Mise à jour 4/05 Copyright JG © 2005

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Chapitre III.  Les Romains.
 

Conquête de la Gaule.

        Les romains, après la conquête de la vallée du Pô sur les gaulois, traversent les Alpes et livrent leurs premières batailles contre les ligures (Salyiens), à Æegitna (Biot, Alpes-Maritimes) en 154. En 125, Marseille, colonie grecque, demande l’aide de Rome, qui vient à son secours. Le danger écarté, les romains font main basse sur une région qui s’étend de Genève aux Pyrénées.
        En 122 avant J-C., les romains construisent la via Domitia, pour assurer une voie de passage vers l’Espagne, fondent Aix et la Provincia Romana ( première province transalpine), qui laissera son nom à la moitié orientale (Provence), mais sera appelée Narbonnaise (fondation de Narbonne en 118). La conquête de la Gaule par Jules César commence en 58 et dure jusqu’en 51. La reddition de Vercingétorix, assiégé dans Alésia (-52), marque la fin de la guerre.
        Pendant cette conquête de la Gaule, les Romains n’ont fait que passer : les Alpes ne sont pas occupées.


Campagnes romaines en Provence (-200 à -120)

L’empire Romain ( de -120 à + 415) ; conquête des Alpes.

         Il faut attendre encore quelques années avant que les peuples alpins soient soumis à Rome : les Romains y parviendront grâce à quelques rois  alpins, comme ceux de Suse. Ils se sont d'abord contentés de négocier le passage : « Ce fut César, nommé proconsul d'Illyrie, de Cisalpine et de Transalpine, qui réalisa le vieux rêve des généraux romains. L'occasion en fut l'annonce d'une véritable migration des Helvètes, prétendant, des bords du Léman, aller coloniser le centre de la Gaule. Averti de ces intentions, il se hâta en - 58 de passer le Montgenèvre avec cinq légions, pour parvenir de Rome à Genève en huit jours, soit une moyenne de 150 km par jour. Elle donne une idée du bon état des routes jusqu'au pied des pentes, peut-être jusqu'au sommet du passage, car au-delà, on entrait en pays barbare. Au cours des huit campagnes qui suivirent, César passa et repassa à plusieurs reprises le Mont Genèvre, aussi, sans doute, suivant les nécessités du moment, le Petit Saint-Bernard.»



Campagnes romaines dans les Alpes

L'Emprire romain
 
La conquête définitive fut l'œuvre d'Octave Auguste (24-14 avant J.-C. ).        En –7 est crée la Province des Alpes Maritimes, une province militaire sous la dépendance directe de l’empereur. Cemenelum (Cimiez), mise en place en 13 avant J.C., en devient la capitale. Elle s’étend jusqu’à Barcelonnette et déborde sur le Val Stura italien.
En -6, les romains édifient le Trophée de La Turbie, pour célébrer la victoire sur tous les peuples alpins : Ceutrons de Tarentaise, Grafocéles de Maurienne, Caturiges du Mont Genèvre, Salasses du Val d’Aoste, Quariates du Queyras, Vagienni ou Venisani du Val Varaita. Ce Trophée énumère les 48 peuples vaincus.  Ce qui permet de constater l’extrême morcellement de la population dû, sans doute, au relief difficile. Ce trophée est construit au point le plus haut de la « Via Julia Augusta » qui relie l’Italie à l’Espagne par la Narbonnaise. Cette grande voie romaine joue un rôle économique et militaire important. On trouve encore les bornes qui jalonnaient cette voie entre Vintimille et Fréjus, par La Turbie, Cimiez et Vence. Nice, port grec, est laissé à l’écart.
        Les arcs de triomphe d'Aoste et de Suse témoignent encore de ces victoires romaines.

Arc de triomphe d'Aoste


Arc de triomphe de Suse
 
Nos vallées « romaines ».

        En ce qui concerne nos vallées, Cozio, qui gouverne alors les vallées alpines, se soumet volontairement aux Romains, sous Octave.  Du Monviso au Mont-Cenis, les peuples dépendent en grande partie du gouvernement de ce Cozio, installé à Suse. Il reçoit, en récompense, le titre de roi et un petit royaume, tributaire de Rome, qui comprend 14 populations réparties sur les deux versants des Alpes occidentales. Cozio fait ériger un arc de triomphe, à Suse, visible encore aujourd’hui, et sur lequel sont notés les noms des 14 peuples [4]. Celui d’Aoste marque aussi la soumission à Rome.
        Sur les cartes géographiques des Alpes occidentales, les habitants du Val Varaita de l’époque gallo-romaine sont appelés Venicamori : ce nom est probablement dérivé de Venica (Venasque) de la basse vallée, qui était, en ces temps là, le centre principal du commerce de la vallée (7).
        Avec Néron (37-68 après J-C), les Ligures passent complètement sous le domination romaine, leurs territoires devenant une Province d’Etat de l’empire romain. [4]. Diverses monnaies romaines trouvées à Sampeyre et dans d’autres lieux de la vallée, et l’existence de quelques inscriptions, attestent la communication et les relations politico-commerciales que les Venicamori ont avec Rome.


Voie romaine dans les Alpes

Les grands cols alpins romains.

        La faible altitude du col du Montgenèvre et l’insécurité régnant sur la zone côtière en ont fait le passage majeur des Romains.
« Après la mise au pas, plus ou moins brutale, des différentes tribus montagnardes, une vraie route, fut édifiée à l'initiative des vainqueurs par Cottius, fils de Donnus, commensal de César, dont le petit royaume enjambait la crête des Alpes, d'où les noms Alpes Cottiennes et "Via Cottia per Alpem". Cette voie, à partir de Turin, gagnait Valence par "Fines Cottü" (frontière cottienne, douanes, où  les marchandises payaient le quarantième de leur valeur...), Suse (Segusium), capitale, Oulx, Cesana (Gaesao), les redoutables gorges placées plus tard sous le patronage de Saint Gervais, Matrona, point culminant du passage, où il existait une importante station routière avec mansio, et aussi, d'après la chronique de la Novalaise, un temple dédié à un certain Cacus, jadis vaincu par Hercule avec l’aide de Jupiter "monument d'une remarquable architecture, construit avec des blocs de pierre reliés entre eux par des barres de fer scellées avec du plomb" et dont on a retrouvé quelques vestiges au siècle dernier. »
        Au bas de la descente, la route passait à Briançon (Brigantium), à Embrun (Eburodunum), à Chorges (Caturigomagus), puis à Gap. Un prolongement de la Domitienne descendait directement par le sillon de la Durance (navigable à l'époque à l'aide de radeaux montés sur outres).

        Au Montgenèvre, il reste aussi quelques vestiges de la grande artère "in alpe Cottia" dont les lacets raides tracés sous Clavière forçaient à démonter les chars et laissaient un souvenir ému aux  "traverseurs" surtout en période d'enneigement... "Le voyageur venant des Gaules écrit Ammien Marcellin, qui dut faire l'aller et le retour vers 335 après J.C., trouve en effet une pente assez douce, mais, sur l’autre versant, les murailles de rochers en surplomb offrent un spectacle terrifiant : surtout au printemps, lorsque les glaces et les neiges fondent au souffle plus chaud des vents et qu'à travers les gorges, entre deux à pic et les ravins dissimulés par les congères, hommes et bêtes descendent à pas hésitants et s'abattent ainsi que les attelages. Et le seul remède que l'on ait trouvé pour éviter leur perte est celui-ci : la plupart des véhicules sont attachés par de grosses cordes, retenus par derrière par l'effort vigoureux  des hommes et des bœufs, et, marchant à peine d'un pas traînant, descendent les pentes avec un peu plus de sécurité".        Le Col de Larche, culminant à 1991 m, présente des pentes douces, boisées de mélèzes, et la seule difficulté est un défilé, côté italien, mais il est assez souvent balayé, l’hiver, par des vents furieux. “Nul doute qu'une voie romaine, établie sur l'ancienne piste Ligure, passait déjà par là avec un embranchement à Gleisolles pour le dit Col de Vars, au confluent de l'Ubaye et de l'Ubayette. C'était après tout le plus court chemin entre l'Espagne et Plaisance, et certains tiennent que Pompée, retournant en Italie pour combattre Sertorius, emprunta cette route vers -70. En tous cas, les indigènes qui se nommaient Esubiani, les Esubiens, passaient pour aussi farouches que leurs ours ou leurs chamois. Ils supportèrent si mal le joug des légions qu'ils préférèrent émigrer”

        La Table de Peutinger, un parchemin médiéval, copie d’une carte d’Agrippa, qui fut mise à jour jusqu’au III ou IVe siècle, montre ses passages alpins.
        Malgré ces turbulences, et les fréquents passages des troupes, le peuplement alpin ne subit pas beaucoup d’influence. L’élevage reste l’activité la plus importante, de bovins lorsque l’herbe et les pâtures le permettent ou des ovins dans les alpes du sud. La population ne varie guère : dans le Queyras, par exemple, la principale immigration vient du Piémont. On notera, plus tard, un enracinement solide de la couche primitive de population, avec transmission, pendant un millénaire au moins, de nombreux noms de famille.Pax Romana.

        Les romains apportent la paix (Pax Romana), la création d’un état centralisé et une période de stabilité pour les populations. Ils établissent des circonscriptions, créent un réseau urbain assez dense, mettent en valeur les voies de communication, et améliorent la circulation (routes avec relais) en créant une infrastructure nécessaire à l’unité des nouvelles provinces. Les routes convergeant vers Lyon, n’utilisent que faiblement les traversées alpines, le trafic principal restant maritime, avec principalement les ports d’Arles et de Narbonne.  La longue période de paix gallo-romaine n'a pas ajouté une nouvelle couche de peuplement mais développé l'agriculture (nombreux noms de lieux dérivant de propriétaires de villas, surtout dans les plaines).

        L'occupation romaine en Dauphiné, à partir de –121, durera 575 ans environ, imprégnant fortement la civilisation.[55] La majeure partie du Dauphiné est rattachée à la province Narbonnaise, administrée par un proconsul de rang sénatorial, tandis que la haute Durance et le col du Mont Genèvre, de première importance, maintenue par Néron dans les Alpes Cottiennes relevaient directement de l'empereur.[55]
        L'ensemble se subdivise en pagi  (nos actuels “pays”) autour de vici, bourgades souvent médiocres comme Cularo (future Grenoble) ou Augusta (Aoste).[55]
        Dans les régions montagneuses le portage pour le franchissement des cols fournit certainement du travail dans bien des villages au pied des crêtes. Surtout, les habitants utilisent les ressources particulières des massifs, le bois (pour la construction navale), les filons métalliques ou l'élevage, dont le cuir et la laine alimentent une industrie prospère.[55]
 

La langue d’oc dans les vallées.        Avec la domination romaine, tout le monde méditerranéen utilise le latin. Ce latin devient populaire dans nos régions par l’influence des colons et des soldats romains. Cette langue se diversifiera par l’influence des parlers. Entre les Pyrénées et les Alpes se développe la langue d’oc, dépassant même les Alpes dans quelques vallées italiennes.
        Ces vallées de la province de Cunéo et quelques autres qui font aujourd’hui partie du Turinois, suivent la Provence et le Dauphiné méridional, dans cette évolution du latin. Une des causes profondes, de nature historique, est que les Romains, depuis la conquête des Alpes, ont fixé la frontière, entre l’Italie et la Gaule, le long d’une ligne qui sépare la plaine piémontaise des premiers contreforts des Alpes. Des bourgs comme Borgo San Dalmazzo ou Piasco sont devenus des postes de douane où se paie la taxe de 2,5% de la valeur des marchandises qui entrent en Italie. Il est probable que l’antique division du territoire a continué à exercer une influence importante sur les communications et donc sur les parlers. La langue d’oc se développe donc à l’intérieur des frontières de l’antique division romaine, de chaque côté des Alpes. La communauté d’intérêts des montagnards, de chaque côté des Alpes a maintenu une langue commune. L’influence du Piémontais a été faible.
       La langue de nos ancêtres des vallées occidentales doit quelque chose aux romains et à leurs péages.


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