Le recteur est le principal
représentant et le vicaire général du pape dans le
Comtat.
Sous les comtes de Toulouse, le comté Venaissin
était administré par un sénéchal. Le recteur
a été substitué au sénéchal comme chef
du gouvernement de la province. Comme lui, il jouit d'un pouvoir presque
illimité au point de vue militaire, administratif et judiciaire.
Le recteur était nommé par le pape. C'est
ainsi qu'en 1274, Grégoire X nomma le premier recteur, Guillaume
de Villaret, de l’ordre des Hospitaliers, grand-prieur de Saint-Gilles.
Avant d'entrer en charge, le recteur prêtait serment
devant la Chambre apostolique de Rome. Guillaume de Villaret jura, en 1274,
entre les mains de Guillaume de Saint-Laurent, camérier du pape,
d'être bon administrateur, juge intègre, de lui remettre fidèlement
les revenus du Comtat et de restituer le pays à première réquisition.
Lorsque le recteur était laïque, il ne recevait
le soin que des affaires temporelles du Comtat . S'il était ecclésiastique,
le pape lui donnait le gouvernement à la fois « in temporalibus
et spiritualibus ». Le recteur avait alors en mains pour se faire
obéir, non seulement la force matérielle, mais cette puissance
encore redoutable au XIVe siècle, l'excommunication . Les recteurs
devaient être tentés d'abuser d'un tel pouvoir. Il y eut des
résistances et des protestations. Aussi le pape eut-il soin de spécifier
que la puissance spirituelle ne devait s'exercer que là où
le pouvoir temporel demeurait impuissant.
Le titre de recteur implique une délégation
de l'autorité suprême. Le pape lui confie en garde le gouvernement
de la province, il lui donné le pouvoir de prendre toutes les décisions
nécessaires, tout en gardant le droit de les casser, s'il le juge
utile. Mais pour faire respecter plus facilement les ordres de son représentant,
le pape déclare approuver à l'avance toutes les sentences et
les peines que le recteur prononcera contre ceux qui mépriseront son
autorité.
Au point de vue militaire, le recteur est chargé
de la défense du pays et de veiller à la conservation de l’intégrité
du territoire. Pour cela, il a le droit d'exiger le service dû par
les seigneurs et les communautés (cavalcade), il commande les troupes,
les passe en revue, place des garnisons dans les forteresses pontificales.
Dans les affaires administratives, le recteur représente
le souverain auprès du clergé, de la noblesse et des communautés.
Il reçoit les hommages des possesseurs de fiefs et le serment de
fidélité des habitants. Il nomme à tous les offices,
confirme les statuts des villes, leur accorde des privilèges, crée
des
marchés et des foires. Il réglemente la fabrication et le
cours des monnaies. Il a le gouvernement économique de la province
: aucune marchandise ne peut être exportée ni importée
sans sa permission. Enfin, ses pouvoirs de police vont jusqu'au droit de prononcer
des expulsions d'obliger au domicile forcé toute une catégorie
d'habitants, les travailleurs.
Il fut un instant le chef de l'adniinistration financière
et resta toujours le juge suprême de la province.
Le recteur touchait un traitement qui était pris
sur les revenus de la Chambre apostolique dans le Comtat. Ce traitement varia
avec le temps, mais resta toujoui's inscrit au compte de la Chambre.
Juge, sénéchal, trésorier, procureur
forment la cour du Venaissin. C'est avec leur avis que le recteur juge et
administre. Souvent la cour a une composition plus large ; elle comprend
des prélats, des nobles.