Chapitre XXV : Décès de son épouse, sa postérité
et sa succession.
Charles d’Anjou, après avoir conquis le dernier bastion de Lucera,
encourage la migration de paysans provençaux vers le royaume de
Naples. Ils sont nombreux _ on parle de 30 000 personnes_ à répondre
à son offre de colonisation , à recevoir des terres et
des emplois. Parmi eux, 140 familles provençales s’installent à
Lucera pour remplacer les Sarrasins battus, dans cette ville qui est le
cadre de la dernière action de Barral des Baux.
Après les obsèques de Barral, il faut bien revenir
aux choses matérielles :
Le 12 octobre 1268, Bertrand
des Baux , fils de Barral est à Arles où il rend hommage
à l’archevêque pour tous les biens qu’il vient d’hériter
de son père, le château de Trinquetaille et son district,
les ports de la ville et du bourg d’Arles, du petit Rhône, de Fourques,
Saint-Gilles et pour les péages et droits. Il reconnaît tenir
en arrière fief la seigneurie et l’alberge de Cornillon, du Bourg
neuf, Barbegal, Villeneuve, Méjanes en Camargue et leurs territoires
et promet de ne rien aliéner sans son consentement (1) acte
539
Le 25 novembre, il est à
Marseille, dans l’église de la Major, pour rendre hommage pour Aubagne,
Cuges, Roquefort, Jullans et la Bastide devant le château d’Allauch.
Il porte plainte devant les
conseillers du roi pour l’affaire avec les habitants de Tarascon qui date
de son père et pour laquelle certains de ses vassaux ont été
condamnés. Comme Barral, son fils ne lâche jamais une affaire
et se défend jusqu’au bout. Le lieutenant du sénéchal
de Provence ordonne de terminer le différent par voie de justice
et d’établir, si nécessaire, une division des territoires
de Tarascon, Laurade et Montpaon (2) acte 541. De retour à Naples,
le roi Charles Ier d’Anjou écrira à son sénéchal
et à l’évêque de Sisteron de s’occuper de cette affaire.
Le 26 février 1269, le roi de Sicile fait donation
à Bertrand et à ses héritiers de 280 onces d’or
à prendre sur les revenus d’Avellino, 220 à Calvi, 200
à Lauro, 40 sur la terre de Conza, et le substitue aux droits de
la cour sur ces terres et dépendances.
Quinze jours plus tard, c’est
Bertrand des Baux de Pertuis qui est récompensé par la donation
de la baronnie et terre de Trogessana dans les Abbruzzes. La même
année, il est nommé capitaine par Charles d’Anjou pour avoir
bien servi en Campanie, puis reçoit une série impressionnante
de châteaux dans les Abruzzes.
Bertrand, fils de Barral, revient
en Provence en 1269. C’est à ce moment-là que le sénéchal
de Provence lui fait lire la lettre de Charles d’Anjou au sujet d’Hugues
des Baux et lui apprend qu’Hugues a accepté d’obéir à
ses ordres. Les choses s’arrangent pour lui.
Barral n’est plus là
pour apprécier la fortune de sa famille.
Devant ce même sénéchal et
l’évêque de Sisteron, Bertrand produit un grand nombre de
documents prouvant ses possessions en Arles, dans les Alpilles et la Crau
et eux même présentent les résultats de leur enquête,
demandée par le roi de Sicile, sur les limites des territoires
d’Arles et de Tarascon et celles du domaine de Bertrand par rapport à
celles du prince. Charles d’Anjou interviendra encore une fois pour
clore cette affaire.
Sibylle, veuve de Barral , vivra jusqu'en 1279.
Raymond, son fils aîné,
succède à son père en Italie. Il devient plus
tard grand sénéchal de Provence, puis est nommé commandant
de la flotte royale, et enfin, Capitaine général de
la cavalerie. Il sera tué en pleine
nuit, en Catalogne près de la Grussana, par les siens
qui ne l'avaient pas reconnu dans un affrontement de ses 500 cavaliers
provençaux avec un détachement aragonais.
Bertrand II des Baux, (1244-1305),
second fils de Barral, comte d'Avellino, reprend les titres de
son frère décédé, en particulier le titre
de seigneur des Baux. Il est baron d'Aubagne et possède d’autres
fiefs en Venaissin, en particulier la seigneurie de Pertuis (Castrum
de Pertusie) héritée pour moitié de son grand-père
maternel Guillaume de Sabran, mort à Naples. L’autre moitié
de cette seigneurie lui est inféodée par l’abbé
de Montmajour en 1261. Il cède cette dernière seigneurie
à Charles
I er
d'Anjou en 1266.
La
chronique d'un tournoi en Provence
nous indique qu'il est rude au combat " Son cheval avait
belle encolure et larges flancs. Bertrand parut si dure au choc,
qu'il renversa avec sa lance le brave Raymond d'Agoult, et fit boiteux
vingt chevaux sans recevoir lui-même aucune blessure."
Il est la tige de la branche des
comtes d'Avellino.
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