Chapitre X. Prise de Beaucaire
; la reconquête du Venaissin par la Maison deToulouse
Les comtes de Toulouse
ont maintenant assez d’appuis et des forces militaires suffisantes
pour se lancer dans la reconquête. Raimondet, âgé
de 19 ans prend la relève de son père, fait placer des
garnisons toulousaines à Bollène, à Beaumes et
à Malaucène. En récompense de leur soutient, il
accorde des privilèges aux Avignonnais : réduction sur
les péages, sur la taxe du sel, sur les impôts, sûreté
et liberté pour les personnes et les biens (1216).
Raymond VI part alors en Espagne,
pour chercher de l’aide et laisse à son jeune fils le soin
de reconquérir Beaucaire.
La chanson de la croisade donne tous
les détails de ce siège :
« Avec Raymondet
sont Tarascon, Marseille,
l’Isle, Pierrelatte
et Guy de Cavaillon,
Adhémar
de Poitiers, son garçon Guillaumet,
L’intrépide
et puissant Guillaume Artaud de Die
Et Bernis de
Murel avec sa troupe alerte,
Raymond de
Montauban, Dragonnet le Vaillant,
Eléazar
d’Uzès, le bon sire Albaros,
Le cher Pons
de St Just et Ricaud de Caromb,
Et Bertrand
Porcellet et Pons de Mondragon. »
Chanson de la croisade contre les Albigeois
Raimondet
et les chevaliers du Venaissin prennent la ville et forcent les
« croisés » à se réfugier dans le
château qu’ils assiègent. Simon de Montfort se presse
d’arriver et encercle à son tour les assiégeants. Chacun
se range sous sa propre bannière : ceux de la ville crient :
« Toulouse ! Beaucaire ! Avignon ! … Malaucène !
Caron ! ». Les arrivants crient « Montfort ! ».
Quelques escarmouches marquent les premiers contacts : « R.
Belarot avec Aimon de Caron allèrent, en avant des lignes,
frapper chacun son homme. Les lances se brisent et les éclats
en volent. Sauf eux, personne ne reçut, ni ne donna de coup ».
Les défenseurs du fort de Beaucaire,
« ayant mangé jusqu’à leurs chevaux et
manquant de toutes choses, le livrèrent aux partisans de Toulouse
»
Maintenant protégés
à l’abri du château, ceux-ci subirent les assauts de
Simon de Montfort. Ses catapultes brisèrent une des portes
du château. Ecoutons un des chevaliers lorsqu’il motive ses troupes
: « Francs chevaliers, si le comte Simon avait l’audace de venir
assaillir la porte, défendons-nous contre lui et les siens ;
que de sang et de cervelles, de chair et de sueur, il y ait telle effusion
que les survivants en pleurent ».
Toulouse l’emporte, Beaucaire est
sauvé. La ville est placée sous la dépendance
d’Avignon. Raimondet signe son premier acte officiel le 26 août,
de Beaucaire, accordant des privilèges commerciaux à
la ville de Marseille qui l’a si bien accueilli.
A partir
du Comtat et de Beaucaire, le comte de Toulouse reconquiert petit
à petit ses terres jusqu'à Toulouse où il fait
son entrée le 25 juin 1218.
Il a les terres, mais pour autant,
il n’a pas les droits sur son comté qui ont été
donnés à Simon de Montfort. Celui-ci, tué,
ces droits sont cédés au roi de France Louis VIII.
L’Eglise n’accepte pas la défaite
des croisés. Honorius III, successeur d’Innocent III,
rend hommage, le 30 juillet 1218, à Guillaume I des Baux, qui
a été assassiné par les Avignonnais, le qualifiant
de très illustre et pieux personnage et demande aux prélats
de fomenter la guerre contre les Toulousains, Avignonnais et autres
hérétiques .
En 1219, il donne une bulle de sauvegarde
à son épouse et ses enfants et les prend sous sa protection,
avec leurs biens à Sablet, Séguret, Camaret et Sérignan
.
Pendant cette période de guerre,
si près du domaine des Baux, Barral et son frère Gilbert
ont grandi : ils doivent approcher de leur vingtième année
et brûlent sûrement d’impatience pour participer à
toutes ces batailles. Leur père Hugues, après sa révolte
contre le comte de Provence n’avait plus les moyens nécessaires
pour aider le jeune comte de Toulouse comme il l’aurait souhaité.
Ils l’ont vu se débattre dans ses difficultés financières
et ont compris le jeu que l’Eglise jouait en lui confiant des places
fortes importantes.
Ils ont vécu la tragédie
de leur oncle Guillaume, comprenant qu’il jouait ses propres intérêts
pendant cette période incertaine. Ont-ils jugé son
choix d’être du côté des croisés comme contraire
à la tradition familiale qui, de tout temps, était pour
le comte de Toulouse ? Comment Barral a-t-il supporté cela, s’il
a été marié à Guilhelmine de Toulouse ?
Nous retrouvons Barral et son Frère
Gilbert, avec une sœur qui se prénomme Cécile, probablement
plus jeune qu’eux, lors d’une donation de leur mère Barrale
en faveur de l’église Saint-Trophime d’Arles, le 17 juillet
1219. Ce jour-là, leur mère, Barrale de Marseille, promet
de donner les dîmes de ses possessions maternelles à l’église.
Hugues
se souvient des engagements de son père envers l’abbaye de Silvacane.
Plutôt que de leur donner annuellement la quantité de
vin promise par son père, il leur fait don de la moitié
du coussou de la Crau, appelé coussou Baussenque. Toute la famille
est présente dans le cloître de l’église d’Aubagne,
le 27 novembre 1220, pour régler les détails de cet échange
et formaliser l’acte : Barral est présent avec son frère
Gilbert et leur mère Barrale (1). Leur générosité
envers cette abbaye leur fait accorder le privilège de laisser
paître les bestiaux du monastère sur leurs terres sans
payer la moindre redevance. Ils se déclarent protecteurs de l’abbaye,
prennent tous leurs biens pour les protéger comme la prunelle de
leurs yeux et demandent à leurs vassaux, barons et amis de respecter
cette déclaration. (2)
Hugues vend le château de Cuges,
son territoire et toutes ses dépendances à Guillaume
Vivaud pour le prix de 25 000 sous de royaux coronats et le cens annuel
d’une masmodine d’or. Il se réserve le droit de Cavalcade comme
pour le château d’Aubagne. Cette vente du 11 décembre 1220
est approuvée par son épouse Barrale et par ses fils Barral
et Gilbert qui sont déclarés comme mineurs. (3)
Les relations avec la commune
de Marseille
Les relations avec la commune de Marseille s’étant gâtées
et Hugues ayant pris violemment le Tolonée, l’archevêque
d’Arles Bermont Cornut arbitre le conflit. Hugues Barral et Gilbert
acceptent la sentence et signent un compromis, le 23 janvier 1221, qui
remet la troisième partie du Tolonée à l’abbé
Bonfils de Saint-Victor. (4)
Barrale est enceinte et n’a pas suivi
son mari et ses fils. Elle est restée à Aubagne. Elle accouche
au mois de février.
Hugues et ses fils confirment à cette
occasion, le 9 février, à Raymond Julien prévôt
de la Major, qu’ils ont bien vendu le château Babon, ses dépendances,
droit de cens, treizins, etc… au précédent prévôt,
pour la somme de 8 000 sous coronats. (5)
Comme promis aux Marseillais, Hugues
des Baux se rend à Rome pour obtenir du pape la levée de
l’interdiction qui pèse sur la ville depuis 1218. Accompagné
de l’abbé de Saint-Victor, ils expliquent au pape Honorius III
ou à ses conseillers qu’un compromis a été passé
par les parties en présence de l’archevêque. Le pape publie
le 5 juin 1221, de Latran, une bulle demandant à l’archevêque
d’Aix de lever l’interdiction qui touche le château de Saint-Marcel
et lui demande de prendre quelques précautions : avoir une caution
suffisante et garder la menace d’un nouvel interdit si les parties contrevenaient
aux clauses du compromis. (6)
Suite à cet accord, le prévôt
de la Major règle les problèmes en suspens depuis l’affaire
Roncelin. Il donne à Hugues, Barral et Gilbert l’investiture
pour la troisième partie du château d’Aubagne, de ceux
de Roquefort et Jallans, qu’il gardait depuis que Roncelin ne payait
plus le cens obligatoire. Les Baux donnent 100 livres de royaux coronats
et prêtent hommage et serment de fidélité le 29
octobre 1223. (7)
Les relations avec Marseille redeviennent
plus normales : Hugues et Barral, avec Raymond des Baux assistent comme
témoin à l’hôtel de la Masque à la donation
des châteaux de Brégançon et d’Hyères à
la commune de Marseille par Raymond-Bérenger V le 25 janvier 1224.
(8)
Mais, Hugues et sa famille ont besoin d’argent. Ils sont forcés
de vendre des droits sur leurs possessions marseillaises. La commune n’attend
que cela pour accroître son indépendance. Une transaction
est passée entre Barrale, Alasacie, épouse de Raymond
des Baux, et la commune de Marseille. La ville achète leurs droits
pour 40 000 sous de royaux coronats. Le 8 mai 1224, devant la tour du
Tholoné, Barrale donne quittance à Pierre Bertrand, syndic
de la cité vicomtale de Marseille et mandataire de la commune,
de la somme de 20 000 sous, de 1.700 sous qui lui étaient dus et
de 10 000 sous dus à Raymond des Baux, son neveu. Le restant de
la somme due sera payé à Hugues ou aux siens, suivant leur
volonté. (9)
Une semaine plus tard, dans
le Chapitre de Marseille, Hugues donne quittance à Spine Surrexina,
podestat de Marseille, de la somme de 435 livres de royaux coronats que
la ville a promis de payer par son ordre à divers créanciers.
Il s’agit d’une avance sur la pension de 500 livres qu’elle doit lui payer
à la Saint-Michel, suivant la transaction qu’Hugues et son neveu
ont passé avec la ville. (10)
La commune de Marseille
souhaite se débarrasser complètement de ses seigneurs
et devenir une république indépendante comme les villes
alliées d’Italie. Elle vient de signer un accord avec l’abbaye
de Saint-Victor et lui a racheté les droits sur la vicomté
qu’elle avait obtenu au moment de la soumission de Roncelin. Continuant
son action, elle n’hésite pas à racheter les dettes d’Hugues
et de Barrale, en novembre 1224. Hugues avait fait un prêt de 210
livres de coronats à Rotond d’Aubagne et avait donné en gage
la seigneurie, le château d’Aubagne, son territoire et tous les droits
attachées à ces propriétés : quistes, péages,
leydes, fournage, mouture, cens, droits de lods et autres. Spine Surrexina,
podestat de la ville, reprend ces dettes au nom de la commune de Marseille
et tous les droits et les actions contre Hugues. (11)
La riposte d'Hugues et de
sa famille ne se fait pas attendre : son procureur réclame, en
1225, pour leurs droits de suzeraineté sur la ville et dommages
soufferts:
• 5 000 sous de royaux coronats pour cause d’une
donation,
• la restitution du tiers d’Aubagne que la commune
tient en gage, pour 4 000 sous
• la restitution du Castellet, de La Cadière
et Ceireste que Hugues avait donnés en nantissement à
Anselme Fer, pour 20 000 sous,
• celle de 30 000 sous due par suite d’une convention
passée entre eux et la ville
• un hôtel de la valeur de 15.000 sous,
à cause de la destruction du Tolonée, dont ils estiment
la perte à la valeur de 3 000 marcs d’argent, sauf leur droit
sur son emplacement, et une indemnité pour les pertes causées
par cette destruction,
• la restitution du château de Roquefort
qui leur fut violemment enlevé par les Marseillais , et qu’ils
ont été condamnés à leur rendre,
• celui de Saint-Marcel qui leur fut aussi saisi
• et la remise par leurs créanciers habitants
de la ville, des dettes qu’ils pourraient réclamer.
(12)
La commune n’en a que faire
; elle se déclare "vicomtesse de Marseille" et fait reconnaître
ce titre par le comte de Provence et celui de Toulouse. Ces suzerains
souhaitent, chacun de leur côté, garder de bonnes relations
avec la ville de Marseille.
Raymond des Baux, neveu
de Hugues, et son épouse Adalasie jettent l’éponge devant
la pression de la commune de Marseille, décident de faire la paix
et de céder leur part de la vicomté de Marseille. Le 20
novembre 1225, ils signent une convention avec le podestat Spine de Surrexina,
en Parlement public, devant l’église des Accoules. Pour cette cession
de leurs droits seigneuriaux sur la ville et le district, ils recevront
une maison d’une valeur de 10.000 sous et 3.000 sous de royaux coronats
comme pension annuelle, pour eux et leurs héritiers et seront reçus
comme citoyens de Marseille. Raymond s’engage à donner en garantie
pour trois ans le château de Vitrolles, les biens associés
et la seigneurie de Châteauneuf, que la commune gardera à
ses dépens. Il promet de défendre les Marseillais contre
tous ses ennemis et de ne pas imposer de nouveaux droits ou de nouveau péage
sans le consentement de la commune. Les deux parties s’absoudront mutuellement
des méfaits commis pendant la guerre.
(13)
L’acte de cession est signé
le 15 janvier 1226 dans la maison de Raymond des Baux par le podestat,
Raymond et ses fils Bertrand et Guillaume, aux conditions prévues
dans la convention.
Après l’élimination de Roncelin et de ses droits
de vicomte, la commune de Marseille vient de remporter une nouvelle victoire
dans sa course à l’indépendance. Une semaine plus tard,
le 24 janvier, elle s’empresse de faire ratifier cette dernière
acquisition et celle concernant la part de Roncelin, par le comte de Provence,
Raymond-Bérenger V, lequel promet de ratifier aussi les acquisitions
des parts d'Hugues et de celles de Giraud Adhémar si la commune
parvenait à les obtenir. Pour obtenir cet accord de leur suzerain,
la commune lui accorde 25 000 sous. (14)
Raymond et ses fils reviennent
confirmer cette vente le 1er octobre 1226 dans l’église des Accoules.
(15)
Le royaume de France est toujours aussi lointain. Pourtant des événements
modifient l'ordre de succession au trône de France :
le frère aîné
de Louis IX, meurt en 1218, et celui-ci devient héritier.
Descendance de Louis
VIII et de Blanche de Castille
Pendant ce temps, le comte
de Provence, Raimond Bérenger V épouse Béatrice
fille de Thomas I, comte de Savoie. En 1220, il a 22 ans. Deux ans plus
tard, ils ont une première fille, Marguerite de Provence, future
reine de France, puis une deuxième, Eléonore, qui aura elle
aussi une grande destinée, puis une troisième, Sancie (1225).
Le comte confie son gouvernement à Romée de Villeneuve, un
premier ministre efficace.
A Toulouse, Raimond VI meurt
en août en 1222, laissant son fils Raimond VII (Raimondet) à
sa destinée, avec une autorité récupérée
sur les terres du comté, alors qu’en France, le roi Louis VIII
(1223-1226) succède à son père à l’âge
de 36 ans
Simon de Montfort tué, les droits des croisés
sur le comté de Toulouse sont cédés
au roi de France
La révolte d'Hugues des Baux contre le comte de Provence
Barral prend part à la guerre de son père
contre Raymond Bérenger V.
Frédéric II, empereur
depuis 1220, soutient le comte de Provence Raimond Bérenger V contre
celui de Toulouse Raimond VII, allié des Marseillais.
Sceau de Raimond Bérenger V en 1220.
Il porte l'écu d'Aragon à 5 pals et un château
à trois tours, celle du milieu plus haute.
La révolte d'Hugues des Baux contre le comte de Provence lui a
coûté de grosses sommes d'argent qu’il a dû emprunter
en gageant son patrimoine. Barral assiste, impuissant, à la vente
d’une partie des biens familiaux:
- Les créanciers, ayant fait saisir la terre de Villeneuve
en Camargue, le château de Montpaon, les péages sur le Rhône
et d’autres droits qu’il possède sur les rives du Rhône
et à Trinquetaille, Hugues décide de vendre l’étang
de Vaccarès à la commune d’Arles afin de les rembourser.
L’acte est signé à Arles, le 17 janvier 1226, pour 36.000
sous de raimondins nouveaux avec le podestat Dragonet de Mondragon et concerne
l’étang, les propriétés qui sont sur ses bords, la
juridiction, les droits sur les maisons de ses vassaux, la pêche
et le transport de marchandises. Hugues récupère les fiefs
gagés, demandant à ce que les habitants de Villeneuve et de
tous ses domaines gardent les mêmes droits que ceux d’Arles. Barral
doit signer l’acte de vente, comme sa mère et son frère.(16)
Hugues prend quelques précautions
afin que les habitants de Villeneuve ne deviennent pas citoyens d’Arles
et précise que, dans ce cas, il reprendra leurs biens. (17)
Hugues et sa famille se défendent
contre les Marseillais qui ne payent plus les droits qu’ils ont encore
sur la ville et dont ils n’ont plus les revenus. Barrale ne veut pas vendre.
Ils font appel à l’empereur Frédéric II, roi de
Sicile, expliquant à la fois leurs situations à Marseille
et à Arles. Celui-ci répond par lettre du 15 mai 1228,
à Bertrand Porcellet et à son neveu pour le prévenir
de ces plaintes et lui ordonne, ainsi qu’à Blacas, de commander
à la ville de Marseille de rendre les droits sur la ville et sur
la vicomté à Hugues et Barrale, tels que les avait possédés
le vicomte Barral, père de Barrale (18).
L’empereur Frédéric
II
L’empereur écrit aussi au podestat et à
la commune d’Arles, le 2 juin, leur demandant de ne pas créer
de nouveaux droits ou de nouveaux péages autres que ceux existant
et de ne pas augmenter les impositions, afin de limiter la pression financière
sur le domaine restant de la famille d’Hugues. (19)
Hugues doit être réconforté
de cet appui et Barral, son fils, doit constater que sa famille est
encore fortement soutenue par l’empereur.
L’empereur Frédéric
II est devenu roi de Jérusalem depuis son mariage avec Isabelle
(en 1225), fille de Jean de Brienne. Il porte ce titre qu’il place désormais
après celui d’empereur romain et avant celui de roi de Sicile.
La jeune épouse Isabelle meurt en cette année 1228 en lui
donnant un fils, Conrad de Hohenstaufen, dont nous aurons l’occasion de
parler. L’empereur vient de soumettre les derniers Sarrasins de Sicile
et a fait déporter 16 000 d’entre eux des montagnes de Sicile vers
les plaines d’Apulie, sur le continent italien. Il les a réinstallés
à Lucera où il a fait construire une grande forteresse impériale.
Il leur a laissé le droit de pratiquer leur religion, à
deux pas des terres pontificales, ce qui a eu pour conséquence
d’irriter un peu plus le Saint-Père et la Curie. Les Sarrasins
deviendront ses plus fidèles guerriers et feront partie de sa garde
rapprochée et de celle de ses successeurs. Indifférents
à une excommunication, très attachés à l’empereur,
ils seront de tous les combats. Nous rencontrerons ces Sarrasins de Lucera
dans cette histoire. L’empereur n’oublie pas pour autant son royaume d’Arles
et ses vassaux, malgré l’éloignement et les conflits lointains
qu’il a à gérer.
Ce même mois de juin
1228, l’autre partie de la famille des Baux, celle de Raymond
d’où, est encore à la peine : après avoir vendu
sa part de la vicomté, Raymond cède encore à la
commune de Marseille tout ce qu’il possède à Roquevaire,
la seigneurie, les haute et moyenne juridictions pour une somme de 10
000 sous de royaux coronats et une rente perpétuelle de 100 sous
par an. Son fils Bertrand étant alors prisonnier du comte
de Provence, c’est son épouse Eudiarde, fille de Giraud Adhémar
et de Mabile qui signe l’acte de cession. Raymond s’engage à faire
ratifier cette vente par Bertrand dans les deux mois qui suivront sa sortie
de prison. (20)
Six mois plus tard, Raymond
signe une paix avec le comte de Provence, et accepte l’arbitrage du comte
de Genève : il abandonne l’île Saint Geniès et l’étang
(sauf les droits de pêche et les salins) ; il, s’engage à
ne plus rien tenter contre le comte de Provence, et il reconnaît
ne plus avoir aucun droit sur Roquevaire. En garantie de la paix, le comte
de Genève garde le château d'Eguilles et le comte de Provence
celui de Gardanne, pendant deux années. En outre, si Raymond-Bérenger
V signe une paix avec Marseille, il s’engage à faire respecter
les droits de Raymond sur la pension annuelle que lui doit cette commune.
(21) La convention de paix prévoit l’échange des prisonniers
détenus de part et d’autre. Raymond récupère son fils
Bertrand.
Hugues vendit d'autres terres
comme Lansac aux Templiers, car il avait gagé Trinquetaille, Méjanes
et Villeneuve en 1234.
- il fut obligé de céder aux Marseillais la
part de la vicomté de son épouse pour rembourser un emprunt
contracté pour financer sa révolte.
- Il conserva son fief des Baux et Castillon.
|