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Chapitre VIII. Lié à la Maison de Toulouse.
   Le Midi, principalement dominé par le grand comté de Toulouse, était une véritable communauté linguistique des peuples de l'Atlantique à la Méditerranée et des Alpes à l'Espagne et aurait très bien pu devenir un véritable Etat des terres du sud de la France. 
blason toulouse
Maison de Toulouse

    Ce comté de Toulouse dépassait le Rhône vers l'Est et était maître du marquisat de Provence. Le comte venait de faire construire une forteresse à Carpentras et y recevait l'hommage de ses habitants Il rentrait quelques fois en conflit avec ses vassaux du marquisat.
    Il ne s'occupait pas vraiment des hérétiques de ses provinces que l'Eglise lui demande pourtant de combattre. Cela alla jusqu'à l'excommunication, prononcée par Pierre de Castelnau, représentant de l'Eglise. C’était l’époque des Cathares en Languedoc et, rois et papes se mobilisaient pour les combattre, souvent avec l’espoir de conquêtes.


          A l'évidence, la maison des Baux fut toujours très proche des comtes de Toulouse.

          Il nous faut présenter un élément incertain de l'histoire de Barral des Baux.
         Il semble que Barral des Baux ait été marié vers 1209 avec Guillelme ou Guilhelmine, fille du comte Raymond VI de Toulouse. En supposant sa naissance juste après le mariage de ses parents, Barral devait avoir 14 ans.
          Il n’existe pas, à ma connaissance, d’acte précis  sur ce mariage et sur la jeune épouse. Certains généalogistes l’appellent Guillelme de Toulouse. M. Anselme, dans son Histoire généalogique et chronologique des pairs de France , précise que Guillelme est fille de Raymond VI (1156-1222) et de sa quatrième épouse Jeanne d’Angleterre (1165-1199) et donc qu’elle est née juste après leur mariage (1196) et avant le décès de la reine (1199). Guillelme aurait eu entre 10 et 13 ans au moment de son mariage avec Barral.
          Nous savons que Raymond VI a eu six épouses et quelques bâtards et les historiens ou généalogistes ont bien du mal à dénouer la complexité de ses relations familiales. Guillemette, Indie, Bertrand sont autant de bâtards de ce comte.
          En tout cas, si ce mariage a eu lieu, il a été arrangé par les parents de ces deux enfants et a renforcé les liens entre la maison des Baux et celle de Toulouse.
          Toujours d’après M. Anselme (1), Guillelme est citée dans le premier testament du comte, celui du mois de septembre 1209, au moment de son mariage avec Barral, et son père lui lègue "tout ce qu’il avait à Montlavard et à St Georges, sans le pouvoir alièner". Un second testament du comte, celui de mai 1218, révoque ceux qu’il avait fait auparavant.Voilà pour confirmer l’existence de "Guillelme".
          Le même auteur précise que "c’est apparemment elle qui fut mariée à Barral des Baux", qualifié injustement de "prince d’Orange".
          D’autres pensent que cette première épouse était de la famille des Porcellet. Source
          Si l’histoire ne nous a pas laissé d’actes relatifs à ce mariage, elle ne nous donne pas non plus de traces de la vie de ce jeune couple.

          Il existe cependant un autre fait troublant qui renforce l’hypothèse d’un mariage précoce de Barral : nous apprendrons plus tard que Barral a une fille, Cécile, qualifiée de nièce du comte de Toulouse Raymond VII, donc que sa mère était fille de Raymond VI. Beaucoup s’accordent pour lui donner comme mère la seconde épouse de Barral, Sybille d’Anduze. Cécile serait donc née après ce second mariage, donc après 1240. A l’époque, il était coutumier de marier les enfants dès leur plus jeune âge, mais comme Cécile aura son premier enfant en 1244, elle est certainement née bien avant 1230, soit au moins dix années avant le second mariage de Barral. Cécile est donc, probablement la fille de la première épouse de Barral qui était, elle-même, fille de Raymond VI.

          Un troisième élément plaide pour cette hypothèse d’une Guillelme, fille de Jeanne d’Angleterre et de Raymond VI de Toulouse, et épouse de Barral des Baux : C’est la donation de Raymond VII en faveur de Cécile "de tout ce qu’il possède au-delà du Rhône, en châteaux, villes, fiefs, propriétés et droits quelconques ", une donation qu’il signera le 24 février 1241. Comme nous le verrons plus tard, Raymond VII cherche alors une échappatoire au serment qui le prive de ses biens et il choisit sa nièce Cécile pour essayer de sauver cette partie de son patrimoine. Pourquoi Cécile plutôt que ses autres neveux ou nièces, légitimes ou non ? D’abord parce qu’elle est fille de Barral, en qui il a confiance, qui peut défendre ses intérêts et ensuite parce qu’elle est petite-fille de Jeanne d’Angleterre, femme légitime de son père, qui plus est, morte en couche. Il aurait pu choisir Sybille d’Anduze, épouse de Barral, qui est aussi sa nièce, mais elle était elle-même la fille de Constance, une épouse répudiée par son père.
      Par Jeanne d’Angleterre, les liens du comte de Toulouse avec Cécile étaient moins contestables.
          Nous reviendrons sur cet enfant, Cécile, qui aura elle aussi une grande destinée.

       

 La fin du comté de Forcalquier :

    N’anticipons pas trop, car en ce début du XIIIe siècle, les données géopolitiques de la région  changent avec la succession de Guillaume IV, dernier comte de Forcalquier :
    Guillaume IV, avait perdu sa fille unique Garsende et il ne lui restait que deux petites-filles Garsende et Béatrice de Sabran. En 1193, la première d’entre elles, Garsende, épousa le comte de Provence, Alphonse II, par ailleurs roi d’Aragon. Guillaume IV lui laissa en dot tout son comté, se réservant seulement l’usufruit, sauf quelques villages, Cucuron, Ansouis et La Motte qu’il donna au fils que son gendre avait eu d’un premier mariage.
    Mais, afin de doter sa seconde petite-fille Béatrice, il décida de reprendre le Gapençais et l’Embrunnais.
Béatrice épousa, en juin 1202, le dauphin du Viennois, André (Guigues VI) avec la dot promise par son grand-père. Cela ne fut pas du goût d’Alphonse II et le résultat fut une guerre dauphino-provençale. 

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    Guillaume mourut en octobre 1209, alors que rien n’était réglé : le comte de Provence et son armée occupaient  Sisteron et mettaient le siège autour de la ville de Forcalquier sans réussir à la prendre. Un accord fut finalement conclu entre le Dauphiné et la Provence. Béatrice garda la partie dauphinoise du comté de Forcalquier alors que sa sœur faisait passer toute la partie sud au comté de Provence, qui s’étendait alors largement au-dessus de la Durance.
    Ceci ne fut pas du goût de Guillaume V de Sabran, petit-neveu de Guillaume IV, qui se révolta, usurpa le titre de comte de Forcalquier et s’empara de Sisteron et de Pertuis pour son propre compte. Ce chevalier batailleur, mena la vie dure au comte de Provence et occupa ces positions pendant plus de dix ans. Finalement, en 1220, on nomma un arbitre pour régler ce conflit : ce fut l’archevêque d’Aix, qui trouva un compromis, laissant à Guillaume V de Sabran le titre glorieux de comte de Forcalquier, mais l’obligeant à rendre les terres qu’il occupait. Les droits de Raimond Bérenger V furent confirmés.

    Plus tard, Guillaume V de Sabran fera encore parler de lui. Avec son caractère querelleur, une ambition sans égale, il n’hésitera pas à usurper le bien des autres seigneurs ou des ecclésiastiques. De la même trempe que les Baux, ils finiront par s’associer et seront excommuniés par le pape en 1220 lorsqu’ils s’attaqueront aux biens de l’abbaye de Montmajour.

    Pendant la minorité de Raimond Bérenger V, son oncle, le roi d’Aragon Pierre II assura la régence, mais, éloigné du comté de Provence, il confia l’administration de ce comté à son frère Sanche.

(1) M. Anselme, Tome II, page 689. D’après une copie de ce testament, copie extraite du traité du Trésor de l’abbaye de St Denis.