a
 

Mise à jour 4/03 Copyright JG © 2003
  
      TOME I
 
Menu principal
Aide
Introduction
Géographie
Chronologie historique
Thèmes
Les seigneurs
La noblesse
Affaires municipales
Affaires religieuses
Patrimoine carombais
Carombais de jadis
Agriculture
Les eaux
Les liens
Les Images
Les références
Vos commentaires
 
 
   
  
XVI. Traité d'Utrecht (1700-1713).



        Reprenons le fil de l’histoire au début du XVIIIe siècle.
        Louis XIV est toujours roi de France et les visites de la famille royale dans la région sont de grands évènements : la communauté fait porter ses fusils à dos de mules à Avignon, pour armer la garde lors de l’entrée des Princes de France (Duc de Bourgogne et du Berry) et les fait ramener après leur passage.
        En 1702, un coup de peinture fraîche est nécessaire sur les armoiries du pape, du vice-légat et du recteur.

        A la mort de Charles II, roi d’Espagne, Philippe d’Anjou, petit-fils de Louis XIV, occupe le trône d’Espagne. La puissance franco-espagnole est trop grande et l’Autriche, l’Angleterre et la Hollande s’arment et forment une coalition.
        Dès 1705, les Français remettent le siège devant Nice, qui se rend en 1706.
        La Savoie, vainqueur en Italie (1706), dégage Turin assiégée par les Français. Le prince Eugène de Savoie-Carignan bat les Français et envahit la Provence jusqu’à Toulon (1707). Mais il échoue au siège de Toulon, et, pour la quatrième fois les piémontais-savoyards doivent battre en retraite, laissant 17.000 morts. Les Français réoccupent Nice. Le terrible hiver 1708-1709 arrête les hostilités.

La fin de la principauté d’Orange.



        Louis XIV avait déjà dépouillé la maison de Nassau pour donner Orange au prince de Conti (1703). Le traité d'Utrecht confirme l'intégration de la principauté d'Orange à la France [101]. S’en est fini des frontières multiples autour de nos villages : désormais la France est de partout : à Suzette, au nord de Vaison et au sud de la Durance. Refuge des protestants, jusque-là protégés, plus de 5.000 d’entre eux doivent s’exiler en Suisse et en Prusse. Le traité d’Utrecht échange Barcelonnette et la vallée de l’Ubaye contre quelques vallées dauphinoises qui passent  à la Savoie. Légères rectifications de frontières, sûrement, sauf que mes ancêtres dauphinois du Val Varaita deviennent savoyards, puis sardes, alors que la vallée de l’Ubaye est rattachée à la Provence.
         La Paix revenue, on constate l’étendue des dégâts de la guerre : les communes de Provence sont endettées, une foule de mendiants court la campagne. Débris de toutes les guerres, ces gens arrivent au moindre tumulte et provoquent une grande insécurité.
         Victor Amédée II de Savoie est le grand gagnant de ce traité. S’il doit rendre la Sicile à l’Espagne (1720), en échange de la Sardaigne, il se voit attribuer le titre de Roi (de Sardaigne). Il se fait   couronner à Turin. C’est la naissance du Royaume de Sardaigne ou Etat sarde.

        Le traité d’Utrecht ouvre une période de paix qui va durer un siècle, malgré la guerre de succession d’Autriche.

        Les biens que possédait le mont-de-piété de Caromb, inventoriés au cours d'une visite pastorale en 1713, s'élevaient à la somme de 4.323 écus [58].

        Nos religieuses augustines enseignent aux jeunes filles dans leur local de l'hôpital qu'elles viennent de créer. Elles reçoivent ensuite les garçons. Il y a cependant beaucoup d'illettrés dans le village, car beaucoup ne comprennent pas l'importance d'une bonne instruction.

        Les sœurs reçoivent comme consigne «d'être comme les anges gardiens de leurs élèves et les aimer tendrement... que s'il y a dans le cœur quelques prédilections, ce doit être pour les enfants pauvres, parce que cet institut en est beaucoup plus chargé que les riches». Voltaire écrit en 1763 «que les artisans et des laboureurs envoient leurs enfants dans les collèges des petites villes» et «ce sont les frères qui ont perdu en apprenant à lire et à écrire à des enfants qui n'eussent dû apprendre qu'à manier le rabot et la lime» [54].
        Nos ursulines de Caromb sont parfois détachées dans les villages environnants : les deux sœurs Agnès et Rose de Marsant sont à Mormoiron en 1737.

        Quelques nouvelles de l’orgue de Caromb : l’année du traité d’Utrecht, un ermite, le frère Paul Blanc, remplace M. Gautier, puis c’est un clerc du nom de Michel Rondet qui prend l’instrument en 1720, l’humble et dévoué ermite Paul Blanc reprend ses fonctions en 1728, jusqu’à ce qu’il soit remplacé (1734) par M. André Baptiste.

Les élections "professionnelles".



        L’élection d’un boucher ou d’un comptable n’est pas chose facile dans notre village : en 1712, le vice-légat propose une candidate pour tenir la boucherie. On met pourtant aux enchères la ferme de la boucherie, mais la dame se présente seule candidate. Il y a des opposants à ce choix.
Aucun exacteur de la taille ne se propose aux élections de 1714. On le comprend : tenir les comptes de Caromb n’est pas de tout  repos. Le conseil vote avec la liste des 6 dernières personnes ayant tenu ce poste, avec obligation pour l’élu d’accepter. L’élu est proposé au parlement, mais celui-ci le refuse. Le vice-légat ordonne de recommencer l’élection. Le nouvel élu refuse à son tour. Personne ne se présente à une nouvelle élection. Le parlement s’étant récusé, le conseil nomme, à suffrage secret, une des 6 personnes de la liste initiale.

        Un nouveau procès débute pour empêcher un monsieur Cohorn de Carpentras, qui a fait des excavations dans la raille de Lespine, de conduire des eaux du terroir carombais vers Carpentras.

Le conseil carombais en 1716.



        Le conseil est composé de deux consuls et de 22 conseillers, divisé en deux collèges, le 1er rang pour ceux qui comptent plus de 600 florins au cadastre et le deuxième rang pour ceux qui ont au moins 400 florins au cadastre. Chaque groupe a son consul et la moitié des conseillers. Le 1er consul est un noble ou un bourgeois, comme docteur ou apothicaire, “ne faisant aucun art mécanique”.
        Consuls et conseillers touchent des honoraires de 5 livres.
        Le conseil se réunit sous l’autorité du viguier.
        Les élections ont lieu le premier mai et le premier consul propose 4 candidats. Le second consul fait de même. Les élus sortants ne sont pas rééligibles pendant trois ans. Chaque collège a son urne ou “boite à ballottage”.
        La candidature du secrétaire est proposée par le 1er consul et il est élu par vote secret. Son salaire est de 30 écus de monnaie courante.

        Les prêtres envoient deux députés pour les représenter au conseil. La convocation du conseil se fait par le valet de ville puis au son de la cloche. La présence est obligatoire et les absents sans excuse se voient infliger une amende de 20 sols.
        Pendant une de ces réunions de septembre 1716, le viguier quitte le conseil en pleine assemblée, sans expliquer ses raisons et on dépêche le valet de ville pour le ramener. Les archives n’en disent pas plus : envie pressante ou problème réel ?

        On plante des mûriers le long des chemins publics en 1717, sans respecter une distance de 5 pans (1,25 m) pour permettre aux chevaux de passer.

De 1718 à 1720, des années difficiles.



        On décide de créer une seconde boucherie pour les moutons, en plus de celle qui existe pour les bœufs et les brebis. Un conseiller de chaque main surveille les boucheries en les visitant chaque semaine.
        En 1718, on souhaite réduire les missions qui ont lieu tous les quatre ans : elles coûtent cher (voiture à louer, logement gratuit) et on propose une fréquence de 6 ans. La motion est rejetée “après ballote” et certains étaient déjà prêts à réclamer ce changement au vice-légat.
         Nos boites de confitures sont ressorties cette année-là pour la visite du recteur.
        Les deux années 1719 et 1720 montrent bien que le village est dans la peine : pauvres et endettés par les guerres de Louis XIV, par les invasions des troupes françaises et par la pression fiscale, les carombais doivent prendre des mesures protectionnistes ou conservatrices.
  •  Ainsi tout étranger venant s’installer à Caromb sans y avoir des biens, même s’il se marie à une femme du lieu, devra payer 5 écus de monnaie courante, fournir des témoignages qu’il est homme de bien et recevoir l’agrément des consuls.
  •  Ainsi chasse-t-on un habitant reconnu “voleur de champ et mal famé”.
  •  Ainsi constitue-t-on une garde bourgeoise pour surveiller les vergers et chaque habitant doit y participer, sauf s’il loue un homme à sa place.
  •  Il n’y a plus de blé et quelques grains sont distribués aux pauvres.
  •  Le pain est rationné, vendu à prix réduit aux nécessiteux.
  •  Le prix de la viande monte à 14 patas la livre de bœuf.
        Pourtant nos conseillers ne perdent pas espoir : ils souscrivent à la construction d’un canal qui sera construit pour le bien-être de tout le Comtat. Nos consuls ont besoin de dignité : ils souhaitent porter des chaperons, comme ceux des autres villages.
        C’est dans ces conditions qu’arrive la peste.

 
 

Suite : la chronologie historique (chapitre XVII).

Retour