Mise à jour 4/05 Copyright JG © 2005

 - Le Col de l'Autaret ou
     Histoire de Bellino
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 - Bataille de la   Battagliola
    1743-1744
 - Blason de Bellino

 - Breve cronologia della
 Castellata E de l' Escartoun
   de CHASTEL DELFIN
      (Italiano)
 - Brève chronologie du
 Castellar et de l' Escarton de
  CHÂTEAU DAUPHIN

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Chapitre IX. Conclusions.

blins 2008


        Notre identité est celle de nos ancêtres.

        Leur histoire est la nôtre.
        Ils ont vécu les changements de frontière, de pays : de Celto-ligures, à Romain, de Dauphinois-Français à Savoyards, puis à Sardes, ils sont devenus enfin Italiens. Certains sont Français par émigration.

        La France et l’Italie sont devenus de grands états et la Savoie a disparu. Elle a laissé des traces dans la population, pas seulement dans les vallées de l’est des Alpes, mais aussi dans le comté de Nice et  dans les départements de Savoie actuels. Nous lui devons une partie de notre identité, pas tout à fait française, pas tout à fait italienne.
        Ne voit-on pas, encore aujourd’hui un parti politique, la Ligue Savoisienne, qui milite pour l’indépendance de la Savoie, qui arrive à regrouper quelques centaines de personnes lors de manifestations entre le Mont Blanc et Genève et qui compte quelques milliers d’adhérents? Elle estime caduc le Traité de Turin de 1860 cédant la Savoie à la France, notant que certaines clauses du Traité signé entre Napoléon III et le roi de Sardaigne ne sont plus remplies depuis la première guerre mondiale.

        Sur le plan religieux, le catholicisme l’a emporté, mais nos protestants-vaudois des vallées piémontaises que nous avons suivi pendant des siècles ont créé une diaspora importante : leur Eglise compterait une population de 45.000 personnes, en Italie, en Europe, en Amérique et en Afrique du Sud. Si près de nos vallées, nul doute qu’ils ont eu une influence sur nos ancêtres pendant quelques siècles et que certaines branches de notre famille ont suivi leurs émigrations forcées.

A ceux qui la découvrent aujourd’hui, la montagne alpestre présente des vallées industrielles et urbaines, des routeset des autoroutes, des alpages sans bétail hérissés de remonte-pentes, des villages ruraux dont beaucoup meurent, des agglomérations touristiques bettoneuses : ce n’est pas le visage qu’avaient façonné deux millénaires d’intense activité agricole. Ces deux millénaires ont ouvert la forêt primitive, créé le paysage plaisant des prés et des bois, tracé une multitude de sentiers, épierré les champs, discipliné les eaux sauvages, construit un habitat rural bien intégré au paysage. Nous sommes les héritiers souvent ignorants de ces générations de paysans qui ont fait des Alpes la montagne la plus humanisée,...
Cette civilisation mobilisait toutes les ressources d'une nature parcimonieuse  pour faire  vivre  pauvrement une  population ancienne, persistante, qui avait tendance à s'accroître. Bien que le passage n'ait jamais cessé, l'isolement d'une économie autarcique obligeait à presque tout produire soi-même, voire à tirer du dehors un peu d'argent sans lui en donner d'autre que celui des impôts.”[20]

        Notre identité, c’est l’histoire du Val Varaita, de Bellino, de Sampeyre, du Queyras,  des Alpes Occidentales. Ces vallées alpines, occitanes, jadis dauphinoises ou françaises, pas encore tout à fait italiennes, avec quelques restes savoyards, à la langue d’oc si particulière, ne nous permettent pas de nous rattacher à l’Histoire de France apprise à l’école, trop centrée sur Paris et les pays de la Loire.
        Nous sommes alpins du sud, provençal.

        Intégrés depuis une ou deux générations dans le Sud Est - La Provence - nous nous sentons aujourd’hui français, toujours attachés à nos vallées alpines. L’école, les médias, l’armée, les relations, la vie professionnelle, pour nous, qui sommes nés en France, ont forgé notre conscience française. Mais, au fond de nos cœurs, comme cela a été pour nos parents migrants, il restera quelque chose de Bellino, du Val Varaita ou de Sampeyre.
        La branche italienne de la famille subit les même changements. L’italien parlé remplace le “Berlingogne”, « Nostro Modo », le parlé de Blins, et l’intégration s’effectue sans pour autant perdre l’identité particulière de cette vallée.

        Nos vallées se meurent ; il ne reste, en l'an 2000, que 52 habitants dans tous les hameaux de Bellino.
        Mais nos cœurs sont pleins de leur Histoire.

        La Varaita de Bellino, déjà détournée par l'Enel pour alimenter le barrage de Pont, est maintenant canalisée dans la partie la plus haute pour une nouvelle usine hydro-électrique. Le torrent, qui jadis emportait tout sur son passage, se transforme en un filet d'eau pendant les chaudes journées d'été.
        "Varacho", Varaita, tu resteras gravée dans nos mémoire.

 
        Que nos enfants comprennent d’où ils viennent, pour comprendre ce qu’ils sont.
 
Le col de l'Autaret est toujours là, visité chaque année par de nombreux touristes, et parmi eux par de nombreux descendants des familles de Bellino.
Il est là, immuable, avec sa pierre gravée. Il  nous attend encore.
Si vous avez eu le courage de lire ces pages jusqu'au bout, il sait que vous partagez avec lui tous ses souvenirs, toute cette Histoire.
Il va rester encore longtemps, et peut-être qu'un jour quelqu'un, 
comme moi, continuera son histoire.

Et surtout, qu'ils n'oublient pas la Polenta....
............

Celle de 2005, à Traversagne.

Traversagne


rina


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