XXIII. La fin du XIXe siècle.
Caromb vers 1880.
Routes carombaises. Allée
des Pins.
L'école libre.
L'observatoire du Mont Ventoux.
Caromb vers 1880.
Le mois de janvier 1871 reste tristement célèbre dans les mémoires
pour le froid très vif qui dure tout le mois.
Un petit clocher est bâti sur l'ancienne chapelle des pénitents
blancs et une belle statue de la vierge surmonte l'édifice (1879).
La cloche, fondue en 1847 par Pierre Pierron, fondeur de cloches à
Avignon, sera transportée au Barroux, et la Vierge, à la chapelle
du Paty.
La chapelle des pénitents gris est encore visible sur le Cours, au
sommet d'un grand escalier de pierre, grâce à une souscription
populaire qui la sauva alors qu'elle était menacée de démolition.
Le conseil a autorisé que cette nouvelle construction déborde
de 30 cm sur le cours par la saillie de deux tourelles et par une marche
d’escalier (1880).
En 1882, le riche monastère des ursulines, après près
de deux siècles d'existence, est démoli pour construire la
chapelle des pénitents gris. En l'an 2000, il nous reste cependant
ses deux belles portes d'entrée visibles dans l'impasse du couvent
[39].
La population de la commune s’est réduite, passant de 2.500 à
2.183 habitants, entre 1874 et 1881. Le conseil cherche à économiser
: il demande la suppression du deuxième vicaire, mais l’archevêque
s’y oppose. Un curé et un vicaire semblent suffisants pour la nouvelle
population. Faute d’accord, on transfère le presbytère dans
une location moins chère, une maison avec jardin.
L’abbé Rigot, curé de Malaucène, échange un terrain
près du cimetière contre un emplacement dans l’ancien cimetière,
avec l’accord du conseil qui pense aux futurs agrandissements (1882).
Mme Louise Lombard tient l'harmonium.
Notre clocher n'a toujours pas de toiture, à cette date
Caromb redoute l’exode des cultivateurs, suite à deux grands fléaux
: le phylloxera et l’arrêt de la garance (1882).
En 1881, l'école publique est gratuite pour tous. Les enfants juifs
et protestants peuvent enfin bénéficier de l'instruction gratuite
et, l'année suivante, une loi du 28 mars rend l'instruction obligatoire
pour les enfants des deux sexes de six ans révolus à treize
ans révolus [54].
L'année 1885 marque la fin de la primauté de l'enseignement
religieux à Caromb : l'école des garçons est laïcisée
(celle des filles l'est un an plus tard) et les instituteurs remplacent les
frères. Entre école laïque et privée commence une
concurrence généralement cordiale, sauf en période électorale
où les esprits s'échauffent quelque peu [98].
M. Auguste Gallas, poète et félibrige, est le premier directeur
[39].
Routes carombaises. Allée
des Pins.
De manière générale, les routes, bien que de plus en
plus délaissées, ne sont pas oubliées. Les principaux
bénéficiaires sont les chemins vicinaux qui aideront à
l'évolution des campagnes. A Caromb, on améliore de façon
permanente le réseau routier.
Déjà, avant Napoléon III, on a fait construire un pont
sur le Brégoux (1856), sur le chemin N° 3, de Caromb à
Aubignan et deux ponts sur les Malagronnes, sur le chemin vicinal N° 7
(1857). Puis le conseil donne son entier assentiment au projet de créer
une route impériale de Carpentras aux Alpes, par Caromb, Malaucène
et la vallée de l’Ouvèze (1869). Il est probable que le conseil
refuse alors le passage de la route par le village, laissant le tracé
aux limites de la commune et assurant ainsi la tranquillité future
des Carombais. La première grande route carrossable de la commune
va du village au four à chaux, où elle rejoint la route Carpentras-Malaucène
(1872).
Celle de Caromb à Carpentras est construite entre 1881 et 1892 et,
l'arrivée dans le village est complètement modifiée
par une nouvelle montée que l'on consolide et embellie très
vite par deux belles rangées de pins. Notre "Allée des Pins"
est née, juste au-dessus de l'ancienne route de Carpentras. Il est
vrai que la circulation devient importante, que l'ancienne route ne répond
plus aux besoins et que les accrochages y sont nombreux. Le raccordement
des chemins vicinaux N° 1 et N° 25 nécessite de détruire
le lavoir situé sous la promenade de l’église. On le rétablit
avec une rampe à l’escalier qui en permet l’accès (1888).
On modifie aussi la route qui arrive de Modène en 1883, à l'entrée
du village, puis on décide de l'agrandir et de couper le serre sur
400 mètres pour faciliter le trafic de nos charrettes : des travaux
mis en adjudication le 2 juin 1901 ave une mise à prix inférieure
de 22% sur la somme estimée de 2.030 Francs. En décembre, on
traverse le serre par cette nouvelle route.
Dans sa séance du 4 avril 1894, le Conseil Général vote
la construction d'un pont à deux voies charretières sur la
Mède, et l'élargissement de la route de Caromb à Mazan
: un coût, pour le pont, de 16.880 francs (couvert par 2.014 francs
du département) et un coût de 23.199 francs pour la route (dont
14.000 francs pour la commune).
Vers Beaumes-de-Venise, la route est
agrandie en 1902 pour 31.726 francs. L'Etat donne 9.930 francs, le département
10.549 francs et la commune 11.247 francs. Les travaux sont terminés
en 1905, pour un coût inférieur de 9% aux prévisions.
La route d'Aubignan, elle, est gérée par le Conseil Général
en 1879.
Restent les chemins de Crillon, du Plagnol, et de Foulignan : ils resteront
à voie étroite.
L'école libre.
L'école libre de Caromb est construite en 1896, pour les filles, mais
les garçons sont acceptés jusqu'à six ans ( après
cet âge, ces derniers rejoignent "la communale"). Ce grand bâtiment
de la route de Beaumes, avec une belle cour ombragée, trois grandes
salles de classes, une garderie, six chambres et un dortoir pour les pensionnaires,
était une des plus belles écoles du Vaucluse [98].
L'observatoire du Mont Ventoux.
Notre paysage change : la commission météorologique
du département décide la construction d'un observatoire au
sommet du Mont-Ventoux et M. Bouvier, ingénieur en chef est chargé
des travaux. Comme les autres communes, Caromb vote une contribution de
50 francs pour cette construction (mai 1879).
Dès 1882, après trois années de travaux, une route
permet aux voitures d'arriver au sommet du géant de Provence, après
22 kms de montée (à partir de Bédoin), et un grand bâtiment
de 30 m. de longueur et de 10 m. de large s'élève entre 1882
et 1884. Le 16 mai 1882, le ministre de l’Agriculture de l’époque,
François de Mahy, et le maire de Bédoin Maxime Favier, posent
la première pierre.
En décembre 1884, les premières activités peuvent démarrer.
Le bâtiment permet de loger un observateur et un garde forestier attaché
à la direction du reboisement de notre montagne pelée et une
grande salle vitrée, au rez-de-chaussée, est réservée
à l'hivernage des graines de vers à soie.
A l'extérieur, un vaste terre-plein elliptique de 22 m. par 12 m.
est aménagé et équipé des instruments météorologiques
les plus modernes, dans la limite des fonds alloués. On y trouve des
anémomètre, des thermomètres à minima et maxima,
un psychromètre, un évaporomètre, un pluviomètre,
un ozonoscope et une girouette.
Une galerie couverte relie le bâtiment
à la plateforme d'étude, permettant d'accéder aux appareils
par grand vent comme par grand froid .
Après la chapelle Sainte-Croix, voilà une deuxième occasion
pour les Carombais d'écarquiller les yeux pour essayer d'apercevoir
ce changement au sommet du Mont Ventoux.