
Fontaine de Vaucluse, sont plusieurs et irriguent les plaines au sud de Carpentras,
- La Nesque descend des plateaux
de Vaucluse et creuse ses gorges avant de rejoindre la plaine,
- L’Ouvèze et ses affluents
forment un réseau dense qui converge vers le Rhône,
- Plus au nord, l’Aigues.
Il n’est que voir l’Isle-sur-la-Sorgue
et ses roues à aubes, Pernes et ses fontaines, Séguret, Beaumont-du-Ventoux
et Aubignan avec leurs lavoirs ou, chez nous, le lac du Paty, pour se convaincre
que nous sommes en pays d’eau.
Le climat.
Son climat est typiquement méditerranéen, avec des étés
chauds, ensoleillés (entre 2.700 et 2.900 heures de soleil par an,
en moyenne) et secs, et des hivers doux et aussi ensoleillés.
Le soleil est un état de fait.L'été, on l'appelle "cagnard".
Il "tape" fort et on s'en protége. En hiver, il est recherché,
et sans soleil, le moral n'est pas là,on est inquiet, on devient
irascible et coléreux.
Le Mistral est redoutable lorsqu’il s’élance dans le couloir rhodanien
vers les dépressions méditerranéennes et sa vitesse
dépasse fréquemment les 100 km/h. On compte environ 120 jours
par an de grand vent. Nos agriculteurs, exposés au vent toute la
journée, connaissaient toutes les techniques pour s'en protéger
: haies d'arbres, mas en U ou en L autour d'une cour abritée, maisons
au toit de tuiles bâties et consolidées avec quelques pierres
par-dessus pour les empêcher de se soulever,sens des tuiles sur le
faîtage opposé au vent, cheminée orientée pour
ne pas fumer. Ils savaient que le mistral pouvait être si fort et si
tenace qu'il pouvait "arracher les oreilles de l'âne".
Rose des vents.
Les habitations sont orientées de façon à se protéger
du vent, et aussi du soleil : les façades des maisons traditionnelles
sont orientées au sud pour un ensoleillement maximum en hiver et
les ouvertures côté "mistral" sont réduites.
Chez nous, il ne pleut pas, mais, quand cela commence, il pleut vraiment
(en moyenne,900 à 1000 mm par an), avec, parfois, des précipitations
de 100 mm en l'espace de 24 heures. Nous connaissons aussi les vignobles
inondés et les routes coupées. Les anciens avaient compris
et recherchaient d'une manière générale les sites dominants
pour y établir leurs habitations.
Terre de contraste, on se méfie des éléments. Le feu
a toujours été objet de crainte : les habitations évitent
les zones boisées comme celles des collines du Paty.
Le Vaucluse est principalement agricole avec ses cultures maraîchères,
ses primeurs et ses vignes. Ses fraises, ses melons, ses cerises, ses tomates,
carottes, haricots verts, courgettes et autres pommes, poires et pêches,
sans oublier son raisin, sont exportés dans tous les pays d’Europe
et contribuent à sa renommée. Les industries alimentaires
se sont développées autour de cette agriculture, comme les
conserves ou les fruits confits d’Apt. La truffe, elle aussi, est une importante
production vauclusienne.
Nous verrons, dans la partie historique, que l'agriculture s'est adaptée
au cours des siècles aux débouchés de chaque époque.
Les particularités agricoles de la commune de Caromb seront décrites
dans un chapitre spécifique.
Avignon, Orange et Cavaillon.
Comment ne pas parler d’Avignon, 86 939 habitants et 160 000 avec son agglomération,
et, nous le verrons, ses 40 siècles d'histoire ?A la fois préfecture
du département, capitale agricole, centre de tourisme avec son Festival,
son pont et son palais des papes, Université, centre administratif,
Avignon compte aussi quelques industries orientées vers le papier,
l’engrais, les conserves et les produits réfractaires.
Mais Avignon est loin de nos villages : pensez donc, la ville est à
32 km de Caromb. Il fallait 5 à 6 heures de bonne marche pour s’y
rendre. Son influence fut certaine et nous aurons à en parler pour
expliquer l’histoire de nos villages. Mais c’est déjà un autre
monde, une culture différente, une ouverture par le Rhône à
tous les courants, toutes les idées, toutes les influences.
Il en est de même pour Orange et Cavaillon, autres grandes villes du
Vaucluse.
Le Comtat Venaissin.
Les limites
administratives ont varié au cours des siècles. Il en est une
d’importance : celle du Comtat Venaissin.
Longtemps terre papale, enclave au milieu des terres françaises, il
couvrait une partie du département de Vaucluse, et en particulier
notre région, du Mont Ventoux aux Monts de Vaucluse et à Avignon,
avec des extensions variables vers le nord, jusqu’à Montélimar,
Grignan ou Valréas.
Au XIVe siècle, il va de Valréas à Cavaillon et de Flassan
à Avignon.
Carte
du Haut-Comtat
Carte
du Comtat Venaissin.
Ajoutons, pour terminer ce bref survol de notre région, cet aperçu
géographique de l’environnement de nos communes, que nous sommes
en terres du Midi, du soleil, du Mistral, des tuiles romanes, dans un pays
d’oc, avec l’accent, bien provençal.
Pays de cocagne, de farniente, de siestes d’été, de festivals
? Sûrement pour les milliers de touristes qui défilent chaque
année dans nos villages. Mais derrière cette couche superficielle,
un pays de Culture, avec une population marquée par son histoire,
fière de son passé, très proche de ses terres, pour qui
l’événement local est de loin plus important que ce qui se
passe à Paris ou ailleurs en France.
Il est temps, de passer à l’Histoire, notre histoire, celle de Caromb
et des autres villages des alentours, au pied du Mont Ventoux, en Comtat
Venaissin.
Suite : la chronologie historique.
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