|
|
|
|
Chapitre VI. L’entre-deux-guerres
(1918-1939).
Emigrations
Défense des frontières
et construction de fortifications.
Travaux hydro-électriques.
Emigrations
En 1917,
il faut des “bras” en France. Un office du travail est crée, qui
passe des accords avec l’Italie. Les industriels des houillères
du Nord, des soieries de Lyon “importent” des italiens par trains entiers.
Ils reviennent, des l’armistice signé, poussés par la crise
de 1920-21, puis par l’avènement du fascisme. Ils sont jeunes et,
parmi eux, un tiers sont des femmes. Cet afflux d’italiens ne met pas fin
à la mobilité des métiers : enfourneur dans les tuileries
et briqueteurs, tailleur de pavé, de rebords de trottoir ou de monuments
funéraires dans les exploitations de granit et de quartz, mais surtout
travailleurs dans le bâtiment. Les maçons italiens se dispersent
dans tout le pays.
En
1919, mes grand-parents paternels émigrent de Bellino à Caromb,
Vaucluse.
L’après-guerre
apporte une prospérité considérable et le tourisme
se développe. On construit des hôtels jusqu’au fond des vallées.
En Ubaye, St Paul et Jausiers construisent les leurs. L’alpinisme se développe.
[66]
Entre
les deux guerres, l’économie savoyarde se porte bien : les usines
sont en plein développement, le tourisme croit, d’abord par les
étrangers jusqu’en 1930, puis par les français. Le chemin
de fer arrive à Bourg St Maurice, en 1919.
Les
agriculteurs italiens colonisent tout le Sud Ouest, venant de Toscane,
d’Ombre, du Foiral et du Trentinois, compensant l’exode rural. Vers 1930,
ils sont 100.000, au deux tiers en haute Garonne, et dans le Gers, coulés
au sein d’une paysannerie qui n’en comptait aucun avant 1920.
Apres
la guerre, en 1921, les étrangers sont 1,55 Millions en France,
compensant les 1,4 Millions de morts de 14-18. 38% sont italiens.
A
Grasse, la parfumerie se porte bien : 20 grosses usines traitent la production
régionale de fleurs. 4500 producteurs vivent des fleurs, près
de 900 hectares sont cultivés. Les italiens viennent aider pour
les récoltes.
L’année
1921 marque le début du fascisme en Italie, avec l’arrivée
de 25 députés et leur participation au gouvernement. En 1922,
ils organisent une marche sur Rome de 30.000 participants, et Victor Emmanuel
III doit appeler le “Duce” Benito Mussolini à former le gouvernement.
En 1924, ils modifient la loi électorale et obtiennent une majorité
écrasante au Parlement. Ils utilisent la terreur contre l’opposition,
et parfois même, les assassinats. En 25/26, ils abolissent les partis
politiques et les syndicats et la dictature devient totale.
Avec
de telles conditions politiques, l’émigration vers la France continue
: en 1927, 70% des 45.000 mineurs lorrains sont italiens. Dans le Nord
Est, où la reconstruction des houillères endommagées
par la guerre et le développement de la sidérurgie leur ouvrent
une voie royale, ils sont 100.000 en 1931.
La crise économique de 1929/30, crise mondiale, n’arrange pas les
choses. Elle pousse Mussolini a s’aligner sur l’Allemagne. Elle a pour
conséquence des réactions xénophobes en France : la
haine de l’étranger affecte tous les milieux, même le monde
ouvrier où des travailleurs belges, italiens, marocains et polonais
sont assassinés. Des restrictions à l’immigration sont demandées,
aussi bien à droite qu’à gauche. On fixe des quotas, on chasse
les clandestins, on fait signer des demandes de rapatriement. En 1931,
les pouvoirs publics français stoppent l’immigration, renforcent
le contrôle aux frontières et encouragent les “étrangers”
à repartir : ils sont alors 2,9 Millions, soit 7% de la population,
installés surtout avant 1926, dont 800.000 italiens.
En
1936 il y a plus de 10% “d’étrangers” dans les départements
du Sud-est : Bouches du Rhône, Var, Alpes maritimes, Basses Alpes
et Savoie. Ils représentent plus de 5% de la population des Hautes-Alpes.
Pourcentage d'italiens en France en 1936
par rapport à la population totale.
Défense des frontières et construction
de fortifications :
Entre 1931
et 1940 les armées de Mussolini consolident les défenses
alpines et construisent un grand nombre de fortifications, fortins ou blockhaus
jusqu’au fond de nos vallées. A Bellino, elles sont nombreuses :
Bosco di Ceiol, Buc des Sparviers, Buc Faraut, Coletto Balma, Grange Cruset,
Grange Malbuiset, Piatto Rosso, Rocca Senghi, Torrente Bruient, Varaita
del Rui. Toutes nos vallées sont protégées contre
une éventuelle invasion française. Il en est de même
à Pontechianale : Costa Buscet, Grange del Petegran, Pian dell’Agnello,
Pian Vasserot, Pontechianale, Pra Giusna, Sela. Les fortifications de Casteldelfino
sont moins nombreuses : Bertines, Monre Morfreid, Ponte Nuovo. Les chemins
sont empierrés pour faciliter l’accès aux cols, parfois jusqu’à
des altitudes impensables. Les débouchés des vallées
sont protégées par des postes bien placés : c’est
le cas par exemple pour les blockhaus du plan de Ceiol, ou pour le fort
caché près de la roche Senghi qui surplombe le fond de la
vallée de Bellino et qui devait empêcher une invasion venant
du col de l’Autaret, ou de la vallée de Ruy. Les crêtes
accessibles sont équipés de fil de fer barbelé,
barbelés que l’on retrouve encore de nos jours sur les sommets.
Ces
travaux servaient aussi d’entraînement intensif pour les troupes
de Mussolini.
Travaux hydro-électriques.
Entre
1936 et 1942, d’importants travaux hydro-électriques transforment
la haute vallée Varaita. A Castello, une digue haute
de 75 m. et d’une longueur de 247 m. est construite et retient l’eau de
la Varaita de Chianale. Quelques maisons disparaissent sous les eaux, les
près les plus faciles d’accès sont inondés et se forme
le lac de Pontechianale.
L’eau
du torrent Varaita de Bellino est détournée de son cours
ancestral par une galerie de 4.482 m. qui passe sous la montagne de la
Battagliola et vient alimenter ce nouveau lac. A partir de Prafauchier
jusqu’à Casteldelfino, le torrent a disparu et n’est plus
qu’un filet d’eau.
Une
galerie souterraine de 2.600 mètres et une conduite forcée
amène l’eau de Castello à la centrale de Casteldelfino où
les turbines produisent de l’électricité depuis 1939. Le
débit varie de 3 à 40 m3/seconde. |
La centrale de Casteldelfino
|
Plus
bas dans la vallée, la centrale de Sampeyre est construite en 1941,
celle de Venasque en 1943 et, au total, plus de 32 km de galeries conduisent
les eaux vers ces centrales.
Suite
© Copyright JG 2005
|
|