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Chapitre VII.
Deuxième Guerre mondiale (1939-1945).
Hitler envahit l’Autriche en mars 1938, marquant le début de la guerre.
Six mois plus tard, c’est au tour de la Tchêcoslovaquie.
En septembre 39, la Wehrmacht est en Pologne
et dès avril 1940, elle envahit le Danemark et la Norvège.
En mai 1940 s’ouvre le front ouest, avec l’invasion du Luxembourg, de la
Belgique, des Pays-Bas et de la France. L’Italie, restée jusque-là
hors du conflit, entre dans la guerre (10 juin 1940). L’ordre du jour est
lancé : « Fantassins d’Italie, l’heure solennelle est arrivée!
Avec la foi indéfectible, souvenir des triomphes passés, marchez
vers les nouveaux et immanquables destins de l’Italie impériale. Audacieux
et tenaces, comme toujours, la Patrie attend de vous encore plus de gloires
éclatantes. Vive l’Italie! Salut au Roi et Empereur ! Vive le Duce
! ».
L’armée française des Alpes fait front entre les Allemands
qui arrivent jusqu’à Chambéry et les Italiens qui eux sont
à Modane. Du 15 au 25 juin 40, a lieu une rude bataille dans l’arrière
pays niçois qui se conclue par l’occupation de Menton et de Fontan.
En Queyras aussi, dès juin 40, la population est au contact des troupes
italiennes.
Le 22 juin 1940, sur le front des Alpes, les forces italiennes, du 2ème
Corps d’Armée, commandées par le Général Bertini,
déclenchent l’opération “M”, visant l’occupation du haut bassin
de l’Ubaye et de Barcelonnette. Les forces françaises sont en position
sur une ligne allant de Fouillouse à Restefond, en passant par Meyronnes
et St Ours, avec pour objectif de barrer les vallées de l’Ubayette
et de l’Ubaye.[48]
Les colonnes italiennes attaquent, au nord, par les cols du Longuet, de l’Autaret,
de Mary et de la Gipière, au centre, de part et d’autre de la tête
de Viraysse, de la Tête Dure et par le col de la Maddalena, enfin, au
sud, par les massif des Fourches.[48]
Aux deux Armées, les malheurs ne seront
pas épargnés : les Italiens s’enlisent dans la neige, y perdent
armes, munitions, et jusqu’à deux batteries. Les français du
Lt Costa de Beauregard, en rentrant de Larche, seront pris par mégarde
sous leur propre feu.[48]
Le 22 juin 40 est signé l’armistice
franco-allemand. La France est occupée au nord, mais la zone libre
couvre le Sud et les Alpes, pratiquement jusqu’à la frontière.[48]
Dans l’Ubaye, les Armées italiennes repartent à l’attaque.
Le 23 juin, elles passent par le col de la Gipière et tombent, à
l’entrée du vallon de Fouilouse sur le terrain battu par les mitrailleuses
de la ligne de défense française. Les Italiens qui arrivent,
sont épuisés par une marche harassante. Ils sont décimés.
Sur la route du col de Larche, les éléments les plus avancés,
attaquent Maisonméannes. Une autre colonne, ayant progressé
par Malboisset, les français évacuent Maisonméannes.
Au sud, l’ennemi avance sur les zones évacuées. Le temps est
mauvais, il neige. Dans le brouillard et la tempête, ils avancent dans
le ravin de Rochouse, mais le temps se lève et les découvre
aux français. Le feu s’abat sur eux. Le mauvais temps reprend, et pendant
leur repli, 335 italiens sont fait prisonniers[48]
Le 24 juin est signé l’armistice franco-italien.
Sur le front de l’Ubaye, cette campagne aura opposé 15 000 hommes côté
français (4 morts et 5 blessés) à 52 000 italiens qui
compteront 127 morts, 369 blessés, 399 prisonniers ou disparus et
1157 “membres gelés”.[48]
Le 25 juin, les hostilités cessent
entre la France et l’Italie et se crée une zone démilitarisée
de 50 Km de profondeur, à partir de la ligne d’armistice [48].
Dans la vallées de l’Ubaye, après l’armistice, on cache les
armes pour les soustraire à la commission d’Armistice.
Vichy vote les pleins pouvoirs au maréchal Pétain.
En Val Varaita :
Le paysage des hautes vallées Varaita subit un changement important
lorsque l’ENEL décide la construction d’usines hydroélectrique.
Entre 1936 et 1942, une digue surgit, haute de 75 mètres, à
Castello et barre le passage du torrent Varaita de Chianale au confluent du
torrent Vallante pour alimenter la centrale de Châteaudauphin. La montagne
qui sépare les deux Varaita est percée par un tunnel de 2.600
mètres afin de récupérer aussi les eaux du torrent Varaita
de Bellino. Bien vite un lac se crée et recouvre les pâturages
ancestraux. La centrale est opérationnelle dès 1939, suivie
par celle de Sampeire (1941) puis celle de Brossasco (1943). Les turbines
produisent la nécessaire électricité pendant que les
vaches doivent remonter plus haut sur les pentes des montagnes pour trouver
l’herbe nourricière.
La guerre continue :
1941 est l’année
de l’extension du conflit au monde entier : les Japonais déclarent
la guerre aux Etats-Unis, le Reich attaque l’URSS, le front se déplace
en Afrique du Nord.
1942.
Le 8 novembre 42, 700 navires débarquent les premiers corps expéditionnaires
anglo-américains dans les ports du Maroc et de l’Algérie. Aussitôt
la zone libre est occupée par les allemands à partir du 11
novembre 42, puis, pour les parties alpines et les Alpes maritimes, par les
italiens.
Le 27 novembre 42, la flotte française de Toulon se saborde.
Dès 42, les premiers maquis s’installent et la Résistance s’organise
autour de petits groupes. Le STO (Service du Travail obligatoire) a pour première
conséquence d’apporter à la Résistance une réserve
d’hommes jeunes, qui se trouvent “le dos au mur”.
Les zones montagneuses sont particulièrement
propices pour abriter des maquis dont la mission essentielle consiste en rapides
coups de main : l'Oisans, Belledonne, les Sept-Laux joueront parfaitement
ce rôle, en Dauphiné. Une mission plus ambitieuse est confiée
au Vercors capable, par son isolement, de devenir une base d'actions militaires
lourdes sur les arrières allemands après un débarquement
allié en Provence.
En Ubaye, la vallée offre un refuge aux personnes traquées
par les allemands : on y vient de la zone occupée ou des villes du
Midi. De nombreux israélites et quelques anglais y séjournent
en « résidence surveillée », surveillance débonnaire
des autorités locales et d’une brigade de « carabiniers ».
[66}
Côté italien aussi, la résistance commence cette année
là. La guerre est dans le Pacifique et en Afrique du Nord.
1943 marque le tournant de la guerre : débarquement allié
en Sicile le 10 juillet, chute de Mussolini, le 25 juillet. L’Italie est
alors occupée par les troupes allemandes.
En mai 1943, Jean Moulin regroupe la Résistance au sein du CNR. En
Savoie, la résistance est très importante en 43-44. Le massacre
du plateau de Glières en témoigne.
Le 3 septembre 43, un armistice est signé entre les Alliés
et l’Italie. Aussitôt, les troupes italiennes évacuent les vallées
de la Bévéra et de la Roya : un départ dans le plus grand
désordre, une véritable débandade, en faisant sauter
les principaux ponts et voies ferrées (Vallée de la Roya).
Le 10 et le 11 septembre 43, les allemands
reviennent dans ces vallées, à partir de l’Italie.
De nombreux réfractaires au S.T.O.
sont obligés de se cacher. La Résistance se manifeste par des
sabotages , des tracs, faisant sauter le chemin de fer à Sospel, Saorge,
La Brigue.[48]
1944. Le Maquis est mieux organisé, les coups de main
sont plus importants et aussi les représailles qui font beaucoup de
tués ( quinze à Sospel, le 12 Août 44).
En février 44 commencent à
se nouer des contacts entre maquisards français et partisans italiens.
La première rencontre a lieu le 12 mai, au col de Sautran (2800m).
Côté italien sont présents : Dene Dalmastro, commandant
du IIIe secteur des partisans, Luigi Ventre, commandant de la brigade Vallée
Maira, et Giorgio Bocca, commandant de la brigade Vallée Varaita.
Côté français sont présents les représentants
du secteur de l’Ubaye et du secteur Ubaye-Verdon. Première réunion
permettant de faire état des forces de chaque côté des
Alpes, convenant de prochaines réunions (le 22 mai à Barcelonnette),
les français recherchant un accord militaire et les italiens un engagement
politique. A Barcelonnette on signe un pacte d’entraide (échange de
matériel militaire, moyens de communication avec l’armée alliée.[48]
Le 30 mai, à Saretto, dans la Haute vallée Maira, on signe
des accords, politiques et militaires. Livio Bianco et Luigi Ventre (Piémont),
Max Juvénal, Maurice Plantier et Jean Lippmann sont présents.
Les français sont venus en camion jusqu’à Larche et à
pied à travers la montagne.[48]
Ces accords ne fonctionneront pas parfaitement, sauf lors du repli des résistants
de l’Ubaye après l’échec de l’insurrection de la vallée
et le retour en force des Allemands, après le 12 juin. Durant près
d’un mois, les résistants français passeront et repasseront
en Italie, recevant l’aide prévue.[48]
Entre autre malheur, la guerre cause la déportation des habitants
de la haute vallée de l’Ubaye en Italie, la destruction complète
des communes de Larche, de Meyronnes avec tous leurs hameaux, celle, partielle
de La Condamine, Maurin et du Sauze.
Du haut de l’Autaret, on regarde avec angoisse,
cette vallée abandonnée, inhabitée.
En Dauphiné, les moyens nécessaires à la résistance,
pourtant promis, ne sont pas envoyés, alors que l'ordre d'entrer en
action est lancé le 5 juin 44. S'étant découvertes
ainsi prématurément, les troupes du
Vercors sont l'objet d'une attaque terrestre et aéroportée de
grande envergure, qui se termine par la
dispersion des survivants, la destruction de plusieurs villages et
des massacres de population.
L’Allemagne recule sur tous les fronts : les Soviétiques avancent
à l’Est, les alliés débarquent en Normandie le 6 juin
1944 et le 15 Août en Provence. Les Maquisards, les bombardements de
l’aviation appuient l’attaque des alliés. Mais les allemands renforcent
leurs positions dans les vallées des Alpes Maritimes. Le 28 Août,
les Alliés atteignent le Var et Nice est libérée le lendemain.
Ils continuent leur progression vers l’Italie, mais s’arrêtent à
Sospel.
Le 25 Août libération de Paris, le 28 Août, de Marseille.
Le 23 octobre, les alliés sont à Strasbourg.
La libération , en 1944 à Annecy, est faite principalement
par la résistance.
Les italiens informent les américains des visées françaises
sur Tende et La Brigue, pensant protéger Vintimille, Dolceacqa et le Val
d’Aoste. Les allemands se battent sur les cols de Braus et de Brouis. La
ville de Sospel est libérée le 31 octobre 44. La population
de Breil est déportée en totalité vers Coni. Les allemands
tiennent toujours les cols et la Haute vallée de la Roya en avril
45, malgré des luttes acharnées et des attaques successives
des troupes françaises régulières aidées par
les FFI. De Gaulle se rend dans les Alpes, rejoint Menton pendant que la
Marine française bombarde Vintimille. Les troupes avancent vers Saorge
et Fontan est libérée le 18 avril. Le secteur de Sospel ne
sera libéré définitivement des allemands que le 25 avril,
moins de 2 semaines avant la fin de la guerre. Le même jour, les français
entrent dans Vintimille et le front s’établit dans la vallée
de la Roya.
D’autres troupes passent par Isola et le col de la Lombarde et le col de
Larche est enlevé de hautes luttes. Les français entrent à
Tende et à La Brigue. Le 28 avril, ils sont de l’autre côté
du col de Tende, à Borgo San Dalmazzo. Pendant ce temps, à Tende,
un plébiscite donne 70% de “oui” au rattachement à la France
Le traité de paix avec l’Italie ajoute aux territoires français
le col du Mont-Genèvre et le Chaberton dont le fort tenait sous ses
feux Briançon. Mais le projet de retour à la France des anciennes
vallées dauphinoises du versant italien se heurte au refus allié.[55]
Après la guerre, des tentatives de
rapprochement entre les anciens escartouns français et italiens sont
faites, sans aboutir : preuve de la survivance des traditions supranationales
[53].
1945 marque la fin des combats : les soviétiques arrivent
à Berlin le 24 avril et les alliés arrivent jusqu’à
l’Elbe. De Gaulle écrit : « le 2 mai, jour où les forces
allemandes et fascistes d’Italie mettent bas les armes, nos soldats atteignent
les abords de Turin, d’Ivrea, Lanzo, Bussolino, touchent Cuneo, occupent
Impéria,... les combats des Alpes finissent par une victoire ».
La Wehrmacht capitule le 7 et 8 mai.
Gênes et Milan sont libérés le 29 avril 1945. Avec 45.000
tués et 20.000 blessés, la Résistance italienne apparaît
comme l’une des plus importante d’Europe.
En Queyras, on se bat jusqu’au printemps 1945 et les villages les plus proches
de la frontière ne sont plus que ruines. Les habitants, pendant les
années de guerre, avaient tout juste le droit de venir travailler leurs
champs. Ils récupéraient ce qu’ils pouvaient dans les décombres
de leur maison.
Vintimille organise son plébiscite et le “oui à la France”
l’emporte par une faible majorité.
Au bilan, la France compte 535.000 morts, l’Italie 450.000.
Chaque village, chaque
hameau compte ses morts. A Bellino, la plaque de marbre accrochée
au mur de l’église liste les noms suivants :
o Brun G Battista 1913
- 1941
o Estienne G Battista 1921 - Russia
o Gallian Giacomo Mattéo 1916 -
Russia
o Gallian Giacomo Mattéo 1922 -
Russia
o Gallian Giacomo Battista 1905 - 1943
o Gallian Giacomo Battista 1922 - Russia
o Marc Bernardo 1913 - 43 Montenegro
o Martin Bartoloméo 1917 - Russia
o Martin Bartoloméo 1922 - Russia
o Peyrache Chiaffredo 1923 - 1944
o Richard Bartolomeo 1914 - 1942 Torino
o Richard G Battista 1919 - Roma
o Roux G Battista 1920 - Roma
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