Mise à jour 4/05 Copyright JG © 2005

 - Le Col de l'Autaret ou
     Histoire de Bellino
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 - Bataille de la   Battagliola
    1743-1744
 - Blason de Bellino

 - Breve cronologia della
 Castellata E de l' Escartoun
   de CHASTEL DELFIN
      (Italiano)
 - Brève chronologie du
 Castellar et de l' Escarton de
  CHÂTEAU DAUPHIN

 - République de Briançon (F)
 - Republica di Briancon (It)

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Chapitre VI.  L’entre-deux-guerres (1918-1939).
 
Emigrations
Défense des frontières et construction de fortifications.
Travaux hydro-électriques.

Emigrations

       En 1917, il faut des “bras” en France. Un office du travail est crée, qui passe des accords avec l’Italie. Les industriels des houillères du Nord, des soieries de Lyon “importent” des italiens par trains entiers. Ils reviennent, des l’armistice signé, poussés par la crise de 1920-21, puis par l’avènement du fascisme. Ils sont jeunes et, parmi eux, un tiers sont des femmes. Cet afflux d’italiens ne met pas fin à la mobilité des métiers : enfourneur dans les tuileries et briqueteurs, tailleur de pavé, de rebords de trottoir ou de monuments funéraires dans les exploitations de granit et de quartz, mais surtout travailleurs dans le bâtiment. Les maçons italiens se dispersent dans tout le pays.

        En 1919, mes grand-parents paternels émigrent de Bellino à Caromb, Vaucluse.

        L’après-guerre apporte une prospérité considérable et le tourisme se développe. On construit des hôtels jusqu’au fond des vallées. En Ubaye, St Paul et Jausiers construisent les leurs. L’alpinisme se développe. [66]

        Entre les deux guerres, l’économie savoyarde se porte bien : les usines sont en plein développement, le tourisme croit, d’abord par les étrangers jusqu’en 1930, puis par les français. Le chemin de fer arrive à Bourg St Maurice, en 1919.
        Les agriculteurs italiens colonisent tout le Sud Ouest, venant de Toscane, d’Ombre, du Foiral et du Trentinois, compensant l’exode rural. Vers 1930, ils sont 100.000, au deux tiers en haute Garonne, et dans le Gers, coulés au sein d’une paysannerie qui n’en comptait aucun avant 1920.
        Apres la guerre, en 1921, les étrangers sont 1,55 Millions en France, compensant les 1,4 Millions de morts de 14-18. 38% sont italiens.
        A Grasse, la parfumerie se porte bien : 20 grosses usines traitent la production régionale de fleurs. 4500 producteurs vivent des fleurs, près de 900 hectares sont cultivés. Les italiens viennent aider pour les récoltes.

        L’année 1921 marque le début du fascisme en Italie, avec l’arrivée de 25 députés et leur participation au gouvernement. En 1922, ils organisent une marche sur Rome de 30.000 participants, et Victor Emmanuel III doit appeler le “Duce” Benito Mussolini à former le gouvernement. En 1924, ils modifient la loi électorale et obtiennent une majorité écrasante au Parlement. Ils utilisent la terreur contre l’opposition, et parfois même, les assassinats. En 25/26, ils abolissent les partis politiques et les syndicats et la dictature devient totale.

        Avec de telles conditions politiques, l’émigration vers la France continue : en 1927, 70% des 45.000 mineurs lorrains sont italiens. Dans le Nord Est, où la reconstruction des houillères endommagées par la guerre et le développement de la sidérurgie leur ouvrent une voie royale, ils sont 100.000 en 1931.        La crise économique de 1929/30, crise mondiale, n’arrange pas les choses. Elle pousse Mussolini a s’aligner sur l’Allemagne. Elle a pour conséquence des réactions xénophobes en France : la haine de l’étranger affecte tous les milieux, même le monde ouvrier où des travailleurs belges, italiens, marocains et polonais sont assassinés. Des restrictions à l’immigration sont demandées, aussi bien à droite qu’à gauche. On fixe des quotas, on chasse les clandestins, on fait signer des demandes de rapatriement. En 1931, les pouvoirs publics français stoppent l’immigration, renforcent le contrôle aux frontières et encouragent les “étrangers” à repartir : ils sont alors 2,9 Millions, soit 7% de la population, installés surtout avant 1926, dont 800.000 italiens.
        En 1936 il y a plus de 10% “d’étrangers” dans les départements du Sud-est : Bouches du Rhône, Var, Alpes maritimes, Basses Alpes et Savoie. Ils représentent plus de 5% de la population des Hautes-Alpes.


Pourcentage d'italiens en France en 1936 
par rapport à la population totale.

Défense des frontières et construction de fortifications :
       Entre 1931 et 1940 les armées de Mussolini consolident les défenses alpines et construisent un grand nombre de fortifications, fortins ou blockhaus jusqu’au fond de nos vallées. A Bellino, elles sont nombreuses : Bosco di Ceiol, Buc des Sparviers, Buc Faraut, Coletto Balma, Grange Cruset, Grange Malbuiset, Piatto Rosso, Rocca Senghi, Torrente Bruient, Varaita del Rui. Toutes nos vallées sont protégées contre une éventuelle invasion française. Il en est de même à Pontechianale : Costa Buscet, Grange del Petegran, Pian dell’Agnello, Pian Vasserot, Pontechianale, Pra Giusna, Sela. Les fortifications de Casteldelfino sont moins nombreuses : Bertines, Monre Morfreid, Ponte Nuovo. Les chemins sont empierrés pour faciliter l’accès aux cols, parfois jusqu’à des altitudes impensables. Les débouchés des vallées sont protégées par des postes bien placés : c’est le cas par exemple pour les blockhaus du plan de Ceiol, ou pour le fort caché près de la roche Senghi qui surplombe le fond de la vallée de Bellino et qui devait empêcher une invasion venant du  col de l’Autaret, ou de la vallée de Ruy. Les crêtes accessibles sont  équipés de fil de fer barbelé, barbelés que l’on retrouve encore de nos jours sur les sommets.
        Ces travaux servaient aussi d’entraînement intensif pour les troupes de Mussolini.

Travaux hydro-électriques.
 
 

        Entre 1936 et 1942, d’importants travaux hydro-électriques transforment la haute  vallée Varaita. A Castello, une digue  haute de 75 m. et d’une longueur de 247 m. est construite et retient l’eau de la Varaita de Chianale. Quelques maisons disparaissent sous les eaux, les près les plus faciles d’accès sont inondés et se forme le lac de Pontechianale.
        L’eau du torrent Varaita de Bellino est détournée de son cours ancestral par une galerie de 4.482 m. qui passe sous la montagne de la Battagliola et vient alimenter ce nouveau lac. A partir de Prafauchier jusqu’à Casteldelfino, le torrent a disparu et n’est  plus qu’un filet d’eau.
        Une galerie souterraine de 2.600 mètres et une conduite forcée amène l’eau de Castello à la centrale de Casteldelfino où les turbines produisent de l’électricité depuis 1939. Le débit varie de 3 à 40 m3/seconde.
La centrale de Casteldelfino

        Plus bas dans la vallée, la centrale de Sampeyre est construite en 1941, celle de Venasque en 1943 et, au total, plus de 32 km de galeries conduisent les eaux vers ces centrales.


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