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Croix des marquis de
Provence,
La croix de Toulouse est aujourd’hui le symbole
de la région Midi-Pyrénées de celle du Languedoc,
de Toulouse et de l’Occitanie, …
Cependant, voilà quelques faits historiques : La croix des marquis de Provence Note : voir l'article de Henri ROLLAND sur
" l'origine provençale de la croix de Toulouse" La capture de Saint Mayeul, originaire d’Apt et célèbre Abbé de Cluny, par les Sarrasins (972) et sa libération contre rançon, provoqua une mobilisation générale afin de se débarrasser définitivement de ce fléau. Guillaume le Libérateur et son frère Roubaud, auréolés de la gloire de leurs victoires devinrent les maîtres incontestés de la Provence et prirent le titre de Marquis, c’est-à-dire de chef militaire de la Marche de Provence, qui s’étendait alors de l’Isère à la Méditerranée. Guillaume, comte à Arles, fut le fondateur de Sarrians avec Saint Mayeul. On sait qu’il y fonda un monastère de l’Ordre de Saint Benoît. Lorsqu’il meurt, en 993, il se fait inhumer dans le prieuré de Sarrians. Ses héritiers y firent élever une chapelle de la Sainte Croix. Elle abritait certainement un reliquaire renfermant un morceau de vraie croix. On y a trouvé une dalle funéraire portant une croix semblable à celle qui nous intéresse Ce morceau de vraie croix, au pied du mont Ventoux, a dû être vénéré par nos populations car cette période, juste avant l’an mil, était marquée par un fort mysticisme et une grande peur. La fin du monde étant proche, de nombreux seigneurs faisaient appel à la religion, donnaient leurs terres ou prenaient l’habit de moine pour racheter leurs fautes. On ne compte plus le nombre d’actes de donation en faveur de l’Eglise, monastères et abbayes, dans la région. Roubaud, frère de Guillaume, marquis de Provence et comte à Avignon, eut une fille, Emme ou Emma de Provence, dite " de Venasque ", qui épousa, vers l’an 990, Guillaume III Taillefer, comte de St Gilles. Par ce mariage, Emma apporta en dot une partie du marquisat de Provence dont les terres du futur Venaissin et sûrement son emblème, la croix de Venasque, qui était probablement (mais rien n'est moins sûr) celle de son père et de son oncle, les marquis de Provence. Geoffroy, petit-fils de Guillaume, mort vers 1063, fit sculpter sur sa pierre tombale une croix tressée, élargie aux extrémités et cantonnée de quatre fleurs. Emma de Venasque était contemporaine de ce Geoffroy. Nombreux sont les grands seigneurs de notre région, vassaux des marquis de Provence, qui adoptèrent pour emblème une croix du même type (celle de leurs suzerains ?) : ![]() 1.Venasque 2. Gigondas 3. Forcalquier 4. Adhémar de la Garde Croix de Venasque :
Croix de Gigondas : Celle de Gigondas, village tout prêt
de sarrians, portait la même croix, d'argent sur fond d'azur,
aussi depuis le XIIe siècle, au moins. elle est pattée ou atésée car ces branches s'élargissent du centre vers l'extérieur ; elle est cléchée car les extrémités se referment en formant une pointe saillante ; elle est vuidiée car évidée de manière pour faire apparaître à l'intérieur une croix plus petite ; elle est pommetée car les points saillants sont couronnés de boules {trois par branche).
En 1168 apparaît la croix de Bertrand
II de Forcalquier. Toujours au XIIe siècle, celle des Adhémar
de la Garde (Paréol) et celle des vicomtes de Marseille.
La croix de St Gilles. Taillefer, comte de St Gilles, marquis de Provence par Emma, vécut le plus souvent sur les bords du Rhône. A sa mort en 1037, il fut inhumé dans un sarcophage dont la cuve de pierre prend appui sur trois paires de colonnettes aux chapiteaux sculptés de la croix " plutôt pattée que cléchée ". Lorsque Raymond IV de St Gilles, petit-fils de Taillefer, dota en fiefs l’abbaye de St André d’Avignon, le sceau comtal qu’il utilise représente une croix " cléchée, vidée et pommetée " qui deviendra l’emblème du Languedoc. C'est en sa qualité de marquis de Provence qu'il utilise ce sceau. Lorsqu’il prend la tête de la croisade, en octobre 1096, la " croix de gueules d’or, cléchée, vidée et pommetée " sur fond pourpre sert probablement de bannière au ralliement des Provençaux (cela n'est pas prouvé). Est-ce que Raymond IV, Saint Gilles, mort
en 1105, fut le premier des comtes à arborer cette croix particulière
? On peut imaginer que ce fut le signe de ralliement des Provençaux et des Languedociens. Autres origines possibles
de cette croix :
A Toulouse, on trouve des origines bien plus lointaines à cette croix : Un autel gallo-romain du IVe siècle, à Garin en Haute-Garonne porte une croix à douze extrémités. Au Ve siècle, une monnaie frappée par les rois wisigoths, alors maîtres de l’Aquitaine, porte une croix cléchée, elle aussi à douze extrémités.
Il y a plus longtemps encore, la croix copte à 12 boules de Saint-Maurice existait au IVe siècle et était utilisée par l’église copte d’Alexandrie et par le Grand Patriarcat de Constantinople. Saint Maurice fut honoré par les Burgondes chrétiens dont dépendait la Provence. Saint Maurice est le patron du village de Caromb.
On sait aussi qu’une telle croix, dite " nestorienne " existait dans le Turkestan chinois vers l’an 450.
Et puis, on se demande si cette croix de Toulouse vient d’Emma de Venasque ou bien si les Venasque portent cette croix parce qu’Emma a épousé "leur" comte Taillefer, de Saint Gilles au bord du Rhône… Allez donc savoir !
Alfonse-Jourdain et Raymond V de Toulouse,
successeurs de Raymond IV de Saint Gilles, n’utilisèrent pas
cette croix. Sceau de Raymond VI, marquis de Provence.
La chapelle Sainte-Croix, au sommet du mont Ventoux. Quoi qu’il en soit, en Comtat Venaissin on
a toujours porté très haut cette fameuse croix.
Au hasard des Archives communales carombaises, on trouve des traces de la ferveur comtadine : ainsi, pour la Pentecôte de 1583, 6.000 pèlerins des villages du Comtat montent à la Sainte Croix du mont " Ventour " et au mois de mai 1584, les processions de Beaumes, d’Entrechaux et de Vaison passent par Caromb où la municipalité leur offre une collation. La bêtise révolutionnaire, après avoir décrété Bédoin " infâme " va jusqu’à faire détruire cette chapelle Sainte-Croix au sommet du Ventoux. Elle sera relevée à nouveau en 1818. S’étant écroulée au début du XXe siècle, une nouvelle chapelle fut inaugurée en grande pompe le 20 juillet 1936. Alors ? Laissons à nos historiens le soin de
trouver de nouvelles preuves sur l’origine de cette croix, aujourd’hui
communément appelée " de Toulouse " et continuons à
croire, au pied du Ventoux, qu’elle est " de chez nous ", Sources :
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