Jean de Rous, capitaine au service de la France,
prit une part active aux guerres. Il se distingua à la défense
de Château-Dauphin, qu’assiégeait le duc de Savoie, et après
réduction de cette place, il vint se fixer dans la ville d’Embrun,
dont il fut élu consul en 1628. Il fit son testament olographe,
le 30 juillet 1630, par lequel il légua 50 livres à l’église
d’Embrun, pareille somme à celle de Bellino.
La famille Rous
de Tourette :
voir leur histoire, de Tourette à
Sorgues (en Vaucluse)
En 1629, le col du Montgenèvre
voit défiler les litières de Louis XIII et de Richelieu s'en
allant forcer, le Pas de Suse, et battre le duc de Savoie. Il est peu probable
que le fameux cardinal a accordé la moindre attention au paysage
dont, à l'époque, les voyageurs de marque ne se souciaient
guère.
En 1630, les Français reprennent Saluces et Pignerol. Ils sont accueillis
favorablement par les populations de la Savoie, mais doivent mettre le
siège devant Nice. Les Espagnols débarquent à Villefranche
et occupent Nice pendant 12 ans.
Le 13 mai 1631, on ordonne de faire ouvrir le passage du col Agnel,
aussi bien du côté Queyras que du côté Château-Dauphin
pour le passage des troupes. En juin, le Queyras est donné en aide
à Château-Dauphin et il lui est demandé 36 livres par
feu pour l'étape des troupes à St Clément (33). Le
1er janvier suivant, c'est Château-Dauphin qui doit contribuer à
l'entretien de la compagnie des gardes du maréchal de Toyras, lieutenant
général de l'armée en Italie (33).
Le 3 juin 1635, le duc de Créqui prescrit aux 5 compagnies qui sont
en Queyras d'aller loger à Château-Dauphin (33).
Les Transitons
de Molines racontent encore que "l'an 1653, le 8 février, il y
avoit 8 compagnies qui vouloient faire rensonner la vallée et s'assemblèrent
à Châteu-Queyras où ils firent de grands désordres
ey contrenirent les habitants de la vallée à prendre les
armes pour les faire retirer et il y avait plus de 300 peisants armés
; lesdits soldats tuèrent 4 peisants et violèrent des fames
". Précédemment il avait été commis de nombreux
méfairs à Château-Dauphin (33).
La Taille en Dauphiné.
Les règnes de Henri IV et Louis XIII sont aussi marqués par
le procès des tailles. La taille, principal impôt direct, pèse
sur les roturiers et spécialement les paysans. Or, depuis le XIVe
siècle, beaucoup de propriétaires avaient, par achat ou par
mérite, obtenu l'accès à la noblesse, exempte de cette
charge. Le nombre d'imposés diminuait en même temps que la
surface imposable, mais la somme exigée par l'État allait plutôt
croissant. Le poids de la fiscalité atteint au XVIe siècle
les frontières de l'intolérable. Le Tiers-État des
villes et des campagnes dauphinoises a le mérite de savoir s'unir
et s'organiser. Il obtient du roi la
reconnaissance de son autonomie et engage un procès. De
1602 à 1639 des arrêts opposés sont rendus et finalement,
grâce notamment à Claude Brosse, “syndic des villages”, la Taille
est reconnue réelle en Dauphiné, c'est-à-dire
établie sur la terre, en fonction d'un cadastre,
quel que soit le statut social du propriétaire.
Révocation de l’Edit
de Nantes.
Dès le début du XVIIe siècle, une vigoureuse renaissance
catholique se manifeste en Dauphiné, comme d'ailleurs dans l'ensemble
de la France. Nombre d'ordres religieux anciens (Chartreux, Bénédictins,
Franciscains, Dominicains) ou nouveaux (Jésuites, Visitandines, Ursulines,
Oratoriens) rétablissent ou édifient des couvents qui aujourd'hui
encore marquent la physionomie de bien des villes. Les églises
ruinées sont rebâties, comme les cathédrales de Valence
ou de Die.
Ce mouvement s'accompagne
d'une offensive contre les protestants ; Louis XIV
la développe. Prédications, tracasseries et brimades
se mêlent, faisant céder les plus tièdes. En 1685, le
roi peut croire qu'il n'y a plus de huguenots mais seulement des “nouveaux
convertis”. II abolit donc l'Édit de Nantes.
Le Dauphiné en est
profondément affecté par l'hémorragie de gens de foi
qui préfèrent émigrer, à grand risque, et dont
le départ altère gravement la santé économique
de la province.
Madame Royale, en Savoie.
Charles
Emmanuel de Savoie meurt en défendant ses terres (1630), et son fils
Victor Amédée Ier lui succède à 45 ans. Les
plaines du Piémont sont alors ravagées, la disette est pressante
et la peste ravage les populations. [72]. Le duc se retrouve du côté
des français. C’est le second protectorat français ce qui n’empêche
pas la Savoie de récupérer ses états, sauf Pignerol.
Une réaction des espagnols, en 36, lui enlève Verceil.
Les espagnols sont partout
présents en Italie et en Méditerranée : en 1635, ils
occupent les îles de Lérins, au large de Cannes et en font
une base de défense de leur commerce en Méditerranée.
Les années 37-38 sont marquées par des batailles navales entre
français et espagnols (Villefranche). Un capitaine de navire de
Nice, Jean Galléan, en 1637 rapporte à Cimiez les drapeaux
pris aux tunisiens, au large de la Calabre. [52]
Après
la mort de Victor Amédée de Savoie, Madame Royale, Christine
de France, son épouse et sœur de Louis XIII, prend en main la régence,
mais les oncles du jeune duc Charles Emmanuel II, le prince Thomas et le
Cardinal Maurice se lèvent contre elle et contre la France, appellent
les Espagnols à l’aide et la chasse de Turin. Elle doit se réfugier
à Montmélian (1639) [52]. En Piémont, c’est la guerre
civile entre “madamistes”, partisans de “madame reale”, et “priscipisti”,
partisans de la Savoie. Le rebelle Thomas de Savoie-Carignan doit venir
jusqu’à Nice pour établir son autorité dans le sud.
Les Provençaux, inquiets, marchent sur Nice et Thomas doit leur promettre
de ne pas pactiser avec les Espagnols. [52]
Louis XIII et Richelieu,
pendant cette période trouble, attendent à Grenoble. Puis
Madame Royale, par les armes de La Valette, est rétablie à
Turin, doit s’enfuir à nouveau, pour finalement triompher à
Turin, Cunéo, St Dalmas de Tende (1639) [52]. Mazarin rencontre
les rebelles Thomas et Maurice et signe un traité à Turin
en 1641. Thomas reçoit le Canavesan, Maurice le haut comté
de Nice.
La domination espagnole expire
dans les états de Savoie et en Italie : partout triomphe la politique
de Richelieu. Même Monaco, en 1641, secoue le joug espagnol [52].
Après
la chute de La Rochelle, Richelieu impose le culte catholique dans le Prajelat
ou Val Cluson qui relève du Dauphiné et pousse le duc de Savoie
à agir dans le même sens pour ses états.
Reprise
des hostilités en 1641 et la Savoie perd Cunéo. De 1642
à 1648, Thomas, rangé du côté des français,
fait la guerre dans le Piémont. C’est une guerre civile. En 1645,
la France évacue la Savoie et le Piémont, sauf Turin et Pignerol.
Les Espagnols gardent Verceil. Le Traité des Pyrénées
(1653) met fin au conflit franco-espagnol.
En 1655,
40 000 hommes des troupes ducales commencent une nouvelle croisade contre
les Vaudois. Obligés d’accepter les troupes, de les loger, ils subissent
un véritable pillage qui se termine par un massacre connu sous le
nom de « Pâques piémontaises ». Les rescapés
doivent gagner les montagnes. L’Europe protestante, Angleterre et Suisse
en têtes, s’émeut et la diplomatie savoyarde tente de minimiser
les faits. Soutenus de l’extérieur, les Vaudois entrent ouvertement
en rébellion, s’empare de La Tour et brûlent des couvents.
Encore une fois le duc préfère négocier. Un accord
est trouvé en 1655. [77]
Louis XIII meurt en 1643, Richelieu en 1642. Le règne de Louis XIV
va commencer. Les années qui suivent sont marquées par une
période de répit pour les guerres, mais la peste, le refroidissement
climatique entraînent une forte émigration des savoyards vers
la Suisse et l’Allemagne.
Louis
XIV et la monarchie enveloppent tout : “l’Etat, c’est moi.” dit
le roi ; le parlement de Provence est supprimé ; la noblesse se tait.
Après l’opposition d’Aix en Provence à Richelieu et à
Mazarin (1660), la visite de Louis XIV met un terme à la tradition
de rébellion de la ville.
A la suite de sérieux
désaccords entre le pape Alexandre VII, Louis XIV annexe les Etats
pontificaux (Avignon et du Comtat Venaissin). La politique entraînant
accords et désaccords entre les deux pouvoirs, ces états
changent de mains plusieurs fois : ils sont français de 1662 à
1669, puis de 1688 à 1689. De même pour le comté
d’Orange, français de 1673 à 1679, puis de 1690 à 1697.
Les états de Savoie n’ont pas d’autre politique que celle de
la France.
La situation dans nos vallées,
après la guerre.
Jusqu’à la Ligue d’Augsbourg, en 1691, soit pendant prés
de 50 ans, le midi et les Alpes connaissent un période de calme.
L’activité progresse, la religion est protégée [52].
Apres
les calamités de la guerre, et la peste, la Castellata connaît
une période plus calme, marquée par une forte croissance
économique et une forte augmentation de la population. A Bellino
on note une forte croissance démographique et de nouvelles terres
sont cultivées, plus haut dans la montagne, de nouvelles maisons sont
construites.