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Introduction à la noblesse comtadine.
Les nobles du Comtat.
Les nobles du pape.
Les nobles de la principauté d’Orange.
Les nobles "français".
Les nobles "impériaux"
Les nobles du Comtat.
Du XVIe au XVIIIe siècles, les nobles qui vivent dans nos
villages sont des gentilshommes campagnards qui ont généralement
les même occupations et les même mœurs que nos agriculteurs.
Leur rusticité et leur simplicité sont reconnues
dans toute la Provence, en même temps que leur fierté,
leur air de grandeur et de dignité.
Au début du XVIIe siècle, Raimond de Mormoiron de
Modène, beau-père de Molière, se gosse gentiment
de ces gentilshommes du pays de Carpentras, dans sa « peinture
du pays d’Adiousas » :
Le commode croquant s’y fait appeler sire,
L’aisé
bourgeois noble homme et le mercier Monsieur
L’acquéreur
d’une grange haut et puissant seigneur,
Le petit hobereau
Messire,
Le notaire orne
ses cayers
de chevaliers
et d’écuyers,
dont la roture
ourdit la trame,… (*
Mais, à côté de ces petits nobles ruraux,
vit une noblesse plus citadine, qui n’habite pas la région, préfère
la cour, la vie mondaine et l’Ile-de-France. Elle possède
des fiefs et des titres dans la région et tire une partie de
ses revenus des droits féodaux.
Il faut rappeler qu’il y a de nombreuses façons d’être
anobli dans le voisinage et l’on peut classer nos nobles par l’origine
de leur noblesse.
Les nobles du pape.
En Comtat Venaissin, de 1274 à 1791, un grand nombre de
personnes sont devenus nobles par les charges qu'elles ont occupées
dans les Etats papaux ou par le bon vouloir des papes.
Les primiciers (présidents) de l'Université d'Avignon,
les auditeurs et les Archivistes de la Légation, les présidents
du tribunal de la Rote et ses cinq auditeurs, les Vice-gérants
de la Chambre Apostolique de l'Etat d'Avignon et de celui de Carpentras,
les Avocats généraux, les Trésoriers généraux,
les Dataires (Chancellerie), les intendants généraux
de la Monnaie d'Avignon, les vice-recteurs et autres Chancelier
de la rectorie de Carpentras ont tous été anoblis en
occupant leur charge.
Pendant sept siècles, cela fait beaucoup de monde !
A partir de 1665, les papes ont monnayé un grand nombre
de titres, de duc à baron.
Commençons par les ducs de la région :
-
-Crillon devient duché, le 27 septembre
1725, pour Louis de Berton des Balbes ; les Berton de Balbes sont
faits ducs-pairs en 1817, sous la Restauration. La famille Berton
porte le titre de duc du pape en Comtat Venaissin et a fait
reconnaître ce titre en France. La famille s'éteint en
1870 après avoir transmis le titre sur plusieurs générations.
-
- Beaumes-de-Venise, le 14 juin 1775, pour
Toussaint Alphonse de Fortia des Pilles.
Les papes ont décerné treize titres de marquis,
parmi lesquels :
-
Aubignan en 1667 Panisse-Passis, puis Seguins
-
Velleron 1668 François de Cambis
-
…
A cela, il faut ajouter trois comtés et les quatre baronnies
traditionnelles qui remontent au Haut Moyen Âge : Beaumes,
Sérignan, le Thor et Oppède. Et aussi quarante-trois
seigneuries indivises, les autres fiefs étant partagés
entre co-seigneurs.
Les nobles ont leur assemblée et un représentant
élu, véritable chef de la noblesse comtadine (le syndic
de la noblesse du Comtat).
Le doctorat de l'Université d'Avignon
suffisait pour anoblir non seulement le titulaire,
mais encore ses descendants, pourvu que son fils eut également
obtenu ce titre.
Les nobles de la principauté d’Orange
.
Comme on l'a vu, Orange, a d'abord été une seigneurie
du Saint Empire romain germanique (1181), dépendante des comtés
de Provence ou du Dauphiné. Au XIIIe siècle, les seigneurs
d'Orange deviennent souverains de leurs terres, "princeps Aurasicensis"
et "deo gratia princeps Auraice" (la phrase "par la grâce
de dieu" indique qu'ils ne doivent leurs terres de personne).
Orange est une possession des Giraud-Ademar jusqu'en 1180,
puis des Baux, jusqu'à Raymond IV (mort en 1393), des Châlons
jusqu'en 1530, puis des Nassau. Finalement, en 1673, Louis XIV confisque
la principauté de Guillaume d'Orange pendant la guerre
avec la Hollande.
Guillaume (aussi roi d'Angleterre en 1688) meurt sans enfants,
en 1702, et son plus proche parent est alors Frédéric
1er de Prusse. Ce dernier cède ses droits sur Orange au
roi de France au traité d'Utrecht, en 1713, et la principauté
d'Orange est annexée par la France.
Le titre
de prince d’Orange est porté par plusieurs grandes familles
royales :
-
- le roi de Prusse conserve le droit de porter ce titre (jusqu'en
1918). L'Empereur Guillaume 1er se nomme "prince d'Orange". Cela
n'a pas empêché la maison royale de Hollande d'utiliser
le titre jusqu'à nos jours.
-
-
- le dernier des mâles de la famille Longueville (autre
descendance des princes d’Orange), Jean-Louis-Charles, mort en 1694,
laisse ses droits au prince de Conti. Louis XIV fait Louis
de Mailly "titulaire du titre de prince d’Orange". Mais, en 1714, Orange
(ou plutôt le "domaine utile" ou usufruit)
est donné au prince de Conti. Après sa mort en
1727, par accord avec ses descendants, Orange est annexé
définitivement par la France, en 1731.
- les Orange-Nassau portent, en surtout,
un écusson des Châlons et d'Orange. Comme roi
d'Angleterre, Guillaume III utilise simplement un écusson des
Nassau.
Comme
à Avignon, les charges de la principauté d’Orange,
Président de l’Université, Président du parlement,
Garde des Sceaux, ou Procureur Général sont autant
de titres qui créent de nouvelles familles nobles.
Seuls les princes de la maison de Nassau anoblirent
des habitants de la principauté par lettres patentes enregistrèes
par le parlement d'Orange : de Langes, de Pointi de Castillon,
de Coustance, de Bellujon, de Saint-Martin, de Convenent, d'Aymard, Coste,...
Les Princes ont aussi créé
quelques marquis :
-
La baronnie de Causans est érigée
en marquisat en 1667 sous Guillaume III, en faveur de Vincens de
Mauléon de Causans
-
La baronnie de Malijay, longtemps aux mains
de la famille Panisse, passa à celle des Séguins-Panisse
marquis d’Aubignan.
-
La baronnie de Violès de la famille
de Langes passa aux de Saunier, puis aux de Gras et enfin au comte
d’Allard [85].
Après la paix d'Utrecht,
les fiefs de la Principauté furent, pour la grande majorité,
reconnus comme nobles par le gouvernement français. Mais dans cet
état, Maucoil et la Tour de Serres furent mentionnés comme
de fiefs roturiers, quoique les princes aient érigé ces
terres en fiefs nobles. Cela doit trouver son fondement dans l'arrêt
du roi de 1639 : pour être noble et exempt des tailles, il fallait
que les biens appartenaient à un noble ou un anobli, remplissant
ces deux conditions: que la noblesse remontât au moins à l'année
1602 et que la propriété des biens fût antérieure
au 1er mai 1635. Tous les autres immeubles restèrent roturiers
et taillables quand même ils seraient acquis par des gentilshommes.
Les fiefs de Maucoil et de La Tour de Serres ne répondaient pas
à ces conditions.
Les nobles "français".
Nous avons vu la famille de Vesc, anoblie par le roi de France
ou encore le Brave Crillon.
Etant régnicoles, les grandes familles occupent
des postes importants dans l'armée française : les
Isnards, de Pagnan, d'Aultane, Barras, de Cambis et bien d’autres,
obtiennent des titres de noblesse.
Reconnaissance de la validité des titres pontificaux
par le pouvoir royal français (wikipedia) :
Louis XIV reconnut en France la validité
des titres conférés par les papes en tant que souverains
des États pontificaux, notamment par un édit donné
à Versailles en mars 1763 qui créait dans tout le royaume
des offices de banquiers expéditionnaires en cour de Rome et de
la légation d’Avignon. Cet édit tarifait les droits à
payer à la suite de l’obtention d’une bulle de comte palatin et
précisait: « Parce que ladite création forme et requiert
le titre de noblesse si on l’obtient avec la clause pro descentibusmasculis
et in perpetuum… à cause de la perpétuité on ajoute
aux frais ordinaires cent dix livres… »
À son tour, Louis
XVI, par lettres patentes du 18 octobre 1783, définit le règlement
pour les preuves de noblesse auquel on doit se référer
pour le Comtat Venaissin et Avignon, et par lettres patentes du 30 avril
1784 détailla le règlement pour les preuves de noblesse
exigées dans la ville d’Avignon et le Comtat Venaissin. Chérin
note dans son Abrégé chronologique: « les formalités
dont doivent être revêtues les expéditions représentées
en preuves par les familles d’Avignon et du Comtat Venaissin sont les
mêmes que celles que prescrivent les lettres patentes du 18 octobre
1783. La seule différence qui existe est que les requêtes
aux fins de constater l’authenticité des expéditions doivent
être présentées, à l’égard des habitants
de la ville d’Avignon, aux consuls de cette ville et à l’élu
de la noblesse pour ceux du Comtat Venaissin ».
Le décret
de l’Assemblée constituante du 14 septembre 1791 confirma le vote
du 12 juin 1790 des habitants d’Avignon et du Comtat Venaissin demandant
le rattachement à la France des États pontificaux français.
Aucun titre pontifical ne fut plus octroyé à des Français
jusqu’au Concordat.
Combien de brefs de noblesse ou
de concessions de titres ont été accordés lors de
leur souveraineté sur le Comtat Venaissin et Avignon de 1309 à
1791 par les souverains pontifes à des Français? Le dépouillement
des archives permet d’avancer les éléments suivants :
- duc : 7 titres dont 6 héréditaires
- marquis : 29 titres dont 26 héréditaires
- comte : 39 titres dont 22 héréditaires
- vicomte : aucun
- baron : 11 titres dont 9 héréditaires soit un total
de 86 titres dont 63 héréditaires.
À ces titres il faut
ajouter les lettres de noblesse (anoblissement, régularisation
et confirmation) enregistrées à la Chambre apostolique
ou à la rectorie et les certificats de noblesse de l’élu
de la noblesse comtadine au nombre de cent. Doivent être également
comptés les titulaires des dix charges anoblissantes ainsi que
les docteurs en droit de l’université d’Avignon.
Les nobles "impériaux".
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Les Sades de
Mazan sont un exemple de noblesse obtenue à titre impérial,
comme les Agoult, seigneurs de Sault et de sa vallée, depuis
1034, si l'on en croit la légende d'un don de l’empereur Henri
II du Saint Empire romain germanique.
L'aigle du Saint-Empire
romain-germanique est une marque de reconnaissance impériale
sur de nombreux blasons de la région. N'oublions pas
que le Comtat Venaissin faisait partie de l'Empire et qu'à ne
nombreuses occasions l'empereur fit valoir ses droits et accorda des
privilèges (les Baux, les Montauban,...).
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Tous ces divers pouvoirs ont multiplié le
nombre de nobles dans le Comtat, à tel point que la France
ne souhaite pas les reconnaître tous. Le moindre petit village
a les siens. D'ailleurs, ils se sont organisés dès 1560,
afin de défendre leurs intérêts :
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