Chapitre 9 : Capucins et Pasteurs devant la Cour de Grenoble


Mais les confrontations ne se sont pas limitées aux disputes théologiques de plus ou moins haut niveau , ou à des travaux de restauration du patrimoine religieux, ou à des intimidations réciproques.

De façon récurrente, comme un leitmotiv de l'ouvrage, nos Capucins et nos pasteurs se rendent à Grenoble, capitale du Dauphiné (dont dépend politiquement la Castellata) et s'affrontent en justice devant une mystérieuse « Chambre de l'Edit » pour départager un litige religieux. Et que dire quand le voyage se poursuit à Paris quand la décision grenobloise ne va pas dans le sens souhaité ...

De quelle Chambre et de quel Édit parle-t-on?

Et que voilà un moyen de « mission » fort peu religieux, en vérité, que d'aller au tribunal !

Rappelons qu'en 1598, pour mettre fin une bonne fois pour toutes aux luttes inter-religionnaires, le roi Henri proclamait à Nantes un Édit de Tolérance religieuse destiné à être fameux dans l'Histoire, et plus immédiatement appliqué dans le Royaume pour mettre fin à des dizaines d'années de guerre civile et de massacres épouvantables. Cet Edit s'appliquait en toute partie du Royaume, donc en Castellata, et nous allons voir que pas mal de choses entendues et lues dans la Castellata vont s'éclairer d'un jour nouveau ...

Cet Édit de Tolérance institue une coexistence pacifique entre Catholiques et Réformés, après plus de quarante années de troubles, de guerres et de massacres perpétrés par les deux camps. Les prédécesseurs de Henri IV ne sont restés inactifs comme en témoigne ce beau discours de Michel de L'Hospital, chancelier de France, ouvrant des États Généraux du Royaume en 1560 :

« On dit que la principale cause de la sédition est la religion, chose fort étrange et presque incroyable (...). Si sédition est guerre civile, pire que celle du dehors, comment advient-il qu'elle soit causée et produite de la religion, même chrétienne et évangélique, qui nous commande surtout la paix et amitié entre les hommes ? C'est folie d'espérer paix, repos et amitié entre les personnes qui sont de diverses religions (...). C'est ce qui sépare le père du fils, le frère du frère, le mari de la femme (...). C'est ce qui éloigne le sujet de porter obéissance à son roi, et qui engendre les rébellions. Considérons que la dissolution de notre Église a été cause de la naissance des hérésies, et la réforme pourra être cause de les éteindre. (...) Il nous faut dorénavant garnir de vertus et bonnes mœurs, et puis les assaillir [les protestants] avec les armes de charité, prières, persuasions, paroles de Dieu, qui sont propres à tel combat. Ôtons ces mots diaboliques, noms de partis, factions et séditions, luthériens, huguenots, papistes : ne changeons le nom de chrétien. »

Il faudra hélas attendre quasiment trente années de massacres et de guerres, de tentatives de conciliation, d'édits avortés et de faux espoirs pour arriver à ce compromis promulgué par Henry IV.

Résumons-le rapidement.

C'est d'abord un texte compliqué. Il est composé de l'Edit proprement dit, et d'une foule d'annexes officielles ou secrètes qui déclinent toutes les exceptions, petits aménagements locaux, dispositions temporaires concernant tel ou tel noble désigné nommément. Le général et le particulier se fondent, les ambiguïtés et les non-dits sont nombreux ...

Le premier article est une amnistie générale :

« Premièrement, que la mémoire de toutes choses passées d'une part et d'autre, depuis le commencement du mois de mars 1585 jusqu'à notre avènement à la couronne et durant les autres troubles précédents et à leur occasion, demeurera éteinte et assoupie, comme de chose non advenue. »

Ensuite, la Religion catholique est confirmée comme Religion d'Etat, et à ce titre tous les lieux de cultes doivent être rétablis (Art.3) :

« Ordonnons que la religion catholique, apostolique et romaine sera remise et rétablie en tous les lieux et endroits de cestui notre royaume et pays de notre obéissance où l'exercice d'icelle a été interdis pour y être paisiblement et librement exercé sans aucun trouble ou empêchement). »

En Castellata comme partout ailleurs, la restitution des églises n'est que l'expression de la soumission des Protestants français à l'Autorité Royale, qu'ils conserveront globalement, soit dit en passant, jusqu'à sa révocation (après, c'est une autre histoire !!!).

L'Edit reconnait la présence d'une autre religion dans l'Etat (ce qui n'est pas rien), et lui donne enfin une existence légale, moyennant le respect de certaines limites (Art,6) :

« Et pour ne laisser aucune occasion de troubles et différends entre nos sujets, avons permis et permettons à ceux de ladite religion prétendue réformée vivre et demeurer par toutes les villes et lieux de cestui notre royaume et pays de notre obéissance, sans être enquis, vexés, molestés ni astreints à faire chose pour le fait de la religion contre leur conscience, ni pour raison d'icelle être recherchés dans les maisons et lieux où ils voudront habiter, en se comportant au reste selon qu'il est contenu en notre présent Édit. »

L'Etat garantit à ses sujets Réformés des droits limités d'exercice de leur religion, des « places de sûreté » (150, dont en Dauphiné : Briançon, Embrun et Château-Queyras), et règlemente l'établissement de nouveaux lieux de cultes.

Les règles relatives ces lieux de cultes et à leur établissement méritent un petit développement, car bon nombre d'épisodes mentionnés dans la Castellata s'éclairent quand on en a eu connaissance.

Les lieux de cultes mentionnés dans l'Edit de Poitiers en 1577 ou ayant abrité le culte régulièrement entre 1596 et août 1597 sont reconnus comme lieux de cultes établis de fait (culte dit de « de possession »).

L'Edit autorise la création de deux lieux de culte supplémentaires par bailliage, les deux lieux devant être proposées par les Protestants, et ne pourront être implantés qu'en faubourg de ville (culte dit de « de concession ») et en aucun cas en centre-ville.

Enfin, le culte peut être célébré librement chez les seigneurs possédant un droit de haute justice. Cette disposition concerne en fait un certain de nombre de Grands du Royaume de confession réformée. Si ce seigneur se trouve être catholique, l'exercice du culte n'est autorisé qu'en maison privée, et ne doit pas rassembler plus de 30 personnes.

En revanche, dans un certain nombre de villes et de régions, le culte réformé est complètement interdit, même en maison privées.

Pour régler les inévitables problèmes juridiques et contentieux liées à l'application de cet Édit, des chambres de justice paritaires sont instituées, dont une à Grenoble :

« Article XXXI.: [...] nous avons pour les mêmes considérations ordonné et ordonnons qu'en chacune de nos cours de parlement de Grenoble et Bordeaux sera pareillement établie une chambre composée de deux présidents, l'un catholique et l'autre de ladite religion prétendue réformée, et douze conseillers dont les six seront catholiques et les autres six de ladite religion, lesquels président et conseillers catholiques seront par nous pris et choisis des corps de nosdites cours. »

Voilà donc cette « Chambre de l'Edit » devant laquelle que se retrouvent régulièrement nos Capucins et Pasteurs de Castellata pour régler leurs différents domestiques. Signalons juste que le voyage de Château-Dauphin à Grenoble représente environ 220 km par l'itinéraire de Briançon, soit entre huit à dix jours à pied, dans de bonnes conditions. On le voit, les uns comme les autres sont très motivés.

En 1626, ce sont huit notables protestants qui comparaissent :

« [fra Bonaventura] fit dresser par un notaire et devant témoins l'acte d'accusation des différentes infractions, dont [les réformés] s'étaient rendus coupables, et partit pour Grenoble pour demander une nouvelle décision. Les juges de la Chambre de l'Edit, ayant trouvé l'acte recevable, intimèrent aux huit principaux notables de la secte, c'est à dire au vice-gouverneur du château, du juge, au chancelier, au ministre (pasteur), au diacre le plus âgé et à deux autres habitants de se présenter sans tarder pour s'expliquer dans un débat contradictoire avec la partie adverse. Tous s'exprimèrent au cours de l'audience, et les juges, examinant les chefs d'accusation et entendant les raisons de l'une et de l'autre partie »; (Castallata, Cap.XXVII).

Le verdict fut favorable aux Capucins, les huit notables furent contraint de verser une amende, qui servit à la restauration de l'église de Château-Dauphin ...

Après la promulgation de l'Edit, il restait à le faire appliquer aux uns et aux autres, ce qui n'était pas une mince affaire. Cette délicate mise en application fut confiée à des « commissaires », catholiques et protestants, nommés par le pouvoir Royal dans les provinces concernées. Les rapports qu'envoyaient régulièrement ces émissaires royaux pour rendre compte de l'exécution de leur tâche nous renseignent précieusement sur les premiers mois suivant la mise en application de l' Edit. Pour la province du Dauphiné, trois commissaires furent désignés fin 1599 : Ennemont Rabot d'Illins premier président du Parlement de Grenoble, Méry de Vis, intendant du Lyonnais, et le fameux Lesdiguières, lieutenant général du gouvernement pour le Dauphiné1. Soit deux catholiques et un protestant, tous modérés et reconnus par les deux parties.

Leur tâche consistait principalement à faire rétablir le culte catholique partout où il avait été abandonné, à recueillir les témoignages permettant de recenser les lieux de culte « de possession » et à attribuer les lieux de cultes « de concession » et des cimetières aux Réformés, le tout en application des articles mentionnés plus haut.

Revenons à notre Edit ... L'établissement du culte « de concession » était limité par l'Edit à deux villes par baillage ou par sénéchaussée. Pour le baillage des Montagnes, (subdivisé en 4 « vibaillages » : Briançon, Embrun, Serres, Buis), les villes désignées au titre du « culte de concession » furent Château-Dauphin, en Val Varaita en 1605 et Venterol en 1614.2

Il est dérangeant de constater que pour cette même année 1606 « La Castellata » relate que la Chambre de l'Edit de Grenoble aurait pris un décret au mois de mars, qui interdisait l'exercice du culte réformé à ... Château-Dauphin, en le restreignant au hameau de Chianale. Il y a là un léger « point dur », qu'une visite aux archives de Grenoble pourrait peut-être résoudre. En tous cas, à la lecture de la Castellata, Chianale semble être le centre nerveux du protestantisme en haute Val Varaita. Les efforts des capucins successifs semblent en effet se concentrer sur ce village et ses alentours. Sa situation topographique au pied d'une série de cols menant directement dans le Queyras semble pouvoir expliquer ce statut privilégié. Notons au passage que Bellino, dans la branche voisine du fond de vallée, n'a pas l'accès direct au Queyras, en revanche ses cols mènent en Ubaye et en Val Maïra, appartenant au Duché de Savoie, dont le monarque se fait le champion de l'ultra-catholicisme.

Cette situation de chicanage juridique n'est pas un cas isolé, la confirmation des lieux de culte « de possession » a été systématiquement contestée par les autorités catholiques, pour rester dans la région, citons Embrun, Gap ou Vars.3

Ainsi, quand Allais relate que les églises de la Castellata furent restituées aux Missionnaires Capucins en 1603, ce n'est que par l'application pure et dure de l'Edit de Nantes. Le transfert semble ne pas s'être fait tout seul : le frère capucin Stefano a dû se rendre à Grenoble pour réclamer cette restitution, et devant la lenteur (ou la mauvaise volonté) de cette Chambre bipartite, se rendit à Paris pour faire appliquer l'Edit. L'appui de la garnison militaire de Château-Dauphin semble même avoir été nécessaire pour faire accepter la décision de l'Autorité Royale. Étrange « pauvre » missionnaire capucin, qui outre le fait d'entreprendre de telles voyages et de telles démarches, semble particulièrement bien au fait de la législation en vigueur !

Dans tous les cas, il était nécessaire de pourvoir à la construction de Temples dans les lieux de cultes reconnus par l'Edit. En effet, le culte se tenait ordinairement en des maisons privées ou dans des granges, quand cela n'était pas dans l'ex-église catholique désertée par le prêtre. Ainsi à Chianale, on ne fait pas exception : après que les Capucins aient non sans mal repris possession de l'église, le culte réformé semble s'être réfugié temporairement dans une maison voisine en attendant la construction du Temple autorisé par l'Edit. Construction que les Capucins vont bien entendu s'ingénier à empêcher ou à retarder, et ce par tous les moyens légaux possibles.

A de nombreuses reprises, les commissaires de l'Edit ou leurs délégués furent amenés à désigner le lieu d'édification, pour parer aux troubles avec la communauté catholique. Ainsi à Montélimar les protestants durent-ils rendre l'église des Cordeliers au culte catholique, et se replier sur une salle en attendant que le temple soit achevé.4





Temple de Lyon

(source : http://www.museeprotestant.org/)

Plan du temple de Pons-en-Royans

(source : http://www.museeprotestant.org/)



En Castellata, comme ailleurs, les Réformés ont été tentés de bâtir des lieux de cultes en d'autres endroits que ceux autorisés par l'Edit, suscitant la réaction immédaite des Capucins, c'est à dire, vous l'avez compris, le recours juridique à la Chambre de l'Edit grenobloise. Les Ministres réformés n'hésitent pas d'ailleurs à contre-attaquer les décisions de justice et aller plaider leur cause ...

La Savoie, par le traité de Lyon 1601 gagna enfin le Marquisat de Saluzzo, mais céda une bonne partie de ses territoires situés en deça des Alpes, à savoir la Bresse, le Bugey, le Valromey et le pays de Gex, à dominante réformée, et accessoirement (les livres d'Hisoire en parlent rarement) rendit au passage la Castellata brièvement envahie au Roy de France. Tous ces territoires furent donc soumis automatiquement à l'Edit de Nantes : les Réformés du pays de Gex et d'ailleurs durent donc bien à contrecœur rendre les biens ecclésiastiques. Plus directement, le duc de Savoie put se consacrer aux efforts de conversion, les missions sont relancées en février 1602.5

Au début des années 1600, les Chambres de l'Edit ont un vrai pouvoir! A partir de la mort de Henry IV en 1610, le pouvoir royal ou les régences inter-règnes n'auront de cesse de réduire le pouvoir ces cours paritaires, et de transférer leurs prérogatives aux parlements provinciaux, alliés pour l'occasion avec le haut-clergé. En fait, la révocation de l'Edit de Nantes en 1685 (Edit de Fontainebleau) par Louis XIV ne fait qu'entériner un état de fait, tant l'Edit a été vidé petit à petit de sa substance au cours du siècle.

La description par le menu du détricotage de l'Edit de Nantes a fort bien été décrite et analysée dans l'ouvrage de Mme Garrisson, contentons nous de rappeler quelques temps forts.

A la suite des guerres civiles du début du règle de Louis XIII, les places de sûreté sont supprimées par l'édit de Nîmes en 1629 , désormais, les réformées dépendraient du « bon plaisir du Roy », et doivent en outre subventionner le culte romain ...

Autre exemple, l'Edit ne donnait pas de vrai statut aux lieux de culte dans lesquels les pasteurs ne se rendaient que ponctuellement pour prêcher et administrer les sacrements.6 Ces lieux, dénommés « annexes », étaient rattachés à une église principale. L'ouvrage de P. Bolle donne en annexe une carte du Dauphiné recensant les églises principales et les « annexes » qui y sont associées. En haute Val Varaita, l'église principale de Casteldelfino possède deux « annexes », l'une dans le vallon de Pontechianale, et l'autre dans le vallon de Bellino. De l'autre côté de la crête, Molines et Freissinières possèdent trois « annexes » chacune, Abriès et Briançon deux, Arvieux et Guilliestes une chacune.

A partir de 1634, les autorités royales signifient régulièrement l'interdiction faite aux ministres d'aller prêcher en dehors du lieu de leur résidence « habituelle ». Cette mesure signe la mort des petites communautés rattachées à une église principale.7

A la lecture de « La Castellata », il semblerait que de telles mesures de restriction aient été appliquées dès 1612 : le ministre en exercice à Chianale, par décision de la Chambre de l'Edit, ne pouvait se rendre dans le vallon voisin de Bellino qu'une fois par mois. Bellino aurait donc été en 1612 sans pasteur permanent, donc une simple « annexe ». En 1638, c'est pour empêcher les pasteurs queyrassiens de venir prêcher à Chianale et à Bellino que nos capucins saisissent une fois encore la cour de Grenoble (Castellata – cap. XXXII).

En 1653, Fra Lorenzo achète tout bonnement le Temple de Bellino à son propriétaire Tommaso Roux, et le transforme en chapelle ... (la question est désormais de savoir laquelle, si toutefois elle existe encore !!!). Profitant de la visite annuelle du juge de Briançon, il fait valider par celui-ci l'acte de vente du notaire.

L'année suivante, « Fra Lorenzo achète à un catholique de Chianale le champ qui était situé juste en face du temple sectaire, et alla y planter une grande croix en bois avec solennité et accompagné de huit prêtres, chantant des hymnes religieuses [...]. ».

L'Histoire Vaudoise reproche vivement les Capucins d'avoir fait feu de tout bois, et d'avoir utilisé des arguments fort peu chrétiens en vérité.

« Les moines missionnaires, mécontents de leurs efforts infructueux, songèrent à un autre moyen, dont ils sentaient la force et qui n'a été dès lors que trop mis en pratique au détriment de l'honneur de ceux qui l'employèrent et de la religion qui y a recours. Ils s'attachèrent aux endettés, aux misérables, chargés de famille et de peu de probité, leur promettant une somme convenue et des secours subséquents, s'ils abjuraient l'Évangile. On promit également un plein pardon, s'ils allaient à la messe, à des coupables de délits que la vengeance des lois allait atteindre. Ce moyen immoral eut le plus de succès. Les Vaudois se seraient consolés de la perte d'hommes indignes, occasion de honte pour leur Église, si par leur infidélité leurs enfants n'avaient été entraînés avec eux dans l'abîme. Deux hommes plus considérables, l'un de Pramol, l'autre de la vallée de Saint-Martin, abjurèrent aussi ; le premier, pour éviter le châtiment qui le menaçait pour abus d'autorité et concussions; le dernier, par vanité, séduit qu'il était par les caresses des gentilshommes et des magistrats de la contrée. Ces défections servirent du moins à démontrer aux Vaudois dans quel nouveau danger l'orgueil, l'amour de l'argent et tout acte immoral, pouvaient les précipiter ».

“On dit” que les habitants de Bellino auraient monnayé leur conversion ...

A partir de 1661, et de l'avènement de Louis XIV en France, la pression sur les Réformés monta encore d'un cran. Par exemple, le constat des cultes de possession était fondé sur des témoignages directs, recueillis par les commissaires dans les années 1595-1605. Quelques décennies plus tard, par décision royale, les communautés réformées devront produire (et remettre) des documents écrits prouvant l'ancienneté du lieu de Culte, les personnes pouvant témoigner de l'existence de lieux de cultes en 1596 ou 97 ayant disparu pour la plupart. Les petites communautés, ne possédant pas les archives nécessaires, su Ceux qui auront la chance de disposer d'archives, se verront contraintes à les remettre à l'autorité ... qui s'empressera des les égarer (certaines ont été retrouvées récemment dans les archives ...).8

A partir de 1664, les réformés sont peu à peu écarté des charges municipales, judiciaires, de santé, d'un certain nombre de corporations.

Le Temple d'Arvieux, rebâti au XIXe siècle

En 1630, l'Église catholique avait établi un prieur dans le Val Pragela entièrement réformé. En 1680, c'était un dénommé Simon Roude qui, le 19 septembre, engagea un procès contre les réformés. Prétextant l'article 14 de l'Édit de Nantes9, il prétendait que leur religion était interdite delà les Monts. Le procès fut d'abord conduit au Parlement de Grenoble, puis transféré au Conseil d'État à Paris. Le 7 mai 1685, Louis XIV donna raison à Roude en interdisant la religion réformée au-delà du Montgenèvre.

Après 1681, l'on vit alors arriver d'autres missionnaires dans les montagnes. Ceux-là ne venaient hélas pas par deux, mais plutôt par compagnies entières : les tristement fameux « dragons ».

La révocation de 1685 n'est plus qu'une simple formalité administrative, l'Edit ayant été peu à peu démembré et vidé de son sens par les successeurs du « Bon Roy Henry ».

Cette même année vit la naissance de Jean-Sébastien Bach et de Georg Friedrich Haendel.

Notes :

1 E Rabut L'exécution de l'édit en Dauphiné – dans livre PUG BOLLE

2 E Rabut « Vers la paix civile? L'exécution de l'édit de Nantes en Dauphiné », in Bolle

3 E Rabut « Vers la paix civile? L'exécution de l'édit de Nantes en Dauphiné », in Bolle

4 E. Rabut « Vers la paix civile? L'exécution de l'édit de Nantes en Dauphiné », in Bolle

5 voir Bolle article de F Meyer

6 voir Garrssion p.89

7 Garrisson

8 Garrisson l'Edit de Nantes

9 « Comme aussi de faire aucun exercice de ladite religion en notre Cour et suite, ni pareillement en nos terres et pays qui sont delà les monts, ni aussi en notre ville de Paris, ni à cinq lieues de ladite ville. Toutefois ceux de ladite religion demeurant esdites terres et pays de delà les monts, et en notre ville, et cinq lieues autour d'icelle, ne pourront être recherchés en leurs maisons, ni astreints à faire chose pour le regard de leur religion contre leur conscience, en se comportant au reste selon qu'il est contenu en notre présent Edit. »


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Christophe BERNARD – Les Capucins en Haute Val-Varaita au début du XVIIème siècle

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