de MAINIER, MAYNIER, MEYNIER

Mainier
Familles associées : Albe, Cambolas, Castellane, Glandevès, Merles de Beauchamp Pérussis, Vintimille.


o   Généalogie   a
Page 1a

Fiefs : baron d'Oppède, et de Vitrolles (Provence).

o Voir les Forbin-Maynier : lien


Jean B de Forbin Mainier Castellane
Président à Mortier au Parlement de Provence
Armorial de Provence HOZ

forbi -hoz

Mainier


Manuscrit bibliothèque Avignon (Mr Lafonta )
3293
Fol. 174. Concession de l'eau du Coulon par Anne de Meynier, dame et baronne d'Oppède, douairière de Lauris, aux Chartreux de
Bonpas, moyennant une vente d'immeubles et de pension. 9 janvier 1595.
Fol. 188. « En la cause de M. Ie baron d'Oppède [Henri de Meynier], contre M. Gaspard de Séguiran, sieur d'Auribeau.
Articles produits par M. d'Honoraty, advocat. » 20 juin 1642.

Les maintenues de noblesse en Provence, par Belleguise (1667-1669).

L'auteur du nobiliaire donne trois différentes familles du nom de Maynier, qui viennent toutes du même tronc originaire de
la ville de Manosque, depuis que les comtes de Forcalquier y faisaient leur résidence » ordinaire, suivant le P. Columbi, jésuite,
historien de cette ville, et suivant la généalogie faite par Jean de Maynier, baron d'Oppède, ensuite premier président au parle-
ment d'Aix, par son testament, par lequel il charge les enfants de ses filles de porter son nom et ses armes, jusqu'à l'infini à perpé-
tuité, comme il se voit dans ce testament, aux écritures de me Pelleti, notaire d'Aix, du 3 avril 1540. Il remonte la généalogie jus-
qu'à Guillaume Maynier, premier, qui reçut l'inféodation de la terre de St Marcel des comtes de Forcalquier, en 1178 et déclare
que les trois branches de Maynier viennent du même tronc. L'auteur du nobiliaire en fait trois familles différentes.
« Le P. Columbi donne cette famille comme des plus nobles de l'état de Forcalquier. Il décrit au long les actes passés aux XIe et
XIIe siècles par les anciens comtes, auxquels Guillaume 1 et Isnard de Maynier », père et fils, « sont présents, comme ses chevaliers et barons ».
 Le moine Hardouin, dans les histoires des croisades, sur le chapitre de Provence et du comté de Forcalquier, qui contenait tout le
pays Venaissin, la moitié de la ville d'Avignon et jusqu'aux Alpes, au delà de la rivière de Durance, du côté du nord, cet ancien au-
teur dit que « les croisés de l'état de Forcalquier s'assemblaient sous l'étendard de la croix de l'archevêque d'Embrun. Il rapporte
que Guillaume, comte de Forcalquier était le chef de la croisade d'Embrun de 1096. Parmi les capitaines des compagnies des croi-
sés, il nomme le chevalier Maynier. On voit encore le nom de ces chevaliers de bande des croisés dans le cartulaire de l'église d'Em-
brun, où ils se faisaient écrire, comme pour enrôlement. On voit aux archives de St Victor de Marseille de 1194, Cart. 1, que May-
nier de Manosque fut élu abbé de cette abbaye, par la mort de l'abbé Pierre de Nogaret. L'abbé de Maynier, dans le chapitre
général, tenu en l'an 1198, ordonne que tous les livres qui étaient dispersés dans l'abbaye fussent réunis dans la bibliothèque, livres,
disent les annales de cette abbaye, dont il ne reste plus rien des beaux monuments de l'antiquité, que la mémoire de ce titre de l'abbé Maynier ».
 On voit dans la charte de l'église d'Embrun, au sujet de « la croisade ordonnée par le pape contre Raimond comte
de Toulouse, fauteur des hérétiques albigeois », en1130, que Guillaume II, comte de Forcalquier s'y trouva avec 3000 croisés,
dont Silvestre de Maynier, l'un de ses chevalier et barons commandait une brigade. On voit aux archives de l'hôtel de ville de
Manosque l'original de l'inféodation faite par Bertrand, comte de Forcalquier, en l'an 1178, de la terre de St Marcel à Guillaume de
Maynier, un de ses chevaliers et barons, causée pour services rendus en ses guerres, tant par lui que par ses aïeux. Cette terre de
St Marcel est dans la liste des villes et seigneuries baussenques que possédait en Provence la princesse Etiennette de Baux, au
rapport de Nostradamus, en l'histoire de Provence, sur le chapitre de la guerre de Raimond Bérenger contre la princesse Etien-
nette de Baux. Cette charte d'inféodation porte clause de concession d'une étoile et d'une rose d'or en chef et d'un cygne d'argent,
avec sa devise : ad nobiliora tendo, aux armes que Guillaume de Maynier portait déjà simplement : d'azur, à un chevron d'or.
Silvestre 1 de Maynier, sgr de St Marcel, fut un des chevaliers qui accompagnèrent Charles 1 d'Anjou, comte de Provence en son
voyage pour la conquête du royaume de Naples (1). Ce Sylvestre a formé la branche qui a fait l'illustre Casa Maynerii, de Naples, sui-
vant Amiranto, auteur du nobiliaire du royaume de Naples (2). Elle n'est pas de mon sujet. Silvestre II de Maynier fit hommage de la
terre de St Marcel à Jacques Hardouin, procureur général du roi Robert, en l'an 1316, aux archi ves du roi à Aix. Guillaume II de
Maynier fut de l'hommage rendu, en général, par la noblesse de Provence et de Forcalquier à Marie de Blois, mère de Louis II
d'Anjou, comte de Provence, à son entrée à Aix de l'année 1396.

L'acte « de mariage de Pierre III de Maynier, fils d'Alexandre et d'Anne de Castellane, de 1446, porte que Guillaume II, son aïeul,
confirme la donation que Silvestre, son père, avait fait de la terre de St Marcel, par son testament de 1392, » aux ainés mâles de sa
famille, avec tous les privilèges accordés à ses aïeux par les comtes de Forcalquier. L'auteur du nobiliaire a rapporté les titres de
l'inféodation de la terre de St Marcel à Guillaume de Maynier, en 1178, avec d'autres anciens titres. Il a décrit la descendance depuis
ce Pierre de Maynier, jusqu'à Honoré de Maynier, qui, par ses infortunes ayant été obligé de faire une fonction dérogeante, impé-
tra lettres de réhabilitation du roi, de l'an 1672 (3), aux archives du roi à Aix, et le verbal de la descente faite sur les lieux de l'ori-
gine d'Honoré de Maynier, par un conseiller de la cham bre des Comptes, le procureur général avec lui, pour la vérification des
extraits des titres produits par Honoré de Maynier, sur les originaux et protocoles des notaires, avec le verbal des sommaires de
la filiation et descendance dudit Honoré de Maynier de la famille de Guillaume 1 de Maynier à qui Bertrand, comte de Forcalquier,
inféoda la terre de St Marcel, en 1178. Semblables vérifications étaient pratiquées lors de l'introduction des lettres de réhabilita-
tion, pour éviter les surprises, il aurait été très utile de les continuer, on aurait, par là, évité l'abus des impétrants en lettres de
réhabilitations, abus qu'on a observé dans la préface et sur le chapitre des familles qui les ont impétrées par surprise. D'Honoré
de Maynier est issu Balthazard de Maynier, aujourd'hui à Aix, qui a repris ses anciens noms de la famille de St Marcel Franc-
fort (4). Il porte les armes de la concession. La famille de Maynier avait fait branche à Avignon. Elle a passé à Aix, où elle a fait
plusieurs autres branches. Nostradamus rapporte que l'université d'Avignon était l'académie des lettres la plus renommée de Pro-
vence. Charles II d'Anjou, comte de Provence, lui avait donné plusieurs grands privilèges, pour y attirer les écoliers sous son
règne. François de Maynier alla, de Manosque, étudier à cette fameuse université. Il s'y rendit fameux en toutes les sciences ;
il y fut célèbre par son savoir. Il est rapporté dans les archives d'Avignon que le peuple célébrant, avec de grandes magnificences
l'entrée du pape Clément V, François de Maynier, primicier pour lors de l'université, harangua le pape à son entrée. En diverses
occasions, les actes des archives d'Avignon et Vasquin Fillot, historien des papes, qui y ont tenu leurs sièges, font mention de ce
Maynier en ces termes : « Franciscus Maynerii, universitatis primicerius, filins Silvestris, villœ J.\[anuascœ, ex nobili genere
Maynerii de Sco-Marcello
». Les actes aux archives des logements des cardinaux de la suite du pape portent que ce François
de Maynier fit marquer sa maison lui-même pour loger le cardinal de Prato et son équipage. Voilà la preuve entière que la famille
de Maynier de Manosque, a fait la branche de celle d'Avignon.

Mes mémoires la suivent, pour détruire l'erreur de l'auteur du nobiliaire et les autres, qui « font les Maynier, d'Avignon, origi-
naires, les uns, de Naples, les autres, du Vivarais ». Il est donc prouvé, par des actes authentiques, que François était fils de
Silvestre de Maynier, de Manosque, des sgrs de St Marcel. De François, est issu Pierre de Mainier, de Pierre, est issu Jacques.

Ils furent tous officiers du sacré palais, aux archives de la ville d'Avignon. Pierre fut écuyer du pape, successeur de Clément V,
et comte palatin. « Il eut en concession les armes du pape : d'azur, à 2 chevrons d'argent rompus, que le baron d'Oppède, du nom
de Maynier, porte encore, avec la tiare pendue au cou de l'un de leurs aigles de support, pour marque de la concession de ses
armes et de l'ordre de comte palatin », par bref du pape ou, comme l'on parlait alors, par lettres pontificales de 1356. C'est
sur ce fondement que Jean de Maynier, désirant perpétuer son nom et ses armes aux enfants des deux familles qu'il laissait et à
leur postérité, à peine d'être privés de ses biens et héritage, pour rendre son nom recommandable « fait sa généalogie dans son tes-
tament, » dont on a déja parlé. Il la fait remonter par Accurse, son père, par Guillaume, Jacques, Pierre et François, ses aïeux,
fils de Silvestre, des sgrs de St Marcel, de Manosque, et que, Pierre de Maynier, ayant succédé aux charges de son père au
sacré palais, fut écuyer du pape, qui lui donna ses armes en concession, veut qu'elles soient préférées à celles accordées par
les comtes de Forcalquier à Guillaume 1 de Maynier. De Jacques de Maynier, dernier officier du sacré palais, est issu Guillaume, qui
fut primicier de l'université d'Avignon, fameux jurisconsulte.

Nous avons les livres de ses commentaires sur les pandectes des règlements du droit. Celui-ci fut père d'Accurse de Maynier,
baron d'Oppède, maître rational en la chambre des Comptes, ensuite juge mage de Provence. « Il cassa par délibération
du grand conseil, dont il était le chef, les censures ecclésiastiques fulminées par le pape, pour raison des annexes, contre St Vailier, grand
sénéchal de Provence. » Il fut ambassadeur à Venise pour le roi Charles VIII. Il fut agréé et « choisi par Louis XII et par le duc
de Lorraine pour un de leurs arbitres, pour juger de la prétention du duc de Lorraine sur la Provence et des défenses du roi. Ensuite
il fut pourvu de la charge de premier président du parlement d'Aix, par lettres patentes du 1 S juillet i5oy ». Mais, s'étant
brouillé avec la Cour, Gervais de Beaumont fut mis en sa place, en 1509, et Accurse de Maynier fut envoyé troisième président au
parlement de Toulouse. Jean de Maynier, son fils, baron d'Oppède, fut conseiller au parlement d'Aix, en 1524. Il fit le testament dont
nous avons parlé ci-dessus, avant le voyage qu'il fit à Paris, « d'où il revint avec l'office de second président au parlement que
le roi créa pour lui ». Il en fut pourvu le 20 octobre 1343. Peu de temps après, il fut fait premier président et lieutenant de roi en
ce pays. Il se signala dans la guerre contre les huguenots, pour les extirper des vallées d'Aigues et de Peypin. Il souffrit plusieurs
persécutions à ce suj et ; il en est parlé dans les histoires de Provence ; il mourut glorieusement dans sa charge de président, en
1553. Jean de Maynier ne laissa que deux filles de son mariage avec [Madeleine] de Laval de Castellane. Il leur substitua de l'une
à l'autre la baronnie d'Oppède et tous les biens situés dans le Comtat Venaissin. Il chargea, au moyen de ce, les enfants mâles
qui en naîtraient de porter le nom et les armes de Maynier d'Oppède. Jean de Forbin, sgr de la Fare, devint baron d'Oppède
par le mariage de Claire de Pérussis, fille unique du président de Pérussis et d'Anne de Maynier, restée fille unique et seule héritière
de Jean de Maynier.

Vincent-Anne de Forbin, issu du mariage de Jean de Forbin et de Claire de Pérussis, fut baron d'Oppède, par sa mère, et prit
les armes de Maynier d'Oppède. Il habita la maison de Maynier, qui était substituée, ainsi que les autres biens. Ses descendants
l'habitent encore. Elle est située au chef d'Aix faisant « face à l'église métropolitaine St Sauveur. Les armes de la concession du
pape y paraissent au frontispice ». Vincent-Anne de Maynier « fut conseiller au parlement en 1604 et président en 1615, ensuite
premier président en 1621. Henri de Maynier, baron d'Oppède, sgr de La Fare, marquis de la Verdière, est cet illustre président
que nous avons vu de nos jours intendant et lieutenant du roi en Provence. Son fils Jean-Baptiste, baron d'Oppède, marquis de la
Verdière, à l'âge de 25 ans, a été intendant pour le roi à Messine, lorsque cette ville avec son district eut secoué le joug d'Espagne »,
pour se soumettre à la France ; il fut ensuite ambassadeur en Portugal. Au retour de ses ambassades, il s'est trouvé second,
président d'Aix. Maynier d'Oppède porte : d'azur à 2 chevrons rompus d'argent. Supports : un lion pour Forbin, et un aigle
pour Maynier, portant à son col la tiare du pape, en concession de ses armes à Pierre Maynier, son écuyer, par bref donné à Avi-
gnon, en 1356.

« La troisième branche de Maynier, des sgrs de St Lambert et de Rochefort, s'est formée de celle d'Accurse de Maynier, qui,
s'étant brouillé avec le parlement d'Aix, dont il était premier président, fut pourvu de la charge de tiers président au parlement de
Toulouse, où, se trouvant veuf, il se maria avec Claire de Cambolas, dont il eut François-Raimond qui, après la mort d'Accurse,
son père, vint à Avignon où il épousa Françoise Acquine. Il vint ensuite à Aix, où Jean de Maynier, son frère, étant premier pré-
sident et se prévalant de son autorité, le laissa vivre obscurément, sans lui faire part de la succession de leur père Accurse.

Il résulte du tesament de ce François-Raimond de Maynier, du io août 1540, dans les écritures de Laurent Pelleti (5), notaire
d'Aix, qu'il était fils d'Accurse de Maynier et de Claire de Cambolas, qu'il institua son fils Christophe héritier. Jean de Maynier,
n'ayant que deux filles, laissa, « pour la décharge de sa conscience tout l'argent qu'il avait à Christophe de Maynier, qui acquit par là
la sgrie de Lambert et un office de conseiller à Aix. Il maria Anne de Maynier avec Nicolas Flotte, aussi conseiller au parle-
ment ». Christophe de Maynier fut un grand jurisconsulte, ne dégénérant pas de la bravoure de son origine. Il avait été assesseur
d'Aix, avant qu'il fut conseiller, en l'année que le duc d'Epernon vint assiéger Aix. Il fit une sortie avec la populace ; il chassa ses
troupes du poste des Capucins et enleva deux canons, ce qui est exprimé par les vers :
« L'assessour de la villo, home de prudomié Maynier,
N'en fet uno sourtido dit que te surprendrié Maynier,
Te fe quitta lei Capouchin badin
E fugerès comme un lapin
T'enlevet dous canons parnon,
Assista de Regnier, Maynier. »

Christophe de Maynier fut député du pays, quand le roi fut paisible sur son trône, en haranguant, la mémoire lui manqua. Il
se remit et s'excusa sur l'éclat de sa majesté qui l'avait ébloui », et sur l'attention qu'il avait donnée à ses conquêtes. Raimond, fils de
Christophe, sgr de Lambert, eut l'office de son père, il se maria avec [Lucrèce] Dedons (6), dont il eut Christophe II de Maynier,
qui a été deux fois second consul d'Aix, et François-Etienne de Maynier, sr de Rochefort, aujourd'hui chef de cette branche, dont
il s'en est formé deux autres aussi dans Aix, des cadets issus de Christophe, conseiller, dont il y en a au service de terre et de la
marine. François de Maynier a été fait de la main du roi chevalier de l'ordre militaire de St Louis, à cause de ses faits d'armes. Il
porte pour armes : de Maynier d'Oppède, écartelé d'Acquin : d'or, à une tour de gueules, donjonnée de 2 tours, maçonnée de sable.

« La famille de Maynier avait fait branche en Picardie. Les historiens de cette province la font descendre de Provence. Audiffret,
en son Histoire géographique, au chapitre de la Picardie, dit que le roi Louis VIII acquit en 1214 de Guillaume de Maynier, sgr
de Fontenay, la ville de Montreuil. » Cette branche de Picardie n'est pas de mon sujet, non plus que celle de Naples. Les branches
de cette famille ont pris des armes différentes, selon les lieux où elles se formèrent, à Naples, en Picardie, où les armes commen-
çaient seulement d'être héréditaires aux familles. Ce qui me fait suivre le sentiment de Nostradamus, en son histoire de Provence,
que la différence des armes ne prouve pas toujours celle des familles, avec cette distinction, pour les anciennes, dont les branches
sont séparées, dispersées en divers lieux éloignés, dès les premiers siècles, d'avec les familles restantes, qui se trouvent dans le même
district. Celle de Maynier s'est séparée, dès les XIIC et XIIIe siècles, à Naples, en Picardie, à Avignon. Celle de Manosque en était le
tronc, qui a passé dans Aix, depuis ce siècle, a toujours porté les armes de la concession de Bertrand, comte de Forcalquier, en 1178.

* Les phrases encadrées de guillemets sont reproduites textuellement dans le nobiliaire imprimé.
— Il était presque à prévoir que cette notice donnerait la solution définitive du mystère fait autour de l'auteur de la Critique.
S'il était peu vraisemblable que Maynier eût copié textuellement une bonne partie de ses deux nobiliaires sur un manuscrit de seconde
main, il est tout à fait impossible d'admettre que deux auteurs différents inventent, simultanément, toute une série d'actes faux identiques, issus
de leur imagination. A la rigueur, si la généalogie Maynier était authentique, on aurait pu supposer que deux auteurs, puisant à la même source
originale, eussent reproduit les mêmes actes. Mais ces actes sont faux, faisant partie d'un système, fort invraisemblable à priori, mais qu'il fallait,
cependant, détruire de fond en comble, pour montrer l'inanité de tout cet échafaudage, qu'on ne peut attribuer à deux personnages distincts.

En procédant par ordre, on voit que ce n'est pas par la mort de Pierre de Nogaret que Maynier fut élu abbé de St Victor, attendu que le cata-
logue des abbés (7) montre qu'il y en eut cinq entre lesdits Nogaret et Maynier. De plus, il n'est nulle part question que ce dernier fût de Ma-
nosque ; cette adjonction est de l'invention de Maynier. Notons, en passant, que la bulle papale pour la croisade des Albigeois, attribuée à
Honorius dans la Principale Noblesse est d'Innocent III (8). Enfin, le point capital de toute l'argumentation est le suivant. En déclarant, tant
dans la Critique que la Principale Noblesse, que St Marcel était terre baussenque, l'auteur exclut la possibilité que ce lieu ait jamais appartenu
au comte de Forcalquier. En effet, St Marcel a appartenu, dit Maynier, à la princesse Etiennette [de Gévaudan]. Celle-ci transmit la terre à son mari
Raimond de Baux ; St Marcel (9) venait à cette dernière de sa mère Gerberge, fille du comte Geoffroy, et, par conséquent, n'a jamais appartenu
à la branche de Forcalquier, issue de Foulque Bertrand, frère du susdit Geoffroy. Donc le comte de Forcalquier, n'ayant jamais possédé St Mar-
cel, n'a pu l'inféoder à un Maynier. Tout le château de cartes s'effondre et il est inutile d'insister d'avantage sur les actes faux qui en résultent, et
dont il est question dans l'article.
Il est curieux qu'à propos des faux testaments de Jean et de Raimond de Maynier, on renvoie au registre de 1540 du notaire Laurent Pellet,
d'Aix. Ce régistre paraît être le réceptacle de divers actes falsifiés. C'est ainsi qu'Artefeuil [1.448] renvoie à ce même volume, pour le faux contrat
de mariage de Pierre de Gantès (qui n'a jamais existé) avec Marguerite de Forbin.

Si le legs, cité plus haut, de Jean de Maynier, fait « pour la décharge de sa conscience » à Christophe de Maynier, est authentique, il serait
bien possible que Raimond de Maynier, simple procureur à Aix et père de ce Christophe, fût fils naturel de Jean.

Dans son nobiliaire imprimé, Maynier veut rattacher à sa famille les Maynier, de Draguignan, cosgrs du Revest et de Roquebrune, d'origine
fort modeste, et que je crois venus d'Aups, où Pierre Maynier était médecin en 1550. En voici une filiation sommaire.
Guillaume Maynier, docteur ès droits, fut nommé lieutenant des soumissions au siège de Draguignan en 1560.
Il épousa 1° Antonone Morier, de Lorgues. 2° Jeanne Auffrée ou Auffred, de Roquebrune.
D'où, du premier lit : 1 Jacques, qui suit. 2 Balthazar, prévôt de l'église de Grasse.
Jacques Maynier épousa 1° le 23 sept. 1576 (Bonaud, à Fréjus), Catherine Auffred, 2° Marquise d'Isnard.
D'où, du premier lit : 1 Honoré, marié le 29 oct. 1607 (André, à Lorgues) à Baptistine de Flotte de Meaux, et,
du second lit : 2 Gaspard, marié le 30 nov. 1624 (Pierrugues, à Aups) avec Melchione Clappier, d'Aups ; il testa, le 29 oct. 1650 (Malespine, à Draguignan),
en faveur de ses fils : Alexandre [mort en 1699, qui épousa, le 21 août 1654 à Draguignan, Marguerite de Raphélis, fille de François, dont il n'eut
qu'une fille survivante: Anne, mariée le 27 sept. 1683 (Vialis, à Roquebrune) avec Emmanuel-André de Sassy (10)], Esprit [qui, de Sibille de Boniface de la Molle,
ne laissa que des enfants, morts jeunes], Jean, Pierre, ecclésiastique, Antoine, François [marié à Elisabeth Besson, d'où une fille].


(1) Aucun Maynier ne figure dans les régistres angevins de Charles I, analysés par M. Durrieu.
(2) Scip. Ammirato: Delle famiglie nobili di Napoli. Firenze, 1580-1651. 2 in-f°.
(3 Arch. des B.-du-Rh. B 107, fo 410.
(4) Ce Baltazar de Maynier est le généalogiste dont nous publions le manuscrit. Il était né à Aix en 1639, fils d'Honoré et de Marguerite de Guériu,
et épousa à Marseille, le 21 oct. 1673 (Besaudun), Anne de Lafont, fille d'Etienne et de Marguerite de Raymond. Son fils Balthazar s'intitulait
sgr de Francfort (fief qui n'a jamais existé) et épousa 1°  à Toulon le 1 nov. 1716, Thérèse-Lucrèce Durand, fille de Jacques, avocat, et de Thérèse Roustan,
et veuve de François Lieutaud, avocat. 2° le 28 avril 1726, Madeleine Decuges, fille de feu César et de Marguerite Decuges.
Balthazar était enseigne de vaisseau et paraît être mort sans postérité.
(5) Que le lecteur ne se donne pas la peine de rechercher cet acte, à la date indiquée, où il n'existe pas. Le testament de Raimond Maynier
(qui était, je crois, notaire à Aix) est du  16 juillet 1570 (Jean Tisati, à Aix) ; il y fait mention de sa femme Françoise Acquin, qu'il
institue héritière, à la charge de transmettre l'hoirie à ses fils Christophe, sr. de Lambert, et Mathieu. Françoise Acquin s'en acquitta
le 20 août 1576 (Mellon, à Aix). Toute l'histoire de la Critique paraît inventée.
(6) 7 févr. 1622 (Blaise Bruys, à Aix).
(7) Cart. de Si Victor, introd. p. XXII.
(8) 11 nov. 1209, Potthast, 3828 et ss.
(9) Cf. Monographie de St Marcel (par le marquis de Forbin d'Oppède), p. 48.
(10) Cf. La principale noblesse, p. 198


 
 

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