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Chapitre XI.    XVème SIECLE : FIN DU SCHISME ;
                       CREATION DU DUCHÈ DE SAVOIE .
 
Une Savoie en pleine expansion.
La fin du schisme et le retour des papes à Rome.
Création du duché de Savoie.
La Savoie occupe le marquisat de Saluces et le Piémont.
La vie en Savoie.
La Provence, sans le pays niçois.
Chercheurs d’or dans la Castellata.
Les Alpes vers 1400

Une Savoie en pleine expansion.

        Pendant ce temps, Amédée  VIII de Savoie, qui est un législateur habile et un guerrier intrépide, connaît un énorme accroissement de prestige. Des officiers savoyards s’implantent à Nice et Amédée favorise de nouvelles familles (niçoises ou venues du Piémont) au détriment des anciennes. Il séjourne à Nice de 1404 à 1406 pour asseoir son autorité et décide de fortifier la ville et d’en faire une place-forte militaire.
        En Piémont, apanage des Savoie-Achaïe, l’affaiblissement des Visconti, de Montferrat et de Saluces permet à Amédée VIII de recevoir l’hommage de nombreux seigneurs de la région de Bielle. A la mort de Louis d’Achaïe, en 1418, le Piémont revient directement à la Savoie. [72]
        Au nord, la Savoie continue de s’agrandir par l’achat du comté de Genève en 1401, puis de la Bresse et du Bugey.  En 1405,  acquisition du Genévois.
        En 1408, la chrétienté se mobilise pour mettre fin au schisme et les deux papes doivent se rencontrer à Nice. Mais cela ne se fait pas.

        Revenons à Benoit XIII et au Comtat : il essaie de rallier l’Italie à ses vues, propose un concile à Perpignan sur des terres qui lui sont favorables. En réaction, un autre concile, à Pise, condamne les deux papes et les remplace par Alexandre V, puis par Jean XXIII. Le monde chrétien se retrouve avec trois papes !
        La France reconnaît ce troisième pape alors qu’Avignon reste fidèle à Benoit XIII. Le roi fait remettre la ville à Jean XXIII.

        Tandis que l’empire a deux chefs, l’église trois antipapes et que la Maison d’Anjou croule en Sicile, Amédée VIII de Savoie, grand prince, affermit son pouvoir. Il achète la vallée d’Ossola, après Bielle et Verceil [72].

La fin du schisme et le retour des papes à Rome.

        L’empereur Sigismond récemment élu dans ses états germaniques souhaite se faire couronner par un vrai pape. Il convoque un nouveau concile en 1414 à Constance, y invite Jean XXIII, notre troisième pape, le fait mettre en prison, se débarrasse de Grégoire XII en lui donnant un évêché, puis se déplace jusqu’à Perpignan pour y rencontrer Benoit XIII et traiter avec lui. Benoit ne cède pas et doit se réfugier en Catalogne, où il finira ses jours sans successeur.
        Le concile reconnaît Martin V comme seul pape et l’installe à Rome. Le schisme est terminé, Rome redevient le siège de la papauté. Martin V, déjà cité est un fils de marquis de Saluces.

Création du duché de Savoie.

         En 1416, l’empereur Sigismond, de retour de son voyage en Espagne passe par la Savoie. Il est reçu triomphalement à Chambéry où il accorde les titres de duc et de vicaire de l’empire à Amédée VIII. [72]
        Alors qu’en France Bourguignons et Armagnacs se disputent, que les Anglais arrachent quelques belles provinces françaises, la Savoie entre dans la cour des Grands.

La Savoie occupe le marquisat de Saluces et le Piémont.

        La Savoie persiste, selon sa vieille habitude malgré les procès perdus contre Saluces à Paris, et devant l’esprit belliqueux du comte, Thomas III fait appel au Dauphiné. La querelle s’amplifie, la Savoie augmente sa pression, l’aide dauphinoise ne vient pas.
        L’affaiblissement de ses alliés l’isole diplomatiquement et Thomas, comme son père, subit la loi du plus fort : Amédée VIII de Savoie et son parent Ludovic d’Achaïe le déclarent vassal félon et marche contre le marquisat avec 20.000 hommes, se portent jusqu’à Saluces et assiègent la cité le 19 juin 1413, sous des prétextes imaginaires.
        La ville prépare sa défense devant cette attaque brutale, mais le marquis souhaite limiter les pertes humaines et ne trouvant aucun avantage à résister devant cette énorme puissance, il se résout à rendre l’hommage demandé par la Savoie pour des terres qui sont les siennes. Il cède et lui rend hommage à Rivoli et doit accepter que tous ses vassaux fassent de même.
        Notons que Thomas III sera fidèle à son hommage. [72]
        Louis, fils aîné du roi de France et dauphin de Vienne réagit devant cette audace et en fait une affaire personnelle, car le marquisat est à lui, après l’hommage du marquis.
        Le comte de Savoie comprend qu’il faut jouer finement. Fourbe et prévoyant, il traite le marquis de Saluces avec courtoisie, lui lègue en fief le marquisat récemment conquis, confirme ses droits, privilèges antérieurs et le comble d’honneur en le faisant chevalier de l’ordre suprême du collier.

La vie en Savoie.

         Tandis que dans les châteaux et à la cour s'épanouit la civilisation courtoise de langue française un brillant essor monastique peuple nos montagnes de couvents. En cette époque de foi ardente, de nombreuses  communautés  religieuses,  à  qui  les souverains consentent d'amples donations de forêts et d'alpages, cherchent l'oubli du monde dans les combes les plus reculées des montagnes préalpines [9]
Certes, tout n'est pas lumières dans le Moyen Âge savoyard où le menu peuple subit les maux répétés des famines, des épidémies, des guerres et des charges féodales qui engendrent parfois des jacqueries sanglantes.

        Mais une paysannerie active se livre à de grands défrichements qui font reculer la forêt. L'occupation humaine, jusque-là assez dispersée, devient plus étoffée. Tandis que le bas pays reste assez misérable, une vie locale intense se dessine autour de la gestion des pâturages et des bois collectifs, et les communiers des  paroisses voisines  se disputent, à coups de procès, la possession de ces richesses. Dans les villes, un  mouvement  communal,  plus  tardif  qu'en France, puisqu'il ne débute qu'au commencement du XIIIe siècle, émancipe les habitants de la tutelle féodale, en leur concédant une administration autonome consacrée par une charte de franchises. [9]

        La Savoie se procure son sel marin en Provence et en Languedoc qui appartiennent au roi de France. Les convois de sel remontent le Rhône et le Durance ; Briançon est un grand marché de sel provencal où nos montagnards descendus vendre leur bétail s’approvisionnent. En 1441, le roi de France augmente les taxes sur le sel qui passe de France en Savoie. Le duc organise le «boycott», crée des greniers à sel à Nice où la «route du sel» permet de l’acheminer en Piémont et en Savoie. [72]
        La première route muletière entre Nice et le Piémont vient d’être tracée en 1414, par la vallée de la Vésubie, puis par Saorge (1436). La Savoie est coincée entre le duché de Bourgogne et le duché de Milan, qui est alors français.

        Mais, au sommet de la puissance et des honneurs, le premier duc résigne ses pouvoirs, se retire, avec les membres de l'ordre mauricien, au château de Ripaille, sur les bords du lac Léman, pour y mener une existence confortable. Elu pape en 1429, sous le nom de Félix V, au moment du grand schisme, il revient, au bout de 10 ans d’un pontificat agité, finir ses jours dans sa retraite chablaisienne. Sous son règne, la Savoie reçoit une organisation modèle, et les châtelains, fonctionnaires ducaux, assurent une bonne administration, et une bonne justice.
        Chambéry, capitale de la Savoie, commande un vaste état, à cheval sur les Alpes, et qui tire une bonne partie de ses ressources des péages perçus sur les caravaniers se rendant en Italie.

        En 1430, la Savoie, à cause de l’éloignement de Chambéry et plus encore de la barrière linguistique, crée un Conseil “di qua dei monti” à Turin, première scission administrative. Nice est rattaché, administrativement, à Turin.

La Provence, sans le pays niçois.

         Après les troubles de la succession de la reine Jeanne et du schisme, la Provence connaît une période calme de 1410 à 1481, marquée par un redressement économique, une modernisation de l’agriculture, et aussi par une immigration importante des savoyards et des piémontais. Aix est une capitale politique et judiciaire. Louis II d’Anjou y fonde une Université afin de pourvoir la ville en administrateurs compétents

        Ce dernier meurt en 1417, laissant un fils encore jeune et c’est sa mère, la reine Yolande d’Anjou qui règne. A peine sur le trône, la reine voit le duc de Savoie réclamer une somme de 167.000 florins d’or pour frais de guerre. Amédée, se référant à l’aide apportée par son père à Louis I d’Anjou, en Sicile, réclame cette somme d’argent. La reine Yolande tombe dans le panneau, car en fait, le duc de Savoie ne cherche qu’à raffermir son autorité sur le comté de Nice. Le 6 octobre 1419, Amédée reçoit officiellement la ville de Nice, Villefranche et son port, Eze, La Turbie, la vallée de la Tinée, celle de Barcelonnette et Allos, Vinay, Jausiers, ainsi que toutes les vallées et monts entourant ces villes et châteaux [40], car la reine Yolande abandonne ses droits, reconnaît la souveraineté du duc de Savoie. Le duc accepte alors d’annuler la dette pour frais de guerre.
        La frontière entre la Provence et les Etats savoyards s’établit sur le fleuve Var [40].

Chercheurs d’or dans la Castellata.

           Dans nos vallées, de terribles innondations détruisent ponts et chemins en Queyras en 1408. La révision des feux de 1433, en Queyras, montre que les habitants sont misérables : "ils ne font pas usage du vin, ni ne mangent de la viande, se nourissent de laitage, du pain d'orge, de raves, d'herbages et bien modiquement de légumes ; ils n'emploient pas de sel ou parcimonieusement, n'ayant pas les moyens d'en acheter ; ils n'usent de l'huile qu'en petite quantité. Beaucoup n'ont pas de draps de lin à leur lit, ni de chemises ; même pour les enfants au berceau, on les enveloppe dans des draps de laine, à cause de la très grande pénurie et de la pauvreté" (33). A Château-Queyras, Jacques Galéan et d'autres expliquent au vice-châtelain que le lieu a perdu la moitié de ses habitants en une vingtaine d'années.

        Le gouverneur du Dauphiné cherche à tirer profit de son domaine cisalpin. Le 17 août 1415, il accorde la permission de chercher or, argent et tout autre métal sur les terres de la Castellata et le droit de transporter tout minerai juqu’à quatre lieux du marquisat de Saluces cités par décret, à condition que le quinzième du produit net de l’exploitation soit cédé au gouverneur par l’entremise du châtelain de la Castellata, Colinet de Roqueville. Les bénéficiaires sont Porfirio Benedetto Berard et Almérico de Ripalta, frères de Fossano du diocèse de Turin et leurs descendants directs.


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