La Savoie s'oppose
à la France.
Fortifications.
Dans nos montagnes, en
1700.
La Savoie s'oppose à la France.
La
fin du règne de Louis XIV est marqué par de nombreuses intrigues
et par la Ligue d’Augsbourg où l’Europe entière se rassemble
contre Louis XIV.
Victor Amédée
(1684-1722) n’ose pas rompre ouvertement avec lui, mais traite directement
avec ses ennemis : il souhaite se libérer de la tutelle de la France.
Louis XIV, comprenant son manège, lui demande beaucoup : la moitié
de son armée et la citadelle de Turin. Devant son refus, il envoie
Catinat occuper la Savoie. Le 20 juin 1690, la guerre est déclarée.
Malgré la résistance de Montmélian, qui dure une année,
la Savoie est envahie. Pendant 3 ans les Français la ravagent.
En 1690, la campagne se déroule
en Piémont. Catinat gagne la bataille de Starfarda et occupe Saluces,
Fossan. Les armées sont dans la Castellata. Les troupes françaises
doivent reculer dans la vallée de Barcelonnette devant les milices
réunies aux barbets. Les seules troupes qui résistent valeureusement
aux français sont celles des Vaudois.
Catinat arrive à Rivoli,
tourne vers Carmagnole et l’emporte. Cunéo assiégée
résiste, soutenue par 800 Vaudois.
Après un siège
du château de Nice, le comté de Nice est occupé par les
Français de 1691 à 1693.
Malgré les avances du roi de France, Victor
Amédée II reste du côté de la Ligue et l’empereur
d’Allemagne le nomme son généralissime en Italie, à la
tête de 30 000 hommes. [72]
Il se défend,
contre-attaquant en Dauphiné (92), par le Queyras et aussi par le
Val Stura et le col de Larche, essayant de reprendre Pignerol (93). Lors de
leur retraite du Dauphiné, les troupes laissent un pays ravagé,
70 villes ou villages pillés, 11.000 maisons détruites, 25.000
têtes de bétail razziées et imposent des contributions
de 50.000 livres à Embrun et Guillestre, et 900 livres à
Ceillac.
Fortifications.
Suite à ses invasions, Louis XIV demande à Vauban de fortifier
le Dauphiné. Briançon et Château Queyras demeurent les
témoins de ces constructions militaires. Vauban remarqua un plateau
isolé sur presque tous ses côtés, à proximité
du village d'Eygliers, au débouché du Queyras et au pied du
col de Vars où passait alors la frontière. Il fit aussitôt
( oct.-nov 1692) Ie projet pour une ville fortifiée capable de contenir
une puissante garnison et suggéra de l'appeler Montdauphin.
Louis XIV en décida l'exécution et les travaux commencèrent
au printemps 1693. A son deuxième voyage dans Ies Alpes, en 1700,
Vauban put inspecter le front bastionné tourné vers le plateau
d'Eygliers, dont la maçonnerie faite de cailloux roulés n'était
pas d'une cohésion satisfaisante. Il donna des ordres en conséquence
et compléta le projet. Des casernes furent construites, un pavillon
d'officiers, des maisons particulières. Mais la population civile
resta peu nombreuse malgré Ies efforts pour l'attirer en ce lieu ingrat,
et l'église, pourtant magnifiquement commencée,
resta inachevée.[55]
Puis
la Savoie fait volte-face et négocie avec la France. En 1696, la
Savoie récupère ses états, Pignerol, Nice et la Savoie
Puis elle passe aux côtés de la France. La guerre se termine
par le traité de Turin en 1696 où Victor Amédée
II obtient le soutien du roi de France, Louis XIV, pour une annexion du
Milanais.
Encore quelques passages de troupes dans nos vallées : le 23 septembre
1689 la compagnie du capitaine de Beauregard, du régiment de Picardie,
allant tenir garnison à Château-Dauphin, couche à Molines
et s'y livre à des désordres. Le 15 novembre de l'année
suivante les troupes du prince de Savoye pillent Molines, y prennent 15 mulets,
24 vaches et 200 moutons. Le 14 août 1691, c'est 140 vaches et 120
brebis qui sont volées à Saint-Véran par les Vallarins,
ainsi que divers troupeaux dans les autres villages..
Dans nos montagnes,
en 1700.
Dans
nos montagnes, la vie n’est toujours pas facile. En plus de la pénurie
d’argent, il y a la pénurie de vivres : on ne connaît pas encore
la pomme de terre (introduite en 1780) ; le bétail, le seigle, l’avoine
et l’orge sont à usage local. L’émigration, dans les familles
nombreuses, est une nécessité. Dès les premiers jours
de la monarchie sarde, nous savons que les savoyards se dirigèrent
vers l’Italie. Du XIIIe au XVe siècles, c’est vers la France qu’ils
émigrent. Appauvris par les guerres, pressés par la gabelle
du sel et les impôts, ils vont en France comme colporteurs.
De Savoie, on part pour le Languedoc
ou la Bourgogne.
De Bourg St Maurice, on se fait
ramoneur. [72]
Sous
Louis XIV, de nouveaux impôts, la Capitation (1695) et le Dixième
(1710) nécessaires au financement des guerres, viennent peser sur
les paysans. Les temps sont durs pour le petit peuple, mais certaines régions
connaissent une expansion économique : c’est le cas à Grasse
où les Italiens viennent participer à la cueillette des fleurs
pour l’industrie du parfum qui a besoin de beaucoup de main-d’œuvre.
Nos
montagnards sont aussi confrontés à d’autres terreurs : les
loups pullulent dans nos montagnes. A Jausiers, en Ubaye, à la fin
du XVIIe siècle, ils sèment la peur. A tel point qu’il fait
l’objet d’une des capitulations municipales de la communauté : «
Pour donner occasion à chacun d’user de diligence à
tuer ou prendre des loups, a été capitulé que quiconque
tuera ou prendra un loup dans le terroir de ces lieux, aura quatre livres
ducales pour chaque mâle et pour les femelles, six, payable par le
trésorier de la communauté, pourvu que celui qui tue ou prend
le loup le fasse voir à deux des officiers ». [66]