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III. EPOQUE FEODALE La Castellar appartient au Marquisat
de Saluces "fédéré" comme ses voisins au sein du Saint
Empire Romain Germanique.
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En bleu, la partie dauphinoise, entre les deux
Varaita
A cette époque, l'une des trois
routes commerciales importantes permettant le transit vers la Provence
et le Dauphiné empruntait le Castellar (MC Daviso
di Charvensod. I Pedaggi delle Alpi Occidentali nel Medio Evo. Torino 1961
p 326)
Le problème de la langue et du peuplement Comme partout en Europe, la seule langue officielle demeure le Latin pendant que comme en Dauphiné la langue parlée, issue du Bas-Latin demeure le Vivaro-Alpin. Une grammaire "occitane" sera écrite dans la région de Toulouse, mais le parler officiel demeure généralement le Latin. Seuls quelques mots subsistent des idiomes antérieurs (noms de lieux essentiellement ). En Piémont, seule la partie montagneuse s'exprime en langue d'Oc et nul ne peut préciser la raison d'une aussi étrange frontière linguistique, située au pied des montagnes. Selon Auguste BRUN (théorie des substrats), la limite des parlers d'Oc s'expliquerait éthniquement par des conditions préhistoriques de peuplement, différentes au Nord et au Sud de la Gaule. Selon WALTER von WARTBURG (Théorie des superstrats), le Gallo-Romain aurait été sensiblement uniforme avant les grandes invasions et se serait différencié dans le Nord de la France sous l'influence des parlers germaniques employés par les Francs et les Burgondes. Plus récemment, selon l'Allemand
BODO MULLER, il convient encore pour expliquer les limites du parler d'Oc,
de considérer que les relations s'entretenaient par les collines
et montagnes et de rechercher les régions rebelles à toute
colonisation et notamment le lits de fleuves autrefois marécageux
(Loire, Garonne, Pô)
En Castellar, si l'on examine le cours
du Pô, cette dernière théorie paraît expliquer
l'usage de la langue d'Oc de manière assez satisfaisante.
![]() En fait, bien peu d'éléments permettent d'imaginer le Castellar à l'époque féodale. Imaginons une région sauvage, inhospitalière, peuplée de quelques tribus sans doute peu romanisées ou même seulement de quelques chasseurs et bergers. Il convenait sans doute de frayer aux acteurs d'un commerce pratiqué à dos de mulet quelques passages sûrs et bien évidemment organiser çà et là des relais fiables assurant vivres et hébergement. Du IX ème au XI ème siècle, les seigneurs accordaient souvent des concessions à des " abbés " (Religieux ou laiques) afin de permettre le défrichement des terres incultes. Des ordres hospitaliers s'étaient
donné pour mission d'accueillir pèlerins et voyageurs en
telles contrées.
L'on sait que leur influence fut prépondérante sur l'art médiéval de la montagne. Peut-être faut-il rechercher dans cette colonisation le fondement d'une partie au moins de nos villages? ("L'Art du Moyen-âge dans les Alpes méridionales" Luc F Thevenon)
Nombre de noms de lieu ou même d’institutions attestent eux aussi de l’existence de telles concessions en nos vallées (Les " MANSES " " CABANNERIES " " BORDERIES " " FAUCHEREES " du Dauphiné sont à rapprocher de " MAI DI BARNA " , " CHAZAL ", " CHABOTTE " , " PRA FAUCHIER " et surtout MASSIER désignant le responsable d’un hameau etc… Une étude anthropologique réalisée par l'Université de Turin a conclu en 1973 à "l'existence d'une structure non homogène de la population" "Ce fait peut indiquer que la population originaire provient d'au moins deux groupes différents" ("Popolamento e spopolamento di una valle alpina " Unione antropologica italiana 1976) Certaines "Curtis" (villages correspondant
à des concessions seigneuriales), éloignées de tout
pouvoir jouissaient souvent d'une réelle autonomie et des droits
ou prérogatives portant sur la jouissance des moulins, ponts, canaux
ou autre pouvaient leur être consentis.
![]() Le Castellar constituerait ainsi un "escarton" destiné à répartir les charges entre diverses communautés. En effet ,en ces lieux difficiles d'accès, le prince y déléguait souvent ses prérogatives sous forme de chartes organisant une sorte de partage des pouvoirs. L'impôt pouvait être par exemple prélevé globalement par commune, chaque commune étant elle-même investie de la répartition par famille. Peut on succomber à la tentation et et voir en ces zones de " non droit " un environnement favorable à l’immigration d’élites indésirables et hérétiques persécutés en d’autres citées ? L’inclinaison et goût des montagnard
pour la culture et les choses de l’esprit permettent de s’interroger ,
mais ,faute de preuves le mystère demeure entier .
Plus précisément
![]() Reconstitution de maison médiévale de notable dotée de son "mur façade" typique du versant oriental des Alpes Dessin Christophe Bernard.
Des prédicateurs dénommés "Barbes" (Barbo en dialecte alpin) déguisés en marchands prêchent depuis Lyon la Bonne Nouvelle. (Peut-être leur doit-on cet usage des rubans et foulards de soie si caractéristique du Castellar) Malgré l'affirmation de Jalla, ("Histoire des Vaudois" p 153), nul ne peut prouver cet enracinement. Comme l'atteste le testament de Barthélémy
ARNAUD l'aîné (Gap, archives départementales
1E 4880, 20R-24R), la vallée fut,à Bellino , jusqu'en
1595 le berceau de la famille du très célèbre Henri
Arnaud, colonel des Vaudois, artisan de la "glorieuse rentrée" de
1689 pendant que des "Gallian" de Blins paraissent bien avoir émigré
en des lieux d'exil propres à ces mêmes adeptes de Valdo.
(Recherches de Jean GALLIAN - Cagnes sur mer)
![]() Portrait d'Henri Arnaud par Brandon et La Feuille |