|
|
|
I. Au début,
les terres.
Il a fallu des millions d’années pour que se forme ce merveilleux
paysage de monts et collines qui entoure le village de Caromb. Il a fallu
que les grandes fosses maritimes se comblent, que les débris organiques
s'entassent et que cette sédimentation se transforme en calcaire,
celui que l'on trouve dans les collines du Paty. Il a fallu que les plissements
des Alpes, puis des Pyrénées, courbent, cassent, plient cette
plaque calcaire initiale, pour élever le Mont Ventoux ; qu’une grande
faille qui va de Nîmes vers le Dauphiné fasse jaillir du sol
les Dentelles-de-Montmirail, que les terres soient secouées, soulevées,
basculées pour qu’apparaissent les collines du Paty.
N
du Ventoux aux Monts de Vaucluse
S
Vingt millions d’années avant nous, le soulèvement des Alpes
a touché tous les reliefs de la périphérie. Les plaines
se sont effondrées, repassant au-dessous du niveau de la mer ;
les nombreux poissons, crustacés et coquillages qui peuplaient
notre territoire ont entassé des tonnes de débris, de fossiles,
qui, en se solidifiant, sont devenus notre pierre dite "de Crillon".
Caromb-sur-mer, il y a quinze millions d'années, était à
la limite entre terre et mer. Les couches de pierre « de Crillon
», sous l'action des vagues, se transformèrent alors en belles
plages de sable argileux constituant le grès de notre sous-sol.
Au quaternaire, il y a trois millions d'années, tout le territoire
de la commune sort de l’eau.
Le résultat de cet immense chaos est admirable : au loin, les Alpes
sont là, le Mont Ventoux se dresse majestueusement au-dessus des
plaines, prolongé d’un côté par les Dentelles de Montmirail
et de l’autre, par les monts de Vaucluse. Les collines boisées,
comme celle du Paty, abritent des animaux sauvages. Le climat s’améliore,
le ciel devient bleu, il fait "beau" dans ce pays ; depuis que la Provence
est sortie définitivement des flots méditerranéens,
dans les premiers siècles du Quaternaire, un vent du Nord, que l’on
appellera "Mistral", souffle de temps en temps, avec une force surprenante.
Le sud de la région n'est que marais et le Rhône, fougueux,
déborde régulièrement.
C’est la nature à l’état sauvage ; un calme absolu, à
peine troublé par quelques hurlements d’animaux sauvages. Aucun
sentier, aucune route, aucun être humain n’existe encore.
Les éléments principaux de notre sol sont constitués
; le cadre existe et ne sera plus modifié que par la pluie, le
gel et le vent. Tout est là et, à l’échelle de l’homme,
plus rien ne changera vraiment.
On comprend aisément qu’au Paléolithique
les premiers hommes, tailleurs de silex, choisissent d’habiter au pied du
Ventoux ou sur le plateau de Sault.
Lorsque le climat se refroidit, lors des dernières glaciations,
les seuls endroits abrités se trouvent sur les flancs méridionaux
du Ventoux, notamment à Caromb, à Bédoin sur le site
Curnier, à Ste Colombe, St Estève et sur le plateau de Sault.
Ces premiers chasseurs carombais, organisés en tribus ou
hordes, chassent le gros gibier, mammouths ou rhinocéros
[12]
.
Qualifiés de « Moustériens », ces premiers hommes
occupent, à Caromb, la combe de la Mède. Ils sont grands
utilisateurs de silex qu'ils se procurent à Pied-Blanc-de-Modène
(Piéblanc) ou au ravin de Croustalas près de Saint-Pierre-de-Vassols.
D’autres vestiges néolithiques sont connus à Modène,
aux Marelles et aux Vantes.
En 1882, le creusement de la tranchée des Peyrières
lors de la construction de la route Caromb-Malaucène, a permis la
découverte de plusieurs pièces en silex et de nombreux éclats,
marque de l’emplacement d’un atelier de taille.
Nos premiers artisans sont là, devant leur grotte, préparant
leurs outils et leurs armes.
Puis apparaît l'homme de Cro-Magnon, notre ancêtre direct. Il
est plus grand, plus vif, plus intelligent que ses prédécesseurs.
A Caromb, il habite les collines du Paty et le quartier de la Gardette.
Après la chasse, l’homme pratique une agriculture très fruste,
cultivant le sol avec un araire primitif de bois, puis devient éleveur,
de moutons principalement, et commence une transhumance qui va tracer
les premiers chemins.
Suite : la chronologie
historique (chapitre II).
Retour
|
|