La fameuse pierre de Caromb, ou "Exploiter au mieux les ressources naturelles de la commune" :
Les carrières :
Les carrières de pierres de Caromb ont étaient exploitées depuis l'Antiquité.
L'étude (PCR) menée par Bernardi Philippe (CNRS), Jean Marc Mignon (SAR), Philippe Bromblet (COL) nous donne de nombreux renseignements sur ces carrières,
sur.la pierre elle-même, et son utilisation. D'abord, sur la localisation de ces carrières : elles sont situées au quartier des Peyrières, pratiquement en face de Pré Fantasi
au nord du village, un peu plus au sud, dans le quartier des Nauds, et aussi au quartier de la Tuilière, sur les terres du Barroux.
On nous dit que les fronts rocheux semblent globalement parallèles et de direction est-ouest .
Elles devaient avoir du calcaire de bonne qualité car les pierres ont vraiment bien résisté dans le temps (sauf les couches supérieures qui se rapprochaient des marnes
(gris-bleu ) plus friables, mais bien plus faciles à découper.
La pierre de Caromb était reconnue pour ses qualités. Elle est dure, coquillière, à gros grains ; elle est relativement imperméable.
Elle se présente en lits très épais, et était exploitée en gros blocs et en dalles de 2 à 4 ou 5 mètres de longueur sur 1 ou 2 m de largeur et 50 à 60 cm d’épaisseur.
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Extrait plan napoléonien
L'exploitation des carrières :
- aux Peyrières du XIVe siècle au XIXe siècle. En partie basse du site, il apparaît nettement que les fronts rocheux correspondent à une réouverture à l'exploitation
de zones anciennement utilisées puis abandonnées (couverture par un épais remblai constitué de déchets de taille).
Une exploitation antique semble prouvée par la présence de traces d'escoude à deux dents à la surface du banc rocheux.
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Traces laissées par une escoude
Carriers et marchands de pierre
Liste des carriers et marchands de pierre de Caromb, à partir de la liste dressée en décembre 2008 par l’équipe dirigée par Philippe BERNARDI dans le bilan de recherche sur « Les carrières de pierre de Caromb ».
(LAMM-CNRS, CICRP, LRMH, Service Archéologique du Département de Vaucluse).
Au XIVe siècle ;
Qualifiés de « lapicide » :
ALBINI Guillaume, ALBINI Ysnard,Qualifiés de « peyrerius » sans qualificatif :
BENDI Gilles
COLUMBETI Ferrarius, COLUMBETI Raymond, COYNI Guillaume
EGIDII Guillaume
GIRAUD Guillaume (Molinet), GIRAUD Bertrand ; GIRAUD Guillaume (Godin)
LENS Bertrand, LUPPI Hugonin
MALVINHON Roland, Pierre et Siffrein, MAURINI Rostaing, MONACHI Ymbert
PELISSON Raymond, Pons et Jacques
RANULPHI Rican et Pierre, RAYBAUD Gilles et Rican, REBOLLI Guillaume,
RIQUETI Bertrand et Pierre, ROLLAND Rican
YMBERT Antoine
GAUTIER HugoninAu XVe siècle :
BERTRANDI Siffrein, BONIPACIS Bertrand
CAPELIER Bertrand
MONTEUX Bernard
PETRA Arnaud, PETRI Raymond
RIVI Jean, ROANI Antoine, ROLLAND Raymond, RUFFI Giraud
Qualifiés de « lapicide » :
CASSANI GuillaumeQuallifiés de « peyrerius » :
GARSOTI Hugonin
MALVINHON Elzéar
RICAN Pierre
TARTOSI Jean
BERTRANDI AntoineSans qualificatif :
ROANI Antoine et Siffrein
MAURINI PierreAu XVIe siècle :
Quallifiés de « peyrerius » :
CURTINELLI MichelQualifiés de « traceur »
FRERE (FARE) Claude
GANHET (GUINET) Guillaume, GAUDEBERT François
GAUDRUBERT AntoineSans qualificatif :
GIRARD ClaudeAu XVIIIe siècle :
Qualifiés de « traceur »
GAUDIBERT Pierre fils d’Antoine, GILLES Mathieu fils d’AndréAu XIXe siècle
GIRARD Joseph fils de Giraud
Sans qualificatif :
BERNOOUIN Jules, BRES JosephQualificatif « maire » :
CHIRON
DECOR François et Joseph
JOUVE
ANRES Paul
Sur les 65 noms cités, 45 de ces carriers étaient de Caromb.
38 d’entre eux étaient associés.
Les armoiries de Caromb
Les armes de la ville portent trois carrés d’argent représentant des cairouns. Ce mot provençal signifie « grosse pierre » et ce mot est probablement à l’origine du nom du village.
On retrouve ces armes sur la ferronnerie du beffroi aussi bien que sur les « boites » qui servent à tirer les salves les jours de fête
Commençons par Hilaire Bonnaventure : il nous indique que les pierres extraites des carrières du quartier du Lauron donnèrent leur nom au village.
Le nom autrefois carumbo ou carumbum ou plus simplement caron, dérive du provençal cairoun ou quairoun qui signifie « grosse pierre » dans la langue du pays.
Il est à supposer que les habitants des pays voisins devaient dire, en parlant du bourg, « le pays des cairouns » et que ce mot, devenu populaire, resta à la commune.
Les traces écrites :
L'étude PCR a permis de réunir plus de deux cent soixante-dix mentions relatives à la pierre, aux carriers ou aux carrières.
Soixante et un carriers ont été identifiés entre 1338 et 1883. L'étude souligne le caractère presque familial du métier, l'importance des associations, et le rôle principal
joué par les tailleurs pour la diffusion de cette pierre et sa mise en valeur.
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Les compagnons tailleurs de pierres (1773)
Le transport.
Le transport était d'un coût important, surtout sur de longues distances : Pour un utilisation locale, à Caromb, il ne représente que 25 à 40% du prix total, alors qu'avec une livraison
à Carpentras il dépasse souvent les 60% du prix total.
Le chemins des carrières est mentionné en 1374 et était entretenu par la communauté.
L'accès final aux lieux d'exploitation se faisait par un chemin aménagé pour chaque carrière et était privé.
On peut supposer que chaque carrière disposait d'un lieu de chargement, le cargadour, véritable quai permettant
un transfert plus facile des blocs de pierres de la zone d'extraction à la charrette.
La charge d'une charrette est à peu près évaluable à l'équivalent de 10 cayrons, soit environ 800 kg.
Les charretiers pouvaient faire deux voyages Caromb-Carpentras par jour.
Désignés comme charretiers, mais pas systématiquement, certains font figure de véritables entrepreneurs.
La plupart du temps, les charretiers sont issus des villes ou des villages où se déroule le chantier, car la règle semble vouloir
que le transport soit à la charge de l’acheteur qui recrute alors dans son entourage.
Les chemins privés permettent l’accès à chacune des multiples carrières ouvertes en ce lieu.
Le transport pouvait être payé, à la journée, à la pièce ou au voyage.
Le péage :
L'entretien des chemins était à la charges des Carombais qui trouvaient que le charroi abîmait le chemin des carrières et que cet entretien était trop lourd pour la communauté.
Aussi, ils avaient imposé un péage à la sortie des carrières. « Les pierres prises aux carrières de Caromb pour la construction de l’hôpital de Malaucène payèrent
comme simple droit de péages quatre sous de monnaie de France pour chaque bête à dos ou traînant des charrettes ; la communauté de Caromb pouvant faire saisir
les charrettes et les bêtes de ceux qui refusaient de payer ».
Le 4 juillet 1760, le vice-légat Salviati accepte la création d'un péage :
Le transport des pierres est réglementé : Pour le transport des pierres tirées des carrières de Caromb, un péage est établi par la communauté.
(cf l’extrait des registres de la secrétairie d’Etat du 4/7/1760) ADV
L’an 1760 et le 4e jour du mois de juillet … touchant l’établissement du droit de péage sur les bêtes à dos et les charrettes chargées de pierres
tirées des carrières sises dans le territoire dudit Caromb, toutes les dites charrettes et bêtes à dos payeront pour raison dudit péage …
quatre sols monnaie de France, pour chaque bête à dos chargée des dites pierres ou traînant les dites charrettes,
à l’exception toutefois des charrettes et bêtes à dos pour l’usage des habitants dudit Caromb, lesquelles seront entièrement exemptes dudit péage
dont le droit sera exigé … avec faculté de faire saisir les charrettes et bêtes à dos de ceux qui en refuseraient le payement …
A partir de 1810, l’exploitation d’une carrière sera dépendante d’une législation de police qui établit la liste et la description des différentes carrières.
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Les communes voisines de Caromb firent appel de cette décision et on sait que ce péage fut supprimé par l’administration du Venaissin.
Caromb persista longtemps dans sa demande, s'appuyant sur l'intérêt général de cette exploitation. Ainsi la municipalité demanda encore au préfet, nouvelle autorité après la Révolution,
que l'entretien du chemin des carrières soit pris en charge par le département (1818).
Carpentras possède une « carrière à tirer la pierre au terroir de Caromb ». Le bail à ferme est donné à Paul VEYE du Barroux, Joseph VEYE son oncle
et Pierre André VEYE fils de Joseph, du Barroux, qui se sont associés en 1778. (Notaire 3E 29 356 ADV)
Siffrein GABRIEL et Pierre DUPUY, Joseph BUISSON et son frère Joseph, tous maîtres maçons de Carpentras, s’associent avec André NEGRE de Malaucène,
également maître maçon, pour la construction de l’église de Mollans (26) en 1787 (Notaire).
Dans son testament de 1806, le même Siffrein GABRIEL donne les outils et ustensiles du métier de maître maçon à son fils Jean Baptiste.
Sa fille Magdeleine est mariée à un autre maçon, Joseph DONGIER (Notaire).
Utilisation des pierres de Caromb
- Les remparts de Caromb étaient construits avec cette pierre ;
- L’église de Caromb ;
- Le château construit par Etienne de Vesc, à Caromb ;
- Certaines parties du Palais des Papes (Palais neuf) :
« Le 4e jour du mois de mai 1352, Bertrand Chapeier a compté 105 cannes carrées de dallage de dalles de Caromb, par lui conduites au palais, tant pour la chapelle,- Plate-forme des Doms.
les terrasses et autres édifices du palais neuf...» pour un paiement de 218 florins.
— Le 15 mai 1735, le chapitre métropolitain d'Avignon donna à prix-fait aux maçons Louis et Jean Crion l'exécution- Maison du recteur du collège et monastère Saint-Martial d'Avignon
d'une plate-forme devant l'entrée de N.-D.-des-Doms, conformément aux devis et articles dressés par Jean-Baptiste Péru, architecte d'Avignon.
...Devant le porche, la plate-forme sera accessible par neuf marches formant perron cintré, en dalles ou bards de Caromb.
« A chacun des cottés de la susdite terrasse », on fera un grand escalier à repos (paliers), également en pierre de Caromb.
Les ouvrages seront payés à la canne et d'après le tarif suivant 12 livres pour les murailles du chemin ; pour celle portant les marches de l'escalier.
La mort de Jean-Baptiste Péru en 1744 amena une interruption des travaux.
Source : Mémoires de l’académie de Vaucluse. N° de janv 1928
La porte d'entrée fut précédée d'un perron en pierre de Caromb, à cinq marches de chaque côté.
- Les barrages du Rhône et de la Durance aussi ;
- De même, L’Hôtel-Dieu et l’aqueduc de Carpentras ;