XXVII. La
Seconde Guerre mondiale.
1939
1940
1941
1942
1943
1944
1945
Les journaux apprennent à nos carombais qu'Hitler a envahi l’Autriche,
en mars 1938. Six mois plus tard, c’est au tour de la Tchécoslovaquie.
1939
Après avoir cru échapper aux hostilités par les concessions
faites à Hitler à Munich en 1938, le nouveau président
du Conseil, Edouard Daladier, engage le pays, aux côtés des
Britanniques, dans la Seconde Guerre mondiale (3 septembre 1939).
En 1939, nos soldats carombais participent aux grands travaux de fortifications
le long des frontières. Une véritable “Ligne Maginot”
s'édifie dans les Alpes, à la frontière italienne.
En septembre 39, la Wehrmacht est en Pologne et dès avril 1940, elle
envahit le Danemark et la Norvège.
1940
En mai 1940 s’ouvre le front ouest, avec l’invasion du Luxembourg, de la
Belgique, des Pays-Bas et de la France. L’Italie, restée jusque-là
hors du conflit, entre dans la guerre (10 juin 1940).
La guerre est à nos portes.
Mais l’armée française des Alpes fait front entre les Allemands
qui arrivent jusqu’à Chambéry et les Italiens qui eux sont
à Modane ou dans l’arrière pays niçois. Du 15 au 25
juin 40, a lieu une rude bataille qui se conclut par l’occupation de Menton
et de Fontan, sans avancées importantes.
Le 14 juin, les troupes allemandes entrent dans Paris ; le 16 juin, elles
atteignent la Loire. Pétain forme un nouveau gouvernement, puis s'adresse
par radio aux Français : « Je fais à la France le don
de ma personne pour atténuer son malheur...C'est le cœur serré
que je vous dis aujourd'hui qu'il faut cesser le combat ».
Comme ailleurs en France, l'appel du 18 juin 1940, du général
de Gaulle, passe inaperçu à Caromb, mais on apprend la signature,
le 22 juin 40, de l’armistice franco-allemand. La France est occupée
au Nord, et la zone libre couvre le Sud. Le 24 juin est signé l’armistice
franco-italien. Caromb reste libre.
Vichy vote les pleins pouvoirs au maréchal Pétain. Comme ailleurs,
on apprécie l'arrêt des hostilités. La visite de Pétain
dans le Midi est un grand succès. Tout le monde se précipite
à Avignon ou à Marseille pour applaudir le "sauveur de la
France". Le pays va se partager entre les Pétainistes et les autres.
Edouard Daladier, Paul Reynaud, Georges Mandel et Léon Blum, tous
hommes politiques de la IIIème République sont arrêtés
début septembre.
1941
On lit les journaux et on écoute la radio pendant l'année
1941 qui voit l’extension du conflit au monde entier : les Japonais déclarent
la guerre aux Etats-Unis, le Reich attaque l’URSS, le front se déplace
en Afrique du Nord.
A Caromb, cette année là, on s'intéresse à la
situation politique et militaire, car quelques enfants du pays sont sur
le front, mais on s'occupe aussi de la création d'une société
de pêche pour repeupler en poissons les eaux de l'écluse et
organiser, le lundi de Pâques, une fête champêtre.
Après Noël, une vague de froid et d'abondantes chutes de neige
créent des congères et bloquent nos routes [54].
1942
Le 8 novembre 42, 700 navires débarquent les premiers corps expéditionnaires
anglo-américains dans les ports du Maroc et de l’Algérie.
Aussitôt la zone libre est occupée par les Allemands, à
partir du 11 novembre 42, puis, pour les parties alpines et les Alpes maritimes,
par les Italiens.
La ville d'Avignon est occupée par les armées allemandes le
11 novembre 1942. Le 27 novembre 42, la flotte française de Toulon
se saborde . La guerre se rapproche.
Dès 42, les premiers maquis s’installent et la Résistance
s’organise autour de petits groupes. Le STO (Service du Travail Obligatoire),
décrété le 16 février 1943 pour fournir de la
main d'œuvre à l'Allemagne, a pour première conséquence
d’apporter à la Résistance une réserve d’hommes jeunes,
qui se trouvent “le dos au mur”.
Le 5 avril, Vichy annonce officiellement le transport en Allemagne
de M. Daladier.
Les zones montagneuses sont particulièrement propices pour
abriter des maquis dont la mission essentielle consiste en rapides coups
de main : Le Dauphiné, l'Oisans, Belledonne, les Sept-Laux jouent
parfaitement ce rôle.
Chez nous c'est le Mont Ventoux et la région de Sault, avec le réseau
Combat qui bénéficie des parachutages d'armes sur les plateaux
( Sault, Apt). Une mission plus ambitieuse est confiée au Vercors
capable, par son isolement, de devenir une base d'actions militaires lourdes
sur les arrières allemands après un éventuel débarquement
en Provence. Si les Allemands sont là, la guerre est dans le Pacifique
et en Afrique du Nord.
1943
1943 marque le tournant de la guerre par le débarquement allié
en Sicile le 10 juillet et la chute de Mussolini, le 25 juillet. L’Italie
est alors occupée par les troupes allemandes.
En mai 1943, Jean Moulin regroupe la Résistance au sein du CNR. En
Savoie, la résistance est très importante en 43-44. Le massacre
du plateau de Glières en témoigne. De nombreux réfractaires
au S.T.O. sont obligés de se cacher. La Résistance se manifeste
par des sabotages, des tracs, fait sauter les rails du chemin de fer
[48].
1944
En 1944, le maquis est mieux organisé, les coups de main sont plus
importants, mais les représailles font beaucoup de tués. La
France lutte de l'intérieur avec l'aide de Londres. L'ordre d'entrer
en action est lancé le 5 juin 44 dans les grandes zones de résistance.
En Dauphiné, les moyens nécessaires, pourtant promis, ne sont
pas envoyés. S'étant découvertes prématurément,
les troupes du Vercors sont l'objet d'une attaque terrestre
et aéroportée de grande envergure, qui se
termine par la dispersion des survivants, la destruction
de plusieurs villages et des massacres de population.
A Avignon, les mois précédant la libération sont les
plus pénibles. Le premier bombardement allié, visant les lignes
de chemin de fer et les ponts sur le Rhône, fait 450 morts, 1.200
blessés et plus de 3.000 sinistrés. Les bombardements continuent
jusqu'à la libération de la ville, sans résistance
ennemie, le 25 août 1944 par des troupes franco-américaines.
A Vaison, le pont romain résiste aux tentatives de minage de l’armée
allemande.
L’Allemagne recule sur tous les fronts : les Soviétiques avancent
à l’Est, les alliés débarquent en Normandie le 6 juin
1944 et le 15 août en Provence. Les maquisards et les bombardements
de l’aviation appuient l’attaque des alliés. Le 28 août, les
Alliés atteignent le Var et Nice est libérée le lendemain.
Le 20 août 1944, un groupe de soldats allemands en retraite est pris
à partie par les maquisards descendus du Ventoux. En représailles,
l'ennemi ordonne la destruction du château du Barroux qu'il croit
être le repaire des résistants. Devant la population terrorisée
et rassemblée de force, le feu embrase toutes les pièces du
château et n'épargne que les plus gros murs.
Le 25 août les alliés libèrent Paris, pendant que, chez
nous, l'armée allemande en déroute fait sauter les ponts de
Pernes sur la Nesque.
Le 28 août, Marseille est libérée. Les derniers Allemands
remontent la vallée du Rhône
A Caromb, mon père installe un drapeau bleu-blanc-rouge au sommet
du clocher de l’église.
Un allemand vole, à Carpentras, le vélo de mon grand-père
maternel, cafetier à Caromb. Quelle n'est pas sa surprise lorsqu'il
le voit arriver devant son restaurant du Cours monté par ce soldat
en déroute ! L'Allemand réclame à manger. Il est servi
copieusement, le vin carombais coule à flot… pendant que le vélo
rejoint le grenier.
Le 23 octobre 44, les alliés sont à Strasbourg.
1945
1945 marque la fin des combats : les Soviétiques arrivent à
Berlin le 24 avril et les alliés arrivent jusqu’à l’Elbe.
La Wehrmacht capitule le 7 et 8 mai.
Au bilan, la France compte 535.000 morts.
A Caromb, rendons hommage à nos morts, blessés ou prisonniers
[39].
Décédés au Champ d'Honneur :
Nom et Prénom
Age Décédé
le à
TESSANDORI Bernard
36 24. 5.1940
Bres sur Meuse
BERTRAND Roger
24 4. 4.1945
Morsels (Forêt Noire)
ROBERT Yvan
1945
DELPECH Bernard
30 18. 4.1945
Zillisheim (Haut-Rhin)
Les Prisonniers
de Guerre 1939-1945
ALLEGRE Emile
ALLEGRE Maurice
BAGNOL Eugène
BARRE Georges
BARRE Paul
BARTHELEMY André
BEGUE Corneille
BLANC Fernand
BONNAVENTURE Elie (évadé)
BONNAVENTURE Raoul (évadé)
BONNAVENTURE Roger
COLOMB Léon (évadé)
CONSTANTIN Bertin
CORNUD Pierre
CORNUD André
CORNUD Jean
CREMIEUX Joseph
DAVID Georges
DOU Edmond
DUFOUR André
FERAUD Léon
FOUQUET Aimé (évadé)
GAUTIER Louis
GIRARD Georges
JAUME Maurice
MARREL Raymond
MERCIER Germain
MICHELIER Fernand (évadé)
MORARD Fernand
PELISSE Raoul
QUINTILLIEN Elie
RACCHINI Candide
RAVAUTE Joseph
RIBAUD Justin
ROUBIN Joseph
ROGIER Louis
ROUX Hélen
SAGE Bertin
SAUREL André
SEIGNOUR Marcel
SICAUD Laurent
Les Grands Blessés
de 1939-1945.
BIGONNET Jean (Major)
– amputation d'une jambe
GONTARD Maurice - amputation
d'un bras
Campagne d'Indochine.
ROBERT Yvon, décédé
à 24 ans, le 14.3.1947 à Tutuy (Indochine)
Un simple sentier muletier escarpé permettait d'accéder au
lac du Paty. La municipalité de 1945 réquisitionne les prisonniers
allemands pour creuser les flancs de la montagne et construire une route,
accessible aux voitures, en pierraille recouverte de terre (elle sera goudronnée
en 1955) [98].
En 1945, nos terres comptent 35.500 pieds d'olivier et la surface occupée
est de 126 hectares, soit 10% de la surface cultivée[107].