Chapitre XI. Louis
VIII soumet Avignon (1226)
Louis VIII, roi de France depuis trois ans, ayant hérité des
droits de Simon de Montfort sur le comté de Toulouse et poussé
par le pape, se lance à son tour dans une croisade contre les Albigeois,
pour en finir avec l’hérésie. Forte de 50 000 hommes, son
armée descend la vallée du Rhône sur la rive gauche du
fleuve et arrive devant Avignon, première ville alliée au
comte de Toulouse.
Le roi demande à traverser
le pont en passant par la ville. Les consuls, après hésitation,
lui refusent l’accès à la ville. Vexé de cette résistance,
le roi met le siège devant la ville, le 10 juin 1266.
Dans le Midi, tout le monde tremble
devant cette grande armée de croisés, et beaucoup viennent
se soumettre au roi de France, pendant le siège d’Avignon, en particulier
les vassaux du comte de Toulouse. Bernard V de Comminges, pourtant un des
plus fidèles à la Maison de Toulouse, fait le voyage ; les
villes aussi préfèrent se soumettre : Tarascon, Beaucaire,
Saint-Gilles, Arles, Narbonne, Carcassonne. Tous savent ce qu’il en
coûte de résister.
La ville d’Avignon, protégée
par ses solides remparts, résiste pendant tout l’été,
jusqu’au 12 septembre. Les Avignonnais, affamés, finissent par capituler,
et se rendent,
quelques jours seulement avant qu'une crue du Rhône n'inonde
les positions où se tenaient le roi et son armé e.
Louis VIII reçoit la soumission
de la ville d'Avignon (1)
Le roi leur fait payer très cher cette résistance. Il se
fait remettre les clefs de la cité, prend 200 otages et demande
une forte rançon. Puis, il décide de faire raser les enceintes
fortifiées ainsi que toutes les maisons fortes des chevaliers de la
ville. Pire, il fait détruire le pont, source de leur richesse.
Avec l’argent versé par les Avignonnais, il fait bâtir une
forteresse de l’autre côté du Rhône, à Villeneuve-les-Avignon,
hors des terres d’Empire car il ne souhaite pas entrer en conflit avec
l’empereur Frédéric II qui a toujours des droits de souverain
sur la ville.
Il se fait donner Beaucaire qui
dépend de la commune d’Avignon depuis 1216.
Le cardinal de Saint-Ange impose
aux Avignonnais, en janvier 1227, de ne plus aider le comte de Toulouse
et ses alliés ; d’aider le roi de France et de défendre les
terres d’Eglise en Comtat ; de combattre les hérétiques ; de
ne plus élire de consuls, de podestat ou de recteur et de s’en remettre
à l’évêque rétabli dans ses biens et dans ses
droits ; que les fossés soient comblés ; que les 300 maisons
fortes avec leurs tours soient détruites ; qu’ils n’inquiétent
pas le comte de Provence (allié des croisés) et qu’ils financent
la croisade.
Avignon est ruiné et la
puissance de la commune anéantie.
Fort de ses succès, Louis
VIII fait remettre la suzeraineté sur Marseille au comte de Provence.
Celui-ci se fait céder le
consulat de Tarascon (1226) pour mieux tenir cette place face à
Beaucaire, mais les habitants tenant à leur liberté prennent
les armes et font appel à l’empereur Frédéric II. Perceval
Doria, le podestat d’Avignon et son représentant viendra en 1233
pour arbitrer le conflit et faire rendre le consulat aux Tarasconnais.
Par ailleurs, l’empereur Frédéric
II, toujours soucieux de ses droits, demande au pape de lui rendre Avignon
et toutes les villes de Provence du royaume d’Arles.
Cette même année 1226,
revenant du Midi, le roi Louis VIII attaqué par la dysenterie, meurt
à 39 ans, et c'est un enfant de douze ans, le futur Saint-Louis,
qui lui succède. Louis était devenu l’héritier présomptif
de la couronne de France en 1218 par le décès de son frère
aîné Philippe. La reine Blanche de Castille assure la régence
(2).
En 1226, l’archevêque d’Arles
Hugues Béroard, légat du pape, annule l’alliance conclu entre
les communes de Marseille et d’Arles. Cette même année, Hugues
des Baux réclama la part de la vicomté qu'il avait
vendu aux Marseillais qui, trop contents d'avoir acquis leur indépendance,
ne voulurent rien entendre. L'intervention du légat du
pape permit de trouver un accord. La commune de Marseille accepta de
payer une somme complémentaire de 46 000 sols royaux et une
rente perpétuelle de 3 000 sols.
Hugues fit donation, en 1229, de tout ce qu'il possédait encore
dans Marseille à l'abbaye de Saint Victor.
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