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Chapitre IV.
Le début du XXe siècle (1900 – 1914).
Le
début du siècle est marquée par un développement
industriel continu, par une période de progrès et d’inventions
et par le rayonnement mondial des principaux pays européens. Cela
n’empêche pas les mouvements de population.
Emigration en France.
En
1900, en France, un étranger sur deux est italien dans les métiers
du bâtiment, 30.000 étrangers ramassent les olives, cueillent
les fleurs et les fruits de Provence, 70.000 sont bûcherons dans
les Alpes, et d’autres ramassent le sel autour d’Hyères, à
Saint Louis du Rhône et surtout à Aigues-Mortes.
En
1902, 40% des ouvriers de La Seyne et 30% des ouvriers de Port de Bouc
sont italiens. Les villes côtières grossissent, comme Grasse,
qui arrive en 1900, à 15.000 habitants.
En
1911, près d’1,13 millions d’étrangers dont 38%d ’italiens
sont en France. 100.000 italiens sont installés à Marseille
où ils représentent un quart de la population totale de la
ville. Nice et sa région ont le plus forte concentration d’italiens,
proximité oblige : ils envahissent l’hôtellerie, la restauration
et fournissent la bourgeoisie locale en gens de maison et en nourrices.
65% des italiens
restent dans le Sud Est, des Alpes jusqu’au Languedoc (et en Corse). 10%
d’entre eux se dirigent, par les grands cols alpins et les vallées
alpines, jusqu’à la région lyonnaise. Puis, par une vallée
de la Saône raccourcie par le chemin de fer, vers Paris qui en accueille
un nombre comparable ; et, déjà à la veille de 1914,
leur chemin les amène aussi vers les grandes industries de la Lorraine
et du Pas de Calais. Autour de Nancy et dans la région de Briey
se créent de véritables enclaves italiennes.
Dans le midi, les Bâbis,
prennent beaucoup de places : en provençal, “Bàbis”, d’après
“Lou Petchot Trésor”, dictionnaire franco-provençal
de Xavier de Fournier, signifie “crapaud” ou encore prend le sens de “dadais”.
Autrement dit “couillon”, n’ayons pas peur des mots. Si les gens de Provence
ont affublés les italiens _ et principalement les italiens émigrés_
de ce sobriquet, ce n’était pas précisément par amabilité.
Alors que la Grande Guerre va réunir français et italiens
sur les même champs de bataille, ce sobriquet commence à être
péjoratif et sera franchement chargé de mépris pendant
la Seconde Guerre mondiale[54].
La montagne reste toujours
aussi difficile. La liste des catastrophes en Queyras est impressionnante
: le Guil ravage la vallée en 1910, 1920, et 1928.
La population de Bellino
est stable de 1900 à 1914, avec une décroissance faible.
En 1911, on compte 928 habitants.
Il en est de même
dans toute la zone alpestre : les montagnes et les vallées
se vident de leurs habitants. Dans le Queyras, on constate le même
mouvement.
Analyse démographique de Bellino.
La population de la période
1770 à 1970 a été étudiée par les Universités
italiennes et nous donne une masse importante de renseignements sur ces
200 années. Sous la direction du professeur E. Luchetti, les conclusions
de l’étude ont été publiées et nous apportent
les informations suivantes :
-
les variations de la population (voir courbe)
-
les naissances illégitimes identifiées par les unions
libres, les pères inconnus, les enfants portant le nom de la mère,
les enfants non reconnus ou abandonnés : ils représentent
1,48 % des naissances. Un chiffre normal comparé aux autres régions
des Alpes à la même époque.
-
les jumeaux sont 1,04 %, chiffre comparable dans le monde entier.
-
l’âge moyen des mères à la naissance de leur
enfant varie entre 28,8 ans et 30,5 ans. Connaissant le nombre élevé
d’enfants par mère, leur premier enfant apparaît entre 20
et 25 ans et leur dernier survient parfois très tard, après
40 ans.
Notons que l’âge de la
mère pour son dernier enfant se réduit au cours de la période
: à plus de 40 ans, l’enfant est fréquent de 1865 à
1869 et moins souvent de 1870 à 1780.

Consanguinité et isonomie.
La consanguinité est élevée dans nos vallées
: 9,85 % des mariages sont consanguins. Parmi ceux-ci 5,15 % sont des mariages
entre cousins germains et 1,76 % entre fille-oncle (principalement au début
de la période). Les mariages entre cousins sont encore fréquents
à la fin du XIXe siècle et jusqu’à la première
guerre mondiale. Les mariages consanguins diminuent au cours de la période
étudiée et leur taux revient à la normale (par rapport
aux autres régions environnantes) vers 1890, principalement grâce
à l’émigration et à l’ouverture familiale qui lui
est associée.
Nos surnoms n’ont pas l’efficacité
attendue pour éviter tout mariage consanguin.
Fréquence des événements familiaux pendant l’année.
A Bellino, on se marie d’avril à juillet, à la bonne saison,
avant les foins. On fait des enfants de novembre à avril, lorsqu’il
fait bien froid. Les enfants naissent de septembre à l’été.
Les saisons,
les travaux des champs, l’émigration imposent les dates. Situation
italienne au début du siècle.
L'agitation se calme peu
à peu et, dans les différents domaines, on note des progrès
-
politiques : institution du suffrage universel (1912) et l'octroi d'une
indemnité parlementaire
-
économiques : la production agricole augmente (elle double pour
le vin et le blé). L'industrie métallurgique à Turin,
le textile à Milan se développent. La population, mieux protégée
contre la malaria, passe de 26 à 35 millions d'habitants ;
-
sociaux : après 1906, les socialistes décident de ne pas
faire un usage aussi fréquent de la grève. L'équilibre
budgétaire permet des lois sociales ;
-
intellectuels : l'Italie compte parmi les nations avec Marconi pour la
science, Benedetto Croce et Ferrero pour l'histoire, d'Annunzio pour la
littérature. Celui-ci prend la tête d'un mouvement nationaliste.
Et c'est une nation régénérée qui part à
la conquête de la Libye en 1911. [8] Un de mes grand-oncles participe
aux batailles de Lybie. Les italiens promettaient des terres aux soldats
engagés en Lybie.
Suite
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