Mise à jour 4/05 Copyright JG © 2005
 
 - Le Col de l'Autaret ou
     Histoire de Bellino
 - Les Thèmes associés
 - Bataille de la   Battagliola

    1743-1744
 - Blason de Bellino

 - Breve cronologia della
 Castellata E de l' Escartoun
   de CHASTEL DELFIN
      (Italiano)
 - Brève chronologie du
 Castellar et de l' Escarton de
  CHÂTEAU DAUPHIN

 - République de Briançon (F)
 - Republica di Briancon (It)

 - Autres
 






 
 

III.  EPOQUE FEODALE

La Castellar appartient au Marquisat de Saluces "fédéré" comme ses voisins au sein du Saint Empire Romain Germanique.
 

Saint Empire Romain Germanique
Primitivement rattaché à Turin, ce territoire devient vassal du Dauphiné en 1210.
 
 

Marquisat de Saluces,
vassal du Dauphiné

En bleu, la partie dauphinoise, entre les deux Varaita
de Bellino et de Chianale, vers 1200

A cette époque, l'une des trois routes commerciales importantes permettant le transit vers la Provence et le Dauphiné empruntait le Castellar (MC Daviso di Charvensod. I Pedaggi delle Alpi Occidentali nel Medio Evo. Torino 1961 p 326)
 

 
Le problème de la langue et du peuplement

Comme partout en Europe, la seule langue officielle demeure le Latin pendant que comme en Dauphiné la langue parlée, issue du Bas-Latin demeure le Vivaro-Alpin.

Ce parler, dont la formation demeure mal connue, se rattache phonétiquement et lexicologique ment au groupe roman dit de langue d'Oc (ad hoc) utilisé dans tout le Sud de la France.

Une grammaire "occitane" sera écrite dans la région de Toulouse, mais le parler officiel demeure généralement le Latin.

Seuls quelques mots subsistent des idiomes antérieurs (noms de lieux essentiellement ).

En Piémont, seule la partie montagneuse s'exprime en langue d'Oc et nul ne peut préciser la raison d'une aussi étrange frontière linguistique, située au pied des montagnes.

Selon Auguste BRUN (théorie des substrats), la limite des parlers d'Oc s'expliquerait éthniquement par des conditions préhistoriques de peuplement, différentes au Nord et au Sud de la Gaule.

Selon WALTER von WARTBURG (Théorie des superstrats), le Gallo-Romain aurait été sensiblement uniforme avant les grandes invasions et se serait différencié dans le Nord de la France sous l'influence des parlers germaniques employés par les Francs et les Burgondes.

Plus récemment, selon l'Allemand BODO MULLER, il convient encore pour expliquer les limites du parler d'Oc, de considérer que les relations s'entretenaient par les collines et montagnes et de rechercher les régions rebelles à toute colonisation et notamment le lits de fleuves autrefois marécageux (Loire, Garonne, Pô)
("La Langue Occitane" Pierre BEC, Presses universitaires de France)

En Castellar, si l'on examine le cours du Pô, cette dernière théorie paraît expliquer l'usage de la langue d'Oc de manière assez satisfaisante.
 
 

 
En fait, bien peu d'éléments permettent d'imaginer le Castellar à l'époque féodale.

Imaginons une région sauvage, inhospitalière, peuplée de quelques tribus sans doute peu romanisées ou même seulement de quelques chasseurs et bergers.

Il convenait sans doute de frayer aux acteurs d'un commerce pratiqué à dos de mulet quelques passages sûrs et bien évidemment organiser çà et là des relais fiables assurant vivres et hébergement.

Du IX ème au XI ème siècle, les seigneurs accordaient souvent des concessions à des " abbés " (Religieux ou laiques) afin de permettre le défrichement des terres incultes.

Des ordres hospitaliers s'étaient donné pour mission d'accueillir pèlerins et voyageurs en telles contrées.

Là, la vie s'organisait autour d'une petite église et d'un prieuré pendant que les habitations des paysans, généralement en bois ou en paille se serraient tout autour.

Clocher roman "Rua la Glheiso"
Bellino
Bénitier roman.
Le monstre couronné d'épines maintient un 
animal ou être humain entre ses griffes.
Dans nos vallées, six grandes abbayes bénédictines contribuent au peuplement et à la mise en valeur de la région.

L'on sait que leur influence fut prépondérante sur l'art médiéval de la montagne.

Peut-être faut-il rechercher dans cette colonisation le fondement d'une partie au moins de nos villages? ("L'Art du Moyen-âge dans les Alpes méridionales" Luc F Thevenon)

La vierge en majesté de la Rua la Glheiso 
(Bellino) témoigne des communautés 
médiévales de la vallée vers le 
XIIe siècle.
La vierge en majecté d'Arvieux (Qeyras), 
semblable à celle de la Rua la Glheiso,
paraît issue des mains du même sculpteur.
Les vestiges d'églises romanes de petites dimensions souvent ornées de "bandes lombardes" telles St Eusèbe, Borgata Chiesa et Chianale, de maisons à fenêtres geminées laissent facilement imaginer les petites communautés de ces colons peut-être venus d'ailleurs.

Nombre de noms de lieu ou même d’institutions attestent eux aussi de l’existence de telles concessions en nos vallées (Les " MANSES " "  CABANNERIES " " BORDERIES " " FAUCHEREES " du Dauphiné sont à rapprocher de " MAI DI BARNA  " , " CHAZAL ", " CHABOTTE " , " PRA FAUCHIER " et surtout MASSIER désignant le responsable d’un hameau etc…

Une étude anthropologique réalisée par l'Université de Turin a conclu en 1973 à "l'existence d'une structure non homogène de la population"

"Ce fait peut indiquer que la population originaire provient d'au moins deux groupes différents" ("Popolamento e spopolamento di una valle alpina " Unione antropologica italiana 1976)

Certaines "Curtis" (villages correspondant à des concessions seigneuriales), éloignées de tout pouvoir jouissaient souvent d'une réelle autonomie et des droits ou prérogatives portant sur la jouissance des moulins, ponts, canaux ou autre pouvaient leur être consentis.
("Medievo" De Agostini, Luglio 1999)
 

 
Le Castellar constituerait ainsi un "escarton" destiné à répartir les charges entre diverses communautés.

En effet ,en ces lieux difficiles d'accès, le prince y déléguait souvent ses prérogatives sous forme de chartes organisant une sorte de partage des pouvoirs.

L'impôt pouvait être par exemple prélevé globalement par commune, chaque commune étant elle-même investie de la répartition par famille.

Peut on succomber à la tentation et et voir en ces zones de "  non droit " un environnement favorable à l’immigration d’élites indésirables et hérétiques persécutés en d’autres citées ?

L’inclinaison et goût des montagnard pour la culture et les choses de l’esprit permettent de s’interroger , mais ,faute de preuves le mystère demeure entier .
 
 

Plus précisément

    • En 1210 ,la Comtesse ALASIE fait hommage du Marquisat de SALUCES à GUIGUES ,DAUPHIN de VIENNE et le Castellar suivra dé lors le sort du DAUPHINE pour plusieurs sièles .

Reconstitution de maison médiévale de notable
dotée de son "mur façade" typique du versant oriental des Alpes
Dessin Christophe Bernard.
     
    • En 1343 les escartons de Château-Dauphin, Oulx, Pragelas, le Queyras et Briançon ont ainsi acquis par la "Grande Charte " du Grand Escarton (dit République de Briançon) la propriété de leurs droits, payable sous forme de rente.
    • En 1349 le DAUPHINE Cisalpin suit le sort de l’état delphinal rattaché au royaume de France en cette date .



    En bleu/vert, la partie dauphinoise,  vers 1350


  Le problème vaudois


En 1184, sans doute à la faveur de la faiblesse du pouvoir politique, la religion vaudoise s'installe dans le Dauphiné auquel appartient le Castellar dés 1210 .

Des prédicateurs dénommés "Barbes" (Barbo en dialecte alpin) déguisés en marchands prêchent depuis Lyon la Bonne Nouvelle. (Peut-être leur doit-on cet usage des rubans et foulards de soie si caractéristique du Castellar)

Malgré l'affirmation de Jalla, ("Histoire des Vaudois" p 153), nul ne peut prouver cet enracinement.

Comme l'atteste le testament de Barthélémy ARNAUD l'aîné (Gap, archives départementales 1E 4880, 20R-24R), la vallée fut,à Bellino , jusqu'en 1595 le berceau de la famille du très célèbre Henri Arnaud, colonel des Vaudois, artisan de la "glorieuse rentrée" de 1689 pendant que des "Gallian" de Blins paraissent bien avoir émigré en des lieux d'exil propres à ces mêmes adeptes de Valdo. (Recherches de Jean GALLIAN - Cagnes sur mer)
 

Portrait d'Henri Arnaud par Brandon et La Feuille

 
Suite